On dit maljournalisme, c’est ça ?

J’aime pas trop le terme. Mais là, honnêtement, je vois pas quoi dire d’autre.

Une dépêche nous explique qu’une étude de Bruno Suchaut, de l’IREDU, conclue que le bac est une loterie, tant les écarts de notation sont grands pour une copie soumise à plusieurs correcteurs.

Il y a quelques années, quand je corrigeais encore cette fumisterie cet examen qui signe le passage à l’âge adulte et émeut le grands-mères assure quelques euros de plus aux heureux lauréats, l’inspecteur nous explique un jour que suite à des tests effectués en SES montrant des écarts de notes aberrants pour une même copie corrigée, on souhaite s’assurer qu’il n’en va pas de même à l’épreuve de gestion du bac STT. On nous donne donc des photocopies de 4 copies test, non encore corrigées pour l’examen et on nous demande de les noter. Résultat, au maximum, deux ou trois points d’écart. Ca peut paraître conséquent. Et ça l’est. Mais c’était faible, en réalité. Aucune harmonisation n’avait eu lieu (c’est-à-dire un commentaire du barème question par question pour s’entendre ce qui vaut un point là ou zéro, ou 0,5). Nous l’avions justement réalisée après avoir corrigé les copies, notamment sur leur base. Et bon, une photocopie de copie, ben, j’ai beau être fair play sur ce genre d’expériences, je la corrige pas pareil… Une fois l’harmonisation faite, j’avais pour ma part vu ma note corrigée se rapprocher de la moyenne des autres sur la même copie. C’était le cas de la plupart des collègues éloignés de la moyenne. Si je me souviens bien, sur 4 copies, avant l’harmonisation, j’avais un écart moyen à la moyenne d’un point environ et très important sur une seule copie, en raison d’une seule question où j’avais été trop dur par rapport aux réponses réellement attendues. Très heureux, l’inspecteur est reparti en considérant que tout allait bien. Et, de fait, je crois que ça allait assez bien.

Si l’on suit la dépêche citée, le bac serait une loterie. Fort de mon expérience, je vais donc un peu perplexe sur le site de l’IREDU. Et je lis le début de l’étude. Trop facile. Page 2, je lis :

Après un bref rappel des conclusions des travaux sur la notation des élèves, ce texte rendra compte d’une expérimentation menée dans 2 académies sur des copies de baccalauréat en sciences économiques et sociales (S.E.S.) soumises à la correction d’un large échantillon de professeurs.

Je cherche toujours la mention de ce petit détail dans la dépêche : la supposée loterie porte sur une matière dans une filière. Et ce n’est pas nécessairement la plus simple à tester. Bref, rassurez vous, la loterie, si elle existe réellement, n’est pas généralisée.

Pour le reste, je n’ai que parcouru quelques pages du document. Je me garderai bien de porter un jugement sur l’étude. Quoi qu’il en soit, avant de tirer des conclusions générales, on ferait bien de regarder du côté d’autres matières. Toute seule, celle-ci ne veut quasiment rien dire, si ce n’est qu’il y a là un sujet intéressant et visiblement récurrent en SES (mais j’ai cru comprendre que d’autres matières n’étaient pas épargnées, du fait de l’étrange conception de l‘harmonisation des critères de notation).

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1 Commentaire

  1. Hmmm… ça sent l’attaque contre le diplôme national, en faveur d’un "controle continu", _supposé_ plus juste ;->

Commentaires fermés.