Rapide, et hors sujet

Entièrement d’accord avec ce post. Al Jazeera est le centre d’informations par excellence des révolutions arabes. A la fois pour la qualité de ce qui y a été présenté sur le sujet (à comparer avec la couverture de nos médias, souvent réduits à faire venir les mêmes vieilles barbes entre deux sujets sportifs, à courir après l’évènement; France 24 étant l’exception), mais aussi en jouant le rôle de catalyseur pour les populations.

Le paradoxe est qu’Al Jazeera a été créée et financée par l’émir du Qatar, qui n’a rien d’un démocrate, tout au plus un autocrate éclairé. Mais dans le même temps, les démocraties occidentales n’ont rien fait d’autres que soutenir des régimes despotiques, ne retournant casaque qu’une fois les révolutions terminées ou devant le spectacle d’atrocités insoutenables (Ne cliquez sur le lien que si vous avez le coeur bien accroché); En France, on se gargarise sur Stéphane Hessel en pratiquant la politique de ceux qui se sont découverts une passion pour la résistance le 7 mai 1945. Un potentat moyen-oriental nous a donné une leçon; gageons que nous nous empresserons de n’y prêter aucune attention.

(Pour l’économie, sur ce sujet, lisez ceci).

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Alexandre Delaigue

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12 Commentaires

  1. En conclusion, certaines décisions prises par des dictateurs ne se révèlent pas forcément mauvaises au long cours.

    Est-ce si étonnant ?

    De la même manière qu’un fermier prend soin de ses vaches, un dictateur rationnel prend soin du bien être de ses sujets.

    Reste à savoir si, quand on vous prend l’essentiel du revenu de votre travail, nous avez pour autant envie de travailler. Idéalement, cela implique de croire à des lendemains meilleurs (on aime tellement croire que demain sera meilleur qu’aujourd’hui).

    On reconnait donc un dictateur intelligent au fait qu’il fait ce qu’il peut pour faire croire à ses sujets que grâce à lui, demain sera meilleur !

    Mais le dictateur reste un parasite, aliénant et coûteux.

  2. Mouais. Pas sûr que l’occident aurait pu faire plus que ce qu’il a fait. Ce n’est pas rendre un service à la démocratie dans ces pays que de la faire paraître comme importée de chez nous. Quand on défend les droits de l’homme, on est néo-colonialistes, et quand on ne le fait pas, ben pareil. Il est facile de critiquer après coup.

    Après, il reste encore à voir à quoi conduisent ces révolutions. Il semble que personne n’en sache rien. Pas sûr que le résultat nous plaise partout.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Votre premier argument est juste, mais il revient à faire de notre soutien aux régimes dictatoriaux arabes une sorte de plan pour les rendre démocratiques sans que cela ne fasse importé; vous savez bien que ce n’est pas le cas.

  3. A quoi conduisent ces révolutions, en effet. En France,la fin du XVIIIème siècle,le XIX ème siècle ont-ils été bénéfiques ? Quelle réponse auraient donné des français interrogés tout au long du siècle, tous les dix ans par exemple ?Quelles réponses maintenant ?

  4. Un bon libéral comme moi dirait que le problème vient de ce que les gouvernements (le français entre autres) se mêlent de ce qui ne devrait pas les regarder : le commerce. Si les présidents (de toutes tendances politiques) ne jouaient pas les commis-voyageurs des entreprises, et en particulier des marchands d’armes, ils seraient beaucoup plus libres de prendre des positions fortes en matière proprement politique, dont les droits de l’homme. Chacun son rôle…
    Mais bien sûr c’est de l’ultralibéralisme et d’une extrême naîveté…

  5. La lecture des journaux de divers pays (angleterre, france, liban en ce qui me concerne) ne laisse aucun doute : les événements qui concernent plusieurs centaines de millions de personnes autour de la méditerranée, donc à nos portes, se font tout simplement sans nous. La diplomatie, l’aide humanitaire, l’aide au développement que l’Europe pourrait porter (et on ne parle même pas de la france, se serait trop triste) sont inexistante, à part dans quelques discours bien intentionnés, bien sûr. Quelle crédibilité après avoir tant chercher (en pure perte, et en nous faisant largement avoir et ridiculiser au passage) à tirer un profit économique des dictatures de la région ?

    Nous sommes rigoureusement inaudibles, ayant perdu toute crédibilité. L’aide envoyée actuellement en Libye est celle de la diaspora, quelques médecins américains, mais l’Europe est absente.

