La métaphore footballistique est à la mode en ce moment parmi les commentateurs économiques. Il y a ceux qui s’inquiètent de voir l’Europe “aux portes de la deuxième division“. Le jeu a été lancé par le ministre de l’économie allemand, Wolfgang Schauble, qui suite aux remarques de Christine Lagarde sur la contribution allemande aux déséquilibres macroéconomiques de la zone euro, les a comparées à celles d’un supporter de football qui pour voir son équipe favorite obtenir de meilleurs résultats, souhaiterait voir les meilleures équipes plus mauvaises. Ces métaphores de la compétition sportives sont familières : elles ouvrent la porte à la double rhétorique de l’obsession de la compétitivité et celle de la “réforme”.
La première étape de cette rhétorique consiste à mesurer le succès économique d’un pays à l’aune d’un indicateur majeur : l’excédent commercial. La “compétitivité” est avant tout une resucée du mercantilisme, mesurant à sa capacité à exporter la performance économique d’un pays. On admire ceux qui ont un excédent commercial, et les déficit commerciaux sont le symptome d’un problème à traiter.
Et le problème doit toujours être traité de la même façon : il faut “changer”, faire les réformes “courageuses” que ceux qui ont un excédent commercial ont su mener. Il faut aller sur le chemin de la vertu salvatrice, et imiter le succès de ceux qui ont les meilleures performances. Le fait que tout cela soit intégralement contradictoire avec l’analyse économique n’a pas d’importance : nous sommes dans un discours idéologique, parfois moral, jamais pragmatique. Nous sommes insuffisants, nous devons nous corriger. Dans le cas d’une compétition sportive, ce discours a un certain sens; la performance d’une équipe de football se mesure à un étalon unique, sa capacité à remporter des victoires, ce qui implique sur le long terme de mieux jouer que les autres au même sport que ceux-ci. Sauf que l’économie ne fonctionne pas comme cela. La prospérité d’un pays se mesure à celle de ses habitants, et dépend uniquement de la capacité de ceux-ci à se fournir des choses utiles. La prospérité économique ne repose pas sur la compétition, mais sur des interdépendances.
Les interdépendances signifient par exemple que pour que certains connaissent des excédents commerciaux, il faut que d’autres connaissent des déficits commerciaux; que pour que certains épargnent, il faut qu’il y en aient d’autres qui consomment plus que leur revenu; que pour une vente, il y a nécessairement un achat. Et que si quelques-uns sont spécialisés dans un type d’activité, il faut que d’autres soient spécialisés dans d’autres activités. Si tout le monde fabrique la même chose, tout le monde va manquer des mêmes choses. Cela peut sembler évident lorsque c’est exprimé de cette façon; les conséquences de ces idées simples sont pourtant rarement comprises.
Cela implique par exemple que si un pays connaît une crise d’endettement extérieur excessif, comme la Grèce aujourd’hui, c’est qu’il y a quelqu’un quelque part qui est son exacte contrepartie en accumulant des excédents extérieurs excessifs. Un solde extérieur excédentaire est, tout comme un solde déficitaire, le symptome d’un problème. Mais c’est là que le discours moral entre en jeu : celui qui connaît un déficit est caractérisé comme ayant le problème, tandis que celui qui a un excédent excessif peut se targuer de sa “vertu” et expliquer que si tout le monde agissait comme lui, tout le monde s’en porterait mieux. Oubliant que ce n’est tout simplement pas possible : si ceux qui sont en déficit se rééquilibrent, cela ne peut que passer par la réduction d’excédents ailleurs. C’est très exactement la situation dans laquelle se trouve l’Europe actuellement : l’incapacité, sous la pression idéologique du discours de la “réforme courageuse”, des allemands à reconnaître qu’ils sont une partie du problème, au même titre que la Grèce.
Le discours de la réforme douloureuse est pernicieux parce qu’il suppose que dès lors que l’on mène des réformes “désagréables” c’est forcément un signe de vertu. Il y a probablement une dose d’esprit judéo-chrétien mal assimilé dans cette considération, selon laquelle c’est par la souffrance et l’ascétisme que l’on se rapproche du paradis. Et il est exact que l’Allemagne a entrepris toute une série de réformes particulièrement douloureuses, largement orientées vers la compétitivité des entreprises exportatrices nationales. Mais pour quel résultat? Le bilan de l’économie allemande de la dernière décennie n’a rien de brillant et d’exemplaire. L’essentiel des gains péniblement obtenus à coup de modération salariale pour accroître les exportations a disparu en un an lorsque le commerce international s’est effondré sous l’effet de la récession. Qu’on ne s’y trompe pas : la raison principale pour laquelle la France a mieux résisté que l’Allemagne à la crise, c’est précisément qu’elle n’a pas mené la stratégie et les réformes allemandes. C’est le grand problème des stratégies mercantilistes : elles soumettent un pays à la bonne volonté du reste du monde pour acheter ses produits. La seule façon dont l’Europe pourrait être “plus allemande” est d’accroître son solde extérieur dans son ensemble. Mais cela dépend de la bonne volonté du reste du monde, qui lui aussi cherche à accroître le sien; ce n’est pas gagné.
