Wyplosz sur la crise des finances publiques

Life goes on, en quelque sorte.

“Une répudiation de dette est toujours une affaire embrouillée. Les marchés financiers, et en particulier les créditeurs lésés, ne sont pas contents et traitent le gouvernement comme un paria. Il ne peut plus emprunter un centime et c’est le FMI qui doit intervenir, avec ses fameuses conditions. Mais la mauvaise humeur ne dure jamais bien longtemps et des négociations s’engagent, d’autant que depuis un an les prêts à ces pays se font à des taux d’intérêt particulièrement rémunérateurs, très explicitement en fait une avance sur la répudiation à venir. Tôt ou tard, le gouvernement et ses créditeurs se mettent d’accord sur le degré de répudiation – l’expression consacrée est le haircut, la coupe des cheveux qui est plus ou moins sévère. Et les affaires reprennent. La dette a partiellement fondu et, du même coup, le besoin de restrictions budgétaires s’est amenuisé. Un mauvais moment à passer, en quelque sorte.”

Quand on vous le dit, qu’un pays ce n’est pas une entreprise…

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21 Commentaires

  1. Certe. Mais, désolé je n’ai plus la référence exacte, il y a cet ouvrage qui a étudié l’histoire des cessation de paiement étatiques sur des siècles, cela montre que le coût à long terme est réel, il y a les états auxquels on fait confiance pour accepter de rembourser la dette quel que ce soit le coût et les autres, et sur le long terme, les premiers payent plus cher cette dette. Parmi les seconds il y a l’Angleterre, cela commence à me revenir qu’une des conclusions était que l’Angleterre a gagné face à Napoléon entre autre car elle était crédible sur son engagement à rembourser la dette énorme accumulée pendant les années de guerre et de défaites initiales.
    Aujourd’hui clairement l’Europe n’est plus vu comme crédible, mais si elle arrivait à s’en sortir quand même sans faire défaut, ce serait payant ensuite, la crédibilité serait très renforcée.

    Sur des exemples plus récents, il y a de tout, l’Argentine n’est pas un exemple très positif, quoi qu’on en dise le poids de son défaut sur l’économie reste énorme et freine beaucoup son développement, par contre la Corée du sud qui a dû renégocier 24 Md$ de prêts court terme en 98, obtenant aussi l’aide du FMI pour 58 milliards de $ suivi d’une récession de 7%, est je pense un exemple éclatant sur la possibilité de repartir après de telles difficultés.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Entendons-nous bien : un défaut de paiement n’est jamais une bonne nouvelle en soi.

  2. Le Fonds Monétaire International a compris qu’il allait devoir payer pour sauver plusieurs Etats européens en faillite : Grèce, Irlande, Portugal, Espagne, Italie, Belgique, France, etc, etc (liste non exhaustive).

    Le FMI a compris que plusieurs Etats européens allaient continuer à s’effondrer, les uns après les autres, comme des dominos.

    Problème : le FMI n’a plus assez d’argent pour sauver tous ces Etats européens. Le FMI ne dispose que de 671 milliards de dollars. C’est très insuffisant pour sauver tous les Etats européens en faillite.

    Pourtant, de 2009 à 2011, les 187 Etats membres du FMI avaient triplé les ressources du FMI. Malgré ce triplement, le FMI n’arrive plus à sauver de la faillite les Etats qui s’effondrent les uns après les autres. Les sommes nécessaires deviennent trop énormes.

    Conclusion : jeudi 7 avril 2011, le FMI a demandé à pouvoir emprunter directement des dizaines de milliards sur les marchés financiers.

    Conclusion numéro 2 : les Etats européens sont en faillite. Ils sont écrasés sous des montagnes de dettes. Le FMI va donc s’endetter lui-aussi ! Le FMI va rajouter des montagnes de dettes par-dessus les montagnes de dettes déjà existantes !

    Conclusion numéro 3 : le système financier international est mort.

    Lisez cet article :

    Le FMI prêt à aller emprunter directement aux banques.

    http://www.lexpress.fr/actualite...

    Réponse de Stéphane Ménia
    Mais non. On va euthanasier quelques rentiers et ça passera.

  3. Et pourtant "Un gouvernement n’est qu’un agent employé en commun par un certain nombre d’individus pour obtenir certains services." (Herbert Spencer)

  4. Oui d’accord, mais Wyplosz parle (à juste titre) de "gouvernement" et non d’Etat. Et Stéphane, lui, parle de "pays", ce qui est encore autre chose.

