Pas fini

Les images de traders en larmes devant leur écran bloomberg ont depuis deux jours été remplacées par les mêmes, version hilares; le meme “bourse qui monte, bien, bourse qui baisse, pas bien” semble toujours être l’alpha et l’omega de l’analyse de la crise.

Il ne faut pas nier les progrès considérables qui ont été faits ce week-end; enfin, les plans vont dans une bonne direction. Mais si le TED spread s’est réduit, il reste à un niveau élevé, trop élevé pour permettre le redémarrage du crédit; pour l’instant, on ne peut qu’espérer que les choses vont commencer à aller mieux dans un certain temps.

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Alexandre Delaigue

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13 Commentaires

  1. bonjour,

    j’ai un petit problème: si l’état fourni l’argent pour faire tourner les banques, en augmentant sa dette, elle-même financée auprès de ces mêmes banques, n’y a-t-il pas un problème dans l’énoncé ?

    En fait, mon erreur de raisonnement vient probablement du fait que ce ne sont pas les mêmes organismes financiers qui financent l’état.
    Qui sont-ils donc ? Ne sont-ils pas également perturbés par la crise ?

  2. Je ne prétendrais pas être économiste, loin de là, mais quelque chose me dit qu’on en trouvera peu qui prétende qu’on approche de a solution, comme on pourrait le croire.
    Ce qui m’étonne c’est que plus qu’autre chose, le fait que les marchés remontent dès que les gouvernements promettent de réparer les jouets cassés démontre que ceux-ci ne sont pas basés sur la valeur réelle des actions (que ce soit le prix du capital, ou ce qu’elles peuvent rapporter), et qu’acheter une action, ce n’est plus investir.
    Encore une fois, je ne suis pas économiste, donc si j’ai tout faux, je serais bien contente de l’entendre et de voir quelqu’un me l’expliquer (j’ai développé le problème tel que je le vois dans un billet de mon blog, en lien).
    Il ne faut plsu être un génie pour comprendre que l’évolution du CAC40 ne réprésente pas vraiment l’état réel de l’économie. J’aimerais maintenant comprendre quels indicateurs je dois regarder pour mieux le suivre. Le prix du lait dans mon supermarché? Le taux de chomage? L’inflation?

  3. @ juliette:
    Bonjour juliette,
    Je ne suis pas economiste mais il me semble avoir suffisament de base pour essayer, a mon modeste niveau, d’expliquer les hausses et baisses de la bourse ces derniers jours.
    D’abord, que’est ce que represente le cours d’une action. In fine, cela represente le POTENTIEL d’une entreprise a faire des benefices et a verser des dividendes a ses actionnaires. La technique de valorisation la plus courante (dont je ne me rappelle plus le nom…) part exactement de ce concept. Connaissant l’entreprise, ses risques, son potentiel de croissance etc. combien est ce que je pense que cette entreprise est capable de degager comme benef et dividendes a l’horizon d’1 an, 5 ans, 10 ans etc.
    Voila pour la base.

    Maintenant, une tentative d’explication de la hausse et la baisse des cours d’actions.
    Une entreprise survit grace a sa tresorerie. L’une des choses principales enseignee en ecole de commerce c’est que le probleme d’une entreprise ce n’est pas tant sa croissance que sa tresorerie. En effet, une entreprise (mis a part le secteur de la distribution) a tendance a payer ses achats disons a 30 jours, alors qu’elle ne se fait payer par ses fournisseurs qu’a 60 jours (exemple grossier). Prenons un exemple simple: pour fabriquer son produit, une entreprise A a acheter pour 100 au jour 0, a produit du jour 1 au jour 4 et a vendu au jour 5 pour 125. Par contre, elle a paye son fournisseur au jour 30 et c’est faite payer au jour 65. Elle a donc passer 35 jour a "decouvert"; decouvert qu’est cense couvrir soit sa tresorerie, soit ses traites (pret a courte duree), soit des prets.
    Or si les banques ne peuvent / veulent plus preter d’argent, meme pour quelques jours, la survie de l’entreprise n’est plus garantie, et donc ses potentiels de benefices: les cours de l’action tombe.
    Maintenant, les gouvernements promettent de soutenir les banques et de leur injecter des liquidites et/ou de leur racheter les actifs pas fiables: la confiance revient, les banque peuvent de nouveau se financer entre elles et financer leurs clients. Les potentiels de benefices re-apparaissent puisque l’entreprise ne risque plus la faillite, et la bourse remonte!

