On peut parfois reprocher à The Economist des parti-pris excessifs dans ses articles, nuisant à leur qualité; mais il faut aussi savoir le féliciter lorsqu’il sait prendre des positions claires. Sur ce plan, l’article consacré cette semaine à Pinochet et ses politiques mérite des éloges, car il établit quelques vérités, et ne sombre pas dans l’éloge déplacé du “dictateur aux bonnes politiques économiques” d’une Margaret Thatcher.
Il existe en effet une légende sur Pinochet : certes, il s’agissait d’un tyran ayant présidé à de nombreux crimes; mais en matière économique, il peut se targuer de quelques succès du fait des politiques des “Chicago Boys”, ces jeunes docteurs de l’université de Santiago tout juste revenus d’un an à l’université de Chicago et appelés pour gérer l’économie nationale après le coup d’Etat de 1973. L’interprétation de cette légende est variable : pour les uns, c’est une façon d’absoudre partiellement Pinochet, et de montrer que les réformes économiques douloureuses, cela fonctionne; pour eux Pinochet est le sauveur de l’économie chilienne qu’Allende poussait vers le communisme. pour les autres, c’est la preuve de l’opposition irréconciliable entre l’économie libérale et la démocratie. Mais quel est l’ampleur exacte des “succès” des politiques économiques sous Pinochet?
Pour le comprendre, étudions le graphique suivant.
Sur ce graphique, la ligne en trait plein indique l’évolution du PIB par habitant au Chili de 1960 à 1999, en base 100 pour l’année 1973. La ligne pointillée correspond au “trend” de la période 1960-73 : elle nous indique ce qu’aurait été le PIB par habitant chilien plus tard s’il avait suivi la tendance de cette période. La zone hachurée correspond à la période des réformes menées par les “Chicago Boys” (privatisations, notamment d’institutions financières; abaissement des barrières douanières; dérèglementation des marchés).
Que peut-on observer? Tout d’abord, on voit ce qu’il est convenu d’appeler le miracle économique chilien : le PIB par habitant du pays a considérablement augmenté. Cependant, ce n’est pas sous l’ère Pinochet que cela est survenu, mais après son départ en 1990. En 1987, le PIB par habitant chilien est à son niveau de 1973; en 1990, le Chili semble simplement avoir repris sa tendance de la période 1960-73, durant laquelle se sont succédés des gouvernements pratiquant une sorte de corporatisme protectionniste (la grande mode en Amérique latine à cette époque) et le gouvernement Allende. On constate par contre des fluctuations extrêmement brutales de l’économie sous Pinochet (1973-1990).
Et ces fluctuations sont très simplement explicables. Sous l’effet de la désorganisation complète de l’économie chilienne sous Allende (nationalisations hasardeuses, mais aussi grève générale), le PIB par habitant chilien s’effondre au début des années 70. Or, après une récession de cette ampleur, il est naturel que l’économie connaisse une croissance importante. Pour le comprendre, imaginons que la moitié des français cesse de travailler pendant une année : le PIB par habitant s’effondrerait. Si ensuite ils retournent au travail, tout naturellement, le PIB revient à la situation antérieure; il s’ensuite une croissance spectaculaire.
On appelle “PIB potentiel” le PIB qui prévaut lorsque l’économie utilise les ressources disponibles. De ce fait, pour mesurer l’efficacité de politiques économiques, on doit vérifier si celles-ci ont pour effet d’élever le potentiel de l’économie. Si l’économie continue de fluctuer autour de son potentiel, les politiques n’ont pas d’effet notable; si la croissance s’élève durablement au dessus du potentiel, on peut considérer que quelque chose s’est amélioré dans cette économie. Dans cette perspective, les forts taux de croissance constatés pendant la seconde moitié des années 70 (forte pente ascendante de la courbe du PIB) n’ont rien d’exceptionnel : ils constituent simplement un rattrapage après la désorganisation antérieure à 1973, et ne traduisent aucun succès spécifique des politiques économiques chiliennes : simplement le fait que l’économie retourne au statu quo ante.
Entre 1981 et 1983, l’économie chilienne subit une nouvelle récession. Celle-ci est aussi compréhensible, et est due à une crise bancaire. Profitant des privatisations, quelques proches du pouvoir avaient pris le contrôle des principales banques du pays, utilisant les ressources de celles-ci pour racheter les autres entreprises privatisées à faible coût; les banques se trouvaient donc détentrices de créances douteuses. Dans le même temps, le gouvernement chilien avait pratiqué une politique de change fixe par rapport au dollar américain; lorsque suite à la désinflation Volcker, les taux américains et le dollar s’envolent, l’économie chilienne s’effondre. Un prêt du FMI et une dévaluation plus tard, l’économie chilienne regagne encore le terrain perdu et renoue avec les forts taux de croissance.
Il n’y a donc aucun effet positif notable des politiques économiques menées par Pinochet; les forts taux de croissance constatés ne sont que les contreparties de récessions encore plus forte les ayant précédées. On peut considérer que les politiques sous Pinochet ne sont pas responsables de la première récession; elles doivent porter par contre tout le blâme de la seconde, fruit direct d’un mélange de changes fixes et de déréglementation menées volontairement.
