Les SES, encore et toujours

David Mourey mérite d’être lu et médité. Extraits :

Il ne faut pas se tromper de diagnostic sur la situation présente. C’est bien l’image idéologique véhiculée qui dérange. Qu’on le veuille ou non, c’est largement ainsi qu’il est perçu. On peut l’ignorer, on peut dire aux journalistes que c’est une attaque idéologique du ministère, qu’on souhaite nous faire enseigner l’entreprise ou l’économie capitaliste de marché comme on enseigne une religion, que le ministre est de mauvaise foi, qu’on nous en veut toujours plus à nous … Cela n’est ni très sérieux, ni vraiment constructif.

Il faudrait reconnaître que le traitement du contenu de nos programmes peut facilement se traduire par un cours idéologiquement orienté, donnant une image erronée de l’entreprise et de l’économie capitaliste de marché. Cet enseignement contient un puissant potentiel idéologique car les sujets économiques et sociaux qui le composent sont au cœur des débats politiques. Il est donc très facile qu’un biais idéologique colore un cours de SES. C’est un des reproches les plus fréquents.

Il me parait surprenant de l’ignorer. Je n’ai jamais dit que mes collègues sont des idéologues pendant leur cours. En revanche, je défends l’idée que les contenus que nous enseignons, peuvent être aisément porteurs d’idéologies en raison de la nature des sujets abordés. En avoir conscience, est le meilleur moyen de l’éviter.

(…)

Compte tenu de la place prépondérante occupée par les entreprises – de toutes les tailles, des FMN aux TPE en passant par les gazelles – dans nos économies, nous devons discuter et repenser leur présentation dans le cadre de nos programmes. Nous devons réfléchir aux moyens de concilier dans nos enseignements, des exposés sur les « pratiques réelles » des entreprises et des enseignements d’analyse économique de l’entreprise afin de combler cette impression de déconnexion entre le discours sur l’entreprise et ses pratiques concrètes.

De mon point de vue, il existe un important décalage entre « ce que nous exposons dans nos cours sur l’entreprise et ce qu’elle est ». La place qui lui est consacrée est donc insuffisante et inadéquate. Ce décalage est logiquement du, entre autres, à la dimension macroéconomique de notre enseignement. C’est un constat évident.

La place de l’entreprise dans nos programmes et la manière d’en parler est un sujet central de discussion sur la discipline et son avenir. L’Apses esquive ce débat pour des raisons plus ou moins idéologiques et pour des raisons historiques.

Sortir du cadre fixé par un Projet Fondateur, vieux de 40 ans !

C’est sur la base d’un projet mis en œuvre à la fin des années 60 que la défense des SES par l’Apses se construit. Mais le monde a changé, l’économie et la société ne sont plus ceux de la période d’origine. Ce qui fonde le projet SES originel, l’unité des sciences sociales, est inséparable selon les défenseurs du projet fondateur de la pédagogie des SES fondée sur l’induction. Il n’y aurait aucune alternative ???

Pourtant, de nombreux universitaires et dirigeants d’entreprises (petites ou grandes), contestent ces points de vue. Le seul moyen, le seul cadre pour croiser les savoirs économiques, sociologiques…, ne peut être exclusivement celui des SES, tel qu’il a été défini à la fin des années 60.

Un grand nombre d’économistes, de sociologues et de dirigeants d’entreprises n’hésitent pas à croiser les approches. Pourtant, ils ne font pas des SES. Le cadre des SES n’épuise pas les possibilités de croiser les regards!

Tous les posts du nouveau blog qu’il consacre à l’enseignement en SES sont à lire. NB : je n’ouvre pas les commentaires ici, mais vous invite à aller commenter chez lui.

Alexandre Delaigue

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1 Commentaire

  1. “Les positions de l’Apses sont ici caricaturées car présentées de façon extrêmement simpliste. Croyez-vous que l’Apses ait pu, jusqu’à ce jour, rassembler avec succès autant d’enseignants de SES (plus de 900 aujourd’hui), et ce depuis plus de 30 ans, en ayant réussi à promouvoir, former et défendre le corps des enseignants de SES et la matière SES sur des fondations aussi fragiles que vous les présentez ? (Bien sur l’Apses n’a pas fait cela seule mais elle y a activement participé). Votre hostilité manifeste à l’égard de l’Apses semble vous interdire de comprendre son histoire que vous falsifiez. Cette posture semble aussi vous interdire toute possibilité de débat rationnel et raisonné avec vos collègues de SES, qu’ils soient dans ou hors de l’Apses. C’est regrettable au regard de votre volonté affichée de faire progresser les idées et représentations internes et externes au corps des enseignants de SES. Les curieux motivés pourront consulter le site de l’Apses pour y lire quelques éléments historiques et débats contemporains : [->http://www.apses.org/spip.php?rubrique117] et [->http://www.apses.org/spip.php?rubrique177]. Bien cordialement Marjorie Galy, adhérente et co-secrétaire générale de l’Apses.”

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Commentaire posté à la demande de l’auteur, initialement destiné au blog de D. Mourey, au titre du droit de réponse.

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