Valérie Pécresse se moque du monde

Chacun connaît le prix Busiris, qui récompense l’usage abusif du droit dans les discours politiques. Rappelons que pour mériter ce prix, une personnalité politique doit énoncer “un propos juridiquement aberrant, si possible contradictoire, proféré de mauvaise foi, et mû par l’opportunité politique plus que par le respect du droit”.

Le prix Busiris est cantonné au droit. Mais les propos aberrants, contradictoires, opportunistes et de mauvaise foi, ne se limitent pas à ce domaine. La preuve, ce matin, par Valérie Pécresse, qui invitée sur Itélé, a gratifié les spectateurs de cette magnifique perle (à 3’30 dans la vidéo) :

La règle d’or, c’est une petite révolution. C’est la règle du bon sens. c’est demander enfin – parce que ca fait 35 ans qu’on vote le budget, les comptes publics, en déficit – donc, c’est demander à l’Etat de s’appliquer à lui même la règle que tous les français s’appliquent tous les jours, c’est à dire j’ai un euro à dépenser, je ne dépense pas plus d’un euro.

Bien, bien. Commençons :

Propos aberrant : la règle du bon sens, c’est que l’Etat s’applique la règle que tous les français s’appliquent.

Le “bon sens” permet pourtant de constater qu’un Etat est bien différent (en matière financière) d’un ménage. Première différence : un Etat a une durée de vie indéfinie, contrairement à un particulier ou un ménage. Ce qui lui permet, pendant beaucoup plus longtemps, de rester endetté : il lui suffit pour cela de payer indéfiniment les intérêts de sa dette, puis lorsque celle-ci arrive à échéance (si elle y arrive: il fut un temps ou existaient des rentes perpétuelles et transmissibles), de la payer en ré-empruntant.

Seconde différence : un Etat disposant du monopole de la violence légitime, lorsque ses recettes sont insuffisantes, il a la possibilité d’exercer la contrainte auprès des citoyens pour prélever plus d’impôts, augmentant ses recettes. Bien évidemment, comme le montre l’actuel exemple grec, ce pouvoir n’est pas infini. Mais je ne connais aucun citoyen qui peut aller voir son employeur, lui dire “je n’arrive pas à boucler mes fins de mois, j’exige donc une augmentation” et obtenir satisfaction. Par ailleurs, ce n’est souvent même pas nécessaire, puisque spontanément, les recettes fiscales augmentent sous l’effet de la croissance économique. Mieux, même: une partie significative des dépenses de l’Etat (infrastructures, dépenses régaliennes, éducation, etc) ont pour effet d’accroître ladite croissance économique. Il n’est pas aussi fréquent que les particuliers s’endettent pour accroître leurs revenus futurs.

Troisième différence : un Etat est souverain. Lorsqu’un particulier, ou une entreprise, ne peut pas payer ses dettes, on (les services de l’Etat, d’ailleurs) saisit leurs actifs. Rien de tel pour les gouvernements. Il fut un temps où l’on déclarait des guerres à des potentats orientaux impécunieux pour se payer sur la bête, mais cette époque est terminée depuis longtemps. Un Etat peut faire souverainement défaut sur tout ou partie de sa dette, en alléger le poids par le biais de son pouvoir sur l’inflation (par l’intermédiaire de la banque centrale). Ces solutions ont, bien évidemment, des coûts : les prêteurs sanctionnent les Etats qui ont fait autrefois défaut, en exigeant des taux d’intérêt plus élevés, pendant des périodes très longues. L’inflation trop élevée désorganise, parfois gravement, le fonctionnement du pays. Mais ces possibilités distinguent considérablement l’Etat du simple particulier surendetté qui voit l’huissier saisir ses biens.

Bref donc, il n’y a strictement rien de commun entre un particulier et un gouvernement en matière financière. Cette fausse analogie ne permet en aucun cas de comprendre les finances publiques.

Contradiction : j’ai un euro à dépenser, je dépense un euro

Quand bien même on accepterait l’analogie Etat-particulier, en quoi cela implique-t-il de ne dépenser un euro “que quand on a un euro à dépenser”? Moi, par exemple, aujourd’hui, j’ai dépensé un euro que je n’avais pas à l’aide d’un instrument fort pratique qui s’appelle une “carte de crédit”. Et des tas de gens font pareil, tous les jours. Les gens s’endettent pour acheter des séjours en vacances, des voitures, de l’électro-ménager, des logements. Ils dépensent des euros qu’ils n’ont pas, parfois en quantités très importantes : il n’est pas rare de voir des ménages s’endetter à hauteur de 5 fois leur revenu annuel (ce qui les conduit à être plus endettés que l’essentiel des gouvernements, à l’exception du Japon et de la Grèce).

Quasiment personne ne dépense autant qu’il ne gagne. Certains dépensent plus et s’endettent, d’autres dépensent moins et épargnent. En moyenne d’ailleurs, les gens ont tendance non pas à dépenser un euro “quand ils ont un euro à dépenser”, mais à épargner. Un gouvernement qui se comporterait “comme les français”, donc, aurait des moments d’extrême endettement, mais dans l’ensemble, dépenserait moins qu’il ne gagne. En langage clair, cela signifierait prélever plus d’impôts que l’on ne reverse sous forme de dépenses publiques. Outre que cela serait parfaitement intenable politiquement, je doute que l’on trouve une seule personne pour recommander aux gouvernements, sur le long terme, de prélever plus d’impôts qu’ils ne dépensent. Non seulement l’analogie Etat-ménage n’a aucun sens, mais elle est utilisée par la ministre de manière totalement illogique.