On pourra dire que c’est parce que le gouvernement chilien n’a suivi que partiellement les conseils des économistes; Friedman, par exemple, était hostile aux changes fixes. Mais le problème est plus profond que cela. Les Chicago Boys ont pu, pendant une décennie, utiliser les chiliens comme des cobayes pour diverses expériences économiques; la dictature se chargeait d’écraser les éventuelles réticences, ce qui les dispensait d’avoir à se préoccuper d’éventuels coûts sociaux. Loin de contribuer à l’efficacité de leurs politiques, cette situation les condamnait à l’échec par avance, car elle négligeait un élément fondamental. La critique centrale de la planification au niveau d’une économie, c’est qu’elle échoue toujours parce que la complexité sociale est irréductible; face à cela, les seules politiques qui peuvent fonctionner sont celles qui reposent sur l’expérimentation prudente, et le retour d’informations sur les effets de celle-ci. Les Chicago boys, en réalité, se comportaient en constructivistes, planificateurs, décidant d’en haut de réformes majeures avec la certitude d’avoir raison; et avec une efficacité peu différente de celle des conseillers marxistes d’Allende, la légitimité démocratique en moins.
Protégés de la complexité sociale chilienne, les chicago boys ne pouvaient pas bénéficier d’un quelconque feedback. La démocratie, rétablie après le départ de Pinochet, bénéficiait par contre d’un tel retour, puisqu’elle produit des gouvernements qui dépendent de celui-ci pour leur maintien en place. Les gouvernements démocratiques qui ont suivi ont pu, dès lors, conserver des diverses réformes celles qui avaient été efficaces (notamment l’abaissement des barrières douanières), et abandonner l’essentiel des autres; au total, le “miracle économique chilien” n’est pas celui de la dictature, mais celui de la démocratie qui lui a succédé.
La réforme du système de retraites chilien, particulièrement vantée à l’époque et citée en exemple par de multiples institutions internationales, traduit également ce problème. La réforme a consisté en une substitution d’un système de pensions publiques par des pensions privées, financées par capitalisation. Mais si les caisses de capitalisation ont été très rentables, faute de concurrence entre elles, la rentabilité des placements qu’elles ont offert a été décevante; par ailleurs, la réforme a simplement consisté à déplacer le problème des retraites vers les pensionnés. Le système ancien était insoutenable pour les finances publiques chiliennes; en privatisant, on pensait que les chiliens épargneraient plus pour leur retraite. Mais les chiliens avaient d’autres priorités immédiates que d’épargner, et nombre d’entre eux n’ont pas pu le faire en quantité suffisante; beaucoup d’autres, employés dans le secteur informel, n’ont pas cotisé du tout. Leurs pensions de retraite sont aujourd’hui très faibles et le système doit être de nouveau réformé; la réforme chilienne des retraites, autrefois tant vantée, traduit donc surtout le fait qu’il n’y a pas de repas gratuit, de système significativement plus performant que les autres, en matière de retraites.
Certes, dira-ton, les réformes de Pinochet n’ont pas eu les effets que l’on prétend; mais n’ont-elles pas ouvert la voie pour les gouvernements qui ont suivi? le coup d’Etat n’a-t-il pas évité que l’économie chilienne ne dérive encore plus vers le communisme? C’est très douteux. Minoritaire, largement contesté, sujet à de fortes divisions internes, le gouvernement d’Allende n’aurait pas résisté beaucoup à plus de désorganisation économique. Il aurait été alors remplacé par une autre coalition au parlement. Le coup d’Etat n’était pas seulement un putsch contre le gouvernement Allende, il était surtout un putsch contre la démocratie. Quant aux réformes, les exemples de gouvernement ayant mené des réformes de libéralisation économique de façon démocratique ne manquent pas. La prétention de Pinochet d’avoir osé être un réformateur économique efficace se heurte aux réalités : il n’a été qu’un dictateur comme beaucoup d’autres, inefficace, sanguinaire et corrompu (que ce soit vis à vis de ses amis politiques ou de lui-même, qui a accumulé discrètement des millions de dollars pendant son règne).
Ses réformes n’ont servi d’exemple qu’à certains bureaucrates et planificateurs, qui ont adoré l’idée qu’ils pouvaient être des dirigeants omniscients réformant les économies vers le succès; les thérapies grandioses de Jeffrey Sachs dans les pays de l’Est, étonnamment proches des réformes chiliennes, ont donné le même genre de résultats (et donné lieu au même genre d’excuses : si cela n’a pas marché, c’est qu’on ne m’a pas écouté suffisamment). S’il y a une leçon à retenir de l’expérience chilienne, c’est que la politique économique sera grandement améliorée le jour ou ceux qui la mettent en oeuvre devront, comme les médecins, prononcer un serment recommandant, avant toute chose, de ne pas faire le mal.
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Marrant, j’ai ce graphique en tête depuis une quinzaine de jours, et j’en fait grosso modo la même lecture que vous. Il faut quand même savoir qu’il est assez sensible aux années de références choisies pour la tendance. Si vous estimez qu’il n’est pas responsable de la première crise, alors vous pouvez faire une tendance sur la base 1965-1975, qui lui est nettement plus favorable. D’un autre côté, si vous prenez 65-72, mais en tendance exponentielle et non linéaire (ce qui est préférable, quand on parle de croissance), alors son bilan semble encore plus mauvais.