    Que le changement se fasse sans nous, c’est très bien, c’est aux peuples de décider de leur avenir. Que nous ne soyons plus en mesure de leur proposer de façon crédible de les accompagner, et tout ça pour décrocher quelques contrats juteux et en grande partie fantomatiques, c’est… dommage. La cécité et le cynisme de nos dirigeants, et leur incapacité à se projeter au delà du très court terme, sont consternants.

    C’est maintenant que je deviens pessimiste pour le devenir de l’Europe : en constatant que, collectivement ou au niveau des États, elle ne cherche même plus à préparer l’avenir. La période de crise actuelle donne l’impression d’une grande démission.

  6. @elvin : J’ai rarement été d’accord à ce point avec un tenant du libéralisme économique. Les politiques devraient se contenter de mettre en place un environnement favorable à la circulation des idées, des hommes, des projets. Un politique qui est obligé de jouer les VRP c’est, quelque part, en soi un constat d’échec : il a été incapable d’aider les entreprises de son pays à être compétitives par elles-mêmes.

    (Ça ne vaut sans doute pas pour les ventes d’armes qui sont théoriquement sous-tendues par des considérations géopolitiques, mais en même temps est-il légitime pour une démocratie de vendre des armes à un dictateur ? Sommes-nous à ce point aux abois ?)

  7. Pour relativiser ou du moins circonstancier le jugement positif sur Al-Jazeera, je me permets de signaler aux lecteurs quelques articles intéressants :

    – En Tunisie, le règne sans partage d’Al Jazeera, Taoufik Ben Brik (Journaliste et écrivain tunisien) – "Certains lui reprochent son discours religieux et un parti pris islamiste".
    http://www.slate.fr/story/32871/...
    "[…] Depuis la chute de Ben Ali, les téléspectateurs n’ont d’yeux que pour Al Jazeera. Tunis 7, Tunis 21, Hannibal, Nessma TV; les télévisons locales sont zappées. L’audience des autres chaînes étrangères, arabes et occidentales, touche… le zéro et quelques poussières. Mais, ce sont surtout les relais traditionnels de la rue survoltée —Internet, Facebook, Twitter, YouTube— qui ont sombré dans l’oubli.
    «Depuis la fuite de Ben Ali, l’activité des Facebookiens a chuté dangereusement. Les blogueurs ont déserté le Net», commente Ammar Tanazefti, un internaute. Nos Julian Assange locaux —Slim Bagga, Mohieddine Cherbib, Zouheir Makhlouf, Oum Zied— chôment… Takriz , Tunisnews, Nawaat, Kalima… désespèrent. Répudiés, les WikiLeaks nationaux. La presse française considérée auparavant comme le bouclier médiatique traditionnel des Tunisiens a été littéralement évincée. Kaput. «Sauvez-nous du tank Al Jazeera… Revenez en force pour rétablir l’équilibre…», s’indigne une ancienne gloire boudée par la chaîne qatari.
    C’est le temps d’Al Jazeera. Sur l’empire d’Al Jazeera, le soleil ne se couche jamais. Rien n’échappe à l’œil du Big Brother qatari. Sauf peut-être, derrière un tout petit pli, ceci: ce que nous voyons, ce que n’importe qui voit à Tunis est loin, très loin, de ce qu’Al Jazeera montre. Le journalisme instantané d’Al Jazeera fera son instant à Tunis… Et trépassera. […] Al Jazeera fait l’évènement. Au prétexte du mythe de la vitesse et du raccourci, Al Jazeera bouche le paysage. Silence, on désinforme…
    Certains lui reprochent son discours religieux et un parti pris islamiste. Lors des derniers évènements, la chaîne a organisé une véritable manœuvre de parachutage, qui a laissé plus d’un téléspectateur pantois. On y voyait passer tout au long des émissions et des journaux télévisés des militants islamistes ou d’obédience islamiste. Dans l’émission Sans frontières, la part du lion a été réservée à Rached Ghannouchi, le leader islamiste du mouvement Ennahdha. «Cette émission a été spécialement confectionnée pour habiller le retour tant attendu du Cheikh sur le devant de la scène. Les autres intervenants, Sihem Ben Sedrine (journaliste et militante des droits de l’homme) ou Abdelbari Atwan, font figure de garniture. Une mise en valeur de la pièce maîtresse», dit Jalel Zoghlami, l’unique avocat du barreau, interdit d’exercer par Ben Ali.
    En prime, des intervenants islamistes au téléphone. «Les démocrates sont carrément rejetés, surtout les laïcs. Pourtant, depuis le démantèlement du mouvement intégriste en 1991-1992, ils tiennent la dragée haute au système. Inviter surtout la sensibilité islamiste ou des personnalités inconnues au bataillon mais fervents défenseurs du consensus, dénote d’une manipulation de mauvais goût», commente Slah Hnid, un téléspectateur qui accuse Al Jazeera de nier les courants d’opposition non-islamistes. «Al Jazeera est une chaîne islamiste. Pourquoi s’en offusquer ? Elle ne l’a jamais caché», rectifie Mokhtar Yahyaoui, le célèbre juge rebelle.
    On reproche à la chaîne de ne pas traiter certains sujets comme la polygamie, l’adoption ou l’héritage. On l’accuse aussi de ne pas parler de certains pays, dits «intouchables», comme le Qatar où est née la chaîne et qui a acquis grâce à elle un grand poids politique. «C’est une démocratie de droite, une sorte de démocratie musulmane, sur le modèle de la démocratie “chrétienne” qu’Al Jazeera prône», dit Am Ali Ben Salem, l’aîné de tous les résistants, et l’oublié d’Al Jazeera. […]"

