La zone euro en 2012

Bilan rapide du sommet européen et perspectives.

– l’accord entre les pays ne résout aucun problème, et en crée de nouveaux. Il crée des contraintes supplémentaires pour les déficits et la dette publique, comme si ceux-ci étaient à l’origine des problèmes, et que des règles permettaient de les éviter. Je ne sais pas combien de fois, et dans combien de langues, il faudra le répéter, mais ce qui pose problème, c’est la croissance anémique dans la zone euro, et les déséquilibres causés par une politique monétaire qui ne peut être adaptée à des pays aussi différents. L’application de règles inapplicables pour l’instant (pratiquement personne ne respecte les critères de Maastricht-Amsterdam) nécessitera une “adaptation au cas par cas” qui les rendra inefficaces. Les deux tableaux de ce post sont à ce titre particulièrement éclairants.

– l’accord crée de nouveaux problèmes, en excluant la Grande-Bretagne. Savoir qui est responsable de ce désaccord, des anglais ou des autres, ce qui semble le jeu qui intéresse le plus la presse, mais n’a aucun intérêt. Qu’on le veuille ou non, le système financier britannique est intégré avec celui de la zone euro, et résoudre les vrais problèmes implique des règles communes pour les systèmes financiers. Le fait que la Grande-Bretagne puisse s’en exclure non seulement crée d’autres problèmes, pose des questions sur la compatibilité de la zone euro et de l’Union Européenne, et crée un précédent : il est possible de s’exclure. Certes, de nombreux pays semblent approuver l’accord pour l’instant : pour combien de temps?

– la seule question qui compte est de savoir si cela satisfera la BCE, permettant une évolution significative. Il est pour le moment trop tôt pour le savoir.

Maintenant, les pronostics. Un pronostic devient digne d’intérêt lorsqu’il est accompagné d’une probabilité, d’un délai, et d’une définition précise, ce qui le rend testable. La question est la suivante : un pays au moins annoncera-t-il son départ de la zone euro d’ici au 31 décembre 2012?

– Oui : probabilité de 10%.

Il y a deux possibilités d’éclatement de la zone euro. Soit un éclatement organisé, dans lequel les pays membres décident collectivement que l’euro n’est pas une idée soutenable, et qu’il faut organiser de manière ordonnée un départ de quelques-uns de ses membres, voire un retour complet aux devises nationales. J’avoue ne pas voir comment cela serait possible, tant les problèmes techniques sont nombreux et sujets à des négociations interminables. Je ne vois donc pas comment cela pourrait se faire de façon ordonnée, sans déclencher des attaques spéculatives, des fuites massives vis à vis des banques et des actifs des pays considérés comme susceptibles de dévaluer leur monnaie nationale. Bref, une solution très difficilement réalisable techniquement. C’est peut-être dommage, mais une sortie organisée n’est que difficilement possible. Cela dit, il ne faut jamais sous-estimer la capacité des bureaucrates à résoudre des problèmes techniques.

L’autre possibilité est celle d’un éclatement désorganisé, dans lequel un gouvernement annonce unilatéralement son départ de la zone euro et que le chaos s’ensuit. Mais la question est alors, qui oserait prendre une telle responsabilité? Le gouvernement agissant ainsi récupérerait certes les avantages liés à une monnaie dévaluée, mais se verrait, au moins pour un temps, coupé des marchés des capitaux internationaux, empêchant toute possibilité de contracter de nouveaux emprunts; donc un excédent primaire qui survivrait à la désorganisation produite par l’abandon unilatéral de l’euro. Il faudrait pour cela soit être dans une situation tellement désespérée qu’on n’en est plus à cela près; soit au contraire dans une position très solide pour éviter, et supporter, les conséquences de cette décision. Des pays en difficulté actuellement, je n’en vois aucun qui pourrait envisager de s’en sortir, et pour lequel cela constituerait un bon calcul. Les exportations grecques, par exemple, ne représentent qu’une faible part de son PIB, et ont déjà augmenté de 30% depuis le début de la crise; même en imaginant, de manière héroique, qu’elles doublent avec une dévaluation, cela suffirait-il à compenser la baisse de 15% du PIB intervenue depuis le début de la crise? Il n’y a guère que l’Irlande, dans les pays en difficulté, qui pourrait l’envisager. Même pour elle, cela constituerait un pari osé, et pour cela, 2012 me semble très tôt.