Toujours est-il qu’on ne peut certainement pas dire « il était dictateur, mais il avait une bonne politique économique ».
Ce qui, en revanche, peut être dit, c’est « il était dictateur, mais il avait une meilleure politique économique que les autres dictateurs. », ce qui, à l’évidence, ne justifie rien.
Il y a deux choses sur lesquelles je suis réservé :
1- Je me garderais bien de prédire ce qui aurait pu se passer sans coup d’Etat. Dire que la situation de crise aurait forcément eu une issue par le haut, passant par l’élection de quelqu’un de « bien », ça ne me parait pas aussi évident, même si c’est une possibilité.
2- Vous attribuez les succès économiques chiliens à la démocratie. Or, d’une part, il y a un effet d’optique sur le graphique lié au retour à la tendance en 1990. En fait, il n’y a aucune rupture du trend entre 1983 et 1995. Donc on n’observe pas statistiquement cet effet « retour à la démocratie ». D’autre part, il ne me semble pas que, du point de vue économique, le retour à la démocratie se soit traduit par des réformes particulièrement significatives, mais j’avoue ne pas être tout à fait au point sur cette question, donc si vous pouvez éclairer ma lanterne…
Vous dites : "C’est très douteux. Minoritaire, largement contesté, sujet à de fortes divisions internes, le gouvernement d’Allende n’aurait pas résisté beaucoup à plus de désorganisation économique. Il aurait été alors remplacé par une autre coalition au parlement. Le coup d’Etat n’était pas seulement un putsch contre le gouvernement Allende, il était surtout un putsch contre la démocratie."
Loin de moi l’idée de justifier Pinochet, mais j’avoue que je doute fort de votre point de vue. Je me permettrai de citer le billet des Chroniques patagones sur le même sujet. Note qui montre qu’Allende ne serait probablement pas parti comme vous le suggérez…
Ca n’excuse en rien les crimes de Pinochet, mais cela explique peut-être le contexte dans lequel il intervient.
Et on ne peut pas dire, à lire ce compte rendu du Parlement chilien, que le régime d’Allende était trés démocratique. Donc j’aurais plutôt tendance à penser qu’il s’agissait d’un putsch anti-Allende, qu’un putsch anti-démocratique, comme vous l’affirmez.
coupé par moi. Merci à l’avenir de vous limiter aux liens et d’éviter de citer in extenso dans les commentaires des extraits que chacun peut aller lire; cela rallonge inutilement les commentaires.
Eco-A.D.
chroniquespatagones.blogs…
Et comment s’explique la croissance de 8% par an sur la periode 1991-1997?
Très intéressant ce billet, c’est la première fois que je lis un article qui réfute l’argument habituel "Pinochet était un ignoble dictateur, mais il a sur mener des réformes économiques bénéfiques".
Juste un point : il me semble que le lien démocratie-croissance est loin de ressortir significativement dans les données. Au hasard, je viens de relire Alesina et Rodrik (1994) : dans une régression cross-country du taux de croissance sur une dummy démocratie (entre autres), le coefficient devant "democracy" n’est pas statistiquement significatif. Alesina et Rodrik donnent l’interprétation suivante : même une dictature doit prendre en compte les préférences des individus, de peur de se faire renverser.
Merci pour cette mise au point nécessaire. Le redressement économique du Chili après 1990 est si impressionnant qu’on se demande quelles mesures ont été prises pour arriver à un tel résultat. Vous indiquez que les successeurs de Pinochet ont "abandonné l’essentiel des réformes" entreprises sous la dictature. On a donc l’impression que Aylwin et Frei ont fait marche arrière après la politique économique soi-disant libérale de Pinochet.
D’après Eduardo Aninat, voici les principales mesures des successeurs de Pinochet :
– maîtrise de l’inflation qui était supérieure à 20% sous Pinochet
– réduction des droits de douane
– poursuite les privatisations (mais cette fois de façon transparente et à un juste prix…)
– augmentation du budget de l’éducation
– modernisation de la justice
Cela ressemble plutôt à un vrai programme libéral et démocratique qui aurait suivi un programme faussement libéral et totalitaire. Qu’en est-il exactement?
Je vous suis sur l’essentiel, mais je trouve qu’il est un peu "gros" de prétendre que la position économique actuelle du Chili doit tout à la démocratie et rien à Pinochet. Après tout, le Chili n’est pas le seul pays du continent à s’être converti à la démocratie dans les années 1980, mais aucun n’a connu une réussite similaire.
Par ailleurs, je me suis fait la même observation qu’A. Belgodere en regardant ce graphique : il n’y a aucune rupture entre 1983 et 1999… Et on sait bien que la plupart des réformes structurelles commencent par coûter (en cash et en croissance) avant de porter leurs fruits. Donc je serais plus prudent que vous sur le bilan économique de ce néanmoins affreux dictateur.
