Les chemins qui mènent à Rome

Sortie commentée de Nicolas Sarkozy sur le bac ES. Je suis surpris, mais pas par le dénigrement de la filière.

L’argumentaire du président est le suivant : le bac ES est un bac secondaire. Si vous voulez un vrai bac, qui vous ouvre toutes les portes (notamment les prépas), prenez S (il ajoute que ce n’est pas normal).

Mon point de vue serait plutôt le suivant : si vous êtes un pur scientifique ou extrêmement doué, prenez S. Purement scientifique, c’est évident. Extrêmement doué, parce que vous êtes alors certain d’accrocher une prépa et une école cotée. Si vous n’êtes ni scientifique, ni exceptionnel, choisissez autre chose. Finirez-vous pour autant avec des études minables et un salaire de raté ? Non.

La sélection scolaire est stéréotypée. On sait que son filtre repose sur des qualités qui ne sont pas tout. Face à cela, il existe des filets de sécurité pour les gens de valeur qui ne collent pas aux exigences premières. Vous pouvez avoir un bac ES (ou même STG) et finir à HEC (la blogosphère connaît un exemple, un deuxième si je me souviens bien – qu’il me corrige sinon). Cela marche aussi avec les bacs STI et les écoles d”ingé prisées. Bref, si vous avez le tort de préférer suivre les cours de la filière de lycée qui vous intéresse le plus, vous pourrez toujours prouver plus tard que cela ne vous a fermé que peu de portes. Ensuite, si ce n’est pas un talent différent qui vous a éloigné de la voie royale, sans viser forcément l’excellence suprême des top 5, vous pouvez quand même faire votre trou par les voies parallèles, en intégrant par exemple des ESC de bon niveau. Quel intérêt ? Ben, vous pourrez le faire sans trop forcer votre talent, vu que vous serez en concurrence avec des candidats généralement moins costauds que dans les prépas peuplées de bacheliers S (que vous retrouveriez aussi au concours…). Pendant que des lycéens moyens (disons plutôt moyens plus) arrivent à se hisser péniblement jusqu’en prépa, en bavent bien comme il faut et terminent dans des écoles médiocres, vous pourrez, avec moins d’efforts et un talent à peu près équivalent, passer les barrages qu’ils n’auront pas réussi, eux, à franchir. Je ne vous parle même pas des gens qui suivent des études universitaires brillantes sans croiser la route des prépas ou écoles.

Conclusion : ne pas faire S, ce peut être une excellente idée pour des tas de gens. Et le président de la république n’a pas saisi toutes les tendances de la sélection scolaire.

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33 Commentaires

  1. Surtout qu’il semble ignorer que tous les concours d’école de commerce – grandes parisiennes comme ecricome – sont ouverts aux élèves de prépa commerciales… et littéraires, B/L, mais également A/L.

    Au passage, on dirait quand même un coup du genre "l’Empire contre attaque", à croire que l’institut de l’entreprise – non, je ne veux pas ranimer de vieux débats – à murmurer à l’oreille de notre Bon et Petitement-Grand Président !

  2. C’est marrant quand même, j’ai toujours cru qu’avec un bac ES on pouvait intégrer d’excellentes écoles sans prépa, que ce soit des écoles de commerce post-bac (aux dernières nouvelles, l’EPSCI c’est pas de la merde et vu le concours c’est tout à fait accessible après un bac ES) ou autre (Sciences Po par exemple, que ça soit à Paris ou en Province : pas de la merde non plus mais notre président a des mauvais souvenirs).

    Je suis tout à fait d’avis qu’il est inutile de faire un bac S si on a pas l’envie et/ou le niveau pour intégrer une école d’ingénieur. Mais le fait de juger une filière selon les écoles qu’elle permet d’intégrer comme le fait Sarkozy est très discutable : les écoles d’ingénieur ce n’est ni ce qu’il y a de plus prestigieux (de moins point de vue) ni ce qu’il y a de mieux payé. HEC/ESSEC c’est sympa mais on peut tout à fait s’en sortir autrement…

  3. Du coup, moi qui avait preparé de superbes travaux dirigés, ben j’m’en vais manifester ! Merci, M. Sarkozy vous réglez ainsi mon problème de "free riding".

  4. il n y a pas que les ecole et l’université.
    les 3/4 d une classe de S vont dans un BTS ou un IUT et s’en sorte très bien…

    1/8 va en prepa et 1/8 redouble.

