Dans le chapitre de Sexe, drogue… et économie intitulé “Il faut laisser fumer les gens dans les lieux publics”, nous nous interrogions sur l’impact réel de l’exposition au tabac quelques heures par semaine pour les non fumeurs dans les lieux publics tels que les cafés ou restaurants. La conclusion logique était que si on voulait supprimer les décès liés au tabagisme passif, il fallait interdire de fumer dans les lieux d’exposition fréquente au tabac. Ce qui concernait surtout le domicile, mais aussi certains lieux de travail. Concernant le lieu de travail, les personnels d’établissements tels que les cafés, restaurants ou établissements de nuit étaient plus particulièrement exposés. Pour ceux-ci, même si la possibilité de rémunérations compensatrices pouvait régler la question, j’avoue qu’un doute subsistait quelque peu dans mon esprit. A-t-on toujours le choix de travailler où l’on veut ? Combien de personnes étaient concernées ? J’imagine qu’à plus ou moins long terme, on n’est pas obligé de travailler dans un univers enfumé si on ne le souhaite pas. Mais la question me titillait à la marge.
Cet article du Monde apporte des informations supplémentaires sur le sujet. Et, même si on doit le lire avec toute la prudence que les incertitudes sur le sujet laissent planer, force est de constater plusieurs choses. D’abord, le nombre de morts lié au tabagisme passif est incertain et – au grand maximum – de 5 000 par an. Ensuite, et surtout, une lecture fine de l’étude qui en 2006 avait justifié la loi anti tabac, “le total des non-fumeurs tués par le tabagisme passif ne s’élèverait pas, comme on pouvait le croire, à 6 000, mais à 1 114. Et si l’on ne considère que les travailleurs non-fumeurs, le total serait de 107.”. Je résume très rapidement le propos, il faut vraiment lire l’article en entier.
Récemment, j’évoquais (en totale digression) la question du nombre de décès par tabagisme passif avec des étudiants. L’un d’eux m’a rétorqué : “Ah, mais c’est toujours ça de trop”. J’ai été contraint de répondre que des tas de choses que nous faisons causent toujours des morts de trop et qu’il fallait interdire aux gens de fumer chez eux, pas sur les quais de gare. Mais je ne pense pas l’avoir convaincu. Son truc (a priori, vu sa filière), c’est la comptabilité, pas l’économie.
PS : Oui, je fume. Non, je n’impose pas ma fumée de façon sans gêne aux non fumeurs. Et oui, je sais… déjà que c’est pas brillant, ça va pas aider.
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J’avoue que non-fumeur, s’il n’y avait qu’une mortalité légèrement plus importante, ça ne me gênerait pas plus que ça. Mais je ne supporte pas la fumée de cigarette parce que ça pue, et je suis heureux de pouvoir désormais échapper à cette nuisance dans les lieux publics.
Il faut aussi trouver des moyen d’exposer potentiellement la population vieillissante à une mort plus précoce car avec toute la sécurité qu’on nous impose, cette santé débordante qu’il est de bon ton d’afficher, ce corps médical qui s’obstine à nous guérir par tous les moyens on va avoir un problème très rapidement.
Il apparait déjà très difficile de déboulonner les baby-boomer qui non seulement continuent à péter la forme mais aussi occupent encore leurs postes extrêmement bien payés à la face du reste de la population, tout en faisant fi de l’âge de la retraite qu’on cherche à leur imposer. Ces gens là vont tous vivre jusqu’à 100 ans si on ne fait rien.
On se trompe de problème. Il faut réhabiliter la mort qui est devenue un tabou problématique dans la société actuelle et ne permet plus aux populations de savoir mourir à temps.
Je suis d’accord avec kalgan, la fumée dans les lieux publics c’était vraiment la plaie. Mais dans l’idéal il ne devrait pas besoin d’une loi. C’est une histoire de savoir-vivre. En tant que représentant de ceux que ça fait chier qu’on fume dans les lieux publics, je me réjouis que la représentation nationale ait tranché en faveur de mes intérêts.
Quant aux victimes du tabagisme passif, elles sont innombrables et le fait de les nier fait de vous un fasciste. Il se trouve juste que le lobby des cigarettiers a fait ensevelir les corps avec les armes de destruction massive de Saddam Hussein, et la clé à mollette qui a servi à saboter la voiture de Lady Di.