Rien à redire sur le constat sur Pinochet. En ce qui concerne Allende et son bilan économique, le lien que vous fournissez est honteusement partial. Il passe sous silence le blocus économique américain et la stratégie de désorganisation de l’économie chilienne que les américains mènent pour détruire la popularité d’Allende et préparer le coup d’état. Cette ambiance de guerre civile larvée, fomentée de l’extérieur (il n’y a plus aucun doute historique sur ce point) et de l’intérieur par la résistance aux réformes des couches les plus favorisées, explique en grande partie la crise économique que le Chili a traversé alors.
Restons-en au bel effort d’objectivité sur la question Pinochet…
guignol > le mot "blocus" ne s’emploie normalement qu’en cas de guerre. Et, que je sache, la marine américaine n’a pas empêché la circulation maritime dans les eaux chiliennes.
Pour le reste, vous attribuez plus de pouvoir à la CIA qu’elle n’en a en expliquant que tout allait pour plutôt bien au Chili, tout le monde était fan d’Allende, et pouf! la CIA arrive et ravage l’économie.
Nixon et Kissinger étaient sûrement méchants et cyniques, mais il faut dire qu’Allende les a bien cherché : il tenait un discours ouvertement marxiste et anti-capitaliste, il s’affichait avec son ami Castro, exprimait sa grande sympathie pour les soviétiques et racontait à qui veut l’entendre que les Etats-Unis étaient l’ennemi mondial numéro 1. Dans le contexte de la guerre froide, ce n’était pas franchement malin.
Puis je suggérer que si les économistes veulent être pris au sérieux et non pour une sorte de sociologue a la Française, ils feraient mieux de ne pas mélanger les genres.
Il faut laisser le bilan politique de Pinochet aux historiens. Les opinions exprimées ici ou la ne font que refléter nos divisions idéologiques telles qu’elles étaient dans les années 70.
Si un homme de Sirius avait a dire quelque chose, c’est qu’a l’échelle du carnage, Pinochet fut un petit artisan et qu’il se passe de nos jours des massacres d’une amplitude bien plus grande, pour des causes bien moins avouables dont nous nous moquons absolument et contre lesquelles nous ne feront rien, évidemment rien.
L’élection d’Allende avec un tiers des voix contre deux candidats de droite me semble être une bonne illustration du paradoxe de Condorcet. Je suspecte que ceux qui pensent qu’il avait le droit démocratique de s’engager dans une politique de marxisation de la société Chilienne sont ceux la mêmes qui pensent que Bush, mal élu en 2000, s’est conduit en dangereux extrémiste. Tout ceci se discute mieux devant un verre de blanc bien frais.
Par contre il est possible que l’analyse économique de cette période mérite mieux et plus approfondi. Vous avez soulevé l’intéressant problème des effets de mode et des réformes big bang en Europe de l’Est et ailleurs, ou de la reforme des retraites au Chili qui fut prise en exemple alors que les conséquences en étaient évidentes des le debut.
Tout ceci pourrait donner lieu a des prolongements intéressants et porteur de leçon pour notre pays. Car je partage tout a fait votre vision expérimentale, avec évaluation et retour d’information des reformes.
Ceci dit penser que les démocraties permettent de faire de meilleures reformes car elles sont a l’écoute de leur citoyen fait preuve d’un dangereux optimisme. Je doute que le démocrate Kirchner soit a l’écoute des citoyens pour prendre un exemple Latino Américain ou que la rupture avec le capitalisme de 1981 en France ait été sérieusement pensée comme autre chose qu’un expédient politique pour parvenir au pouvoir (et y rester en faisant heureusement autre chose non sans dégats notables). Heureusement que les institutions Françaises et surtout notre environnement proche aient été fort différent de celui du Chili du début des années 70.
Allez Patron, remettez nous ca!
@Pierre: je n’ai pas dit que tout aurait été bien sans ce blocus (ne jouons pas sur les mots, appellez cela embargo si vous le désirez), juste que cela explique en grande partie la crise économique SOUDAINE que le Chili a traversé (si on y ajoute la guerre civile larvée). Avec la même politique économique, voire "pire", les pays communistes ont fait illusion pendant longtemps.
Pour le reste, vous avouez à demi-mot que le contexte politique international a grandement contribué à cette crise.
J’ajoute que je ne suis pas communiste, qu’Allende je m’en fous, Chavez aussi. J’aime juste quand on fait preuve de justice en histoire comme dans d’autres domaines.
L’analyse économique est fort intéressante, mais la morale que vous tirez de ses résultats ne me paraît pas très convaincante. Il me semble qu’elle naît surtout de la volonté de ne pas affronter ce terrible paradoxe: Pinochet était un sale type qui a, objectivement, sauvé son pays de maux pires que ceux qu’il a infligés.
En gros, vous êtes chez vous avec votre famille, un individu A entre avec un flingue et se dispose à tuer votre femme et vos enfants. Un individu B arrive sur ces entrefaites, met l’assassin hors d’état de nuire, viole votre fille qui en reste traumatisée à vie, et tue un de vos garçons qui s’interposait. Quels sont vos sentiments pour l’individu B? Est-il le sauveur de votre femme et de vos deux enfants survivants, ou un meurtrier violeur?