Mauvaise foi et opportunisme : Cette analogie vaseuse ne sert en fait qu’à justifier la proposition d’adoption d’une bien mal nommée “règle d’or” (ça fait sérieux…) qui vise à inscrire dans la constitution l’obligation d’une limite des déficits publics, permettant au conseil constitutionnel de censurer un budget voté par le parlement et présentant des dépenses en excédent, non financées par des recettes équivalentes. Cette idée me semble nuisible et inefficace. Nuisible parce qu’elle supprime une flexibilité qui peut devenir nécessaire, par exemple en période de récession où un déficit important et temporaire peut être utile. Inefficace parce que le constitutionnalisme budgétaire, on a déjà donné avec le traité de Maastricht, et que cela a surtout conduit les gouvernements à tricher avec les règles, où à adopter des politiques contre-productives. La sincérité des comptes publics, déjà bien malmenée, risque d’être la première victime de l’adoption de ce genre de règle, pour des bénéfices particulièrement douteux. Ne parlons même pas des USA, et du délire auquel aboutit la règle du plafonnement de la dette. Mais je reconnais bien volontiers qu’il y a là matière à discussion raisonnable.

Sauf qu’une discussion raisonnable devrait commencer par reconnaître les faits. Et il y a une invraisemblable hypocrisie dans ce gouvernement qui se découvre une vertu budgétaire, censée ne s’appliquer qu’après une élection pas gagnée d’avance. Le graphique illustrant cet article rappelle que le point bas de dépenses publiques sur PIB au cours des 15 dernières années était 1998-2001, et leur hausse spectaculaire commencée dès 2007, avant la crise. Que c’est en 2005 que le ratio de dépenses publique français a dépassé celui de la très socialiste Suède (qui donc était ministre des finances en 2004?). Ce graphique rappelle que les déficits publics les plus importants ont été constatés en 94-95 (qui donc était ministre du budget, déjà?) puis de 2008 à 2011. Le budget 2008 et le “paquet fiscal” creusaient déjà le déficit public, avant même la crise économique.

Ce n’est ni nouveau, ni surprenant : pour l’essentiel, dans les pays développés (France y compris), les déficits publics tendent à être moins élevés sous les gouvernements socio-démocrates que sous les conservateurs. Il n’y a pas de raison de conclure a priori que les socio-démocrates sont meilleurs gestionnaires publics que les conservateurs : les déficits sont lourdement déterminés par la conjoncture, tout comme les élections. Il est tout à fait possible que cela crée des cycles coordonnés dans lesquels les conservateurs sont élus en période de faible croissance (et donc de forts déficits) et les socio-démocrates en période de forte croissance.

Mais il y a une autre explication possible, que rappelaient Thesmar et Landier dans cet article de 2007 qui semble aujourd’hui, étonnamment prophétique. Le paquet fiscal et le budget mis en oeuvre à partir de 2007, dans cette perspective, relevait d’un calcul rationnel visant à lier les mains des successeurs en leur laissant des finances publiques lourdement plombées par l’endettement. Cet article rappelle opportunément que la réduction des déficits n’était pas du tout la priorité du candidat Sarkozy à l’élection présidentielle : il annonçait au contraire l’intention de réduire de 4 points le taux de prélèvements obligatoires en 5 ans, performance qu’aucun gouvernement (même M. Thatcher) n’avait atteinte.

Creuser les déficits, pour ensuite déplorer que “les caisses sont vides”, puis vouloir limiter les capacités d’action des successeurs n’est pas faire preuve d’une quelconque vertu, mais d’un calcul cynique que l’on pouvait anticiper dès 2007. La “règle d’or”, qui ne passera pas le congrès puisque l’actuelle majorité n’y détient pas les trois cinquièmes des votes, ne servira qu’un calcul électoral, en faisant passer l’opposition pour d’indécrottables dépensiers irresponsables. Mauvaise foi et opportunisme sont donc largement vérifiés. Cette campagne électorale promet.

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Alexandre Delaigue

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29 Commentaires

  1. MB,

    Vous confondez l’épargne des ménages et l’épargne de la nation (ménages + Etat + entreprises). Les ménages en France sont encore épargnants nets (heureusement) mais cela ne suffit plus à compenser le besoin de financement grandisant de l’Etat d’où le recours massif à l’endettement externe.

    "Pourquoi diminuer les dépenses qui sont utiles au bien-être de la population ou augmenter les impôts si des étrangers sont prêts à prêter à l’État de l’argent pas cher du tout ?"

    Très bien… continuons alors : nos dépenses publiques sont utiles et l’étranger bienveillant va continuer à financer notre système social efficace. J’espère que vous ne faites pas partie de ceux qui fustigent en même temps "la dictature des marchés et des agences de notation". Parce qu’il est évident que la politique économique que vous préconisez nous livre pieds et poings liés à leur bon vouloir (eh oui, "l’étranger", ce sont en fait les vilains spéculateurs…)

    "S’il devient difficile d’emprunter, oui, la question se posera mais aujourd’hui, franchement : pourquoi ?"
    … parce qu’une fois qu’il est difficile d’emprunter, il est déjà trop tard et que, justement, il faut être aveugle pour ne pas voir que le financement externe des pays industrialisés (en particulier européens) est en train de prendre un tournant historique. Croyez-vous rationnel, juste (et donc, pérenne) le fait que la gabegie des pays industrialisés capte à ce point l’épargne des pays émergents, eux-mêmes encore confrontés à la pauvreté ? Les émergents portent d’ailleurs eux aussi une grave responsabilité dans ce phénomène. Tous coupables !