Reste la possibilité d’un départ d’un pays “fort”, comme l’Allemagne. Elle aurait à perdre à court terme à un tel départ, mais s’il finit par apparaître que la survie de la zone euro implique une union de transferts dans laquelle elle aurait, d’une manière ou d’une autre, à payer de manière continue, le calcul devient différent. Rester dans la zone euro, pour l’Allemagne, peut être assimilé à la martingale, dans laquelle on augmente les enjeux pour espérer se refaire. S’il apparaît que se refaire est impossible, la tentation du départ sera forte. Mais là encore, je ne la vois pas intervenir aussi tôt que 2012. Les allemands peuvent laisser le temps de voir les évènements avant de prendre une décision aussi lourde de conséquences.

Non : probabilité de 90%.

Il me semble donc nettement plus plausible que la zone euro subsiste au cours de 2012. Mais là aussi, il y a des variantes. La première possibilité est celle d’un saut fédéral, dans lequel les gouvernements se lancent dans un vaste transfert de souveraineté auprès d’institutions européennes légitimées par les élections. Pour faire bon poids, au passage, un changement de mandat pour la BCE, n’incluant plus seulement l’inflation. Pour la majorité des économistes critiques de la zone euro, c’est la seule solution à long terme pour corriger les défauts structurels de la monnaie unique, qui est un cas d’école de la théorie des zones monétaires optimales. Cette solution est aussi souhaitée par les partisans d’une Europe fédérale, qui voient dans la crise actuelle un exemple de la méthode Monnet: profiter d’une crise pour avancer vers encore plus d’intégration européenne. Je ne sais pas si c’est possible à terme. Mais je doute fort que cela survienne en 2012. Disons donc que cela représente 10% sur les 90% du total.

Il me semble donc que la possibilité la plus plausible est celle de la continuité. Les dirigeants européens vont poursuivre leur course, sans éclatement de la zone euro, sans réelle intégration supplémentaire, sans mouvement pour résoudre les vrais problèmes de la zone. Les plans d’austérité budgétaires simultanés, les conditions générales, annoncent une année de récession ou de croissance médiocre, d’augmentation du chômage, d’efforts vains pour réduire les dettes publiques, justifiés par “il faut sauver l’euro”. La Banque Centrale Européenne poursuivra son jeu, réduisant un peu la pression pour les gouvernements faisant les efforts qui lui conviennent, soutenant les banques, ce qui indirectement soutient les dettes publiques: comme l’a fait remarquer Sarkozy, si les banques empruntent à 1% à la BCE, elles peuvent bien faire un petit effort sur les intérêts des dettes publiques. Il y aura peut-être un petit appui du FMI. Les européens vont continuer de pousser la canette le long du caniveau, sans se confronter aux vrais problèmes, ce qu’ils font avec une persévérance remarquable depuis le début de la crise.

Et à plus long terme? il est possible que les gouvernements européens parviennent, par un long processus d’essais et d’erreurs, à mettre en place les institutions européennes et nationales qui permettraient de faire fonctionner une zone euro sans passer par une intégration budgétaire qui semble politiquement peu réalisable. Que chaque pays résolve ses problèmes spécifiques et parvienne à croître raisonnablement avec la monnaie unique, dont l’éclatement aurait des conséquences bien trop dommageables. Entre la volonté politique de préserver l’euro, très claire, et les conséquences terribles de son éclatement, cela peut créer les conditions d’améliorations progressives, à coups de sommets de la dernière chance et de réformes diverses dans les pays européens. Au vu de l’expérience historique, ce serait inédit, mais on n’est jamais à l’abri des surprises.

Ce qui me semble le plus probable, cependant, c’est que les dirigeants européens, au bout de plusieurs années de croissance anémique, de dettes publiques augmentant malgré les plans d’austérité, de chômage chronique, le tout dans un climat détestable (montée des extrémistes, sentiment antieuropéen au plus haut, pouvoir de plus en plus confisqué par les technocrates), finissent par constater que la théorie économique a raison : une monnaie unique ne peut pas fonctionner sans un vrai gouvernement fédéral. Et soumettre ce choix aux citoyens européens. Si ce n’est pas possible, l’expérience de l’euro apparaîtra comme un désastre, et son abandon au bout d’années d’austérité douloureuse, un soulagement.