Le discours de la “réforme douloureuse” comporte toujours sa comparaison : il faut faire “comme untel”. Ha, si nous avions la flexibilité du marché du travail américain, la puissante industrie allemande, nous serions… Quoi, au fait? ce qui caractérise les pays riches, c’est d’être à la fois très similaires et très différents. Comme le rappellent Rodrik et Hausmann, le développement économique est avant tout un processus d’auto-découverte. Un mécanisme par lequel des pays, ou des individus, ont la possibilité par essai et erreur de découvrir les spécialités qui leur permettront de s’insérer parmi les autres. Ce processus ne fonctionne que lorsque l’on sait à l’avance que la destination n’est pas connue, mais va devoir être découverte. Il est paralysé lorsque l’idéologie de la “réforme” indique d’emblée la direction à prendre. A trop déplorer que nous ne soyons pas assez “comme les autres”, nous oublions deux choses : premièrement, que le succès des “autres” n’est pas si grand que cela et implique des coûts. Et deuxièmement, cela ne conduit qu’à un regard déprécié sur ce que nous sommes, empêchant d’identifier ce qui peut déterminer notre propre succès et les domaines dans lesquels nous ferions mieux de ne pas nous avancer. Nous échouons lorsque nous soutenons des Bull à bout de bras pour avoir notre propre IBM (et pour constater que finalement, IBM n’était pas tant que cela l’exemple à suivre). Nous réussirons lorsque nous seront capables de regarder sans complaisance, mais avec lucidité, ce qui nous rend spéciaux.
Et après tout, cela vaut aussi en sport. Nous nous souvenons plus de l’étincelante équipe de Hollande des années 70, que des équipes qui l’ont battue en coupe du monde. Notre admiration pour les All Blacks va bien au delà de son palmarès. Ce qui dure, ce ne sont pas tant les succès que les identités.
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Mais…. en voyant avec quelle constance l’état français a employé, emploie, et emploiera encore ses services, son personnels et ses moyens à commettre avec zèle, constance, et acharnement toutes les erreurs que vous citez ici, ne vous vient-il pas à l’esprit qu’à défaut d’espérer voir l’administration changer, mieux vaudrait réduire ses moyens, son personnel, son champs de compétence, bref, sa capacité de nuisance et les torts qu’elle cause à la population dans son ensemble ?
Merci de rappeler ces "évidences" si éloignée de ce certain "bon sens" que vous dénoncez fort bien.
BIEN, Libéral. Mais sans administration y aurait-il libéralisme ? Convenez que si l’admisnistration est un mal nécessaire, alors forcément elle posséde quelques vertus qu’elle ne peut déployer que par ses moyens humains et matériels.
j’adore particulièrement le passage sur les racines judeo-chrétiennes. Personnellement, je compare souvent nos décideurs actuels aux généraux de 14-18 qui demandaient des sacrifices pour des offensives inutiles.
Encore une page éclairante et même profonde: ça ne marche que lorsque l’on sait que la destination va devoir être découverte.
Tout ça c’est joliment tourné, mais entre la théorie et la pratique, il y a une différence qu’on constate tous les jours.
Ainsi, si à un excedent correspond un déficit, celui qui est en excédent est en position de force.
Certe l’Allemagne a une responsabilité dans la situation de la Grece, mais maintenant la Grece est sous domination allemande.
C’est l’Allemagne qui décide si oui ou non, et à quelles conditions elle va aider la Grece à réparer les débats qu’ils ont de concert provoqués.
Maintenant les "réformes douloureuses", que l’Europe sous la pression des marchés, imposent à la Grece ne servira pas à la population grecque, mais presque uniquement à engraisser un peu plus les marchés.
Peut être qu’il aurait fallu faire ces "réformes douloureuses" avant, pour qu’elle profite au pays, et non aux spéculateurs
Concernant la France, notre industrie se fait tailler en piece par la Chine pour la basse technologie, et par l’Allemagne pour la haute.
Notre situation financière est déplorable, avec plus de 30 ans de hausse de notre endettement, sans compter les engagements de l’Etat, démontrant que nos "investissements" n’ont pas été rentables.