    J’ai volontairement pris des exemples simples, mais ils me semblent realistes et apporter un semblant d;explication!
    Cordialement, Arnaud

  4. Notre espèce, qui est l’une des rares (seules ?) à pouvoir se projeter dans l’avenir est guidée par un biais psychologique qu’on peut nommer "asymétrie de conséquences" [ Stephen J. Gould, "Comme les Huit Doigts de la Main"] qui perturbe les jugements.
    En court : plus la conséquence est grave, plus la propension à déceler l’évènement causal est élevée.
    C’est ainsi que l’on surestime les faits divers violents de l’actualité pour négliger les multiples actes de gentillesse et de bienveillance de la vie courante.

  5. Une du monde (.fr)
    (dont la qualité des articles n’a fait que baisser ces dernières années/mois)

    "Effrayées par la récession, les Bourses replongent"

    @Juliette : donc, le cours des actions, c’est juste une mesure du trouillomètre des banquiers.

    Plus sérieusement : pourquoi, une fois les déchets toxiques des banques rachetés par des États (décidément bien généreux avec leurs amis), l’économie réelle continue-t-elle à ralentir ?

    La cause ne serait-elle pas le battage médiatique, qui incite les gens à une conduite prudente, alors que la crise financière ne les touchent pas directement ?
    (sauf ceux qui se font confisquer leur maison parce qu’ils ont contracté un prêt hypothécaire)

    Pourquoi on ne sauve pas les gens qui ont contracté ces prêts hypothécaires, plutôt que les institutions bancaires et financières, qui ont cautionnés des pratiques stupides promises à l’échec à court/moyen terme ?
    J’ai l’impression qu’aujourd’hui non seulement on récompense les "spécialistes" qui ont abusé d’une situation, en plus de s’être fourvoyés honteusement, mais encore on laisse empirer la situation pour ceux qui souffrent réellement de la crise : les ménages surendettés. (alors qu’ils ont été abusés par des prêteurs aveugles, pour ne pas dire véreux)

    @Béotien : en fait il me semble qu’un Etat pour s’endetter émet des titres de dettes, qui sont rachetés soit par des États étrangers (comme les chinois avec la dette des US), soit par des banques/fonds internationaux. Et si personne veut les acheter, pof, ça fait plein d’inflation parce que c’est immédiatement converti en surplus de monnaie (Ce qui veut d’ailleurs dire que quand la France émet de la dette, elle se rend coupable de mauvaise gestion vis-à-vis du reste de la zone euro)
    Mais je me fourre peut-être le doigt bien profond dans l’oeil.

    Ce qui m’étonne un peu, c’est qu’au final il doit bien y avoir quelqu’un/entité qui reçoit tous ces milliards, et qui devrait se gaver en investissant partout.
    Visiblement, ce n’est pas le cas, probablement parce que la dette émise excède les capacités de gestion des investissements.
    (Remarquez, si c’est pour construire des buildings dans le désert, il vaut mieux garder l’argent de côté pour quelque chose d’utile)

  6. désolé si c’est en multiple exemplaire, j’ai l’impression que le premier n’est pas passé.

    Une du monde (.fr)
    (dont la qualité des articles n’a fait que baisser ces dernières années/mois)

    "Effrayées par la récession, les Bourses replongent"

    @Juliette : donc, le cours des actions, c’est juste une mesure du trouillomètre des banquiers.

    Plus sérieusement : pourquoi, une fois les déchets toxiques des banques rachetés par des États (décidément bien généreux avec leurs amis), l’économie réelle continue-t-elle à ralentir ?