    Donc OK, un pays n’est pas une entreprise. Mais c’est bien son gouvernement qui le met dans la m… en ne se comportant pas comme une entreprise.

  5. Euthanasier quelques rentiers est certes une solution : à ceci près que l’Europe est une économie de services aux rentiers

  6. Non. Il le met dans la merde en faisant n’importe quoi de façon massive, répétée et durable, et le n’importe quoi n’a pas la même définition pour une entreprise et pour un pays.

  7. C’est bien ce que je dis : une entreprise ne peut pas faire n’importe quoi de façon massive, répétée et durable.

  8. Moi j’avais l’impression que vous disiez qu’un Etat était dans la merde dès qu’il n’était pas "conduit" comme une entreprise. Mais peut-être ai-je mal compris.
    Sinon j’aime bien les sardines au barbecue, aussi.

  9. elvin : Quand on voit par exemple Alcatel, EADS, Dassault, Airbus, Thomson, Orange EDF ou Areva fonctionner A FONDS PERDUS et toutes lignes de crédit bancaire ouvertes auprès de toutes les banques françaises, permettez-moi de douter. A la limite, si vous parlez des PMEs soumises aux marchés mondiaux, et encore !

  10. Bonjour,
    Une partie de l’argument de M. Wyplosz est que la baisse des dépenses de l’Etat, imposée par les créanciers et/ou le FMI, aurait un effet récessif sur l’économie.
    Mais si l’Etat fait défaut, il y a fort a parier qu’il ne pourra plus emprunter, et que, loin de devoir réduire son déficit courant, il sera tout simplement contraint d’atteindre l’équilibre budgétaire sans délai !
    Cordialement,

    Réponse de Stéphane Ménia
    Wyplosz prend ceci en compte en parlant des ajustements structurels impliqués par le recours au FMI.

  11. @Kpol
    Je parlais bien sûr des vraies entreprises privées, pas de celles où l’Etat continue à faire la pluie et le beau temps.
    De toute façon, des entreprises mal gérées, ça existe. La différence, c’est qu’elles et leurs dirigeants ne durent pas longtemps.

  12. La baisse de MES dépenses aurait aussi "un effet récessif sur l’économie" (modeste c’est vrai, mais quand même…). Donc il faut que mes créanciers annulent mes dettes et que je puisse continuer à emprunter à tout va…
    Je sais, un pays n’est pas une entreprise et encore moins un particulier. Mais essayons quand même de raisonner juste.

  13. Ben les entreprises aussi peuvent restructurer leur dette. Ca se passe grosso modo comme Wyplosz le décrit pour les Etats.

    La seule vraie différence, c’est que les créanciers ultimes sont essentiellement les citoyens. Ce sont bien eux qui vont se faire tondre le crâne dans le grand haircut qui s’annonce.

    – soit parce qu’on va raboter leurs créances directes sur l’Etat (par exemple les engagements de retraite, ceux qu’on a choisi de ne pas comptabiliser dans les comptes publics parce qu’avoir des comptes justes, c’est mal)

    – soit, plus sournois, parce qu’on va diluer leur épargne dans des programmes successifs de quantitative easing.

    Bref, la grande différence entre les entreprises et les Etats est que les entreprises n’ont pas la possibilité d’aller prendre dans la poche de leurs salariés de quoi se renflouer.

    Voilà qui est rassurant.

    Que disait Bastiat déjà? Ah oui : "L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde."

    Un Etat n’est pas une entreprise. Effectivement.

  14. "La seule vraie différence, c’est que les créanciers ultimes sont essentiellement les citoyens. Ce sont bien eux qui vont se faire tondre le crâne dans le grand haircut qui s’annonce."

    Quels citoyens ?

    Vous parlez des épargnants, ceux dont parviennent à obtenir plus de numéraire de l’économie que ce qu’ils peuvent en employer ?

  15. … de leurs salariés ni de personne d’autre.

    Une entreprise se comporterait comme un État si elle avait la possibilité de lever des impôts (comme le font la Mafia et autres Ndranghetta).

  16. @jmsdep en 1: pour votre référence, il faut aussi mentionner qu’à l’époque (début XIX) la France venait tout juste de faire défaut (pendant la période révolutionnaire).

    On n’est donc pas dans un cas de conséquences à long terme, mais au contraire de problèmes se posant dans la période suivant immédiatement le défaut.

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