Quand est ce que la Chine viendra nous expliquer qu’il va falloir faire une "réforme douloureuse" à son profit ?
Dans le monde économique, c’est une stratégie courante de faire du dumping, une "guerre des prix" pour tuer la concurrence et ensuite imposer ses tarifs.
C’est pareil pour un pays.
Merci pour ce billet. Je crois qu’il va beaucoup tourner parmis (certaines de) mes connaissances, dès qu’elles diront que "oh la la, c’est horrible, on exporte pas, on va être ruinés".
Votre discours sur l’absurdité de la notion de compétitivité pour les nations est bien connu et tout a fait correct.
Mais si on examine chaque situation dans le détail, ce n’est pas la notion de morale qui est pertinente, mais celle de rationalité.
Il est rationnel pour l’Allemagne d’être excédentaire. Un pays vieillissant et en implosion démographique qui investi a l’étranger (il n’y a pas d’Estrosisme en Allemagne)afin de générer des revenus de complément le moment venu. Bien sur s’ils investissent en Grèce, ils risquent d’avoir tout faux.
Il est même rationnel, probablement, pour la Chine et les pays Asiatique, qui sont pauvres, de générer des surplus, dans la mesure ou ils se souviennent encore de l’humiliation de la crise de 1998 ou des prêcheurs blancs sont venus leur faire la leçon sur la bonne manière d’être capitaliste et vertueux.
Il est rationnel pour un pays d’être déficitaire, si cela le conduit a investir pour son avenir.
Mais le probleme de bien des pays "dépensiers" c’est que bien souvent leur dépense est futile, de fonctionnement plutôt que d’investissement.
Que font les Grecs avec leurs emprunts: ils entretiennent la paix (et la paie) sociale a grand coups et couts d’emplois publics inutiles (et non de travail utile) – comme la France d’ailleurs, ils ont une armée nombreuse et super équipée de matériel moderne (ils vont encore nous acheter des frégates de luxe ainsi que des sous marins allemands et des avions US).
Il serait bien sur souhaitable, a la limite, que nous investissions chez nous, ou chez nos voisins, plutôt que dans des lieux lointains ou la sécurité de nos investissement serait moins assurées. Mais pour cela encore faudrait il que l’investissement y soit rentable et que nous y trouvions des débouchés.
Mais ou sont les débouchés des marchés de vieux?
L’Europe est une vaste maison de retraite ou des petits vieux frileux souhaitent attendre paisiblement l’inévitable. Certains creusent leur tombe avec leurs dents et claquent leur pognon au risque de manquer, d’autres plus précautionneux, ou qui craignent d’être dans le besoin dans leur extrême vieil age économisent comme des malades.
Chacun réagi comme il peut a son problème de fin de vie. Bien sur ils pourraient faire des enfants.
Réponse de Alexandre Delaigue
Vous avez raison sur le fait qu’on peut trouver pour tout le monde des raisons d’épargner et d’accumuler les excédents extérieurs (ou de réduire les déficits). Le problème c’est que tout le monde ne peut pas le faire en même temps. Dans un monde idéal de coopération internationale, on discuterait alors pour établir des priorités et coordonner tout cela, si tant est qu’il soit possible de trouver le moyen de trancher. Pour prendre une version adoucie du monde idéal, si l’Europe était un état fédéral à l’américaine, le budget fédéral se déverserait déjà en aide pour la Grèce, quoi qu’en pensent les Etats économes. Le problème c’est que cet “idéal” n’existe pas, et que lorsque la morale vient se glisser là dedans, cela n’aide guère.
Ce que vous suggerez sur la competitivite est difficile a contester (pas d’accents, desole).
Mais de l’autre cote, je crois qu’il est egalement difficile de nier que les pays europeens ont un certain nombre de problemes structurels ou institutionnels. Je peche peut etre de trop penser a mon pays (l’Espagne) mais les marches du travail et de produit sont peu efficaces un peu partout en europe. Votre billet donne une sorte de confort nihiliste de "tout va bien, pourquoi s’en preocuper".
Je pense, en fait, que les allemands ont tout le droit de se plaindre. Quand les chefs d’etat europeen ont mis sur la table le programme de la strategie de Lisbonne, il y a des pays qui ont progresse plus et d’autre qui ont progresse moins; lorsqu’un chef d’etat investit sont capital politique dans des reformes il peut bien attendre que d’autres en fassent autant. C’est, en fait, toute l’idee qui etait mise en avant apres la reforme du pacte de stabilite et le Kok report: se focaliser 1) Sur l’effort fait dans les reformes 2)la Soutenabilite de la dette. Vous pouvez critiquez le schema d’implementation, mais l’idee de fond etait bonne.
