Oh qu’elle est belle…

…la boucle autoréférentielle ! J’apprends que Moody’s anticipe la dégradation de la note de la France. Pourquoi ? Parce que les taux d’intérêt sur cette dette ont crû (ils ajoutent aussi une crainte de récession, mais bon). Évidemment, comme vous ne l’ignorez pas, une hausse des taux accroît la pression sur les comptes publics, puisqu’ils pèsent sur le déficit budgétaire.

Et d’où vient cette hausse des taux demandés par les prêteurs ? De la baisse des cours des titres publics, suite à leurs ventes par les investisseurs. Et pourquoi les investisseurs se méfient-ils des titres du Trésor Public ? Parce que les agences de notation donnent des signaux négatifs sur la dette souveraine française. Le serpent qui se mord la queue, tout ça, quoi…

Pour être tout à fait honnête, les choses sont un peu différentes. Il a déjà été souligné ici que les marchés ne sont pas aussi ancrés sur les notes que ce que certains gouvernants veulent bien le dire (ici et ).

Mais quand même, ils en tiennent compte. La note est une convention, un point de repère. Prendre le risque d’adopter un comportement peu conforme à ce que la note (ou son anticipation) annonce, c’est prendre le risque d’être le dernier créancier de l’État français le jour où il sera en situation d’insolvabilité. C’est aussi prendre le risque de ne pas participer à une bonne séquence baisse-hausse des prix des obligations et donc de rater une plus-value. En résumé, si la tendance est à la baisse, il vaut mieux vendre, même si on est convaincu que c’est fondamentalement une idée saugrenue.

En conclusion, on se retrouve ici devant un élément assez inattendu : il devient compliqué de savoir si ce sont les marchés qui font les notations ou si ce sont les notations qui font les marchés. Normalement, ce devrait être les notations qui font les marchés. C’est le rôle des agences de notation de produire une information fiable en direction des intervenants des marchés. Bon, ben…

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1 Commentaire

  1. Bonjour,
    La gestion indicielle doit compliquer encore un peu plus la boucle récursive. Un gérant se déleste de ces titres susceptibles de perdre le triple A pour aboutir in fine, si le rating est effectivement perdu, à une pondération AAA/Portefeuille conforme aux règles de gestion qu’on lui impose.

    Je ne sais pas d’ailleurs ce que la théorie écrit sur le sujet.

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