Je pense que l’histoire de Pinochet n’a pas de morale satisfaisante. L’expérience du XXe siècle a montré, à mon sens, qu’il ne peut à peu près rien arriver de pire à un pays, sur le long terme, que de tomber sous la coupe d’un gouvernement communiste. Pinochet a incontestablement évité ce sort aux Chiliens. Il l’a fait avec des moyens inutilement brutaux et cruels. C’est un très sale type, qui en plus se prend pour un bienfaiteur – un peu d’ailleurs à l’image des dictateurs communistes. Il a eu l’intelligence (pour lui) de partir, d’organiser une transition démocratique réussie, et de rendre un pays dont l’économie n’était pas détruite, avec une société civile et des institutions qui tenaient debout. Que vous le vouliez ou non, la croissance des années 1990 est en partie à mettre à son crédit, si on la compare avec la reconversion des pays de l’Est.
@Polydamas : Tout à fait d’accord avec Antoine et vous, une sortie par le haut me semble loin d’être évidente. Le Chili de 73 n’est plus celui des années 60, la société est devenue très polarisée sur 2 blocs antagonistes (au moins autant qu’au Venezuela aujourd’hui), les groupes violents d’extrème gauche et d’extrème droite deviennent de plus en plus puissants et de plus en plus actifs, l’armée est infiltrée par les 2 camps, les tentatives et les rumeurs de coups d’états se succèdent entre 72 et 73 (aussi bien part des groupuscules d’extrème gauche que d’extrème droite d’ailleurs), bref même en admettant qu’il y ait eu une alternance démocratique normale après Allende, je pense qu’on pouvait s’attendre au mieux à une évolution type Italie des années 70 (et la situation chilienne me semble autrement plus conflictuelle que l’italienne).
@guignol : "il n’y a plus aucun doute historique sur ce point", je ne peux que vous conseiller de revoir ce jugement.
Entre les années 70 et aujourd’hui, l’historiographie de la guerre froide a énormément évoluée, non seulement du fait d’un plus grand nombre d’archives accessibles mais également parce que la teneur idéologique des querelles s’est atténuée et que le débat s’est naturellement apaisé.
Malheureusement l’impact de cette évolution de la recherche sur les leaders d’opinions (français encore plus) demeure assez limité, peut être parce que ces derniers doivent considérer leurs connaissances dans ce domaine comme déjà acquises ou parce que la teneur idéologique du débat est plus importante pour eux que pour un historien, il est donc plus dur de faire évoluer leurs opinions dans ce domaine. Je voulais juste souligner que les lectures de la guerre froide qui dominent auprès du grand public et des leaders d’opinions sont en général en net décalage avec celles des historiens, donc à moins que vous lisiez des ouvrages/revues pas trop anciennes sur le sujet, vous risquez fort de vous tromper (cette contribution d’Alexandre en est la preuve d’ailleurs, mais il y a un grand nombre de mythes "de gauche" sur la guerre froide qui sont tout aussi faux)
@Guichardin : Sur le Pinochet qui sauve le Chili du péril communiste, ça me semble très discutable. Allende n’était pas un parfait démocrate c’est évident mais ce n’était pas non plus un dictateur communiste sanguinaire. Allende = dictateur communiste, c’est du même tonneau que De Gaulle = dictateur fasciste. A la rigueur on pourrait penser que le danger communiste venait plutôt des milices gauchistes, mais après tout l’Italie a su gérer cela (pas forcément admirablement bien d’ailleurs) sans avoir recours à la dictature. Personne ne peut dire ce qu’aurait donné le Chili sans le coup d’état de Pinochet, je ne suis pas aussi optimiste qu’Alexandre, mais la menace communiste, je n’y crois pas non plus.
Antoine : Sur le 1, effectivement le contrefactuel est discutable… Mais n’oublions pas que la seule légitimation du putsch repose elle aussi sur un argument contrefactuel : le putsch aurait été nécessaire PARCE QUE le régime d’Allende allait devenir antidémocratique. Je voulais simplement rappeler qu’un effondrement chaotique du gouvernement Allende, suivi d’un recentrage, était une hypothèse éminemment plausible, probablement plus que l’avènement d’une dictature socialiste. Sur le 2, Gu si Fang apporte des éléments pertinents. J’ajouterais que pour expliquer l’absence de changement de tendance à partir de 83, cela correspond aussi au moment ou les chicago boys ont été mis sur la touche après le désastre de la crise bancaire.
Polydamas : même remarque qu’à Antoine : le contrefactuel est contestable, de même que celui qui présente la dictature comme inéluctable.
Blop : par les politiques suivies par les successeurs de Pinochet.
Nicogeek : en effet, pas de lien clair démocratie-croissance. C’est un vaste sujet néanmoins. Mais il n’y a pas de lien montrant un impact positif des dictatures.
Gu Si fang : précisions utiles.
