L’argument du PIB à l’envers

Deux économistes – pas des moindres – relativisent les mesures officielles du PIB. Selon eux, ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’Europe. C’est sur Telos (traduit de Vox).

7 Commentaires

  1. "La tendance européenne à travailler davantage à la maison et moins dans le marché n’a pas changé au cours des dernières années … En fait, quand on prend en compte les chiffres de la production familiale, le tournant du début des années 1990 du point de vue de la croissance du PIB par habitant semble encore plus prononcé."
    De deux choses l’une, soit le nombre d’heures travaillées à la maison n’a pas changé et alors une cause nulle a un effet nul. Soit les politiques d’augmentation du taux d’emploi en Europe ont provoqué une baisse de ce nombre d’heure (tendance=propension) et donc on obtient une diminution de l’écart effectif USA/Europe.
    Dans tous les cas, si l’on postule que la spécialisation est bonne pour la productivité, on ferait mieux de travailler plus pour acheter des plats tous préparés et faire faire sa plomberie par un pro.

    Sur l’investissement en logiciel, la littérature fût nombreuse il y a quelques années.
    La durée de vie moyenne d’un logiciel est de trois à cinq ans. Alors investissement (USA depuis 1999) ou consommation intermédiaire (Europe) ?
    la réponse est dans le produit intérieur net.

    Plus problématique pour leur thèse, certains pays comme la Finlande on enregistré une hausse des investissements en TIC comparable, voir supérieure à celle des USA. Pour autant la PGF a suivit le même rythme qu’en Europe continentale.
    On le sait depuis, c’est une bête histoire de prix hédoniques pour les services financiers et de fermetures de petits magasins.

    Mais le titre de l’article est bien !

  2. Comment mesure-t-on l’investissement logiciel ? Est-ce les "quantites d’argent" depenses ? Est-ce que cela implique que tout hausse d’argent depense dans les TIC est vu comme benefique au vu de l’article ? Pour comprendre l’article, ca me semble crucial, et c’est pas tres clair pour le beotien que je suis.

  3. @David
    Pour les USA, les entreprises doivent déclarer toute immobilisation supérieure à un an. C’est la SEC (gendarme de la bourse) qui collecte les données.
    Il faut rajouter la très importante production de logiciel pour compte propre qui est évaluée en fonction de son cout salarial. Les statisticiens US ont décidé qu"en gros 50% du temps des informaticiens était consacré à cette production. C’est arbitraire mais le boulot de statisticien n’est pas toujours facile.
    Je dois oublier quelques trucs mais l’essentiel est là.

    Puis on déflate ces quantités dépensées avec un indice des prix hédonique pour tenir compte de l’évolution qualitative des logiciels.
    Par exemple si un logiciel vous permet de mettre à jour votre blog deux fois plus rapidement ou de faire des posts deux fois plus longs (ce qui n’est pas forcement la même chose en terme de productivité), on considère que le prix à été divisé par deux.
    L’indice des prix joue mais quand même moins que pour l’indice des prix d’un processeur.
    En valeur, l’investissement en informatique US, c’est 505Mds$ (logiciels 218Mds$) contre 632Mds$ (228) en volume.

    Pour conclure, l’investissement immatériel tout comme ses effets est difficilement mesurable, certains parlent de dark matter par analogie avec l’astrophysique.

  4. Article à la fois intéressant et étonnant. Etonnant, car les auteurs semblent arrêter leur réflexion sur la mesure du PIB, au milieu du gué. Un peu étrange de discuter de ce qui pourrait entrer -ou non- dans le décompte du PIB, sans se pencher au préalable, sur ce qui ne peut y être, sans faire perdre toute crédibilité à l’agrégat. Comme le montre, par exemple, Viveret dans une étude commanditée par le secrétariat à l’économie solidaire :

    "Les 120 milliards des coûts directs des accidents de la route (qui en générent le triple en coûts indirects), pour ne prendre que ce seul exemple, contribuent à la croissance de notre produit intérieur brut. A supposer que nous n’ayons aucun accident matériel ou corporel, ni morts ni blessés sur les routes de France l’année prochaine, notre PIB baisserait de manière significative, la France perdrait une ou plusieurs places dans le classement des puissances économiques, et l’on verrait nombre d’économistes, nous annoncer la voix grave que la crise est de retour."

    Sources : http://www.caracoleando.org/IMG/pdf/Rapport_Viveret_pdf.pdf

  5. @ eric lauriac :
    "Dans tous les cas, si l’on postule que la spécialisation est bonne pour la productivité, on ferait mieux de travailler plus pour acheter des plats tous préparés et faire faire sa plomberie par un pro."

    Oui, mais il faut compter les charges/taxes et impôts à payer lorsque l’on embauche quelqu’un par rapport à le faire soit-même. Avec les charges sociales(45%), la TVA(20% si c’est un pro via une entreprise), l’IR que devra payer l’employé, etc…, faire faire quelque chose doit coûter 2 à 3 fois le prix du vrai salaire de la personne.
    Donc il faudrait que le plombier pro soit 3 fois plus productif qu’un bricoleur du dimanche pour que cela devienne intéressant.

    Aussi, un plat préparé, ce n’est pas le même produit qu’un plat fait sur le moment, ce n’est pas comparable.

  6. 5. Le mercredi 13 juin 2007 à 21:20 , par ippo

    J’ai du mal à comprendre ce raisonnement et en général les débats sur le contenu du PIB.
    D’une part la suppression des accidents de la route est la conséquence d’un transfert de dépenses de réparations vers des dépenses de prévention. Les échanges générés par ces nouvelles dépenses peuvent être équivalents aux échanges liés aux dépenses de réparation : à un instant « t » le PIB sera constant.

    Pour qu’il y ait croissance du PIB il faut que dans ce transfert il y ait des gains de productivité, c’est à dire que le nb d’échanges diminue, et qu’en même temps ces gains de productivité soient utilisés pour produire de nouveaux services.

    Une dépense qui augmente ne crée pas obligatoirement de la croissance, et réciproquement.
    Si l’on prend l’exemple du secteur de la construction on peut lire qu’il est en croissance : effectivement son chiffre d’affaire annuel augmente.
    Mais si on analyse la quantité de logement produits par rapport aux moyens mobilisés (main d’œuvre ) , on constate que la productivité diminue . (Une étude avait été menée sur les années 1988/1990 , période d’un précédent « boom » de la construction qui le montrait clairement : le chiffre d’affaire par salarié avait baissé).
    En fait la productivité augmente plus en période de récession qu’en période d’expansion.
    Le PIB, pour moi est une vitesse (quantité/période) et mesure en fait la productivité des échanges.
    Même si la base de calcul est forcément discutable, ce qui importe c’est la variation du montant et non le montant lui-même.
    Même si les échanges non marchands ne sont pas comptabilisés, il me semble évident qu’ils influent sur la productivité des échanges marchands.

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