    C’est a peut pres ce que j ai vecu.
    Après ca dépends aussi de ce qu’on veut faire…

    Il n’en reste pas moins que les grandes ecoles d’ingénieur ou de commerce n’ont pas toutes le même rang. Il y en a des public et des privés.
    Il y a environs 300 écoles d’ingénieurs.
    Il y a les 7 grandes d’un coté.
    Les très bonne de l’autre et tout un tas de petites écoles privé qui essaye de se distinguer mais qui ne sont pas toujours valable….

    D’autre part, j’ai fait une grande école public et il y avait des quotas pour les IUT/BTS et au final ils en ont nettement moins bavé qu’en prépa.
    Bref des pont existent mais il faut le savoir et on est pas toujours bien informé et d’autre part il sont assez selectif mais bon c’est pas pire que les concours.

  5. @dufoli : "les 3/4 d une classe de S vont dans un BTS ou un IUT et s’en sorte très bien… 1/8 va en prepa et 1/8 redouble."

    Ceka fait 0 qui va en fac, en école post-bac ou sur le marché du travail. Euh, vous êtes sûr de vos chiffres ?

    [Stéphane, je croyais que vous aviez jeté l’éponge ?]

    Réponse de Stéphane Ménia
    [Je crois que c’est assez indépendant des épisodes précédents. Et puis c’est une façon de donner de l’information sur l’orientation pour ceux qui sont au lycée ou en licence.]

  6. stéphane : une réalité pointée du doigt toutefois… c’est qu’en S, on fait tout sauf des sciences !
    Si les notes d’un étudiant qui arrive en prépa tombent de 10 points en moyenne, ce n’est pas simplement du fait du rythme plus soutenu : c’est surtout que ce qu’on y fait est différent, par sa nature, de la terminale.

    Pourquoi ne pas remplacer la S par une section "hypergénéraliste", et faire de L, ES et S des vrais sections spécialisées ?

    Question bête : si on faisait correctement le programme d’histoire entre la 6e et la 3e, serait il nécessaire de refaire exactement la même chose au lycée ? (surtout pour s’entendre raconter l’histoire de france par un gaucho)

  7. Pour une fois je suis pas totalement en désaccord avec M Sarkozy. C’est en effet assez étrange que la filière économie ne soit pas celle qui prépare le mieux à des études d’économie. Bon après ya pas que les écoles dans la vie. Et même avec un bac ES on peut largement s’en sortir.
    Le problème vient selon moi de l’information. Au lycée, on connait peu (voire pas du tout) ce qui existe dans le supérieur. Du coup, beaucoup choisissent le bac S pour avoir le maximum de portes ouvertes et je crois que finalement ils n’ont pas tort.

  8. Si, le bac ES (B autrefois) est une escroquerie. La preuve : c’est le bac que j’ai passé, et c’est aussi celui de Nicolas Sarkozy. Vous voyez qu’on ne peut rien faire avec.

  9. @Pau

    Si la moyenne baisse de 10 points en prépa, c’est qu’on y a mis les 10 meilleurs élèves qui avant entre 20-16 en terminale, on qu’on se place à leur niveau pour la notation la difficulté et le rythme. (Et la suppression de l’histoire, philo etc, était plutot de nature à remonter ma moyenne)

    Le problème de la fillière S c’est que c’est la fillière générale, et que ça crée des frustrations d’élèves pas très bons en maths, qui ne sont pas pour autant des crétins et pourront devenir de grands avocats, managers, historiens etc. Et qu’il ne savent pas calculer une intégrale franchement qu’est-ce-qu’on s’en fiche.

    Alors on peut dire que les élèves ont simplement tord d’aller en S, et qu’ils feraient mieux d’aller en L s’ils veulent faire de l’histoire en ES s’ils veulent faire de l’économie. Sauf qu’ils ne le font pas (ou pas tous)!

    En gros la fillière S est une sorte de bulle: tout le monde veut y aller parce que les autres veulent y aller… sauf qu’elle n’est pas prête d’exploser vu qu’il y a selection à l’entrée et à la sortie.

    Ma question sur l’économie, est sur la nature de l’économie. Si être économiste est une matière scientifique à forte présence mathématique, il est logique de piocher nos grands économistes dans les esprits scientifiques et mathémtiques les plus vifs.