    La cause ne serait-elle pas le battage médiatique, qui incite les gens à une conduite prudente, alors que la crise financière ne les touchent pas directement ?
    (sauf ceux qui se font confisquer leur maison parce qu’ils ont contracté un prêt hypothécaire)

    Pourquoi on ne sauve pas les gens qui ont contracté ces prêts hypothécaires, plutôt que les institutions bancaires et financières, qui ont cautionnés des pratiques stupides promises à l’échec à court/moyen terme ?
    J’ai l’impression qu’aujourd’hui non seulement on récompense les "spécialistes" qui ont abusé d’une situation, en plus de s’être fourvoyés honteusement, mais encore on laisse empirer la situation pour ceux qui souffrent réellement de la crise : les ménages surendettés. (alors qu’ils ont été abusés par des prêteurs aveugles, pour ne pas dire véreux)

    @Béotien : en fait il me semble qu’un Etat pour s’endetter émet des titres de dettes, qui sont rachetés soit par des États étrangers (comme les chinois avec la dette des US), soit par des banques/fonds internationaux. Et si personne veut les acheter, pof, ça fait plein d’inflation parce que c’est immédiatement converti en surplus de monnaie (Ce qui veut d’ailleurs dire que quand la France émet de la dette, elle se rend coupable de mauvaise gestion vis-à-vis du reste de la zone euro)
    Mais je me fourre peut-être le doigt bien profond dans l’oeil.

    Ce qui m’étonne un peu, c’est qu’au final il doit bien y avoir quelqu’un/entité qui reçoit tous ces milliards, et qui devrait se gaver en investissant partout.
    Visiblement, ce n’est pas le cas, probablement parce que la dette émise excède les capacités de gestion des investissements.
    (Remarquez, si c’est pour construire des buildings dans le désert, il vaut mieux garder l’argent de côté pour quelque chose d’utile)

  7. @Arnaud: "si les banques ne peuvent / veulent plus prêter d’argent [aux entreprises], même pour quelques jours, la survie de l’entreprise n’est plus garantie"

    En effet, c’est la trésorerie nécessaire pour financer l’écart entre fonds de roulement et besoin en fonds de roulement (si je ne m’abuse).

    Comment justifier l’injection massive de liquidités par les États dans le système bancaire (parfois sans aucune contreparties) alors même qu’il est impossible d’en prédire les conséquences?
    En effet, l’exposition des banques aux risques et titres toxiques est encore largement inconnue et leur emploi futur du "cash" est loin d’être certain (relance de la machine économique, achat de couverture des risques, revente des titres toxiques à des gogos, primes aux dirigeants méritants, …).

    Pourquoi ne pas plutôt consacrer ces sommes à des prêts à faible taux aux entreprises?

  8. @MaNat:
    Pourqoui ne pas preter directement aux entreprises? J’en ai aucune idee…
    J’aurais tendance a dire pour la simplicite… Il est en effet plus facile de maintenir a flot une vingtaine de banque par pays (surement plus en fait) que de faire et gerer des credit a faible tot a toutes les entreprises qui sont en manque de fond de roulement.
    A premiere vue, et encore une fois j’ai pas fait d’etudes economiques, je pense que le ration investissement / risque / lourdeur administrative est plus en faveur du soutien aux banque dontle metier est de financer les particuliers ou les entreprises (meme si il faut bien avoue qu’ils se sont quand meme bien plantes…)

    Concernant le manque de discernement des banques vis a vis de la solvabilite de leur client, et, in fine, une cause eventuelle de la crise actuelle: Je suis toujours frappe de voir a quel point les americains vivent a credit… Et pourtant ca fait deux ans que je vis la bas… L’economie des menages americains repose sur les credit. Sans carte de credit et un credit score, on ne peut rien faire: il devient tres complique de loue un apartement, d’acheter une voiture, obtenir une assurance etc. Bref, si les banques n’avaient pas laisse les menages vivre a credit de la sorte, l’economie americaine se serait effondree a mon avis beaucoup plus tot. Ajouter a cela l’esprit du profit immediat beaucoup plus present aux US qu’en france, je comprends mieux le mouvement general d’achat de maison dans l’espoir de profit futur… l’un dans l’autre il me semble que ce mode vie peut etre un facteur explicatif de la crise.
    (J’aimerais bien avoir l’avis d’un specialiste quand meme!!!)

  9. On dit que la crise financière est une crise des prêts interbancaires.
    Pourquoi ne publie-t-on pas chaque jour les montants des prêts entre banque ? Ce serait un bien meilleur indicateur que le cours de la bourse, dont personne ne sait ce qu’il veut dire.