    "Pouvez-vous me citer un seul exemple postérieur à 1815 ?"
    Oui : les swaps obligataires des années 20-30 et toutes les dévaluations du franc (notre arme favorite avant l’euro, qui permettait de masquer notre perte de compétitivité). Mais les méthodes de spoliation modernes sont plus subtiles : cf. la "répression financière" de C. Reinhard (http://www.imf.org/external/np/s...

    "Les loueurs d’argent auraient-ils plus peur du gouvernement du Canada que de celui des États-Unis, de celui de la Suisse que de celui de la Russie"

    Vous faites une interprétation erronée du rapport de force "créancier / débiteur" (sans doute en raison de la remarque de M. Delaigue sur la "violence légitime"). Oui, les créanciers soignent le Canada et la Suisse parce qu’ils devraient continuer de leur faire gagner durablement de l’argent tandis que les Etats-Unis et la Russie pourraient leur en coûter beaucoup… Bonne illustration, justement, du changement de rapport de force en cours.

  2. ‘Parce qu’il est évident que la politique économique que vous préconisez nous livre pieds et poings liés à leur bon vouloir (eh oui, "l’étranger", ce sont en fait les vilains spéculateurs…)’
    Bah oui l’étranger a spéculé sur le fait qu’on allait le payer honnêtement alors que lui faisait du dumping social, environnemental et de la concurrence déloyale, et tout ca avec le sourire de nos propres spéculateurs que l’on devrait juger comme traitre a la nation…
    A escroc escroc et demi…

    ‘Oui, les créanciers soignent le Canada et la Suisse parce qu’ils devraient continuer de leur faire gagner durablement de l’argent’
    Pour la Suisse, un revers de fortune pourrait se faire en quelques années si justement les états dans la merde se mettaient d’accord pour récupérer fiscalement tout l’argent évadé.
    Je doute qu’aucun petit ‘pays’ paradis fiscal survive durablement en cas de crise mondiale. (parce qu’il faut être réaliste, la Chine a aussi de grave problème, parce que l’argent çà ne se mange pas)

  3. Hector,

    Je n’ai pas l’impression de confondre quoi que ce soit mais plutôt, et au risque de vous paraître arrogant, qu’en prétendant préciser les termes de votre précédent commentaire vous les modifiez.

    Je crois qu’il va falloir arrêter nos échanges ici puisque, d’une part, je ne suis pas certain que ce soit passionnant pour grand’monde et, d’autre part, notre désaccord n’est probablement pas de nature économique mais bien politique. Vous portez un jugement de valeur, de nature morale, sur l’endettement public (ainsi que sur les dépenses publiques) : le déficit, selon vous, c’est mal et puis c’est tout. Personnellement, je pense que peu importe que le chat soit gris ou noir pourvu qu’il attrape les souris et que le choix entre les voies et moyens des collectivités publiques doit être avant tout technique et opportuniste. Quand les taux d’intérêts sont bas (a fortiori quand ils sont négatifs, comme c’est le cas aux États-Unis), il me semble pertinent d’emprunter ; quand les taux d’intérêts sont élevés, il me paraît rationnel de privilégier l’impôt.

    Nous verrons dans quelques temps ce que donnera en définitive la politique de la coalition Tory-Lib Dem mais il me semble que c’est pure folie, en plein marasme, de couper dans les dépenses publiques sans y être contraint.

    Vous aspirez à un monde où tout le monde serait créancier et personne ne serait débiteur. Libre à vous, mais je ne vois pas comment un tel monde pourrait tourner : pour qu’il y ait des créanciers, il faut qu’il y ait des débiteurs.

    Je suis plus respectueux du jugement du marché que vous. Si le marché, considère que la dette publique française sera remboursée et qu’il s’agit d’un placement sûr qui ne justifie pas d’un intérêt élevé, je m’incline. Et puisque l’on veut me prêter, j’emprunte.

    Ce qui, à nouveau, ne me dispense pas de faire un usage intelligent de ces ressources.

    Le lien vers l’étude de Carmen M. Reinhart et M. Belen Sbrancia n’est pas bon : c’est
    http://www.imf.org/external/np/s... Je ne vais pas vous mentir : je suis un économiste très amateur et je n’ai ni le temps ni les compétences pour lire utilement ces soixante-six pages. Je vais me borner à regarder ce qu’en disent d’intéressants vulgarisateurs :

    « Government debts were, are and will be “risk bearing assets” and surreptitious default or ‘soft restructuring’ of these assets after 1945 may have had beneficial consequences during the Golden Age of Western Prosperity between 1945-1980 » : rwer.wordpress.com/2011/0…

    « In that sense the new discussion of financial repression is like the old discussion of top tax rates. If you believe modern rhetoric, tax rates like those that prevailed under Eisenhower and Kennedy must have destroyed all initiative; the whole economic elite must have gone Galt. But that didn’t actually happen — on the contrary, the economy did fine.
    « I have seen the past, and it worked » : krugman.blogs.nytimes.com…

    Merci pour l’information sur la « conversion » force des obligations d’État françaises en 1932 : je ne connaissais pas. Je comprends que vous assimiliez cela à une défaillance bien que je persiste à penser que la perte de chance de réaliser un gain n’est pas comparable au gain qu’aurait procuré cette chance s’il s’était réalisé, en d’autres termes que payer moins d’intérêts que ce qui a été promis n’est pas la même chose que de ne pas rembourser le principal.

  4. MB,

    Vous déviez beaucoup et vous me faites surtout des procès d’intention.