    Mais cela transformerait la filière ES en comptabilité-gestion (et là il suffit de savoir faire des additions et de multiplications, on met les pertes entre parenthèses parce que les nombres
    négatifs ce sont des maths trop complexes :p )

  10. Oui, bien vu.
    Sinon, pour ceux qui veulent faire S, il y a la case "filière courte" avec les IUT:
    – si on veut arrêter là: emploi (sans trop de difficultés): tout de suite ou après une petite licence pro pour se spécialiser et rentrer dans les cases du LMD
    – sinon, licence classique + master et plus si affinités, pour l’amour des sciences
    – un coup de cravache, et hop, dans une école d’ingé. Et même avec Master recherche et thèse (appliquée) pour devenir un affreux technocrate qui ira contrôler le destin industriel de la France dans un des "champions nationaux". Ceux qui ne me croient pas, je vous rappelle qu’il n’y a pas assez de corpsards pour occuper tous les postes proposés.

    J’ai vu tous les cas, le fonctionnement par étapes, ça marche bien.

  11. les chiffres (vu sur Le Monde): sur les 3 premiers écoles de commerce, 1/3 des élèves viennent d’un Bac ES.
    Certes ce n’est pas 100%, mais ca signifie quand même que l’ouverture à autre chose que la filière S existe, non ?

  12. Ce n’est pas une découverte, mais ce Sarkozy est quand même un champion du monde de l’incohérence. D’un côté il prétend revaloriser les universités. De l’autre il fait TOUT pour que les meilleurs étudiants n’y aillent pas, mais se dirigent plutôt vers les prépas et les Grandes Ecoles qui sont au centre de son discours sur l’élitisme scolaire.

    Par ailleurs, j’aimerais bien qu’un jour, un de nos hommes politiques qui aime tant dauber sur le Bac essaie de le repasser, juste pour qu’on se marre collectivement un peu. Parce que quand un ministre de l’éducation ne sait pas faire une règle de trois (par exemple), j’ai quelques doutes sur sa capacité à calculer une dérivée, à disserter sur les réactions acide-base ou l’évolution humaine (oui je ne parle que du Bac S puisque c’est le seul Bac qui semble valoir quelque valeur à leurs yeux).

  13. De mon temps les futurs médecins faisaient C (math) au lieu de D (bio) par pur élitisme sélectif.
    Les meilleurs littéraires faisaient A1 (lettre-math) au lieu de A3 (lettre -art) par pur élitisme sélectif.
    Ces 2 exemples parmi 1000 illustrent la bétise d’une partie du système scolaire.

    Comme on ne veut pas faire de sélection franche et clair en lycée, il se créé de soi des sélections détournées. ON fait "latin – allemand seconde langue" au collège parce que c’est comme ça. Puis au lycée on fait C, parce que c’est comme ça…
    Tant mieux pour les aisés en math, tant pis pour les autres.

  14. La réforme du bac est nécessaire, c’est certain. Mais l’ignorance des conseillers concernant le système actuel ne me rassure pas pour le futur. Serait-ce une jolie provocation stigmatisant cette bande d’immobilistes de l’éducation nationale opposée à toute réforme à la veille d’un jour de grève? Non, certainement pas.

    @Paul: économiste de droite, économiste de gauche, mais historien gaucho et historien? Ces longues années auraient dû vous permettre de faire la différence entre l’histoire qu’on raconte et l’Histoire qu’on étudie.

  15. L’article (celui du monde) comporte une erreur grossière de méthodologie, non ?
    Il faudrait quand même (au moins) pondérer les pourcentages présentés par le pourcentage d’élèves en S et Es (oui parce que il y a quand même un peu plus de gens en S qu’en Es).

  16. J’ai fait un bac ES puis une fac de droit, j’en suis sorti avec un bac+5 et j’ai un boulot.
    J’aurais du aller en bac quoi ? D comme droit ? On va inventer un bac par "école" ?

    Le bac ES n’est pas une voie poubelle et le bac S n’est pas LA seule voie imaginable pour devenir "quelqu’un".

    Mais bon, il dit ca, 10 sec après il chasse un autre lièvre, au final il ne fait rien, et en y réfléchissant, c’est pas plus mal.
    Continue à raconter des conneries NS, mais surtout, pitié surtout, n’essaye pas de mettre en pratique ton blablatage du café du coin.