  10. @Arnaud_US: "prêter directement aux entreprises"

    Je n’avais pas d’idée trop précise sur la solution à adopter mais en tout cas je n’imaginais pas que ce soit l’État qui prête directement.
    On peut imaginer plusieurs mécanismes:
    (1) qqch qui se fait déjà plus ou moins à travers la Caisse des dépôts et consignations pour les grandes entreprises;
    (2) une seconde voie pourrait être celle de prêts régulés par l’État (comme les PEL ou CEL) mais pour la trésorerie des entreprises cette fois; ce serait les différentes banques qui s’en chargeraient (toujours comme les PEL et CEL que vous pouvez ouvrir partout)

  11. Qui veut faire l’ange fait la bête
    La panique qui perturbe les marchés financiers atteint des niveaux qu’on n’imaginait plus possibles depuis que les progrès des technologies ont permis à tout un chacun d’être informé et de réagir rapidement. Certes, ces progrès n’ont pas eu pour effet d’éviter les emballements moutonniers – l’imitation des congénères est un processus d’apprentissage et de réassurance commun à la plupart des espèces animales – mais il était possible d’espérer que l’efficacité des marchés nous mettait à l’abri de telles variations de prix. Il est cependant un facteur déstabilisant dont le caractère malfaisant continue de jouer à plein et qui nous semble, sinon à l’origine, du moins responsable de l’ampleur des désordres actuels: l’intervention pataude des gouvernements.

    Prenons l’exemple des annonces relatives à la garantie des dépôts – la scandaleuse décision irlandaise ayant contraint les autres pays à s’aligner pour éviter une concurrence déloyale – et à la mise en place de structures publiques destinées à prendre des participations dans les établissements bancaires. Quelles en ont été les conséquences? A première vue , elles n’ont pas permis d’enrayer les baisses qui se sont poursuivies voire accentuées après leur diffusion. Mais ne les auraient-elles pas au contraire accélérées?

    En fait, leur impact sur les cours est double: il devrait certes être positif puisque elles équivalent à donner aux actionnaires des options de vente gratuites en les protégeant des risques de faillite qui, s’ils se réalisaient, se traduiraient selon toute vraisemblance par une annihilation de la valeur des actions corespondantes. En annonçant qu’ils interviendront avant pour acheter une partie du capital ou pour faire face aux retraits des déposants, les Pouvoirs Publics font un cadeau gratuit aux actionnaires de ces établissements ce qui devrait faire progresser les cours de leurs titres. Mais c’est un cadeau empoisonné.

    En effet, ce qui a provoqué la panique boursière, ce sont les craintes quant à l’étendue des sinistres résultant de la chute de la valeur des actifs immobiliers américains et de l’insolvabilité conséquente des emprunteurs, des rehausseurs et des titriseurs. La disparition d’établissements qu’on croyait trop grands pour faillir a alimenté une suspicion généralisée sur la valeur des banques, dont les actifs essentiellement incorporels (les créances qu’elles détiennent) sont particulièrement sensibles à la perte de crédibilité et à la crise de confiance. Or, quel message envoient les gouvernants lorsqu’ils claironnent leur volonté d’intervenir, si ce n’est, avant tout, qu’il est nécessaire qu’ils le fassent?

    Si l’on prend l’hypothèse qu’une action cote 100 à un instant t et vaudrait 0 en cas de défaillance, l’augmentation de la probabilité de celle-ci qui résultera du doute instillé par l’annonce d’un plan gouvernemental destiné à en prévenir l’occurrence à d’autant plus de chance de provoquer une baisse de son cours que la valeur de l’option implicite ainsi consentie est faible, et elle l’est d’autant plus que celle-ci est très hors la monnaie (c’est à dire que l’intervention gouvernementale pourra consister à racheter à bas prix).

    Et, plus on rajoute de couches et de moyens budgétaires, plus on inquiète le marché et on le persuade de la noirceur de la situation quand bien même on tiendrait un discours rassurant. Parce que les marchés sont heureusement et logiquement moins sensibles aux paroles qu’aux actes et qu’aucune protestation de bonne foi ne les a jamais convaincus.

