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Journal de france 2, samedi 19, 20h17 : reportage “se reconvertir après la chute de Lehmann Brothers”. Reportage édifiant montrant trois anciens salariés de banques (tous qualifiés de “trader” bien évidemment) qui aujourd’hui vendent des pizzas, ont ouvert une boutique de lingerie, ou autre. Leitmotiv du reportage, répété plusieurs fois, y compris en conclusion : “ils ont renoncé à l’argent facile, et trouvé un sens à leur vie”.

Reportage suivant : “100 millions d’euros gagnés à l’euromillion en France”.

Priceless.

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Alexandre Delaigue

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6 Commentaires

  1. L’enchaînement des deux reportages est assez bien trouvé.

    Leur juxtaposition m’a fait réfléchir à la "peur du risque". Qu’y a-t-il de plus risqué qu’un ticket de Loto? Une chance sur 76 millions de gagner le gros los, et une espérance de profit de -50%! Pourtant on se plaint rarement de voir son prochain jouer au Loto. Il arrive qu’on le plaigne, lui, mais on n’a pas l’impression d’être mis en danger pas sa conduite risquée.

    La principale différence, à mon sens, c’est qu’un joueur de Loto est responsable. Il recherche un petit plaisir, inutile pour certains, vicieux pour d’autres, mais agréable pour lui. Surtout, il prend des risques avec son argent et non avec celui des autres. Cf. la discussion sur responsabilité limitée vs. illimitée des banques, ici forum.econoclaste.free.fr…

    Sur ce thème, Guido Hülsmann – qui est croyant – a écrit un essai sur les conséquences morales de l’argent facile mises.org/story/1570 . Il souligne les liens qu’elle entretient avec le pouvoir centralisé, la guerre, la dette publique et la tyrannie. Mais il parle aussi de conséquences spirituelles. Je ne suis pas croyant, mais la jeune femme du marché exprime des émotions qui sont très parlantes, même pour un athée. Elle parle de "donner un sens à sa vie" de "fierté" en parlant de son nouveau travail, etc. A méditer.

  2. Qui a travaillé dans une banque (je ne parle évidemment pas des -arbitragistes- et autres stars supposées, qui, comme chacun sait se shootent à la coco et se démènest dans des corbeilles cinégéniques)) sait bien qu’il ne s’agit pas d’argent facile !
    Et trouver "un sens à sa vie" en vendant des pizze, non, malgré l’avis de GSF, ça ne me fait pas méditer mais rigoler.

  3. Trois zigotos qui ont juste compris la vanité de la chrématistique, ils fraudaient qu’ils donnent des cours aux exilés fiscaux.

  4. A propos d’un jeune ingénieur de ma connaissance qui est devenu boulanger, des commerciaux,banquiers ,ingénieurs, médecins,chefs de bureaux et autres professions obtenues après de bonnes études par d’anciens bons élèves à l’école, qui attendent la retraite intensément et, une fois retraités, se livrent avec délices au jardinage, au bricolage,au sport,à des activités physiques et manuelles…voici un extrait du roman de Milan Kundera, L’Insoutenable légèreté de l’être : le héros, chirurgien viré pour des raisons politiques, se retrouve laveur de carreaux à Prague, et médite…
    "" Et admettons encore qu’en réalité il avait déjà perdu son métier, car son travail mécanique au dispensaire où il prescrivait des cachets d’aspirine n’avait rien de commun avec l’idée qu’il se faisait de la médecine. Malgré tout cela, la soudaineté de sa décision me paraît étrange. Ne cache-t-elle pas quelque chose de plus profond, quelque chose qui échappait à sa réflexion rationnelle ?…
    …Etait-ce autre chose qu’un geste brusque et peu rationnel par lequel il repoussa ce qui voulait s’affirmer à lui comme une obligation pesante, comme un "es muss sein !"
    Evidemment,il s’agissait alors ((l’auteur évoque ici la rupture avec sa famille)) d’un "es muss sein !" extérieur, imposé par les conventions sociales, tandis que l’ "es muss sein!" de son amour de la médecine était une nécessité intérieure. Justement, c’était encore pire. Car l’impératif intérieur est encore plus fort et n’incite que plus fortement à la révolte.
    Etre chirurgien, c’est ouvrir la surface des choses et regarder ce qui se passe au-dedans. Ce fut peut-être ce désir qui donna à Tomas l’envie d’aller voir ce qu’il y avait au-delà de l’"es muss sein!";autrement dit : d’aller voir ce qui reste de la vie quand l’homme s’est débarrassé de tout ce qu’il a jusqu’ici tenu pour sa mission.
    Pourtant, quand il vint se présenter à l’affable directrice des entreprises praguoises de nettoyage des vitres et vitrines, le résultat de sa décision lui apparut soudain dans toute sa réalité et il fut presque effrayé. Dans cette frayeur il vécut les premières journées de son nouvel emploi. Mais une fois surmontée (au bout d’une semaine environ) la stupéfiante étrangeté de sa vie nouvelle, il réalisa subitement qu’il se retrouvait en longues vacances.
    Il faisait des choses auxquelles il n’attachait aucune importance, et c’était beau. Il comprenait le bonheur des gens (dont il avait toujours eu pitié jusque là)qui exercent un métier auquel ils n’ont pas été conduits par un "es muss sein!" intérieur et qu’ils peuvent oublier en quittant leur travail. Il n’avait jamais connu cette bienheureuse indifférence. Autrefois, quand une opération n’avait pas marché comme il l’aurait voulu, il était au désespoir et ne dormait pas. Il en perdait même souvent le goût des femmes. L’ "es muss sein!" de son métier était comme un vampire qui lui suçait le sang.
    A présent, il parcourait Prague avec sa longue perche à laver les vitrines et constatait avec surprise qu’il se sentait rajeuni de dix ans."

  5. Et oui dans ces deux reportages on pourrait coller deux slogans démagogiques.

    Pour les ex-banquiers "travailler plus pour gagner plus"

    et pour les jeux de grattage "jouer plus pour gagner plus"

    On a essayé d’instrumentaliser les ex-banquiers et joueurs de jeu de hazard au profit de la pire démagogie actuelle "travailler plus pour gagner plus" et "jouer plus pour gagner plus". Ce qui est assez faux!
    Sont-ils vraiment heureux dans le fonds? Sont-ils les mieux placés pour nous dire ce qu’est le vrai bonheur non je ne pense pas!

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