    "Je n’ai pas l’impression de confondre quoi que ce soit mais plutôt, et au risque de vous paraître arrogant, qu’en prétendant préciser les termes de votre précédent commentaire vous les modifiez."

    Vous avez bel et bien confondu épargne des ménages et épargne nationale. Ce n’est pas grave mais juste embêtant pour comprendre ce qui se passe… Et je ne vois pas en quoi j’ai modifié mon commentaire ; vous ne l’expliquez pas, d’ailleurs.

    "Vous portez un jugement de valeur, de nature morale, sur l’endettement public (ainsi que sur les dépenses publiques) : le déficit, selon vous, c’est mal et puis c’est tout."

    Non, je n’ai porté aucun jugement moral sur le déficit ou la dette. Je n’y suis pas opposé par principe. Ma conviction est qu’un pays comme la France doit avoir une vraie politique contracyclique : schématiquement, déficit budgétaire lorsque cela va mal, excédent lorsque cela va bien. Nous avons largement dégradé le déficit pendant la crise, il le fallait ; maintenant il faut redresser la barre. A la relecture de ce fil de discussion, il m’apparaît assez clair que ce sont surtout ceux qui défendent la dette et le déficit qui ont un problème moral avec la discipline budgétaire. Tous les autres me semblent avoir défendus des positions plus mesurées et plaident surtout pour la prudence. Je note au passage que même le PS a changé son fusil d’épaule ces derniers jours, pour finalement s’engager à réduire le déficit… F.Hollande nous promet même l’équilibre budgétaire en 2013 ! Mais ils sont certainement tous mal conseillés et vous allez bientôt avoir raison tout seul.

    "Je suis plus respectueux du jugement du marché que vous. Si le marché, considère que la dette publique française sera remboursée et qu’il s’agit d’un placement sûr qui ne justifie pas d’un intérêt élevé, je m’incline."

    Procés d’intention encore. Je dis simplement que l’on ne peut pas simultanément critiquer le rôle grandissant du marché et continuer à s’endetter auprès de lui.

    "Et puisque l’on veut me prêter, j’emprunte."

    Voilà une phrase consternante. C’est en vertu de cette maxime que de nombreux ménages sont tombés dans le surendettement et c’est, très schématiquement j’en conviens, ce à quoi peut se résumer la crise grecque. Comme quoi, au passage, le rapprochement individu/Etat n’est pas si absurde.

    "Merci pour l’information sur la « conversion » force des obligations d’État françaises en 1932 : je ne connaissais pas. Je comprends que vous assimiliez cela à une défaillance", etc…

    Non – relisez mes messages, je crois l’avoir dit clairement – j’assimile d’abord cela à une spoliation des créanciers (en l’occurence, des épargnants)… justement pour éviter une défaillance au grand jour. Idem pour la répression financière. Bien sûr que les Etats s’en sortent lorsqu’ils la pratiquent puisqu’ils réduisent d’autorité leur dette ou sa charge. Les épargnants, eux…
    Je rappelle par ailleurs que ma remarque était une réaction à l’extrait que vous citiez et qui faisait un appel touchant au civisme des Français pour racheter la dette publique. Je le répète, non seulement c’est absurde d’un point de vue macroéconomique, mais cela les expose à une spoliation sous une forme ou sous une autre – car, pour le coup, lorsque les créanciers sont ses propres citoyens, l’Etat peut exercer tout à son aise son pouvoir de "violence légitime".

  5. Dans les médias les jours derniers, on a souvent entendu que les banques demandent maintenant aux états européens de prendre leur responsabilité en jouant la solidarité avec la Grèce.

    Je n’ai personnellement rien contre, sauf que si on doit être solidaire, on doit prendre la décision en commun avec de s’endetter encore plus.

    Je m’explique :
    les banques ont-elles demandé l’avis des autres états européens avant d’accepter les derniers crédits demandés par la Grèce ?
    Je ne pense pas que ça soit le cas.

    C’est comme si dans un couple, où la solidarité entre époux est la loi, un des époux s’endettait sans en parler à l’autre. En cas de défaut de paiement du 1er, le second doit quand-même rembourser.

    Vu sur un plan plus financier, c’est comme si un assureur de crédit (rôle que les états membres jouent entre eux au final) n’était pas consulté avant de confirmer qu’il couvrira bien le risque.

    Ma proposition : modifier le fonctionnement des instances financières européennes afin que tout crédit souscrit par un état membre soit voté par le parlement européen ou au moins validé par une commission où siègent les états membres.

  6. Éconoclaste a le mérite d’etre constant sur le sujet de la dette publique, ce qui ne veut pas dire que vous ayiez raison. J’ai donc relu le ch. 5 de Sexe, drogue et économie, dans lequel on retrouve la plupart des arguments évoqués au fil de vos billets.

    Mythe numéro un : la dette publique est la dette « de la France »

    Ok je suis d’accord. Mais on pourrait creuser un peu. A partir de quand la dette extérieure devient-elle un problème ? Aujourd’hui elle est de l’ordre de 1000 Md€ soit, quoi, 4 ou 5 ans de recettes fiscales ? Historiquement, quelles sont les chances qu’une dette publique extérieure soit jamais repayée ? Voilà quelques précisions qui auraient été utiles.

    Mythe numéro deux : la dette publique est une mauvaise chose par nature, qui met en péril la « soutenabilité » du budget de l’État.