Réponse de Alexandre Delaigue
La stratégie de Lisbonne était un échec au moment même ou elle était rédigée, en voulant satisfaire tout le monde, elle ne ressemblait à rien. Ce qui est le destin probable de tout ensemble de réforme uniforme appliqué à des pays aussi différents que les pays européens. Encore une fois l’idée n’est pas de critiquer les allemands et de dire que les autres avaient raison; elle consiste à dire que l’Allemagne, aujourd’hui, a tout autant un problème que les autres du fait de ses objectifs contradictoires.
D’accord avec Merlin.
Concretement, tout ce qu’on peut esperer, c’est que l’euro baisse et renforce la compatitivite de la zone euro. Ca creera une inflation bienvenue et maitrisee, beneficiera a l’ensemble des pays de la zone euro. Quant a la Grece, malheureusement, elle va souffrir quoiqu’il arrive.
Si vraiment le problème était juste de faire baisser l’euro, faire tourner la planche à billets serait plus simple : pas la peine d’attendre que les gouvernements parviennent à gâcher autant d’argent que nécessaire.
Par exemple en créant un revenu inconditionnel minime pour chaque européen : simple, efficace et de bon goût.
(Restez calme, je ne suis pas candidat pour 2012)
@ Merlin,
il serait bon de rappeler qu’un pays comme la France doit être proche du 2.1 enfants par femme. Chiffre qui assure le renouvellement des générations. Un pays "jeune" comme la Chine est aussi un pays vieillissant ou en voie accéléré de vieillissement avec la politique de l’enfant unique. D’ailleurs, est-ce qu’une nation de vieux est par nature moins performante qu’une nation de jeunes ? N’oublions pas que la France a connu sa plus grande période de prospérité et de croissance avec l’arrivée sur le marché du travail des classes creuses des années 20 et 30. Ce sont elles qui ont reconstruit et qui ont fait du pays une grande puissance industrielle (alors que les générations du baby boom portaient encore des couches quand ils n’étaient pas à l’école).
C’est pourquoi votre discours me fait bondir pour les clichés qu’ils véhiculent.
Enfin, arrêtez de balancer des fleurs aux allemands, qui pour des raisons de dogmatisme budgétaire, n’ont jamais soutenu la politique familiale, n’éduquent plus leur jeunesse pour faire des économies de bout de chandelle (les comparaisons internationales des performances scolaires révèlent un niveau médiocre des jeunes allemands) , où délaissent leurs infrastructures. Super, la politique d’éradication des dépenses futiles, et la gestion d’un budget assise sur l’image d’un bon père de famille !
Les reformes inclues dans la Strategie de Lisbonne, j’esperent que nous sommes d’accord sur ça, etaient de bonnes reformes: elles etaient fondees sur des principes solides. Et amha sont aussi necessaires aujourd’hui qu’il y a dix ans.
Comme je vous disais, la mecanisme de surveillance etait probablement pas le bon. Il est aussi probable que les reforme ne furent pas assez ciblees- elles etaient en revanche adapte a chaque pays dans le mecanisme d’implementation; je ne pense pas que l’on puisse l’accuser de "one size fits all".
Je veux bien admettre que l’Allemagne a un probleme dans sa strategie exportatrice jointe a sa politique de desinflation. Mais il faut aussi souligner qu’elle a fait des efforts de consolidation fiscale et de reforme de son marche du travail que, la Grece, par exemple, n’a pas fait.
Réponse de Alexandre Delaigue
Le fait que l’agenda de Lisbonne soit aussi nécessaire aujourd’hui qu’à l’époque n’est pas un signe de qualité des principes fondateurs :-). C’est plutôt la preuve que quelque chose ne va pas dans ce syndrome de la liste de courses d’objectifs vagues et contradictoires, comme l’ont montré alesina et perotti http://www.economics.harvard.edu/faculty/alesina/files/The%20European%20Union.pdf .
"Les reformes inclues dans la Strategie de Lisbonne, j’esperent que nous sommes d’accord sur ça, etaient de bonnes reformes: elles etaient fondees sur des principes solides."
Certainement pas, ne serait-ce que de par leurs formidables contradictions internes soulignées par l’abondante littérature réservée à ceux qui gagnent leur vie loin du réel : ça peut à la limite convenir aux politiciens, aux curés et aux sots mais certainement pas aux habitants du monde réel.
Seuls les shadocks pensent qu’en pompant sans cesse, plus on rate, plus on a de chances de réussir un jour.