  17. peut etre qu’au contraire ce qui manque aux francais est une culture d’entrepeneurs et de l’économie pour mieux comprendre ce monde, plutot que séparations très XIX entre matheux et non matheux.
    je ne suis pas sur que les maths permettent de vraiment saisir les enjeux et évolutions de plus en plus rapides

    issu d’un bac ES je suis devenu informaticien, ce qui n’a rien à voir.
    mais cela m’a ouvert en culture du monde, indispensable pour des métiers ouverts. et c’est mon prof d’ES qui m’a donné l’habitude de lire tous les jours leMonde. 🙂

    quand à sarko, ba faut bien qu’on parle de lui le pauvre

  18. C’est très bête comme remarque de la part du Prés’ ; le bac B n’est pas particulièrement centré sur l’éco… HG, philo et maths ont a peu près les mêmes coeffs. Bref, c’est une bonne formation généraliste qui donne en général un cerveau, ce qui ouvre la plupart des portes(non, pas à coups de tête)… mais tout le monde le sait, non ? Ah, non.

  19. J’avais eu en main les statistiques du concours commun organisé par 6 ieps de province sur 9, et il y avait plus de 60% des admis qui venaient d’un bac ES.
    Je constate aussi que bon nombre de bacheliers S font S pour le prestige et se retrouvent ensuite dans des filières "estampillées" ES où le bagage physique SVT/physique sert à que dalle… je sais pas si le bac S coûte plus cher à l’état que le bac ES, si c’est le cas, c’est du gaspillage…

  20. Sarkozy n’a pas tort sur le fond (pour une fois).
    Quand j’ai passé mon bac en 2001, le choix entre S et ES était simple (pour les profs principaux): notes > 14 => filière S, sinon on voit entre ES et L.
    À mon avis, cela reflète surtout (a) la sélection par les maths (b) le prestige des filières qui fait que S a les mêmes débouchés que ES, avec d’autres en plus.

    Peut-être qu’en renforçant les maths en ES, cela en rehausserait le prestige afin de la mettre plus à égalité avec S.

    Ceci dit, le biais, pour être réel, n’est quand même pas si dramatique: les effectifs sont assez équilibrés (sauf L, qui mériterait peut-être un peu plus d’attention). De plus, toutes les manœuvres gouvernementales n’empêcheront pas la sélection (nécessaire…).
    Enfin, S c’est objectivement mieux que ES : les élites aux carrières prestigieuses issues des grandes écoles, telles que Messier, Mégret (Bruno) ou Mince vous le confirmeront. 🙂

  21. "je sais pas si le bac S coûte plus cher à l’état que le bac ES, "

    On considère généralement qu’une filière élitiste se reconnait au fait que n’y sont enseignées que des enseignements généraux, présents dans la très grande majorité des autres filières, mais à un plus haut niveau : la présence d’enseignements spécifiques, particuliers à la filière considérée qualifie au contraire les formations professionnalisantes, celles dans lesquelles on ne recherche pas particulièrement de synergies entre enseignements autour d’un projet global d’éducation de l’élève, et donc, pour lesquelles on a pas besoin de s’assurer que l’ensemble des enseignements repose sur un même socle philosophique, de valeurs, ou de projet social.

    Nulle matière enseignée au bac C n’étant spécifique, l’état peut utiliser au mieux les enseignants en les faisant enseigner à la fois en C et dans d’autres filières : donc, une filière élitiste tend à coûter moins cher. Et ce n’est pas réellement un problème puisque par définition, le service d’éducation coûte moins cher à rendre aux élèves doués qu’aux élèves moins doués.

  22. @Pailleron : Nulle matière enseignée au bac S n’est spécifique ? comment appelez-vous la physique-chimie et la bio ? A ce compte-là, la filière "élitiste" serait bien plutôt la L…

  23. à ROM1: pour info, eolas le soulignait: nicolas sarkozy a eu un bac B (l’ancêtre des ES) et, on le sait moins, ségoléne royal aussi. Ma fille était en ES en maasr 2007 et, en tant que parent d’élève délégué, j’avais joint au CR du conseil de classe de mars 2007 cette info puisée dans "challenges", qui avait surpris…

    pour compléter, dans le moule politique, je n’ai pas l’impression que les matheux, le singénieurs soient bien représentés: on y trouve essentiellment des avocats, des juristes, ou des hauts fonctionnaires…

    ES se fait progressivement une place sur le "marché" aussi bien en grandes écoles qu’en fac, et je m’en réjouis, nous avons besoin de toutes les compétences et de choix par adhésion plus que par défaut…

  24. @Pailleron: vos suppositions me semblent erronées. Comme l’a remarque Emmeline, La physique chimie et la biologie sont propres a la S, et de mon temps pas si lointain , cela représentait quand même une dizaine d’heures / semaine.