    Ainsi, pour partie par ubris (ils sont persuadés que c’est leur rôle et dans leurs cordes) pour partie par calcul (le retour de l’Etat c’est d’abord le retour d’une classe politique qui a vu avec regret s’évanouir son emprise sur la société et avec envie grossir les rémunérations des dirigeants d’entreprise et des salariés de la finance), les hommes politiques ont contribué à aggaver la situation au lieu de donner aux marchés, qui sont essentiellement guidés par des données psychologiques, le sentiment d’une sérénité favorisant le retour au calme.

    Mais la psychologie des marchés n’est que rarement le domaine d’excellence de nos gouvernants. Timeo danaos et dona ferentes

  12. 1er problème: comment se fait-il que les dépôts aient besoin d’être garantis?
    Lorsque je dépose de l’argent à ma banque, je pense (naïvement peut-être) que je confie mon argent en de bonnes mains pour que l’on me le garde plutôt que de le mettre sous mon matelas. Je suis si naïf que je ne demande même pas que des intérêts me soient servis alors que je sais très bien qu’en prêtant mon argent au jour le jour, la banque gagne de l’argent. En contrepartie, la banque ne doit pas risquer de perdre mon argent et ne doit pas "jouer" avec. C’est sans doute le cas dans une pure banque de dépôts.
    Par contre lorsque je mets mon argent dans une banque d’affaires, je devrais être correctement informé des risques encourus (ce qui n’est pas le cas lorsque j’ouvre un compte courant dans l’agence bancaire au coin de ma rue car il s’agit bien d’un compte de dépôt non rémunéré).

    2ème problème: l’intervention des gouvernements est pataude assurément mais étonnamment favorable aux banques et autres investisseurs. On peut penser qu’effectivement on ne laisse pas agir les mécanismes de marché: aux gains faramineux du passés, soi disant rémunérations des risques pris (avec l’argent de qui?), correspond la possibilité de perdre son(?) capital. Ici, on évite soigneusement que ceux qui ont risqué du capital payent le plein prix de leur mauvais paris.
    Alors de deux choses, l’une: soit, ce capital perdu est celui d’investisseurs qui ont pris la décision de faire ces mauvais paris ou de confier leur argent en toute connaissance de cause et, dans ce cas, il ne faut surtout pas les aider pour que les mauvais joueurs (mauvais investisseurs ou personnes qui ne savent pas choisir en qui placer leur confiance) soient éliminés du marché (mécanisme normal du marché qui sélectionne les meilleurs); soit, le capital perdu n’est pas (uniquement) celui des investisseurs et, dans ce cas, il faut une intervention de l’état, pour, premièrement, mettre les margoulins qui ont abusé de la confiance des autres ou de leur position hors d’état de nuire et, deuxièmement, pour saisir leurs biens et dédommager les spoliés.

    Si on en revient à la façon de procéder pour "aider" le "système" à se redresser, il est évident qu’il est bêta même pour un non économiste. A et B ne se font plus confiance pour se prêter de l’argent mutuellement. Un troisième larron C arrive est dit "je prête 100 à celui qui veut". Comment seulement imaginer que cela puisse avoir un effet bénéfique?
    Soit, ni A ni B ne saisissent l’offre de C, et rien n’a changé.
    Soit, A saisit l’offre et alors B ne pourra pas plus lui faire confiance puisque: cela renforce la croyance de B que A est en mauvaise posture puisque sinon il n’aurait pas saisi l’offre de C; rien ne prouve que A ne va pas continuer à faire de mauvais choix d’investissement ou d’usage et donc B refusera de risquer son argent en le lui prêtant. A ayant saisi l’offre, on peut penser qu’il peut, lui, maintenant prêter à B (mais B aurait eu intérêt à saisir l’offre de C lui-même dans ce cas pour un coût moindre) ou prêter aux entreprise, mais rien ne le garantit et A peut plutôt continuer à se désendetter et à spéculer.
    De la pure méthode Coué: je vous montre que j’en ai et que je viendrai à votre rescousse, reprenez donc confiance.

