Ce soir, sur France info, 22h10, sur les quotas laitiers, et les prix dans l’alimentaire.
EDIT : c’est écoutable par ici.
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Simple et sans appel, comme le coup de gueule ici
Maintenant j’ai une question bête. Est ce que pour un producteur l’obligation de vendre au même prix aux différents clients est une légende ou pas?
Parce que dans mon métier télécomien/informaticien (j’y reviens toujours, je m’en excuse), le prix est fixe sur les plaquettes, histoire de vendre aux fonds de pension un rendement en début d’année;
par contre dans la réalité, quand un client indique qu’il y a bagarre, c’est les prix qui bougent, et en plus on ajoute les services : support/déploiement…
Et quand ils n’achètent plus, on baisse les prix.
Dans un marché mondial évidemment (matériel pour distributeurs/providers TV) ca fonctionne.
Maintenant, retour a ma question intiale : pour les poireaux, pourquoi ça ne marche pas?
moi ce qui me fait rire dans tout ça ce sont les journaux qui répètent à outrance les absurdités des industriels/distributeurs et gouvernements.
genre "les prix augmentent parce que la demande augmente"
ceci explique donc pourquoi la demande d’ordinateur portable s’est multipliée par 100x depuis le début des années 90 et que dans le même temps les prix se sont divisés par 10….
face à cette incongruité, voilà ce que l’on nous répond "attendez, ça n’a rien à voir avec les ordinateurs, là on parle de matières premières, regardez le pétrole" et là on va nous faire croire qu’un produit alimentaire renouvelable peut être cmparé à un produit dont les réserves dans le temps sont limités.
cette appellation "matières premières" permet à tout le monde de se dédouaner.
Alors que l’explication la plus simple est que l’offre n’a tout simplement pas suivi la demande et donc les prix ont augmenté. Mais et c’est là que le bât blesse, pourquoi l’offre n’a pas suivi la demande, je croyais que c’était le but de l’économie de marché d’adapter l’offre à la demande?
– certes pour des raisons conjoncturelles : les récoltes n’ont pas été tip top l’an dernier, ça ne se reproduira pas tous les temps;
– mais surtout pour des raisons structurelles, nous ne sommes justement pas dans une économie de marché libéralisée sur les produits alimentaires, l’ensemble des politiques protetionnistes européennes et américaines emp^chent l’offre de s’adapter à la demande…;
– et aussi pour des raisons politiques : une partie de l’offre destinée aux produits alimentaires s’est tournée vers la demande d’énergie sous les coups de butoirs politiques (bush aux US, borloo en France). les biocarburants, qui ne servent à rien,ont 2 conséquences : augmenter l’inflation, perdre de la productivité énergétique.
– enfin pour des pratiques non concurrentielles dans la distribution : à force de vouloir protéger le petit commerce on a surtout protéger les rentes de Carrefour et Leclerc.vivement l’abolition des lois raffarin.
Moralité, comme toutes ces raisons ne sont pas avouables par le gouvernement, on a le droit à un écran de fumée établie de concert avec nos médias consuméristes bienveillants. Le coup du Figaro qui sort de son chapeau l’étude de la DGCCRF sur les produits d’entretien, comme par coïncidence, le surlendemain de l’étude de l’UFC Que Choisir, démontre une fois de plus la politique de communication pour une fois bien ficelée de notre gouvernement.
hier à bercy :
lagarde : "on ne peut quand même pas dire que c’est en grande partie à cause de la PAC que les prix augmentent?"
barnier : "t’es folle, je suis originaire de la savoie moi, si on remet en cause les quotas laitiers, on va me tomber dessus, propose autre chose"
lagarde :"OK, on n’a qu’à dire que la concurrence ne marche pas dans la distribution"
raffarin : "QUOI!!!! tu t’apprêterais à remettre en cause ma loi homonyme, le petit commerce qui vote à 80% pour nous ne va plus voter pour nous"
lagarde" bon ben on n’a qu’à dire que c’est de la faute des biocarburants"
borloo" mais t’es co**$e ou quoi?, j’aurais l’air de quoi moi avec les pompes ethanol que j’ai lancé"
lagarde"bon, OK, j’ai compris, on va dire comme d’hab que c’est de la faute des multinationales. Reste plus qu’à trouver une anecdote qui passera pour un fait généralisé. Trouvez moi des boucs émissaires borde*!"