Je doute qu’on en arrive à ce point en 2012. Si vous êtes convaincu, vous pouvez en profiter financièrement : la cote est à 9 contre 2 chez les bookmakers anglais. Par les temps qui courent, un peu d’argent facilement gagné est toujours bon à prendre.

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Alexandre Delaigue

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24 Commentaires

  1. dire que le probleme, c’est la croissance, c’est un peu simpliste.
    tous les problemes du monde seraient resolus si on avait plus de croissance!
    et de toute facon on n’a pas de levier direct sur la croissance.

    il y a des deficits/dettes potentiellement insoutenables dans beaucoup de pays, *compte-tenu* de la croissance. apres, que ces dettes soient plus difficiles a gerer a cause de l’Euro, c’est une evidence.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Ce que je voulais dire (mais cela a déjà été répété souvent ici) c’est que c’est un problème de balances des paiements; qu’il se poserait avec nettement moins d’acuité si par chance il y avait 5% de croissance nominale dans tous les pays.

  2. Un peu le même commentaire que ci-dessus: si le problème, c’est la croissance faible de la zone euro (Ok), "yaka" augmenter la croissance. Bon, et si c’est pas possible pour une raison ou une autre, c’est quoi le plan B ?

  3. Il y a des réformes structurelles assez évidentes à faire pour favoriser la croissance. Elles seraient impopulaires mais si on donnait le choix aux peuples entre l’austérité (inutile) et les réformes structurelles (utiles), je suis pas sur qu’ils choisiraient l’austérité, au contraire.

  4. Le sommet européen a conclu que deux évènements n’auront pas lieu.

    1- La BCE n’interviendra pas massivement pour racheter les obligations d’Etat italiennes, espagnoles, etc.

    2- Il n’y aura pas la création d’euro-obligations.

    Ces deux décisions auront une conséquence concrète : les taux des obligations des Etats européens périphériques vont exploser.

  5. Je ne pense pas que l’Irlande ait le moindre intérêt à sortir de l’euro. Elle a construit une grande partie de sa prospérité économique d’avant 2008 en proposant aux multinationale un mixte entre l’intégration financière et économique à l’UE et une législation fiscale et un droit du travail anglo-saxon. C’est la décision politique de soutenir son système bancaire (le choix contraire était peut-être impossible à prendre du fait de l’adhésion à l’UE) qui l’a plongé dans la crise. Mais, à voir l’évolution de ces taux à 10 ans, elle a l’air de s’en sortir (certes plus lentement que l’Islande).
    http://www.bloomberg.com/quote/G...

    Si un pays décide de sortir unilatéralement de l’Euro, ce sera une décision politique avant d’être une décision économique. Le référendum avorté de Papandréou aurait pu en être le détonateur en Grèce. Même si – comme vous le faites remarquer – cette sortie de l’euro n’aurait pas été la solution au problème économique de la Grèce, mais un pas vers une solution (et pas forcement la moins couteuse).

    J’ignore totalement les termes des débats politiques dans les autres pays européens. Et je ne pense pas du tout être le seul européen dans cette situation. Paradoxalement, on a une vision bien plus détaillée de ce qui se passe aux USA qu’en Espagne, Italie ou en Allemagne. C’est pour cela que si par hasard, une Europe fédérale voit le jour, elle risque fort d’être a-démocratique.
    Ignorant de ce qui se passe en dehors des frontières, je peux parler de la France. La France est en crise, sa croissance anémique en est-elle la conséquence ou la cause ? Ce n’est pas si facile à dire. La France n’est pas si loin de la frontière technologique, et quand elle s’en éloigne (OGM, Gaz de schistes…), c’est à la suite de choix politiques majoritairement partagés par la population. Pour retrouver une croissance forte, il faudrait soit un miracle technologique acceptable par la population (comme la révolution internet), soit une modification des structures sociales du pays (avec augmentation du coefficient de Gini) très difficilement acceptable politiquement.