    Vous expliquez la similarité entre dépenses publiques financées par l’impôt ou par l’emprunt. Là non ! simplement parce que vous ne parlez que des similitudes mais oubliez de parler des différences. Les économistes expliquent que les incitations comptent, et donc le "feed-back" positif ou négatif de nos choix. Le "public choice" consiste justement à appliquer ce raisonnement aux hommes politiques et aux administrations. Et c’est là qu’apparait une différence importante entre l’impôt et la dette : le feed-back en politique ce sont les élections, or les contribuables votent, tandis que ceux qui paieront la dette ne votent pas. De plus, les contribuables savent qui paie combien d’impôts, tandis que dans 10, 20 ou 30 ans on ne sait pas qui paiera quelle part de la dette. C’est pourquoi la dette publique met en péril la soutenabilité des finances publiques, plus que l’impôt : parce que son feed-back, les incitations et l’incertitude qui en résultent ne sont pas les mêmes. Traiter ce sujet sans évoquer le public choice c’était trop court. Un dernier point : on sort souvent de la dette publique par l’inflation, ce qui pose également bien des problèmes.

    Mythe numéro trois : la dette publique est mauvaise parce qu’elle impose de payer des intérêts

    Vous utilisez cet argument : "Si les contribuables ne souhaitent pas financer les intérêts de la dette publique, ils peuvent recourir à un moyen très simple : acheter des titres de la dette publique pour un montant équivalent à leur quote-part de dette." Heuu…. Non ! La bonne réponse était : "Si les contribuables ne souhaitent pas financer les intérêts de la dette publique, eh bien… ils doivent les financer quand même, ou bien payer quelqu’un pour le faire à leur place (en lui achetant ses OAT)." Le fait d’acheter une OAT ne change pas beaucoup leur situation, contrairement à ce que laisse croire votre argument. Si vous achetez de la dette publique, vous recevez autant de coupons que vous payez d’impôts et vous pouvez effectivement équilibrer vos flux de trésorerie sur la dette publique, MAIS (gros "mais") vous perdez par ailleurs des coupons ou des dividendes. Il y a un coût d’opportunité. Enfin c’est élémentaire, non ?

    Mythe numéro quatre : le chiffre de la dette publique a un sens.

    Là, votre présentation est juste mais paraît curieusement biaisée. L’exemple des retraites de FT est bien vu : l’opération semble avoir diminué la dette publique, tout en augmentant les engagements de l’Etat par ailleurs, engagements qui sont non contractuels et plus ou moins révisables. Très bien. Mais avant de souligner la difficulté de l’évaluation de la dette publique, on pourrait commencer par fixer un peu les idées. L’Etat britannique est sorti des guerres napoléoniennes avec une dette publique de 300% du PIB qui a été remboursée, c’est à peu près le seul exemple historique. Aujourd’hui, pour la dette publique française et les engagements de retraite, même les estimations les plus prudentes dépassent ce chiffre, alors que nous sommes loin d’avoir la même croissance que pendant la révolution industrielle. Tout cela a un sens, ces ordres de grandeur sont importants, parlants, et il faudrait commencer par les rappeler. Ensuite seulement on peut les discuter, voire les critiquer. Mais vous commencez par la critique sans avoir posé les bases.

    Mythe numéro cinq : la dette publique ne serait pas un problème, si seulement elle avait servi à financer des « investissements »

    Tiens là je suis 100% d’accord : la dette publique pose problème quel que soit l’usage qu’on en fait 😉

    Je n’oublie pas les autres remarques pertinentes que vous faites sur le sujet dans ce ch. 5 de SDE, mais comprenez : votre présentation est partielle voire partiale. Le risque est de tomber dans le travers inverse du discours alarmiste, et d’entonner "tout va bien Madame la Marquise". Les alarmistes utilisent peut-être parfois de mauvais arguments, mais cela ne veut pas dire que toutes leurs conclusions sont fausses.

  7. D’accord avec Gu Si Fang dans sa critique du "mythe n°3" que MB évoquait aussi précédemment.

    Cette critique peut également se formuler en termes macroéconomiques, toujours sous l’angle de l’épargne. A niveau d’épargne constant (et l’on ne voit pourquoi la mesure augmenterait l’épargne), si vous proposez que les ménages français rachètent la dette publique, cela signifie qu’ils déplacent leur épargne aux dépens d’autre chose. Vous modifiez donc la structure de financement de l’économie au profit du public et aux dépens du privé.

    Vous aurez alors réussi à diminuer la dette PUBLIQUE externe mais pas la dette externe TOTALE car le secteur privé sera obligé d’aller se financer davantage à l’étranger. Autrement dit, le principal effet d’une telle mesure est d’évincer le secteur privé du marché financier domestique.

    C’est à mon avis bien moins souhaitable que la situation antérieure, du point de vue de la stabilité financière.

  8. J’ajoute un commentaire, plus historique-politique qu’éco: l’étude des sociétés occidentales semble montrer que l’émergence des systèmes démocratiques en Europe est lié à l’augmentation de la dette publique (ancien régime). En fait, un état qui a une forte dette publique possédée par ses citoyens tend à plus de démocratie qu’un état au budget en excédent, car les créanciers agissent alors comme des contre pouvoirs.

    Dans cette hypothèse, la droite utiliserait alors la lutte contre les déficits comme outil dans sa lutte contre la démocratie. c’est mions sanglant que d’employer des "chevaliers croisés"… (mauvaise foi inside).

  9. Moi aussi je suis retourné aux sources, c’est-à-dire à cet immortel chef d’œuvre qu’est Sexe, Drogue et Economie, et spécifiquement au chapitre 5.

    Première remarque : quand vous intitulez ce chapitre « La dette publique est un faux problème », ne venez pas vous étonner après que vos lecteurs comprennent que vous pensez que… la dette publique est un faux problème !!!