Xavier : On peut très bien aussi expliquer la performance relative du Chili par rapport à d’autres pays sud-américains par d’autres facteurs. Des facteurs socioculturels : le Chili a toujours été un pays un peu spécial en Amérique latine (notamment, avant les années 70, il avait connu une relative stabilité démocratique). Le pays a aussi évité les conséquences de l’organisation sociale issue du système latifundiaire espagnol en raison de caractéristiques intrinsèques; S’y ajoute enfin le rôle particulier joué par le cuivre dans ce pays (en toute honneteté, je me demande dans quelle mesure on ne devrait pas tester une corrélation entre croissance chilienne et croissance de la silicon valley). par ailleurs le côté "les réformes ça coûte d’abord, et rapporte après" est un argument plus religieux (la pénitence avant le pardon…) qu’universel. Cela dit, abaisser les barrières douanières, en général, c’est une bonne chose sur le long terme; mais cela a été fait à la fois par la démocratie et par la dictature. L’effet spécifique des réformes des années 70, on peine à le voir.
Guignol : on vous a répondu par ailleurs. N’oubliez pas au passage que si vous avez des reproches à faire à un article de blog cité, il est bon d’aller les faire sur place :-). Pour mon propos, seule la désorganisation économique était pertinente, ses causes étant secondaires. Néanmoins, à quel "blocus" ou "embargo" faites-vous allusion?
Guichardin : sauf que votre contrefactuel ne repose sur rien du tout. C’est bien gentil d’affirmer de façon péremptoire que le pays a été sauvé de la dictature communiste, avec pour unique démonstration "incontestablement". La réalité c’est qu’on n’en sait rien et que pas grand chose ne permet de l’affirmer.
AC : merci de ces précisions.
Gu si fang & AD :
Dans cette liste de réforme post-Pinochet, ce qui est susceptible d’avoir un impact sur la croissance à court terme (donc d’expliquer la croissance des années 90), c’est :
– Réduction des droits de douane, ce qui est la poursuite de ce qui s’est fait sous Pinochet.
– Eventuellement : poursuite des privatisations. Idem, modulo la transparence qui est, j’en conviens, un plus appréciable.
– Maîtrise de l’inflation. Quelques chiffre BM sur l’inflation au Chili : 1970 : 40%, 1973 : 414%, 1978 : 57%, 1983 : 30%, 1989 : 12%, 1993 : 10%. J’ai choisi mes années de façon à donner une impression de chute régulière, alors qu’en fait c’est un peu plus en dent de scie. Mais la tendance à la baisse était déjà bien là dans les années 80.
Les dépenses d’éducation sont évidemment un plus à mettre au crédit du retour à la démocratie, et sans doute une bonne chose pour la croissance à long terme.
Le "incontestablement" est incontestablement de trop, oui… Il me semble néanmoins que dans le contexte de la guerre froide, une évolution à la cubaine était loin d’être exclue. Il y avait tout de même une puissance non négligeable derrière.
En revanche il me paraît établi que Pinochet a mis fin à une désorganisation de l’économie qui aurait pu aller loin, et avoir des conséquences durables. Le fait d’avoir remis la croissance dans la tendance des années 1960 ne me paraît pas un résultat négligeable, même si on reste très en retrait du mythe du miracle "Chicago Boys".
Pour la discussion sur le factuel et le contrefactuel concerant l’épisode des Chicago Boys, il existe un excellent ouvrage :
Valdés, Juan Gabriel (1995) Pinochet’s Economists: The Chicago School in Chile, Cambridge: Cambridge University Press.
http://www.cambridge.org/catalog...
Alexis Coudeyras : Lorsque j’ai dis "fomentée" dans mon premier post, j’ai sans doute été excessif. "soutenue" aurait été plus juste. Et en effet, les USA sont intervenus au Chili pour soutenir de tout leur poids l’opposition contre Allende. Au lieu de me faire un discours sur les élites françaises, dont je ne fais pas partie, vous feriez mieux de dire en quoi l’historiographie récente me contredit.
alexandre delaigue : Non, je n’irai pas faire mes reproches sur place, ce blog a sa ligne éditoriale et je la respecte; d’autre part, je ne les ferai pas changer d’avis sur leurs opinions tranchées. Par contre, ici, je fais part de ce que s’appuyer sur un compte-rendu partial détonne un peu sur la prise de position mesurée du reste de l’article.
En ce qui concerne le blocus-embargo, je lis dans Wikipédia (ce ne sont pas des Académiciens mais c’est le lien le plus rapide à trouver et relativement digne de confiance): "Après que Pinochet ait pris le pouvoir, le Secrétaire d’État américain Henry Kissinger aurait dit au président Richard Nixon que les États-Unis « ne l’ont pas fait » (se rapportant au coup d’État lui-même) mais qu’ils ont « créé les meilleures conditions possibles », y compris en menant des sanctions économiques."
Ou encore: "L’administration Nixon commence à exercer des pressions économiques sur le Chili par l’intermédiaire d’organismes multilatéraux, et continue de soutenir ses adversaires au congrès chilien. Dès 1971, les États-Unis cessent leurs aides au Chili et découragent les investissements internationaux. Les États-Unis soutiennent l’opposition démocratique et vont jusqu’à financer des grèves de camionneurs chiliens, afin de paralyser les transports internes du pays."
