Retour sur Service public

Nous étions donc sur Service public ce matin. On peut écouter l’émission ici (fichier MP3). Une émission qui a donné une place de choix à notre livre et à nos commentaires. Cela doit se sentir à l’écoute, l’ambiance était excellente et nous avons même été des auditeurs intéressés quand nous n’avions pas la parole. Du coup, je ne regrette vraiment pas de m’être levé à 4h du matin pour l’occasion (mais pu%#$!?, c’était dur).

Pas beaucoup de choses à rajouter sur ce que nous avons dit à l’antenne, puisque nous présentions le livre, que vous connaissez fort bien, maintenant. Deux remarques cependant : une première au sujet de l’aspect provocation. Il faut l’assumer et nous le faisons. Nous ne nous cacherons pas derrière des excuses du genre “Ouai, mais non, quand on va chez les médias… tu vois… tout de suite… ils te classent et font de l’audience… tout ça…”. Non, la provoc est un point d’entrée dans le livre. Mais ceux qui l’ont lu savent que ce n’est qu’un des aspects et que le contenu est parfois moins provocateur qu’il n’y paraît. L’appréciation de Guillaume Duval nous a d’ailleurs réjouis, quand il écrit qu’on trouve “à chaque fois des conclusions prudentes et nuancées sur les problèmes posés”. Nous espérons que tout le monde verra la même chose : au bazooka pour soulever le problème, mais à la pince à épiler pour conclure (ou pas d’ailleurs).
L’autre remarque porte sur l”intervention de Jean-Jacques Annaud. Oui, il ne fait aucun doute que la culture est une activité économique source de croissance. Comme toute activité qui satisfait des besoins. Du reste, comme source de connaissance, la culture a cette particularité de servir à produire elle-même de la connaissance (et donc du capital humain ; oui, c’est aussi pour cela qu’on lit la princesse de Clèves, même quand on préfère la science-fiction). Il est dommage que quelqu’un comme Annaud doive se mobiliser pour expliquer que la culture, ce n’est pas seulement des subventions et que ça rapporte. Mais c’est peut-être le prix à payer pour certains errements de l’exception culturelle.
D’ailleurs, Jean-Jacques Annaud, je n’en ai pas eu l’occasion, mais j’aurais aimé lui dire tout le mal que je pense de lui. J’ai toujours trouvé son film Le nom de la rose tellement génial que je n’ai jamais éprouvé le besoin de lire le livre d’Umberto Eco.

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6 Commentaires

  1. Émission super sympa avec des dialogues calmes, posés. Je n’avais jamais écouté Service Public mais ça donne vraiment envie de régler sa radio sur France Inter.
    Juste une petite remarque (parce que ça serait pas drôle si on ne pouvait pas parfois vous contredire un peu sur le fond) sur la raison du décalage entre évolution du prix du brut et évolution du prix à la pompe : votre argument parait vraiment correcte, je n’ai rien pour le contredire, mais il ne parait pas essentiel. A mon avis, l’argument que donnait Cédric MATHIOT de Libé (en réponse à une triste sottise de S. Royal) est plus fort : le prix du brut ne représente finalement qu’une partie, assez faible, du prix du carburant à la pompe (prix finale = prix du brut + cout du raffinage + transport + marge commerciale + TIPP + TVA + …) ce qui explique que le prix à la pompe baisse dans des proportions inférieures à la baisse du prix du brut.
    Autre argument qui parait valable également : la baisse de l’euro face au dollar, ce qui limite l’impact de la baisse du prix du pétrole payé en dollar.

  2. À part les moments où vous deux parlez (trop peu !), je dois avouer que cette émission m’a agacé par son ton, par les sujets traités (quel intérêt ? quelle profondeur d’analyse ?), l’espèce de (fausse ?) complicité que veut faire passer l’animatrice et les intervenants apparemment habituels, cette sorte de petit biais pro-Obama (à deux reprises dans l’émission) diffusé sur une radio publique, ce côté bobo-cool-rigolard-arrogant-on-est-tous-amis, etc. Brrr… Non, vous n’avez pas ressenti cela ?

    Au sujet de la culture comme facteur de croissance économique de long terme. Disons que, en l’état actuel de la littérature économique, on n’a pas grand-chose de très solide à part des liens de causalité pas impossibles mais pour l’instant bien peu fondés théoriquement et empiriquement. Voir par exemple le chapitre de Tr. Bille et G. G. Schulze du Handbook of the Economics of Art and Culture, Vol. 1 de 2006 chez Elsevier.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Je crois qu’il y a chez nos lecteurs un syndrome France Culture 😉 . Quel intérêt ? Quelle profondeur d’analyse ? Oula… un peu de détente. Faut éviter la surchauffe si on veut pas finir en vieux con 🙂
    Aujourd’hui, c’était une émission du vendredi, avec des chroniqueurs et nous, tranquilles. Pour la complicité, si c’est celle sur le plateau, elle était réelle (entre Isabelle Giordano et ses chroniqueurs ; nous on s’est intégré). Si c’est avec les auditeurs, c’est qu’il y a une tripotée d’habitués qui écoutent l’émission, commentent en ligne, téléphonent, écrivent, etc. Sinon, les autres jours, c’est moins cool-rigolard, d’après ce que j’ai déjà entendu. Ajoutez à ça que notre présence n’a rien fait pour tendre l’atmosphère et que, franchement, après une semaine assez bien remplie et un voyage en train aux aurores, moi ça m’allait bien. Et puis, il ne faut quand même pas rigoler, notre bouquin, c’est pas un handbook…
    Ce qui me fait rebondir et vous dire merci pour la référence.

  3. Je ne suis pas sûr d’être touché par le syndrome en question, n’écoutant pas non plus France Culture (en plus de France Inter) ! Que je sois touché par un début de ringardise, c’est possible. J’y ai précisément pensé en rédigeant mon commentaire précédent… 😉

    Réponse de Stéphane Ménia
    Non, mais si vous m’aviez entendu sur Sud radio, qu’auriez-vous dit ? Diantre, j’ai commenté les propos de Galabru sur la crise. Sérieusement, vous pouvez ne pas aimer le ton de l’émission, mais vous chargez un peu la barque. Et je le répète, c’est plus studieux les autres jours.

  4. "D’ailleurs, Jean-Jacques Annaud, je n’en ai pas eu l’occasion, mais j’aurais aimé lui dire tout le mal que je pense de lui. J’ai toujours trouvé son film Le nom de la rose tellement génial que je n’ai jamais éprouvé le besoin de lire le livre d’Umberto Eco."

    Et bien, vous avez tort, car le bouquin est vraiment génial quoi que parfois un peu caricatural envers l’Inquisition.

Commentaires fermés.