    L’Allemagne peut décider de jeter l’éponge sur l’euro, mais un risque qui me paraît sous estimé vient du seul pays que je connais bien : En 2012, nous avons de bonne chance de changer de leader. Quelqu’un a une idée, même imprécise, de ce que propose le parti socialiste sur l’avenir de l’Europe ? Une petite moitié du parti socialiste a voté non en 2005, est-on vraiment sûr qu’une fois au pouvoir, ils arriveront plus facilement que Sarkozy à faire bouger les positions de l’Allemagne ? Que va-t-il se passer quand la Grèce, en 2012, aura une nouvelle fois échoués à tenir ses objectifs et qu’il faudra de nouveau trouver des sous ?

    Les cassandres de 2008 avaient peut-être raison. Mais une nouvelle fois, elles auront joué le rôle de Tirésias : en annonçant un désastre, elles ont incités Laios à créer (via l’énorme politique de relance de 2009) les circonstances qui vont amener Oedipe à renverser l’ordre ancien (l’euro).

  6. Ce qui est surtout souligné c’est que si on ne fait pas de croissance voir on connais un épisode de récession, on pourra faire tous les plans de rigueur que l’on veut, tous les plans d’économies que l’on veut, inscrire autant de fois la "règle d’or" que l’on veut… les comptes public ne s’arrangeront jamais.

    Maintenant, et s’il n’y avait plus vraiment de recette pour avoir de la croissance ?

  7. "ce qui pose problème, c’est la croissance anémique dans la zone euro, …"
    oui mais la croissance, c’est quelque chose sur quoi les gouvernements n’ont aucune prise, et à quoi ils ne peuvent qu’adapter leurs politiques.

    "…et les déséquilibres causés par une politique monétaire qui ne peut être adaptée à des pays aussi différents."
    oui, mais si les comportements des pays sont aberrants, il n’y a pas de raison de les corriger par une politique monétaire "adaptée".

    le problème de fond, c’est bien que les pays d’Europe ont mis en œuvre des politiques non soutenables reposant sur une foi aveugle dans la croissance et l’endettement ad infinitum.

    Sinon, bien d’accord sur les pronostics d’Alexandre: très peu de chances en effet qu’un pays quitte la zone euro.

  8. J’ai du mal a voir en quoi les "Eurobonds" ou la monétisation de la dette par la BCE sont une solution, sauf a très court terme.

    La situation de l’Europe ne peut se comparer aux USA, ou les 50 états ont une obligation constitutionnelle de budget annuel équilibré encore plus stupide, du point de vue des économistes, que les règles d’or en discussion. La seule dette qui puisse être monétisée par la Fed est la dette Fédérale.

    Nous sommes assez loin de ce scénario en Europe.

    Reste le modèle Suisse. J’aimerais bien qu’on clarifie comment il fonctionne. Je présume que tous les cantons ne sont pas logés a la même enseigne au niveau compétitivité et/ou croissance etc.. E pur se muove!

    Ma déduction est donc qu’il n’y a pas de crise réelle. Il suffit juste de faire comme si, et de muddling through. Après une période de carême, mardi Gras reviendra.

  9. Faire des statistiques sur un événement unique (sortie ou non d’un pays de la zone euro) est une hérésie intellectuelle …

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Ce ne sont pas des statistiques mais une probabilité estimée. Et c’est la seule façon honnête intellectuellement de faire des prévisions. Si les différentes prévisions que je fais à 90% se réalisent effectivement à 90%, cela veut dire que je suis un excellent pronostiqueur. Ce qui est vrai, c’est que je devrai en faire plus.

  10. Le problème de la croissance anémique est sans doute bien réel, mais le fait est qu’historiquement, bien peu d’état ont réussi à baisser significativement le ratio dette/PIB par la croissance. C’est en tout cas ce qui est écrit dans le Reinhart & Rogoff. Je ne vois pas vraiment de raison que ce soit vrai cette fois-ci.

    Quant à ce qui est de savoir ce qui plaît à la BCE, sans doute la question a-t-elle été posée à Draghi avant ce sommet. Finalement, l’article de Kirkegaard que vous mentionniez l’autre jour semble être la bonne analyse.