Dassault : "ok, file moi une info "exclusive" sur une affaire en cours vielle de 2 ans de la DGCCRF, j’appellerai mes petis copains qui relaient l’info. ça va faire un super coup de pub au figaro"
Mougeotte : "Super, je me disais aussi, on était à court d’info sensass après mon édito sur la sécurité dans les banlieues…"
Membre élu du CA d’une grosse coopérative agricole de production, je peux vous assurer que :
1) L’obligation de vendre à un prix public et publié à l’avance ne s’impose que pour certains produits (le "frais", généralement, pour faire simple : pour lequel il existe un évident intérêt social à favoriser la distribution la plus aisée possible de la production au consommateur final par un circuit rapide et court tout en favorisant l’assise du producteur dans un schéma prévisible) et uniquement sur le marché français.
2) Que, hors marché du frais, les producteurs généralement regroupés en sociétés de producteurs en bonne santé financière exportent entre 60 et 90% de leur production. C’est même à ça qu’on reconnait la santé d’une association de producteurs.
3) Que depuis bientôt 15 ans, plutôt que de vendre à des intermédiaires des contrats sur des tonnages énormes à des prix cassés avec une clause de dédit pour l’acheteur trop souvent invoquée, les grosses coopératives commercialisent des options d’achat et travaillent avec leurs voisins pour couvrir le risque de ces options. Même en France : bon, ok, les comptables font un peu la gueule quand ils voient comment ça marche en vrai mais c’est leur métier de faire rentrer la réalité de la production dans les schémas et représentations que les spécialistes s’en feront.
Ainsi vous aimeriez que les quotas soient supprimés.
Il semble que vous négligiez un léger détail. Un quota ne limite pas le droit à produire ; il limite seulement la quantité dont le prix est garanti. L’agriculteur est libre de produire plus, mais aux conditions et prix du marché mondial ; et a ses risques et périls. Ce qui implique de rajouter le prix du risque au coût de production.
A part ça, une usine à lait, ça s’appele une vache. Et il faut TROIS ans pour la construire. Il faut se préparer à manger des camemberts chers payés un certain temps.
Calculé le poids du blé dans la baguette (250 G donc environ 400 G de blé) : c’était 4 centimes il y a 2 ans ; ça va passer à 10 centimes. Je maintiens que ce qui coûte le plus cher, c’est de rendre la monnaie !
Je pense, Ptilou, qu’il faut préciser que les nombreuses contraintes annexes au cadre dans lequel est garanti le prix du lait sont aussi particulièrement nuisibles à l’émergence d’un marché libre, par exemple, permettant aux producteurs de faire monter les prix lorsque le rapport de force est en leur faveur : notamment, en rendant à première inutiles la constuctions de cartels et places de marché aux yeux de producteurs blousés par la propagande des administrations agricoles.
J’approuve par contre tout à fait votre remarque sur la répartition réelle des charges d’exploitation d’un producteur/détaillant comme l’est par exemple un boulanger : ceci expliquant notamment pourquoi l’activité de dépôt de pain connait un succès réel en zone rurale, la pression sur la hausse continue de la productivité pesant sur l’ensemble des acteurs exerçant sur des marchés concurrentiels, boulangers inclus.
Votre propos sur France Info était assez affligeant et manifeste une forte méconnaisance du sujet que vous entendiez traiter… Le journaliste a posé une question pertienente sur les risques de délocalisation de la production qu’entraînerait la suppression des quotas : c’est le vrai sujet ! Votre réponse par les "terroirs" ne veut rien dire ! Vous confondez terroir et bassin de production. La suppression des quotas entraînera forcément une délocalisation vers les zones où la collecte est le moins coûteuse car il faut mieux collecter 10 producteurs d’un million de litres chacun en plaine que 100 à 100000 en montagne ! Et puis, une fois délocalisé en plaine, on ne voit pas ce qui empêchera le lait de migrer en Hollande ou en Allemagne…
Pour mémoire, un terroir, c’est en général une symbiose entre un climat particulier, un produit typique et un savoir-faire original…
Le fond du problème, c’est que tout est organisé pour approvisionner à bas coûts l’industrie AA et le consommateur. Cela faisait partie des objectifs du Traité de Rome et on y est arrivé, mais ce sont les producteurs qui trinquent !
Ce n’est pas non plus une question de concurrence : les usines et coops peuvent organiser leurs tournées de collecte en fonction des prix qu’elles fixent, les producteurs ne peuvent pas, la plupart du temps, changer de collecteur car la répartition territoriale fait qu’il n’y a souvent pas d’autre opérateur disponible… Et on ne peut pas délocaliser son élevage pour aller voir ailleurs…