    – Les insoumises d’Al-Jazira, Marie-Pierre Subtil (Le Monde, 21 juin 2010) – "on a l’impression de travailler pour une télévision des talibans" ; "Ça commence par Gaza et ça se termine par Mogadiscio, à l’écran il n’y a que du sang et des morts" ; "Dès que l’Autorité palestinienne fait une gaffe, on la traite largement. Si c’est le Hamas, on en fait moins". La ligne éditoriale de la chaîne est imprimée par un proche des Frères musulmans et du Hamas.
    http://www.lemonde.fr/actualite-...
    "Le tournant date du 1er novembre 2009, jour anniversaire de la chaîne. Al-Jazira fête ses 13 ans en innovant, avec une opération "new-look". Présentateurs et présentatrices ne sont plus des hommes et des femmes troncs, ils se déplacent face à la caméra. Et ce jour-là, ironise une présentatrice, la direction fait une découverte : lorsque l’on met une femme debout, elle a des jambes.
    En treize ans, la chaîne d’information de langue arabe a pris beaucoup de coups : elle en a fait sa force. Il a fallu composer avec les attaques de Washington, ulcéré de voir Oussama Ben Laden et les talibans à l’écran. Batailler contre les régimes du Maghreb et l’Egypte, furieux d’entendre la parole des intégristes à l’intérieur de leurs frontières. Se taire en serrant les dents lorsque les médias occidentaux se gaussaient en diabolisant la chaîne. Les charges venaient de l’extérieur, la tour de Babel résistait.
    Ce 1er novembre, une nouvelle crise s’enclenche. Cette fois, elle touche au coeur de la famille et aboutira, huit mois plus tard, à la fin du mois de mai, à la démission de cinq présentatrices (une sur trois). Cinq bonnes professionnelles, intelligentes et jolies, au visage connu à travers tout le monde arabe. Venues du Liban, de Syrie et de Tunisie, elles étaient fières d’exercer à Doha, la capitale du Qatar, pour la plus grande chaîne de télévision de langue arabe, celle qui contribuait à changer la société, celle qui a révolutionné le monde des médias du Maroc aux pays du Golfe en passant par le Proche-Orient avec son slogan, "une opinion et son contraire".
    Quelques jours après le lancement de la formule new-look, les journalistes ont reçu un code vestimentaire. La direction leur fait savoir qu’il est "préférable" de ne pas porter des pantalons moulants. Les jupes doivent descendre au minimum "2 inches" (5,1 centimètres) sous le genou. Le chemisier ne révélera que "2 inches" de peau à partir de la base du cou. Avec une jupe, mieux vaut porter une veste longue… Curieusement, pas une ligne ne concerne les hommes.
    Le directeur adjoint de la rédaction, Ayman Jaballah, joue l’arbitre des élégances depuis quelques mois déjà. Il convoque de manière incessante certaines présentatrices pour leur faire des remarques sur leur tenue, reproche à l’une ses orteils apparents, à l’autre de s’habiller en chemise de nuit. Avec ce code vestimentaire, le harcèlement s’amplifie. Au point qu’en décembre 2009, neuf présentatrices déposent, en toute discrétion pour ne pas nuire à l’image de la chaîne, une plainte auprès de la direction. Elles se disent insultées, demandent une enquête et des sanctions. […]
    Pourtant, le harcèlement s’intensifie tandis qu’à la rédaction les hommes laissent faire. Une commission d’enquête (composée de trois hommes) a été nommée, mais elle joue avec le temps. Il faudra plus de six mois pour que l’affaire se dénoue : à bout de patience, cinq des neuf signataires claquent la porte, tandis que l’auteur de leurs tourments, Ayman Jaballah, est muté à la tête d’Al-Jazira Live, une des chaînes du groupe. […]
    Aucune des démissionnaires ne s’est exprimée dans la presse. C’eût été trop risqué pour leur situation et celle de leurs maris : un étranger ne peut quitter définitivement le Qatar (où il n’existe pas de syndicats) qu’avec un permis de sortie de son employeur. En aparté, certaines des rebelles parlent, et elles sont claires : il y avait, certes, ce code vestimentaire, mais les raisons de leur départ "sont beaucoup plus profondes".
    Elles tiennent en quelques mots : à la rédaction en arabe, "on a l’impression de travailler pour une télévision des talibans". Et de citer, en vrac, la disparition des émissions par les femmes et pour les femmes, l’absence de femmes dans la hiérarchie (hormis la chef du service maquillage !), le remplacement des départs féminins par des recrutements masculins, les entretiens à l’antenne avec tous les leaders talibans, l’image sombre de la chaîne… "Ça commence par Gaza et ça se termine par Mogadiscio, à l’écran il n’y a que du sang et des morts." Une des présentatrices utilise une métaphore : "Il y a eu un détournement d’avion."
    Le pilote s’appelle Wadah Khanfar. Il a grandi à Gaza, a fait des études en Jordanie et a été recruté par Al-Jazira alors qu’il vivait en Afrique du Sud. En 2003, quand l’émir le nomme directeur général, il est correspondant à Bagdad. La surprise est générale : sa proximité avec les Frères musulmans est de notoriété publique. C’est lui qui fera d’une simple chaîne de télévision un réseau international. C’est lui, aussi, qui imprimera une nouvelle politique éditoriale.
    Une des présentatrices se souvient par coeur d’une date qui l’a marquée : "Le 29 mars 2006, au lendemain de la victoire d’Ehoud Olmert en Israël, on n’a consacré que dix minutes à cette élection, puis on a donné la parole à Ismaïl Haniyeh (alors premier ministre de l’Autorité palestinienne après la victoire du Hamas) pendant plus d’une heure."
    A chacun sa date du "détournement". Pour un journaliste, qui risquerait sa place s’il témoignait nommément, c’est juin 2007, lorsque le Hamas prend le contrôle de la bande de Gaza. "Depuis cette date, on a du mal à être équilibrés, dit-il. Dès que l’Autorité palestinienne fait une gaffe, on la traite largement. Si c’est le Hamas, on en fait moins." Non, "la chaîne n’est pas dévastée par les islamistes", mais "elle n’est plus sans parti pris". Et certains jours, il n’y a aucune femme dans la "newsroom" – le plateau où travaille la rédaction.
    La crise a provoqué le départ du directeur adjoint de l’information, Ayman Jaballah, qui harcelait les présentatrices, mais cet Egyptien proche du Tabligh, mouvement missionnaire de l’islam fondamentaliste, a été promu. "C’est honteux, affirme le même journaliste. Malgré toutes les plaintes, il est toujours là, parce qu’il est l’homme de confiance de Wadah Khanfar." […] Dans le monde arabe, Al-Jazira reste la chaîne préférée du public. Mais une guerre sourde se livre en son sein : doit-elle être un média professionnel ou un instrument ? […]"