    Cela dit, le texte est effectivement plus nuancé que le titre. Il dit pas mal de choses sur lesquelles je suis d’accord, notamment que « considérer la dette isolément… est un raisonnement tellement tronqué qu’il n’a aucun sens ». Mais ça n’entraîne pas ipso facto que « la dette publique est un faux problème ».

    Ce chapitre commence bien en rappelant que « les administrations publiques … ne sont qu’un agent économique parmi d’autres ». Mais dès la fin de cette section, ça tourne mal avec l’argument « pour une bonne part, la dette publique est contractée auprès des français eux-mêmes », qui rappelle désagréablement l’énormité keynésienne « c’est de l’argent que nous nous devons à nous-mêmes » (que reprend d’ailleurs MB sans provoquer de réactions). A ce compte là, si je vous dois un million d’euros (ou dix, ou cent), ça n’est pas important puisque « c’est de l’argent que nous nous devons à nous-mêmes » (« nous » désignant ici l’ensemble formé de vous et de moi). Je sais bien que cet usage abusif du « nous » en « nettant » les engagements réciproques, c’est-à-dire en supposant qu’ils sont toujours et systématiquement respectés et indépendamment de la chronologie, est le tour de passe-passe fondateur de la macro-économie, mais ça n’est pas une raison de le resservir sans rire, bien au contraire. Dans le même esprit, vous semblez considérer implicitement qu’une créance de X euros et X euros en monnaie sont équivalents, ce qui est encore une vision macro-économique, c’est-à-dire fausse.

    Vous rappelez utilement que les effets d’une action sont les mêmes quelle que soit la façon dont les ressources nécessaires ont été financées. Mais avant d’utiliser des ressources, il a fallu les obtenir, et aux différents modes de financement s’attachent des engagements différents. Le financement par l’impôt n’entraîne pas d’autres engagements que moraux envers les contribuables : utiliser l’argent conformément à « l’intérêt général ». Le financement par l’emprunt entraîne des engagements pécuniaires envers les créanciers : les rembourser à l’échéance et leur verser des intérêts dans l’intervalle. De plus, l’impôt est obligatoire : chacun doit le payer même s’il n’est pas d’accord sur l’usage qui en est fait. Au contraire, prêter est un acte volontaire (sauf le cas de l’emprunt obligatoire) : en principe, seuls prêtent ceux qui sont d’accord avec les conditions de l’emprunt et avec l’usage qui sera fait des sommes empruntées. En ce sens, l’emprunt (contrairement à ce que dit GSF) est plus « démocratique » que l’impôt.

    Votre billet, et la majorité des commentaires, reflètent l’idée reçue selon laquelle l’Etat est un être supérieur qui doit avoir le maximum de moyens d’action et être aussi libre de ses mouvements que possible, par exemple pouvoir trahir ses engagements. La position libérale est exactement l’inverse : l’Etat n’est que l’émanation des individus et doit être soumis aux mêmes règles morales qu’eux (Kant : « la politique doit plier le genou devant la morale. »), et ses moyens d’action doivent être aussi limités et contrôlés que possible. Dans cette conception, la première des questions n’est pas « comment l’Etat doit-il se procurer les ressources dont il a besoin ? » mais « de combien l’Etat doit-il disposer, et une fois ce maximum fixé, que doit-il faire avec ? »

    Sans aller jusqu’à la position libertarienne qui résout le problème par la disparition pure et simple de l’Etat (et donc de l’impôt et de la dette publique), la logique libérale serait que les impôts soient affectés exclusivement aux tâches régaliennes de police, de justice et de défense. Cette limitation devrait être inscrite dans la Constitution, ainsi qu’une borne supérieure fixée a priori (par exemple 10% du PIB comme le proposait Vauban à Louis XIV, pourtant réputé « monarque absolu » – il est vrai que son livre a été interdit…). Les autres actions que l’Etat pourrait vouloir entreprendre devraient être financées par des contributions librement et individuellement consenties, dont l’emprunt est une modalité possible.

    Les privilèges de l’Etat, qui le rendent effectivement différent des ménages et des entreprises, seraient ainsi limités à ses responsabilités régaliennes. Pour le reste, l’Etat se comporterait comme une entreprise, avec la même souplesse mais aussi les mêmes contraintes, y compris celles de la concurrence. C’est le marché (de la dette) qui maintiendrait les gouvernements dans les limites de la raison comme il le fait pour les entreprises, le premier principe interdisant en particulier d’utiliser l’impôt pour rembourser des emprunts ou en payer les intérêts. C’est évidemment une contrainte que les Etats ne peuvent pas admettre, comme le montrent les charges contre les agences de notation. Mais c’est justement pour cela qu’il faudrait la leur imposer.

    Mais comme tout ça est parfaitement utopique, il va falloir se contenter de la « règle d’or ». C’est déjà mieux que rien…

  10. Un ami me fait connaitre votre site après avoir lu mon propre billet (Règle d’Or? Abstention d’argent!")
    Je pense que Valérie Pécresse, ministre, ne peut pas être publiquement d’un avis opposé à celui, proclamé, du Président.
    J’ai moins de difficultés à expliquer pourquoi je suis "contre" .

  11. @Elvin

    "En ce sens, l’emprunt (contrairement à ce que dit GSF) est plus « démocratique » que l’impôt."

    Je comprend de votre définition implicite de la démocratie ci dessus que les actions volontaires maximisent plus l’intet particulier de l’agent que les actions "imposées" par (un des) groupe social auquels ils appartient et que la somme des interet particuliers constitue nécéssairement l’interet général.