    Ensuite, les filières d’élite comme vous dites sont bien plus coûteuses que les autres, du moins si l’on considère les CPGE et grandes écoles comme filières élitistes. Il est bien connu qu’un élève en CPGE coute bien plus cher à la collectivité qu’un étudiant en université.

    http://www.sciences-po.fr/presse...

    En fait, je trouve l’affirmation selon laquelle le cout des études serait fonction du niveau des étudiants assez douteuse. J’ai du mal à voir en quoi ce serait un paramètre important.

  25. J’arrive après la bataille..;

    Il me semble, en tant qu’enseignant-chercheur à la fac, qu’on est à la fois dans le propos de sarko (quelle surprise…) mais également dans l’argumentaire de SM dans un faux débat.

    Le pb n’est pas en soit la répartition des lycéens dans différentes filières selon leur capacité présumée à l’abstraction "abstraite" :-). Tenter de développer les points forts des uns et des autres est il choquant ? Par contre cela prédétermine pour bonne part leur futur (alors même qu’ils sont un peu immature pour poser les termes de ce choix indépendamment de leur background sociologique).

    Je suis un peu surpris que seul Tom évoque cette hérésie bien française que sont les prépas/gdes écoles (et j’en parle sans amertume aucune ayant été positivement sélectionné par ce système).

    Le pb de la prépa est double et n’a rien à voir avec son élitisme qui est souhaitable. Tout d’abord on, par facilité , ne sont sélectionné que ceux qui répondent à des critères précis, qui n’ont pas nécessairement été bien étalonné par l’educ nat (en d’autres mots personne ne croit dans les livret de notes, donc on prends des S, par sécurité).

    Plus grave on isole une population, qui dès 20 ans aura fait ses preuves (afficher un tel CV même si on est une merde est toujours un gros plus, là aussi je suis bien placé pour l’affirmer). Population qui aura des jobs prédestinés indépendamment de sa réelle efficience. Population qui manquera cruellement pour tirer vers le haut le niveau de nos (pratiquement) minables fac de sciences.

    Bon c’est brouillon (dormir…), mais je n’ai RIEN contre une sélection à l’entrée des facs. Je constate (il me semble "honnêtement") que le système actuel privilégie à outrance une minorité mal sélectionnée en faisant croire à la majorité que le système est "égalitaire". Malsain.

    @ nazerty69

    Euh… Ceux qui font S puis médecine (à quelques vocations réelles ou hérédités familiales près) sont ceux qui n’ont pas le niveau suffisant pour faire prépa. Trust me.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Je suis juste entré dans la logique sarkozyenne pour montrer son incohérence au vu des faits.

  26. Il est fréquent qu’on défende comme vous les filières les moins porteuses à coups de contre-exemples. Bien sûr qu’il existe des personnes qui font une excellente école après un bac ES, il existe même des personnes sans diplômes qui deviennent immensément riches.

    Mais qu’est-ce que ça prouve, au-delà des cas particuliers que vous évoquez ? Rien.

    La réalité sociologique est que la filière puis le diplôme déterminent l’espérance d’emploi et de revenus selon une hiérarchie assez bien établie. Et que cette hiérarchie part en France d’une poignée de filières d’élite qui produisent des ingénieurs, des avocats, des médecins, des « commerciaux » … (bénéficiant d’un quasi-plein emploi et de revenus moyens élevés) pour aller à des filières plus risquées où les chances de brillante réussite sont moindres (facultés par exemple) ou à des filières offrant de réels débouchés mais tout simplement moins cotées sur le marché du travail (IUT, BTS, puis bac pro…). Sans compter bien sûr les filières franchement sinistrées où la réussite professionnelle tient du miracle.

    Certes, quelques étudiants peuvent paradoxalement se trouver très bons dans une filière un peu moins noble et parvenir à réintégrer une filière d’excellence plus brillamment qu’ils l’auraient fait par la voie normale. Mais il s’agit d’exceptions qui deviennent de plus en plus rares en fonction de l’écartement entre la filière noble et la voie parallèle : combien d’ingénieurs viennent de lycées professionnels ?

    Si l’on regarde le système du point de vue de la théorie des jeux qui vous tient à coeur, on a donc bien une espérance (emploi-revenus x probabilité) très différente suivant la filière, espérance qui est moins bonne en ES qu’en S, surtout si l’on n’a pas a priori l’idée fixe de faire des études commerciales.