    Je crois que vous avez raison de vous inquiéter de l’absence du RU mais
    1/ il est impossible de forcer des gens à venir dans une union de volontaires comme l’UE ou l’eurozone
    2/ les britanniques ont déjà choisi en 91/92 de se tenir à l’écart de la zone euro. Ce choix ne peut qu’avoir des conséquences à long et très long terme.

  11. Je trouve le défaitisme ambiant au sujet de la croissance assez incroyable.

    Le gros problème, évidemment, c’est qu’il faut réformer d’urgence le mandat de la BCE. Non seulement il ignore un rôle essentiel pour une banque centrale, mais la "stabilité des prix" est un concept assez flou, interprété de la pire façon possible par l’institution. Une cible de croissance du PIB nominal de 4,5% par an en continuité de la tendance pré-2007 reviendrait au même au niveau inflation sur le long terme, mais permettrait à la BCE de contribuer, ne serait-ce qu’un peu, à nous sortir de l’ornière.

    Comment arriver à cette cible ? Un taux à 0,25%, pour commencer. Si ça ne suffit pas, proposer de prêts à ce taux à long terme: 1, 2, 5 ans. Si ça ne suffit toujours pas, faire preuve d’imagination.

    Evidemment, on va nous tanner avec l’inflation. Soyons clair: on a le chois entre 5% d’inflation pendant 5 ans en Allemagne et en France, permettant de combler les écarts de compétitivité-prix, ou 20% de chômage pendant 20 ans dans la périphérie. C’est un choix purement politique. L’inflation est le processus par lequel le capitalisme répare ses conneries ; vouloir s’en priver est suicidaire.

    Les Allemands n’en veulent pas ? Qu’ils s’en aillent, et laissent les pays avec lesquels on peut avoir une discussion rationnelle en la matière se débrouiller tous seuls.

    Cette crise est une crise de la croissance due à un excès de dette, publique, certes, mais surtout privée, dans un environnement de monnaie forte qui plombe les dépenses de consommation et d’investissement. Si les politiques fiscales sont contraintes, on peu au moins réaliser un ajustement progressif de la fiscalité de manière à transférer des revenus vers les ménages qui en dépenseront le plus.

    Evidemment, on va passer 2012 à nous rebattre les oreilles avec des "ajustement structurels", comme si ça allait régler quoi que ce soit…

    Ecoeurant !

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Il me semble qu’une solution incluant “si les allemands n’en veulent pas, qu’ils s’en aillent” n’est pas une solution. Par ailleurs, comme le montre le post d’optimum pour lequel il y a un lien, il est bien difficile de cibler le PIB nominal de façon satisfaisante dans la zone euro.

  12. "L’inflation est le processus par lequel le capitalisme répare ses conneries"
    Pourquoi "le capitalisme" ?
    Et ne vaudrait-il pas mieux commencer par ne pas faire de conneries, pour éviter d’avoir à en faire encore plus pour réparer les premières ?

  13. @Alexandre Delaigue: "Il me semble qu’une solution incluant "si les allemands n’en veulent pas, qu’ils s’en aillent" n’est pas une solution."

    Certes… Mais on ne va pas pouvoir supporter éternellement qu’un pays dont la banque centrale; fondée en 1948, n’a jamais traversé de crise financière majeure, arrive à imposer ses vues. Je ne sais pas, mis à part les clichés sur l’hyperinflation, la place qu’à le sujet dans les débats politiques en Allemagne, mais sans une meilleure compréhension, là bas et ailleurs, de ce qui est en train de se passer, je ne vois pas comment on s’en sort.

    Les brittaniques et les suédois on dû voir le coup venir…

    "Par ailleurs, comme le montre le post d’optimum pour lequel il y a un lien, il est bien difficile de cibler le PIB nominal de façon satisfaisante dans la zone euro."

    Si je comprends bien, le "NIURONG" est une valeur minimale de la croissance, il n’est pas indispensable de cibler une valeur exacte ?

    @elvin: "Pourquoi "le capitalisme" ?"
    Disons toute économie de marché faisant abondamment usage du crédit…

    "Et ne vaudrait-il pas mieux commencer par ne pas faire de conneries, pour éviter d’avoir à en faire encore plus pour réparer les premières ?"