    Une solution aurait pu être que l’état prête les liquidités manquantes aux entreprises, afin de maintenir l’économie productive à flot, le temps pour la finance de terminer sa purge.
    Une autre solution aurait pu être de séparer strictement banques d’affaires et banques de dépôts, garantir ces dernières et laisser les premières à leur sort. Le critère est simple: numéraire et dépôts pour les banques de dépôts, actions pour les banques d’affaires. Pour les OPCVM, il faudra peut-être regarder de plus près, mais par défaut d’une clé claire de répartition, ils vont dans les banques d’affaires. Chaque banque actuelle donne naissance à deux banques, l’une de dépôt et l’autre d’affaires. Les règles de fonctionnement des banques de dépôts doivent bien sûr être plus conservatoires qu’aujourd’hui.

    Merci de reconnaître implicitement que ce qui est malfaisant c’est "l’intervention pataude des gouvernements" et pas "l’intervention des gouvernements". Pour ma part (moi qui suis seul), il semble même que les gouvernements patauds sont bien à l’origine des désordres actuels en ayant considérés que la déréglementation était l’alpha et l’oméga de l’économie.

    3ème problème: il n’y a rien à espérer des marchés, en particulier pas d el’efficacité, puisque très justement vous faites remarquer que nul n’est à l’abri d’un comportement moutonnier. Et donc que chacun procédant plus ou moins de la même manière (bien que libre de ne pas le faire) pour ne pas manquer une bonne opportunité que le voisin a l’air de saisir, tous finissent par être exposés de la même manière aux mêmes risques.
    C’est aussi pour cette raison que les variations de prix, loin de s’assagir, s’amplifient plus que jamais dès lors que tout est régit par le marché, à la hausse comme à la baisse.

    4ème problème: il est absolument impossible que l’état subvienne aux retraits des déposants, le montant du numéraire et dépôts des ménages se montant à plus de 1.000 milliards, sans compter les 1.000 milliards d’actions et titres détenus par eux dont la valeur a très probablement fondu de toute façon. Qui prêterait à l’état de quoi intervenir à des hauteurs pareilles?

    5ème problème: pour faire progresser des cours d’actions, encore faut-il que le marché soit un peu liquide, ce qui n’est justement plus le cas, les déposants étant tentés de retirer leurs avoirs plutôt que de les investir (crise de confiance) et les autres investisseurs étant déjà assez refroidis.
    De plus, des actions plus chères seraient un signe d’emballement irrationnel de plus dans ce contexte.

    6ème problème: vous avez l’air de croire que c’est l’action des états qui a provoqué la panique boursière. Mais c’est bien le contraire: la crise des subprimes s’est déclenchée en même temps qu’un début d’affaissement de l’immobilier un peu partout et un coup de froid économique; les banques ne se prêtaient plus; crise des liquidités; panique boursière; intervention des états pour que le système ne se bloque pas totalement. Enfin les "craintes quant à l’étendue des sinistres" (qui ne sont pas imaginaires) sont loin d’être levées.
    Il était et est nécessaire que les états interviennent mais pas de la manière dont ils l’ont fait.

    7ème problème: vous dites que les actions des banques vont perdre de la valeur car l’état garantit les dépôts? Mais l’exposition des banques n’est connue de personne, ni de l’état, ni des banques, ni du marché. C’est l’origine de la crise de confiance. Or la garantie des dépôts par l’état ne modifie en rien cet état de chose. En conséquence de quoi, le risque de défaillance est strictement le même avant et après intervention de l’état.
    Par contre, si une banque fait appel au fond d’aide, sa cote a toutes les chances de baisser puisque cela indiquera une exposition probablement plus importante ou une situation plus délicate que ses consœurs.
    De plus, les autres banques d’affaires spéculent à la baisse contre les autres, prêtes à se jeter sur le moindre actif un tant soit peu solide qui pourrait tomber entre leurs mains.

    8ème problème: vous dites "les marchés sont heureusement et logiquement moins sensibles aux paroles qu’aux actes" et plus loin "aux marchés, qui sont essentiellement guidés par des données psychologiques".
    N’est-ce pas contradictoire?

    9ème problème: l’action de l’état aujourd’hui consiste uniquement à tenter de ramener la sérénité et le calme et pas à intervenir. Cest à mon avis cela qui ne rassure pas les marchés, d’autant moins que le gouvernement prétendait il y a peu ne plus avoir les moyens de rien (qu’est-ce qui a changé depuis?).

    Cadeau ou pas, il n’y a pas que des Grecs que les Troyens devraient se méfier de nos jours…

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