Plutôt que d’avoir à répéter des choses déjà écrites, voici l’essentiel des posts consacrés à la dette publique sur ce blog.
– l’hystérie de la dette publique
Rappelons aussi que tout cela est synthétisé et développé dans le chapitre consacré à la dette publique dans “sexe, drogue et économie”.
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- Les études coûtent-elles assez cher? - 30 octobre 2017
@Henri : "l’impôt est réellement perceptible par vos concitoyens ?"
Voyons, l’impôt est perçu par l’administration fiscale, pas par les citoyens ! Quelle grossière erreur 😉
Remarquez qu’on tient peut-être là la solution du problème : si toute hausse d’impôt est perçue par les citoyens, ils ne s’en plaindront pas.
Je suis persuadé que le taux d’intérêt n’est pas un motif suffisamment fort pour freiner l’endettement par un politicien dépensier.
Voilà maintenant que vous m’expliquez que le mécontentement des citoyens n’arrête pas les hausses d’impots tout simplement parce qu’ils ne les sentent pas.
Alors, qu’est-ce qui est susceptible de freiner la dépense publique, qu’elle soit financée par l’impot ou par la dette ? Rien ?
Remarquez bien que cette dernière hypothèse est cohérente avec l’augmentation régulière depuis des décennies de la part de la dépense publique dans le PIB, au moins en France.
Au fait, je viens de m’apercevoir d’un problème, pourquoi le Canada, l’Allemagne et la Nouvelle-Zélande se sont-ils désendettés, si la dette, c’est pas grave ? (c’est une vraie question, pas une figure de style)
Réponse de Alexandre Delaigue
Il y aurait une réponse différente pour chacun de ces pays, mais elles reviennent toutes à la même chose : il s’y est dégagé une majorité pour réduire la dépense publique (ou au moins, pour limiter sa croissance). Notez bien que parmi les gens raisonnables qui s’inquiètent de la dette publique en France, il y a le même genre de stratégie implicite : ils voient dans le discours de cette inquiétude une façon d’orienter le débat public vers une dépense publique mieux maîtrisée. Le fait est qu’en France, cette stratégie échoue, et qu’il ne reste de l’inquiétude sur la dette que des politiques peu convaincantes, comme le bradage d’actifs publics, ou l’idée qu’une dépense publique est bonne par nature si elle se fait à “budget équilibré”, ce qui veut dire, en créant des impôts au passage. Il faudra trouver autre chose pour débattre de la dépense publique.
Oui, la question de fond est celle du niveau et de la nature de la dépense publique, les modalités de son financement (impôt ou dette) étant relativement secondaires.
Mais il me semble que tenter de définir par le raisonnement ou le calcul un "bon" niveau de dépense publique est une entreprise vaine. La vraie question est procédurale : par quels dispositifs institutionnels la dépense publique peut-elle s’établir à un niveau et sous une forme satisfaisants pour la collectivité ?
A priori et pour la grande majorité des services que rend l’Etat, la meilleure réponse est de laisser aux citoyens le choix du fournisseur ; ça s’appelle la mise en concurrence. Comme ça, on serait sûr que chaque euro de dépense publique serait bien justifié par une efficacité supérieure à celle du même euro utilisé par une entreprise privée ou par le citoyen lui-même, et sans avoir à "débattre de la dépense publique" de façon théorique.
Il me semble cependant avoir lu sous votre plume virtuelle que la France n’avait pas la même marge de manoeuvre en matière de relance que les pays plus vertueux du point de vue de l’endettement (et de la fiscalité, sans doute). J’ai quand même du mal à me départir du sentiment que vous surévaluez rhétoriquement votre différence avec les hystériques de la dette. On n’arrive pas bien à comprendre si vous voulez dire que la dette n’a aucune importance, ou si elle a juste une importance d’une nature un peu différente. Tout cela me laisse l’impression d’un débat qui porte davantage moins sur le fond que vous ne semblez l’exprimer.
Réponse de Alexandre Delaigue
Alors je résume : la dette, c’est comme les impôts. Cela sert à payer les dépenses publiques. Le vrai débat consiste à savoir si le niveau et la nature de la dépense publique est satisfaisant, la question de son mode de financement est secondaire. Le débat sur la dette a ceci d’énervant qu’il se focalise sur l’accessoire au détriment de l’essentiel, et qu’il est fondé chez beaucoup de commentateurs sur des scénarios fantasmagoriques de “faillite” et sur une analyse grossièrement défaillante. Je rêve d’un débat public dans lequel quand le gouvernement “débloque” des milliards d’euros pour des fantaisies de politique industrielle soviétoides, on conteste cela autrement qu’en disant “c’est pas bien, ça fait monter la dette”; je rêve d’un débat public dans lequel quand le gouvernement brade des actifs publics à des entreprises dont les dirigeants sont proches du pouvoir, on dise autre chose que “c’est bien, ça fait baisser la dette”. Voilà à quel niveau nous ont mis les hystériques de la dette; et voilà pourquoi je continuerai de leur taper dessus.
Alexandre, je suis bien d’accord avec vous sur le fond
sauf que vos propos, sortis du contexte, (je répète ce qui a déjà été dit cent fois) peuvent être interprétés comme "l’Etat peut donc s’endetter et donc dépenser indéfiniment plus". Nous savons tous que ce n’est pas ce que vous pensez ; faites très attention à le marteler pour éviter les malentendus.
OK, compris. Tapez donc.
N’y connaissant rien en économie, mais appréciant a priori toute idée iconoclaste dans ce domaine, je me garderais bien de critiquer la thèse d’Alexandre. Je veux bien croire que la dette publique est en réalité un "mythe" puisque l’état peut payer indéfiniment des intérêts, mais tout le monde n’en est pas convaincu. Si donc les détenteurs de la dette perdent confiance, alors le risque de "faillite" n’est plus une fantasmagorie : contraint de rembourser, l’état risque fort de faire marcher la planche à billets.