    Si on remplaçait les êtres humains par des agents rationnels et parfaitement informés, c’est sûr, ça irait mieux.

  14. @To
    Disons même "toute économie faisant abondamment usage du crédit", et on arrive à la bonne formulation : "L’inflation est le processus par lequel une économie faisant abondamment usage du crédit répare ses conneries".
    Donc je maintiens qu’il vaudrait mieux commencer par ne pas abuser du crédit.
    Et pas besoin pour ça d’être "des agents rationnels et parfaitement informés". De toute façon, il ne s’agit pas ici des êtres humains en général, mais de ceux qui gouvernent.

  15. Bon, j’ai posté ma réponse deux jours trop tôt. On sait maintenant ce que va faire Hollande : il va renégocier tout ça : http://www.lefigaro.fr/politique...

    Hollande – ou Sarkozy – ont des comptes à rendre à leurs électeurs, pas Merkel. Et si à la fin l’Allemagne jette l’éponge, ce sera bien sûr de sa faute, et pas des exigences excessives de ces voisins.

  16. Je trouve le coté "nous on sait, les Allemands sont nuls" assez fatigants et peu productif.

    Dans mon expérience, les Français sont vu avec irritation voire détestation par les autres pays Européens a cause de leur grande gueule.

    Pour une fois que Sarkozy fait dans le doigté, voila Hollande qui la ramène. Avec le support de tous ceux qui savent mieux que tout le monde.

    La confiance se bâtit pas a pas. Le reste viendra en son temps. Personne n’est fou, stupide ou suicidaire. Inutile de dire aux pays du Nord que nous savons mieux qu’eux ce qui est bon pour eux.

  17. ‘Donc je maintiens qu’il vaudrait mieux commencer par ne pas abuser du crédit.’
    Lapalisse est de sortie….vous parlez de quel abus de credit sinon, celui du credit que font les banques pour preter elles memes, ou des credit qu’elles font en nom propre pour avoir ecore plus d’argent pour magouiller ?
    Parce que les particuliers eux, ils decident rarement d’abuser du credit tout seuls…c’est pas ‘oh j’appuie sur un bouton et on me prete’, derriere a des banques qui n’ont pas fait leur travail.
    Et contrairement a ce que vous dites si les agents etaient rationnels et informes les bulles speculatives n’enfleraient jamais (notamment grace aux credits) vu que personne ne preterait pour une connerie dont on sait que cela en est une…

    C’est tout le probleme de l’economie. Dans une economie rationnelle informee et avec une concurrence reele, les marges sont toujours faibles. Amusant…mais c’est finalement assez rares dans certains domaines…Notammnent les banques…(faudra qu’on m’explique pourquoi les frais banquaires explosent sans arret plus vite que l’inflation ou les salaires, vu qu’il n’y a strictement aucun service nouveau…)

  18. En vrac, quelques détails:

    @Delaigue, Dans le contexte où vous en parlez, les exportations grecques pourraient n’être pas comptabilisées toutes seules, mais en y ajoutant les chiffres du tourisme en Grece (pas moins sensible au taux de change). A vue de nez, ca devrait changer quelque peu l’équation.

    @To J’aurais été d’accord avec tout votre raisonnement, qui est assez précis, s’il n’apparaissait pas en même temps dedans une sorte de prémisse que je crois complètement illusoire. Je veux dire que vous sous-entendez l’existence, dans le monde réel, d’un "On", ou d’un "Nous" qui serait soucieux de l’intérêt collectif. Mais ce "On" n’existe que dans les discussions entre commentateurs, et pas dans le monde de ceux qui nous gouvernent. Là il n’y a que des agendas (qui, parfois, par chance, convergent, mais bon).

