Nouvelle évaluation de la politique de stabilisation

On la doit à la fondation Terra Nova. Bon, on n’y apprend pas grand chose de plus que dans le lumineux article publié ici même samedi dernier, c’est vrai… 😉
Terra Nova est une fondation qui se dit “progressiste”, inutile donc d’en attendre les louanges du plan. Mais l’étude ne sombre pas dans le simplisme.

Je me demande si on n’oublie pas les dépenses publiques de consommation (genre services à la personne), qui ne sont pas les mêmes que les dépenses publiques sous forme de versement aux ménages. Après tout, pour beaucoup, elles ont des vertus : ne pas prendre des circuits longs de mise en place (contrairement aux investissements), satisfaire des besoins et, à divers égards, constituer autant des investissements, dans la mesure où elles sont aussi des inputs de la production (en termes de mobilité, de santé, de capital social…).
Je ne sais pas pourquoi on se focalise tant sur la baisse de la TVA. L’autre point qui spontanément m’étonne est la certitude affichée que le rationnement du crédit fait partie du passé. Ai-je raté des faits nouveaux ? C’est possible, je vais m’informer.

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7 Commentaires

  1. Terra Nova est apparemment très bien renseigné, puisqu’ils semblent disposer d’informations sur l’état de l’économie dont personne d’autre qu’eux ne semble disposer :

    "Ce sont en effet l’ensemble des composantes de la croissance (consommation et investissement) qui sont en train de caler."

    Ainsi que de résultats scientifiques inédits :

    "Le caractère temporaire des mesures assure que la soutenabilité des finances publiques ne sera pas dégradée à long terme"

    Réponse de Stéphane Ménia
    C’est l’enjeu d’un plan de stabilisation : créer des dépenses non pérennes. Sinon, vous transformez en déficit structurel ce qui ne devait être que conjoncturel. Voilà le sens de cette dernière phrase, qui n’a rien de très neuf.

  2. Les critiques sur le plan de relance sont plus de nature politique qu’économique.

    C’est pour cela qu’on évoque la baisse de la TVA. Réputée – sûrement à tord – comme favorable aux classes populaires. Et qu’on ne parle pas des services à la personne qui sont eux destinés – dans l’imaginaire collectif – aux riches.

    Jospin a baissé la TVA de 1 % en 2000. Y a t il eu des études qui ont montré un impact immédiat (ou son absence) sur la consommation ? Dans le contexte actuel, il semble utile de démontrer au préalable que si baisse il y a, celle-ci serait reportée sur les prix de ventes au lieu de permettre aux entreprises de conserver ou d’améliorer leur marge.

    Réponse de Stéphane Ménia
    La TVA est globalement neutre.
    Terra Nova n’a probablement pas peur des services à la personne.
    En 2000, on n’était pas en récession.

  3. Je reviens sur la baisse de la TVA comme mesure d’un plan de stabilisation.

    Ce que j’avais compris des partisans de la mesure, c’est que cela redonnait immédiatement du pouvoir d’achat des ménages. Donc que la baisse était immédiatement répercutée sur les prix à la consommation.

    Mais la TVA est perçue par les entreprises et reversé à l’Etat. Ce rôle de percepteur permet aux entreprises de bénéficier d’un apport de trésorerie. Une baisse de la TVA répercutée immédiatement se traduirait donc par une baisse de trésorerie d’autant plus forte qu’elle est proche du consommateur final dans le cycle de production.

    Si je reprends les « effets multiplicateurs sur la croissance » avancé par tnova, on se retrouve avec un 0,4 pour la baisse de la TVA sur la conso et un – 0,5 pour la perte de tréso. A très court terme (un trimestre) une baisse de la TVA devrait donc avoir un impact neutre sur la croissance.

    C’est pour cela que je demandais s’il existait des évaluations des effets de la baisse de TVA de Jospin (même si effectivement la conjoncture différente) ou de la hausse de Juppé de 95 (si ma mémoire est bonne et où la nous étions en récession).

    Réponse de Stéphane Ménia
    Comment déduisez vous le -0,5 suite à une baisse de TVA ? Je ne pense pas que le document de Terra Nova puisse l’induire.

  4. Dans son tableau à la fin, sur la notation du plan du gouvernement, tnova fait apparaître un effet multiplicateur sur la croissance de 0,5 sur les mesures de trésorerie aux entreprises de l’état. C’est lui que j’ai utilisé en négatif.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Ce que je pensais. Il inclut des prélèvements différents, notamment sans contrepartie sur la demande et un apport direct. Appliquer le même multiplicateur me semble abusif.

  5. à part ça, visiblement, à la Banque de France, on fait un diagnostic assez différente de celui de Terra Nova :

    http://www.lefigaro.fr/economie/...

    "Je n’ai pas d’inquiétude sur l’arrivée d’une déflation telle qu’on l’entend, c’est à dire une baisse du niveau général des prix et des salaires, pendant une certaine période et une anticipation de la poursuite de la baisse."

    Réponse de Stéphane Ménia
    Le document de Terra Nova ne mentionne pas non plus le mot “déflation”. Une politique de stabilisation ne requiert pas une déflation pour être mise en place. En revanche, je lis dans cet entretien que Noyer déclare : “Nous connaissons aujourd’hui un ralentissement très prononcé de l’activité. Tout laisse penser que le quatrième trimestre sera significativement négatif en France et en zone euro. Le ralentissement est si fort et si brutal qu’il est peu probable que les choses se rétablissent très vite. Le premier semestre sera donc encore assez difficile. En revanche nous pouvons envisager une légère reprise de l’économie au second semestre car plusieurs facteurs jouent favorablement : la très forte désinflation redonnera du pouvoir d’achat ; la politique monétaire soutient les prêts et l’investissement et les plans de relance soutiennent l’activité.”. Où est la divergence ?

  6. Puisque vous le demandez, je vois pourtant une différence importante : le caractère "pleinement justifié" du plan de relance et donc de la dépense suggéré par Terra Nova.

    Or :

    http://www.ft.com/cms/s/0/458a5c...

    d’où mon ironie un peu plus haut sur l’affirmation : "Le caractère temporaire des mesures assure que la soutenabilité des finances publiques ne sera pas dégradée à long terme"

    Réponse de Stéphane Ménia
    Troll, troll et troll. Noyer dit que grâce aux plans de relance, entre autres choses, on va éviter la déflation et vous en concluez qu’il juge le plan non justifié.Et, au passage, vous ne relevez pas que Noyer parle de la politique monétaire comme soutien. Dois-je comprendre que vous jugez la politique monétaire sera efficace et qu’il est bon de baisser les taux ? Vous allez encore me sortir un argument de 45 lignes incompréhensibles avec une conclusion du genre : “j’ai raison, Terra Nova, c’est des nazes, comme tout individu qui soutient qu’une politique budgétaire est efficace et ne ruinera pas ma descendance”. Peut-être un lien vers un article quelconque avec un lien très lointain sur le sujet. Franchement, troll.

  7. A propos du rationnement du crédit, la Banque de France a publié ce doc voilà deux jours.

    Stat Info, 9/12/08
    http://www.banque-france.fr/fr/s...

    Je ne sais pas si je comprends tout bien, mais ce que je lis n’a pas l’air de confirmer le rationnement du crédit aux entreprises, ce qui serait plutôt le cas pour les ménages. Avec en toile de fond, bien sûr, une hausse générale des taux pratiqués.

    Sous toutes réserves d’interprétations, je ne suis pas spécialiste.

    Mais si cela vous inspire quelque chose…

    Le Nonce

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