    Au lieu de se mettre régulièrement la tête dans le sable, l’éducation nationale gagnerait à moins se payer de faux discours et à reconnaître, puis mesurer les inégalités, de manière à ce que la sélection se déroule non comme un jeu de pistes favorisant les classes aisées, mais comme une compétition transparente.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Quand il existe une voie de réussite organisée pour la filière la moins-porteuse, on ne parle plus de contre-exemples.

  27. Il existe une voie de réussite parallèle, c’est vrai, mais elle vaut pour des lycéens qui ont une idée assez précise de ce qu’ils veulent faire, qui se débrouillent bien dans un environnement moins stimulant qu’en S (c’est-à-dire qui ont une bonne autonomie) et qui surtout qui ne démordent pas de leur choix.

    Je pense qu’on peut retourner votre argumentation :
    « si vous êtes un pur scientifique ou extrêmement doué, prenez S […] Si vous n’êtes ni scientifique, ni exceptionnel, choisissez autre chose. »
    en écrivant :
    « si vous n’êtes pas très brillant mais que vous vous débrouillez plutôt bien dans les matières des concours des écoles de commerce et si vous êtes absolument certain de vouloir aller dans ce type d’école, alors prenez ES. Si l’une seule de ces conditions n’est pas réunie, choisissez S… si vous pouvez »

    De la même manière, un lycéen faible en mathématiques et brillantissime en lettres aura peut-être intérêt à prendre L, mais s’il est moyen dans toutes les matières il augmente son espérance d’emploi et de revenus en prenant S et en tentant d’accrocher une bonne filière. N’oublions pas qu’un élève de maths sup moyen a 80% de chances d’être ingénieur au bout de 5 ans (avec un boulot à la clef en général), alors qu’il y a autant de psychologues en formation en fac qu’en activité effective.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Vous êtes plein de certitudes sur ce qu’est le monde et les gens qui le peuplent. C’est bien, j’envie cette assurance.

  28. Augustissime : vous avez raison, il faut des données. Que tous les bacs ne se valent pas en termes de carrière ultérieure, c’est évident. Que le Bac ES soit moins "favorable" que le bac S est par contre extrêmement douteux, surtout pour l’exemple cité des carrières en école de commerce, qui précisément offrent un concours spécifique pour ces bacheliers.

    Par ailleurs, il ne faut pas considérer que la compétence est fongible; un individu donné peut très bien mieux réussir dans la filière ES que dans la filière S (si par exemple, la physique le gonfle). Entre une mention bien au bac ES et un bac S obtenu ras les fesses, la première solution est largement préférable pour sa carrière future.

  29. Nous ne sommes pas tout à fait d’accord, mais la question est indécidable en l’absence de données chiffrées.

    Je pense qu’il y aurait un sujet de recherche intéressant sur les parcours permettant de maximiser objectivement l’espérance ultérieure d’emploi et de revenus, en fonction du niveau de l’élève dans les différentes matières, de la sélectivité des examens et concours et des débouchés des filières. En tenant compte bien sûr de la fongibilité limitée des compétences. Je pense que cela réserverait quelques surprises.

  30. Tout ce que je voulais dire, c’est que lorsque l’état recrute un prof de physique, de chimie, ou de biologie, il n’a pas de mal à remplir son service vu le très grand nombre de filières dans lesquelles cet enseignant peut exercer.

    Mais lorsque l’état recrute un enseignant de génie technotronique, il ne peut guère espérer l’employer que dans les filières de génie technotronique et bricologique.

  31. Je confirme un peu tard. J’avais raconté mon histoire quelque part en commentaires sur ce blog, et aussi pour les soutiens à la filière SES. Oui, on peut "réussir" avec un bac B, et choisir cette voie, même (incroyable, non ?). Enfin si l’on peut dire que faire HEC et mener une carrière qui vous rend assez riche humainement (et vaguement financièrement, mais ça reste encore à prouver), c’est réussir.

    Nicolas Sarkozy nous fait une séance de psychanalyse, classique. Il a fait B, sans doute pas par choix mais parce que S lui a été refusé, et son papa a trouvé que c’était une infamie. Et il considère que son cas n’est pas extensible au reste de la population.

    Voilà qui fait des différences : mes parents m’ont soutenu quand j’ai décidé de nourrir ma passion pour les sciences humaines plus que les sciences dures, et je pense que mon cas devrait être plus réplicable qu’il n’est aujourd’hui. Sarkozy, encore une fois, veut sans doute metrte fin à une "hypocrisie", c’est à dire opter pour le plus farouche conservatisme…

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