Embargo-blocus-pressions-rétorsions-sanctions, jouez sur les mots si vous voulez…
@guignol : " Non, je n’irai pas faire mes reproches sur place, ce blog a sa ligne éditoriale et je la respecte"
Doit-on en conclure qu’ici il n’y en a pas ou que vous ne la respectez pas ?
@guignol : Ma remarque sur les évolutions historiographiques de ces 10-15 dernières années était générale sur la guerre froide et pas spécifique au Chili puisque c’est un sujet relativement bien connu des historiens depuis très longtemps.
a) Un blocus est une tentative de bloquer toutes les relations commerciales d’un pays avec le reste du monde, c’est considéré comme un acte de guerre. Un embargo consiste à interdire tout échange commercial entre son propre pays et un pays tiers. Il n’y avait ni embargo ni blocus vis à vis du Chili. Il ne s’agit pas de jouer avec les mots, mais d’être précis.
b) Au sujet de ""Les États-Unis […] vont jusqu’à financer des grèves de camionneurs chiliens, afin de paralyser les transports internes du pays", je comprends cette phrase comme vous, les Etats-Unis ont organisé délibérément une entreprise importante de destabilisation de l’économie Chilienne. Alors qu’en fait, les EU avaient décidé de ne pas soutenir cette grève mais que la CIA soutenait financièrement des groupes d’opposition démocratique à Allende et que certains de ces groupes auraient *peut être* détourné une partie de cet argent (sans qu’on puisse en déterminer l’ampleur) pour aider les camionneurs en grêve. La CIA a protesté sans arrêter son aide ultérieure à ces groupes en particulier, mais d’autres groupes qui avaient participé à la grêve n’ont pas pu bénéficier d’une aide financière ultérieure de ce fait. (1) La formulation choisie par le rédacteur de Wikipedia me semble pour le moins discutable… J’ajouterais d’ailleurs que cette aide aux groupes politiques démocratiques s’étant montée à 1,5 million de dollars en tout sur 3 ans, je vois mal comment on pourrait expliquer la désorganisation économique totale d’un pays avec ce genre de montant ridicule.
c) Sur les sanctions économiques contre le Chili, c’est déjà plus juste, il y a eu une baisse très importante de l’aide américaine et internationale vis à vis du Chili, même s’il est difficile de faire le tri entre ce qui revient à la volonté politique et ce qui s’explique par les difficultés économiques internes chiliennes (refus de prêter à un pays dont la politique économique apparaît comme erronée). Petite parenthèse, réduire l’aide économique à un pays qui se déclare être votre ennemi, qui nationalise sans compensation vos entreprises (et leur réclame même de l’argent, j’ajoute que les EU n’étaient pas opposés en soi à la nationalisation, ils avaient acceptés que le gouvernement Frei prennent le contrôle des compagnies de cuivre avec 51% du capital), ça ne me semble pas complètement débile. Sur l’aide, n’oublions pas non plus que l’augmentation de l’aide des pays communistes (600 millions de dollars, même s’ils ne pouvaient pas être employés n’importe comment) est supérieure à la baisse de l’aide américaine et internationale sur la même période. Donc certes, cela a handicappé le Chili, mais c’est loin d’expliquer une réduction annuelle de 6% du PIB/an pendant 3 ans et une montée de l’inflation jusqu’à 600%…
Je n’arrive pas à remettre la main sur un excellent article dont la thèse est justement l’inverse de la votre. Je pourrais le retrouver ce soir je pense, si ça vous intéresse, contactez moi par mail.
(1) Voir la source de l’information de Wikipedia, le rapport Church (foia.state.gov/Reports/Ch… partie "SUPPORT FOR PRIVATE SECTOR ORGANIZATIONS")
Une autre évaluation des politiques économiques sous Pinochet :
http://www.marginalrevolution.co...
1/ Avant de parler de Pinochet, petit retour sur Allende :
http://www.stephane.info/show.ph...
Si on ne sait pas ça, on ne comprend plus pourquoi la Cour Suprême et le Parlement ont demandé à l’armée d’intervenir.
2/ J’ai bien lu les mémoires de Margaret Thatcher (10 Downing Street) aussi bien que son ouvrage Statecraft et que la plupart des communiqués sur son site web. Il n’y a pas une ligne sur l’économie chilienne ! Elle ne parle de Pinochet, qu’elle n’a jamais rencontré durant ses mandats, que pour évoquer l’aide indirecte qu’il lui a fourni durant la guerre des Malouines et à propos de son kidnapping, occasion de développer ses idées sur la justice supra-nationale et le double standard des Européens vis-à-vis des dictateurs selon qu’ils sont de gauche ou de droite. Bref, la référence à Thatcher, dès qu’on parle de Pinochet, est déplacée.
3/ Enfin, voici un extrait d’une interview de Hayek. On constate que l’histoire lui a donné raison, et que parfois une dictature temporaire comme en Espagne ou au Chili est préférable à un régime totalitaire : "I am totally against dictatorships. But a dictatorship may be a necessary system for a transitional period. At times it is necessary for a country to have, for a time, some form or other of dictatorial power. As you will understand, it is possible for a dictator to govern in a liberal way. And it is also possible for a democracy to govern with a total lack of liberalism. Personally I prefer a liberal dictator to democratic government lacking liberalism. My personal impression — and this is valid for South America – is that in Chile, for example, we will witness a transition from a dictatorial government to a liberal government. And during this transition it may be necessary to maintain certain dictatorial powers, not as something permanent, but as a temporary arrangement." (http://www.fahayek.org/index.php...