Monsieur Gribouille vous confondez classes creuses et classes gâteuses – les classes creuses étaient jeunes et avaient faim.
Je me souviens bien des années 50 ou j’étais en couche culotte, les Français étaient pauvres et ne croyaient pas que la civilisation des loisirs était un du – ils avaient faim et étaient optimistes; et quand je vais en Chine je retrouve l’optimisme de ces années la et je suis a peu pres sur que dans 20 ans les Chinois seront aussi c** et frileux que nous le sommes aujourd’hui.
Je n’ensence pas les Allemands; c’est juste qu’ils agissent rationnellement et que je n’ai pas a leur donner de leçon (vous êtes bien Français par contre).
En fait ma conclusion serait que l’Euro est une erreur parce que ce que M. Delaigue explique au sujet du federalisme necessaire a son fonctionnement n’arrivera jamais (si tant est qu’il soit souhaitable).
Finalement il vaut mieux laisser les gens suivre leur inclination culturelle dans leur petite zone géographique bien déterminé et solder leur gestion personnalisée de leur économie locale par une dévaluation de temps en temps.
Le seul mérite de l’Euro c’est que pour des vieux comme moi, les chances de préserver la valeur de ma petite épargne sont considérablement renforcées.
Tout a fait d’accord pour dire que les comparaisons avec le monde sportif sont a eviter.
Par contre, je voudrais dire combien je suis etonnee que les produits francais soient si mal exportes. Aux USA ou j’habite J’ai finalement achete une voiture allemande, je fais mes courses dans un supermarche allemand, je viens de faire installer une cuisine fabriquee en Allemagne… au moins ce sont des produits europeens! La France fabrique des produits excellents mais a mon avis le probleme est au niveau de l’exportation…rien a voir avec systeme prive ou public.Les Francais doivent apprendre a vendre leurs excellents produits. On les attend a l’etranger (les surgeles Picard? les vetements coupes a la francaise? les voitures Peugeot??????? Ou les trouve-t-on aux USA?? Heureusement on peut acheter du vin francais partout.
@Cyd
"celui qui est en excédent est en position de force"… sauf si celui qui emprunte décide de ne pas rembourser! (cf Le commerce des promesses de Pierre-Noël Giraud par exemple)
Alexandre, aidez moi: c’est quoi la parite euro dollar optimale pour les populations europeenes? ~1.2 (PPA), 1.00 (sous evalue, booste les exportations, renforce la competitivite des energies propres, etc…?
Billet intéressant mais j’ai deux critiques.
1. Il me semble que le problème de la Grèce est un problème de déficit budgétaire plus que de déficit commercial. Dès lors, le couplet sur les interdépendances reste vrai mais devient un peu hors sujet. Tous les pays du monde peuvent être en excédent budgétaire en même temps et les déficits budgétaires des uns ne sont pas les excédents des autres.
Deuxième point sur le processus d’auto-découverte. Vous avez bien entendu raison sur le "trial and error" et la recherche plus ou moins aléatoire d’innovations non-prédéterminées. Mais si on ne sait pas par avance où on veut arriver, on peut avoir des idées précises sur la façon de procéder pour initier, concevoir, tester, développer des innovations.
Si certaines entreprises (Apple vient rapidement à l’esprit) parviennent de façon durable et répétée à sortir des produits blockbuster, ce n’est pas un hasard. Elles ont mis en place des process structurés pour découvrir (et non inventer) de façon systématique les produits qui plairont au public. Si le sujet vous intéresse, je vous encourage à lire "Inspired, how to make products customers love" de Marty Cagan http://www.amazon.com/Inspired-C... C’est passionnant et édifiant.
De même, certains pays ont mis en place des politiques structurelles qui stimulent l’émergence et la croissance d’entreprises innovantes et le repositionnement des anciennes.
Bref, qu’on se place à l’échelle d’une entreprise ou d’un Etat, on peut n’avoir strictement aucune idée de la nature des innovations dans lesquelles on aura du succès et avoir des idées assez précises sur les processus structurels susceptibles d’en favoriser l’émergence. Pour rester dans l’analogie avec Apple, il ne s’agit pas de copier l’iPhone mais de s’inspirer des process qui ont permis à Apple de le découvrir.
Ainsi peut on penser que la conjonction d’un droit social à la fois rigide et flou, d’un financement public essentiellement porté par les salaires, d’une préférence marquée pour le big business, d’une méfiance envers la concurrence, d’un appétit insatiable pour l’accumulation de prélèvements et de subventions, d’un droit des faillites punitif, d’un système de protection sociale fondé sur l’ancienneté… n’est pas de nature à faire émerger nos champions de demain.