Le salaire minimum, tel qu’il existe en France, n’est pas un moyen efficace pour réduire la pauvreté et les inégalités. La pauvreté est principalement due au manque d’emploi, au trop faible nombre d’heures travaillées et à la situation familiale. Les auteurs de ce rapport du CAE fondent leur jugement sur un examen précis des situations qui prévalent dans d’autres pays où le salaire minimum est moins contraignant, voire inexistant. Le système français de redistribution des revenus s’appuie sur un salaire minimum relativement élevé complété par une multiplicité de prestations sociales dont la complexité et le profilage selon le revenu d’activité aboutissent à une absence de lisibilité et à de très faibles incitations à la reprise d’emploi pour les personnes les moins qualifiées. Les jeunes se trouvent particulièrement défavorisés par ce système. Les auteurs suggèrent qu’une politique efficace d’amélioration des bas revenus et de réduction de la pauvreté devrait s’appuyer sur des mesures fiscales et des prestations sociales ciblées plutôt que sur un salaire minimum élevé et uniforme.
C’est un rapport du Conseil d’Analyse Economique, par Cahuc, Cette et Zylberberg. Le rapport se trouve ici, son résumé ici. Si le constat n’a rien de très surprenant (le SMIC n’est pas un bon instrument) les préconisations sont assez discutables.
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L’augmentation du SMIC plus rapidement que le salaire moyen pendant des décennies a conduit à un écrasement de la hiérarchie des bas et moyens salaires calamiteux
Redresser la sittuation est tout sauf évident, en particulier avec une croissance faible : quand les gains de productivité permettent des augmenations de salaires de 5% par an, on peut augmenter le SMIC de 3% c’e qui aboutirait à une baisse relative (en % du salaire moyen) de 20 %( c’est probablement ce qu’il faudrait à peu près) en 10 ans
Avec une croissance faible, c’est très difficile
Un peu d’auto promotion : verel.typepad.fr/verel/20…
La phrase "salaire minimum *élevé*" me fait bondir.
Est-ce que’on peut vivre avec le SMIC ? La réponse est non. Le SMIC, c’est la galère et la misère assurée. L’impossibilité de mener une vie normale sans aide extérieure (essayez, vous verrez !).
Ces énarques "qui savent" n’ont jamais été au SMIC et n’ont probablement personne dans leur entourage qui y sont.
Condamner une part de plus en plus importante de la population à y être soumis et, en plus, prétendre que le SMIC "est trop élevé" c’est du foutage de gueule intégral.
Et si on parlait plutôt d’améliorer la répartition des revenus et richesses ?
Réponse de Stéphane Ménia
La phrase exacte est “Le système français de redistribution des revenus s’appuie sur un salaire minimum relativement élevé”. Ce qui signifie qu’il est plus élevé en France par rapport aux autres salaires qu’il ne l’est dans d’autres pays. Quant aux auteurs, aucun n’est énarque à ma connaissance. Et en ce qui concerne la question de l’amélioration de la répartition des richesses, eh bien c’est exactement le problème. Mais il est loin d’être certain qu’un SMIC élevé soit le meilleur moyen à utiliser pour la rendre plus juste et efficace. C’est le sens de ce rapport. (Note à Alexandre : si tu veux remplacer mon commentaire, fais comme chez toi 😉 )
Est-ce vraiment la bonne question à se poser ?
C’est peut être intentionnel.
Le SMIC est-il se qu’on peut appeler un instrument contre la pauvreté et les inégalité ? Mais plutôt un "cache-misère" face à ce qui en amont n’est toujours pas réglé : la redistribution.
Il me semble que la difficulté politique a remettre a plat le SMIC est telle que l’on ferait mieux de confronter un probleme plus "mur" et ou on trouverait plus de bang for the buck.
Par exemple en augmentant l’age de la retraite a 65 ans et en égalisant les conditions, afin de ne pas dépenser plus que le Danemark et les pays du Nord. Si ma mémoire est correcte on pourrait récupérer 6 a 7 points de PIB ce qui permettrait de huiler bien des réformes.
Sinon nous avons creusé de tels trous depuis 1974 qu’il me semble même difficile d’arrêter de creuser – au moins la Polynésie est au bout.
Quand aux commentaires émotifs sur la redistribution, ils ne savent clairement pas de quoi ils parlent et n’étant pas habitué a payer réellement l’impôt ils ne se rendent pas vraiment compte de la progressivité hallucinante de l’IR. Je me souviens que, quand je gagnais mon salaire de footballeur médiocre de deuxième division, mon taux moyen de prélèvement obligatoire était d’environ 70%. C’est même pour cela que j’ai arrêté de travailler en rentrant en France. Je gagne plus a ne rien faire.
Sans compter qu’il me semble que la principale inégalité en France n’est pas une inégalité de revenu mais l’inégalité de statut et donc de trajectoire des revenus.
@ Ursa Major.
En effet impossible pour une famille avec conjoint inactif et enfants sur Paris. Confortable pour une personne seule en province (moi, en l’occurence).
D’ou l’idée de mieux cibler la redistribution.