    Mon interprétation est elle correcte?

    Et si c’est le cas, et meme si je la trouve séduisante et probablement juste ds certain cas, n’as elle pas des implications surprenantes, en particulier que que les agents sont capableq d’anticiper les bénéfices individuels qu’ils tireront d’une action concertée ?

    Et que dans le cas du pret à un etat, à l’oppposé de l’impot, les citoyens ne sont pas considerés comme égaux, mais égaux à leurs capacités de prets?

  12. ‘Sans aller jusqu’à la position libertarienne qui résout le problème par la disparition pure et simple de l’Etat (et donc de l’impôt et de la dette publique), la logique libérale serait que les impôts soient affectés exclusivement aux tâches régaliennes de police, de justice et de défense. Cette limitation devrait être inscrite dans la Constitution,’
    Huhu….Et bizarrement le droit de propriété aussi hein..donc pas de sante pour les pauvres, pas d’éducation l’état est juste la en tant que garant de la propriété a vous écouter…
    Bref l’état payé par les pauvres pour les riches…remarquez…on y vient.

  13. @Pascal Warnimont

    "Mon interprétation est elle correcte?"
    A peu près. Il y aurait beaucoup à dire sur la notion d’"intérêt général". On peut argumenter que le seul "intérêt général" consiste en ce que chacun puisse rechercher au mieux son intérêt particulier sans empêcher les autres d’en faire autant. C’est ce qu’ont soutenu des auteurs comme Tutgot ou Constant.

    "n’as elle pas des implications surprenantes, en particulier que que les agents sont capableq d’anticiper les bénéfices individuels qu’ils tireront d’une action concertée ?"
    Oui, mais en quoi est-ce surprenant ?

    "Et que dans le cas du pret à un etat, à l’oppposé de l’impot, les citoyens ne sont pas considerés comme égaux, mais égaux à leurs capacités de prets?"
    Plus important que ça, seuls financent une action ceux qui sont d’accord avec cette action (ce qui n’implique par nécessairement qu’ils en bénéficient) A l’intérieur de cette sous-population, rien n’oblige que la voix de chacun soit proportionnelle à sa contribution; il peut y avoir d’autres dispositions institutionnelles, auxquelles tous donnent leur accord en apportant leur argent).

  14. @Stéphane

    Désolé, mais vous commettez les erreurs habituelles de penser :
    1. que ce que fait l’État, il est le seul à pouvoir le faire,
    2. que l’Etat ne peut trouver des ressources que par la contrainte.

    Quant à "l’état payé par les pauvres pour les riches", où ai-je dit ça ?
    Je dis : les tâches régaliennes payées par tous, les autres par ceux qui sont d’accord pour contribuer à ces tâches, sans nécessairement en être les bénéficiaires. L’altruisme, ça existe (voir notamment de nombreux débats sur Rationalité Limitée)

  15. Vos 3 points etayent qu’un Etat a des pouvoirs tres importants.

    Ils n’etayent en RIEN qu’il est souhaitable pour lui d’emprunter.

    Ils prouvent meme le contraire : les pouvoirs lui etant attribues etant grands, l’idee qu’il pourrait en abuser pour regler des problemes d’une autre nature est extremement dangereux en matiere de confiance !

  16. Mais justement : ne faut-il pas en ce moment remettre en cause les prérogatives supposées de l’État, cette fiction au travers de laquelle chacun s’efforce de vivre aux dépens d’autrui ? Non les arbres ne montent pas jusqu’au ciel et l’endettement de l’État connaît aussi ses limites. Et n’oublier pas que ce sont toujours des particuliers qui sont derrière ces fictions juridiques, l’État, l’entreprise, l’Europe…

  17. @elvin:
    1:La tragedie des commons ca vous dis quelquechose ?
    Oui seul un etat est capable d’imposer certaines choses pour le bien de tous.
    2:voir 1…il faut la contrainte pour le faire.

    ‘Quant à "l’état payé par les pauvres pour les riches", où ai-je dit ça ?’
    C’est la conclusion de ‘payer pour le regalien uniquement et par tous’
    Le pauvre n’ayant rien a se faire voler, c’est plutot le riche qui beneficie des services de polices et encore plus armees.

    ‘L’altruisme, ça existe (voir notamment de nombreux débats sur Rationalité Limitée)’
    Des debats oui…mais cela ce confronte pas a la realite. (tant qu’on a le ventre plein ca va..mais apres….)

  18. Faut pas trop se fatiguer les méninges… On est en août malgré les apparences. Ne discutons pas les idées reçues

  19. Il me semble que la tragédie des communs est classiquement un problème de propriété commune qui disparaît dès lors que la propriété est privée.

    Sur le fond, personne ne nie le fait que certains problèmes nécessitent une dose importante de coordination pour être résolus et que l’Etat soit utile et nécessaire pour résoudre ces problèmes.

    Mais (i) ces problèmes sont assez rares. Des formes de coordinations émergent spontanément entre les acteurs économiques. La protection sociale par exemple est née de mutualisation de salariés ou d’initiatives syndicales bien avant d’être nationalisée.

    Et (ii) si l’Etat peut (et est le seul à pouvoir) régler ces problèmes, rien ne garantit qu’il le fera dans l’intérêt de tous. Il faut pour cela que les dirigeants et les agents de l’Etat agissent dans le bon sens. Qu’est ce qui les y incite?

    Nous souffrons d’un manque de subsidiarité (ne pas traiter un sujet à un niveau s’il peut être traité à un échelon inférieur) et de contrôle.