Voici quelques commentaires pouvant apporter un éclairage supplémentaire sur l’évolution (socio)économique du Chili, pays que j’ai parcouru à divers reprises:
Si l’on regarde bien le graphique on voit que, si il y a eu décroissance déjà en 72 et 73, le gros de la crise a eu lieu de 74 à 76, donc sous Pinochet: c’est un peu gros et long pour pouvoir absoudre ce dernier de toute responsabilité, et tout attribuer aux égarements politiques pendant le mandat d’Allende.
Ce que le graphique montre également, c’est que le PIB/hab est le même en 71 qu’en 81 et qu’en 89; ce qu’en revanche il ne montre pas c’est l’augmentation des inégalités: par exemple, les 40 % les plus pauvres gagnaient 20 % du revenu national en 69 (donc avant Allende), 14 % en 79 et 11 % en 89. Ajoutons à cela un fait qui n’est pas sorti dans la discussion mais qui a son importance: l’accroissement phénoménal de la dette extérieure pendant cette période, et dont le service grève d’autant les revenus… La majorité des Chiliens n’a en fait probablement pas regagné son pouvoir d’achat "pré-Pinochet" avant la deuxième moitié des années 90.
Reste la question de savoir si la belle croissance des années 90 est due à l’impulsion donnée par le régime de Pinochet, ou aux inflexions induites par la politique responsable du gouvernement démocratique. Bien que ce genre de choses n’est jamais catégoriquement démontrable, je penche plutôt pour la deuxième hypothèse. En effet, lors de la transition, la croissance était certes bonne, mais le pays était encore en phase de récupération de la profonde dépression du début des années 80. De plus certaines choses, que l’on ne perçoit souvent que lorsqu’on est sur place, commençaient à branler au manche. Par exemple en 88 Pinochet, afin d’être en meilleure posture pour le plébiscite, a soutenu la croissance en faisant abondamment tourner la planche à billet (augmentation de 50 % de la masse monétaire). Le nouveau gouvernement a dû procédé lors de sa première année à un resserrement monétaire, mais l’atterrissage a été négocié en douceur, sans que les pauvres et les classes moyennes en fassent les frais. A mon avis, ce gouvernement à fait bon usage de la marge de manœuvre dont il disposait pour infléchir dans un sens plus keynésien sa politique: maîtrise de la dette, divers mesures de soutient au revenu des plus défavorisés (la part de revenu des 4 déciles inférieurs est remonté à 14 %), limitation des passes-droits, contrôle de la volatilité des capitaux étranger, gestion anticonjoncturelle, etc… et évité ainsi les violentes crises périodiques et la croissance erratique qu’ont connu la plupart des autres pays latinoaméricains pendant la même période, alors qu’ils appliquaient scrupuleusement l’orthodoxie économique.
Salut, je crois que comme on dit en espagnol "mezclan papas con manzanas" (il y a un melange de tout) Succès économique? Lequel? Le graphique montre jusqu’a 1999 et lui, il a gouverné jusqu’à le 11 mars 1990 (d’une forme dictatorial). Les crimes contre l’humanité effacent toutes les chosses bonnes ("trop peu") du dictateur.
à Harry S. Les descendants des opposants torturés et/ou assassinés par le régime de Pinochet apprécieront certainement ton analyse ainsi que celle de ton pseudo historien. Pinochet un "liberal dictator" ? Les fantômes qui planent sur le stade national apprécieront.
HONTEUX ET SCANDALEUX
je trouve cet article très intéressant mais il y a une chose avec laquelle je ne suis pas du tout d’accord: “C’est très douteux. Minoritaire, largement contesté, sujet à de fortes divisions internes, le gouvernement d’Allende n’aurait pas résisté beaucoup à plus de désorganisation économique. Il aurait été alors remplacé par une autre coalition au parlement. Le coup d’Etat n’était pas seulement un putsch contre le gouvernement Allende, il était surtout un putsch contre la démocratie.” le gouvernement Allende était tout sauf démocrate (voir leurs discours). il voulait resté au pouvoir à tout pris (il a mis en place des milices d’extrême gauche qui assassinait ses opposants) . il n’aurait jamais cédé le pouvoir. si pinochet n’avait pas fait de coup d’état, il y aurait eu une guerre civile. le sénateur communiste Volodia Teitelboim pronostiquait entre 500.000 et un million de morts en cas de guerre civile. ce qui est condamnable n’est pas tant le coup d’état mais que pinochet ait mis autant de tant à rendre le pouvoir au peuple. je dois quand même rappelé que la veille du coup d’état, le parlement avait voté une motion appelant l’armée à intervenir. loin de moi de vouloir minimiser les atrocités de pinochet, il y a quand même une exagération concernant la répression de pinochet qui comparé à d’autres dictateurs ne fut pas spécialement plus brutal. d’autres dictatures ont fait bien plus de morts pourtant elles sont bien peu connues