  8. Quel est le sujet exactement?

    Le premeir devoir d’un homme politique Français ou Moldo-Valaque etc. est de protéger et d’améliorer le bien être de ses mandants.

    En quoi le sort des Lybiens, Egyptiens, Ivoiriens, Papous,Iraquiens, etc. doivent il les concerner si ce n’est par leur impact sur leur propre concitoyens. En l’occurrence la possibilité d’émigration massive plutôt que la possibilité de Démocratie ou d’Islamisme.

    Comme disait Lord Palmerston: We have no permanent friends, only permanent interests.

    Je sais, je vais me faire mal voir de ma concierge.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Oui, oui, des intérêts, pas des amis. Sauf qu’en l’occurence on a tellement d’amis qu’on en a perdu de vue ses intérêts. Et qu’on s’est couverts de pipi.

  9. @Merlin : Chais pas… Même d’un point de vue realpolitik-économique-cynique, des pays qui sont nos voisins, vous préférez les voir prospères et pacifiques, ou bien misérables et en permanence au bord de la rupture ? Vous préférez voir la méditerranée comme un lieu d’échange et de développement, ou de confrontation ? Quelle est la situation la plus optimale, même d’un strict point de vue de politique intérieure ?

    En tant que citoyen d’un pays pas mal favorisé, vous préférez savoir que votre gouvernement mène une politique de coopération, ou d’exploitation cynique de régimes corrompus et dictatoriaux ?