    Pas sûr non plus que le régalien bénéficie plus au riche qu’au pauvre. Le riche souffre moins s’il se fait voler et a les moyens de s’offrir une sécurité privée. Il me semble que la délinquance frappe plus les pauvres que les riches.

    Je complèterais la liste d’elvin des tâches dévolues à l’Etat de deux items importants.

    – l’autorité de la concurrence, indispensable au bon fonctionnement d’une économie libérale.

    – un dispositif de transfert social universel (type impôt négatif, revenu universel…) qui annule et remplace tous les bidules existants et permet un rééquilibrage des chances de façon transparente et démocratique.

  20. Merci à Lib d’avoir dit une partie de ce que j’ai eu la flemme de répondre à Stéphane (qui de toute façon était manifestement en vacances…)

    Sur la "tragédie des communs", j’ajouterai que:
    1. loin d’être un argument imparable en faveur de l’Etat, c’est aussi un argument habituel des libéraux pour une privatisation maximale (et même pour les anarcaps d’une privatisation totale)
    2. le fait qu’il existe des biens qui doivent être gérés de façon collective n’implique pas le moins du monde, bien au contraire, qu’une seule et même autorité, l’Etat, doive gérer tous ces biens
    3. l’analyse la plus éclairante me semble être celle d’Elinor Ostrom, tout à fait cohérente avec la thèse libérale : chaque bien véritablement commun (et non désigné comme tel par l’Etat) est la propriété du collectif de ses utilisateurs, qui en définissent librement les règles locales d’utilisation et les procédures de gestion.

    Sur les deux tâches que Lib ajoute, il n’est pas interdit de s’interroger (perso je ne crois pas que la première soit indispensable, mais ce n’est pas le sujet). Après réflexion, on peut conclure qu’elles (et peut-être d’autres) sont légitimes, mais l’admettre a priori sans réflexion parce que c’est écrit dans les livres, c’est un pas sur la fameuse "route de la servitude".

  21. ‘Merci à Lib d’avoir dit une partie de ce que j’ai eu la flemme de répondre à Stéphane (qui de toute façon était manifestement en vacances…)’
    Comme votre sens des realites…passons.

    ‘2. le fait qu’il existe des biens qui doivent être gérés de façon collective n’implique pas le moins du monde, bien au contraire, qu’une seule et même autorité, l’Etat, doive gérer tous ces biens’
    Ah on aurait alors donc une entité pour l’eau une pour les terrains, une pour les animaux etc etc…
    ça s’appelle un ministère en gros quoi….

    ‘Pas sûr non plus que le régalien bénéficie plus au riche qu’au pauvre. Le riche souffre moins s’il se fait voler et a les moyens de s’offrir une sécurité privée. Il me semble que la délinquance frappe plus les pauvres que les riches.’
    Justement parce que la police est avant tout destine a proteger les centres villes ‘riches’ et ‘generateur de richesse’ et non les banlieux pauvres.
    On glisse doucement dans votre monde regalien, justement parce que la seule chose qui empeche les pauvres de se rebeller c’est la police et l’armee…..

  22. "on aurait alors donc une entité pour l’eau une pour les terrains, une pour les animaux etc etc…"

    Non, c’est pire que ça : une entité pour chaque cours d’eau ou pièce d’eau (collective), une pour chaque terrain (collectif), une pour chaque troupeau (collectif) etc… (Re)lisez Ostrom.

    Décidément, vous êtes toujours en vacances (mais ya pas de mal à ça)

  23. ‘Décidément, vous êtes toujours en vacances (mais ya pas de mal à ça)’
    Moi aussi je vous trouve idiot…mais je passe pas mon temps a le dire….

  24. @Riendf
    Mais je ne pense pas du tout que Stéphane est idiot, loin de là ! Un peu rapide depuis début août, c’est tout.
    Quand on est en vacances, c’est normal qu’on ne prenne pas le temps de bien lire, ni de réfléchir avant de répondre, ni de relire ce qu’on a répondu. Mais j’ai confiance, il va revenir bientôt…

  25. A la réflexion et tout bien pesé, ce qui est "une magnifique perle", c’est dire que la déclaration de Pécresse est une magnifique perle !!!

  26. Bravo Elvin, un mois et demi pour accoucher de ce calembour digne de Laurent Ruquier, vous êtes en forme. Et les tomates, ça pousse ? Elles auraient pas besoin d’un coup d’arrosoir, par hasard ? Ou un petit Sudoku, ça vous occupera.

  27. Les critiques de votr article n’ont pas compris le fond (ou plutôt, ne l’ont pas lu jusqu’au bout):

    – Cet article ne défend pas hystériquement la dette publique, inutile d’y plaquer une idée préconçue de ce que l’on s’attend à y trouver

    – En revanche cet article rappelle que l’explosion de la dépense publique en 2007 est le fait d’un gouvernement de droite constitué de ceux-là mêmes qui prétendent nous dire que le danger déficitaire vient de la gauche. Vu que la dépense publique a augmenté sans que cela ne soit imputable à la crise (en 2007 en tout cas), on en déduit que cette dépense publique était bien le fruit d’une politique consciente de creusement des déficits, voulue par Sakozy himself.

    Dans ce contexte, venir administrer des leçons de vertu budgétaire au parti socialiste relève du foutage de gueule pur et simple.

    Je fais tourner l’article et je répète à tous ce que je viens de lire ici.

    On ne peut pas continuer avec des dirigeants qui nous prennent à ce point pour des cons.

  28. @ newworld666

    Vous êtes ridicule. Lisez le reste du blig avant de traiter econoclaste de Mélenchoniste. On ne peut pas être plus éloigné des faits.

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