Qu’est ce que repondent a ce type d’arguments les economistes ‘pro SMIC’, comme Askenazy ? Entre autre, pourquoi ici on presente le SMIC comme (relativement) trop eleve, alors qu’Askenazy pretend que non (ici par exemple: http://www.laviedesidees.fr/SMIC... ) ?
bonjour
Bien intéressant ces considérations sur le niveau du SMIG, mais j’aimerais bien que chacun s’identifie avec son salaire perçu, que tous ces gens dont les revenus excèdent les 5000 euros m’expliquent leurs astuces pour vivre avec moins de 900 euros. Par contre pour vivre avec plus de 5000 euros il faut certainement des pauvres travailleurs sans revenus minimum …. (au fait moi c’est 1200).
"mon taux moyen de prélèvement obligatoire était d’environ 70%."
J’ai bien envie (non, ca n’est pas ironique) de savoir comment vous y arriviez… ca m’impressionne toujours les gens qui ont un impôt supérieur de 30% au taux marginal de l’IR. Ou alors vous comptez dedans la CSG, la TVA, vos cotisations de Sécu, celles que payait le club qui vous employait ?
Sinon, et là ma question s’adresse à Stéphane (c’est long à écrire, vous savez…), j’ai toujours du mal à comprendre les gens qui se plaignent que le Smic cause un tassement des salaires vers le bas. Qu’on me dise que son niveau relativement élevé cause du chômage, soit, j’y consens. Mais pourquoi se plaindre que 17 % des salariés soient au Smic, comme s’il valait mieux que (si ses hausses avaient été moindres ne l’avaient amené qu’à 900 euros net) 7% d’entre eux soient au niveau du Smic actuel (disons 1000 net) et 10% auxdits 900 euros ? Certes l’éventail serait plus large, mais à part un louable souci esthétique je ne vois nullement en quoi ce serait souhaitable…
(euh, je relis et m’apercois que ca n’est pas très clair, désolée…)
Réponse de Alexandre Delaigue
Non, non, c’était clair, j’ai tout compris :-). A mon avis, on peut trouver deux justifications autres qu’esthétiques (ma connaissance en matière d’éventails étant limitée, je vous fait confiance sur ce point) qui se rejoignent. La première est la question des incitations à acquérir du capital humain. Pour faire simple si sans diplômes vous gagnez 900, et avec le bac 1000, vous avez une incitation supérieure à passer votre bac qu’avec un salaire minimum qui fait que vous serez de toute façon (après un moment dans la file d’attente) embauchée à 1000. Le second effet, c’est un effet de démotivation et de sentiment de déclassement pour ceux qui savent qu’effectivement ils gagneraient plus que les autres, et constatent que ceux-ci gagnent autant qu’eux alors qu’ils sont moins productifs : cela les rend grincheux et peu incités à faire des efforts. les comparaisons relatives de revenu comptent toujours.
Merci.
Autant je suis relativement convaincue par le deuxième argument (surtout, hélas, après un petit passage au rayon "commentaires" chez Libé.fr), sans pour autant penser qu’il suffise à déplorer autant que le font certains l’écrasement des salaires au niveau du Smic (bon, dans les "certains" il y a Nicolas Baverez, ce qui me rend peut-être pas tout à fait objective), autant je suis sceptique sur le premier.
S’il me paraîtrait valide dans un monde meilleur, je le crois quasi sans force dans la France d’aujourd’hui et sa situation de chômage : dans la mesure où sans diplômes vous risquez plutôt le chômage (sans allocations ni RMI, dans le cas d’un jeune sortant du système scolaire), l’incitation à poursuivre jusqu’au bac tant qu’on le peut est déjà assez forte…
Réponse de Alexandre Delaigue
Je ne sais pas trop. Tout dépend en fait du modèle qu’on choisit. Si on choisit le modèle traditionnel d’offre et de demande, alors le salaire minimum crée du chômage, et vous avez raison. Mais les études empiriques tendent à montrer que cet effet est faible (pas forcément en France, certes) et on l’explique par différents facteurs (je ne suis pas trop convaincu par l’explication monopsone) qui aboutissent à ce que les hausses du salaire minimum sont finalement transférées à d’autres. Si c’est le cas, cela signifie que des gens peuvent être payés au dessus de leur productivité au salaire minimum; que celui-ci est donc touché par des gens qui en son absence toucheraient moins. Je vois mal cela n’avoir aucun effet sur les incitations à se former, pas forcément pour passer le bac, mais de façon générale.
Des aides ciblés ça veut dire des bataillons de fonctionnaires qui vont éplucher les revenus de millions de foyer, ça serait pas plus simple de faire un revenu universel, quitte à récupérer la somme sur les impôts des "riches".
Franchement à force de cibler ont finit par gaspiller l’argent dans l’administratif plutôt que de la mettre dans la poche de ceux qui en ont besoin.
Autre problème: est-ce une solution de réduire le smic et de développer des emplois à faibles rendements? Toute la stratégie visant à réduire les charges sur les bas salaires semblent aussi responsable de la smicardisation, signe d’un tassement de la qualité des emplois proposés en France (un des pays dans lequel les employés se sentent particulièrement sous classé dans leur travail). Je crois qu’on risquerai encore de lutter par le bas contre la concurrence internationale et de créer des emplois de mauvaise qualité qui n’apportent ni des revenus suffisant ni reconnaissance sociale puisque que les travailleurs pauvres resteront dépendant de l’aide sociale (ciblée).