    Ou vous préférez vous dire qu’après tout, la prochaine guerre ou le prochain attentat, finalement, n’ont que peu de chance d’attendre spécifiquement votre petite personne ?

    (Et Lord Palmerston, il parlait de qui exactement ? Des gouvernements ou des peuples ? Parce que sa phrase n’aurait peut-être pas été exactement la même dans le second cas.)

    (Et votre concierge réfléchit peut-être un peu plus loin que vous.)

  10. Et si on était intervenus dans les révolutions de ces pays, on aurait été accusés de néocolonialisme, d’impérialisme, d’occidento-centrisme !

    Peut-être qu’on a soutenu Ben Ali et ses copains, mais vous noterez qu’on n’a pas non plus tout fait pour les maintenir au pouvoir, hein…

    La France s’est contentée de suggérer à Ben Ali de matraquer plus en douceur, on n’a rien fait d’autre pour lui.

    Obama n’a pas parachuté les instructeurs de la CIA pour maintenir le pouvoir de Moubarak, il s’est contenté… d’accompagner son départ calculé dès le début de la révolution.

    Au Moyen-Orient, on a vu que les USA ne contrôlaient plus grand chose, en fait: sur le point de quitter l’Irak et d’être battus en Afghanistan.

    Quant à Kadhafi, cas particulier: depuis quinze ans, on lui serrait quand même la main avec un certain dégoût. Pestiféré avant, pestiféré de nouveau aujourd’hui, il ressemble désormais à Hitler dans la Chute (ça c’est pour le Godwin).

  11. Il doit etre clair que je souhaite tout le bonheur du monde a tous les peuples du monde quelque soit la signification du mot bonheur pour ces peuples et sans penser qu’elle est la meme que la mienne.

    Seulement l’interventionnisme et les bons sentiments nous ont menés récemment a faire la guerre en Iraq, en Afghanistan, et dans un passé pas si lointain a transformer le Moyen Orient depuis le milieu du XIXe siecle (avec nos amis Anglais) en ce qu’il est maintenant. Si l’Égypte est ce qu’elle est maintenant nous y avons pris une certaine part.

    Alors pour une fois, restons tranquille et ne nous précipitons pas et laissons les peuples faire comme ils pensent bon et non pas comme nous pensons bon.

    @Solnce: Je pense que ma concierge a simplement pas trop réfléchi au problème et a la continuité historique de nos bonnes actions du Maghreb a la Chine sur les deux derniers siècles.

    Je pense aussi qu’elle n’a pas été au Pakistan en 1973 en passant par l’Afghanistan et qu’elle ne peut donc être frappé par l’extraordinaire "régression" (au sens occidental) de ces pays en 40 ans, régression du essentiellement a notre interventionnisme inculte.

    Si vous voulez avoir le Pakistan a vos portes, alors intervenez. Pour le reste il me semble que nous avons assez de problemes que nous semblons incapable de régler rationnellement et qui devrait nous tenir suffisamment occupés pour ne pas nous préoccuper de ceux des autres.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Ceci répond plutôt à votre commentaire précédent, mais une précision sur le sens de ce post. Notre politique étrangère est dominée par deux grandes idées : le védrinisme (nous défendons nos intérêts comme tout le monde, avec une définition étroite et cynique des “intérêts”) et l’idéalisme (à la Kouchner, France phare du monde et des droits de l’homme). Ce que révèle la situation proche-orientale, c’est que notre politique n’est ni réaliste, ni idéaliste, mais simplement médiocre. L’Emir du Qatar n’a pas de prétention de génie stratégique ou de messianisme; il n’empêche que dans son coin, sur ce coup-là, il est bien meilleur que nous.

  12. M. Delaigue vous êtes jeune et pur.

    Notre politique n’est pas médiocre, peut être que nos politiciens le sont, mais on a les politiciens que l’on mérite.

    Nous avons des intérêts permanents en Égypte, Moubarak est le boss local, et Moubarak est donc un ami. Il est remplacé par Duschnok, alors Duschnok est un ami.

    Comme disait le célèbre philosophe matinal J. Dutronc: "Je retourne ma veste, toujours du bon coté". Il faut juste le faire avec grâce et mine de rien, tout le monde connait le score.

    L’objectif de l’Émir du Qatar, n’est pas le bonheur du monde ou la qualité de l’information – personnellement je trouve Al J. excellente avec un style très BBC World, même l’accent – mais d’e******der ses voisins. Un jour le monstre du Dr Émir viendra lui tirer les pieds dans le lit et il regrettera.

    Mais l’Émir du Qatar est un ami (aux dernières nouvelles en tout cas).

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