    En passant, une réflexion sur le même principe: je suis toujours pas convaincu par la "théorie du complot" de la BCE. Je ne vois pas cet "agenda de la BCE" déterminé par ce qu’elle croirait être l’intérêt des économies européennes. Il aurait fallu pour cela qu’il y ait consensus dans le conseil des gouverneurs. En réalité, le conseil est divisé entre les gouverneurs des pays cigales et ceux des pays fourmis. Les cigales sont en majorité, et feraient bien du QE. Mais ils doivent en passer par les conditions imposées par les fourmis, qui sont en minorité, mais ont la loi (les statuts de la BCE, plus divers traités) pour eux. De cette opposition, qui n’est pas facilement résolvable (d’un coté le poids de la majorité, de l’autre le poids de la loi), il sort un machin, "la politique de la BCE" dont la logique n’est évidemment pas straightforward, mais n’est pas non plus subtilement concue selon la théorie des jeux. Elle n’est que le produit d’un marchandage.

    -Très bonne idée de faire des prédictions. Il vaut mieux risquer de se planter, il n’y a pas d’autre moyen pour valider ses capacités d’analyse. Ceux qui ne le font jamais ont toutes les chances d’être dans l’illusion.

    -Alors justement, moi je parie (p=0,999) que l’euro ne trépassera pas (sauf cygne noir, car la situation est quand même tendue) avant l’automne 2012. Plus exactement: pas avant que la présidentielle américaine ne soit pratiquement pliée. Elle deviendrait incontrolable, si l’euro éclatait, alors Ben a changé son hélico. Le nouveau a un rayon d’action transatlantique. Le récent accord de swap de devises entre Fed et BCE ne peut-il s’interpréter ainsi?

    Il y a eu des rumeurs selon lesquelles une grande banque européenne allait imploser lorsque Helicopter Ben arrosait ici, à propos.
    Et justement, l’euro pourrait aussi péter suite à un effondrement de TBTF européenne. Le danger pourrait être là, bien plus que dans des décisions de gouvernements qui préfèreront en effet toujours taper la canette un peu plus loin, tant que les peuples ne tapent pas les casseroles à la manière des Argentins.
    Si c’est bien dans la question de l’état réel des banques que se trouve la clé du pronostic pour l’euro, notons que le lampadaire de la théorie économique éclaire ailleurs….

  19. Vous semblez accorder peu d’importance aux facteurs psychologiques qui accompagnent cette crise, à la fois comme conséquences et comme facteurs d’entretien. La baisse de la bourse, qui ne concerne pas tout le monde, est un indicateur qui incite tout le monde à la prudence. "On" serre les fesses et les cordons de la bourse (la sienne). "On" place sur le livret d’épargne….en vue des sacrées vacances.
    Mais les facteurs psychologiques jouent aussi dans le sens de la résistance à la panique, de la volonté de sauver l’Europe et l’euro. Ce n’est pas pour faire des maths que les dirigeants de l’Union Européenne passent des nuits blanches à Bruxelles et ailleurs.

  20. @JP "J’aurais été d’accord avec tout votre raisonnement, qui est assez précis, s’il n’apparaissait pas en même temps dedans une sorte de prémisse que je crois complètement illusoire. Je veux dire que vous sous-entendez l’existence, dans le monde réel, d’un "On", ou d’un "Nous" qui serait soucieux de l’intérêt collectif. Mais ce "On" n’existe que dans les discussions entre commentateurs, et pas dans le monde de ceux qui nous gouvernent. Là il n’y a que des agendas (qui, parfois, par chance, convergent, mais bon)."

    Certes,j’utilise beaucoup le mot "on" (sous-entendu "je", ah, si j’étais dictateur…). Je me rends bien compte que toute décision politique est le résultat d’un processus complexe (surtout à l’échelon européen…) et soumis à des considérations moins "nobles" que celles qui nous animent. Je pense toutefois que la qualité première d’une démocratie représentative est d’aligner, autant que possible, les intérêts des classes dirigeantes sur ceux du peuple. Ceci étant dit, quelle que soit la qualité des institutions, il n’y a pas d’alternative à une population informée et consciente de ses intérêts. D’ou ma maigre et vaine contribution au débat public…

    "En passant, une réflexion sur le même principe: je suis toujours pas convaincu par la "théorie du complot" de la BCE."

    La malice, l’incompétence, tout ça…

  21. Je réponds tardivement au commentaire 17. N’aurais-je pas cliqué sur le bon bouton ?

    D’abord merci à Stéphane de me comparer à ce vaillant guerrier qu’était Jacques de la Palice (1470-1525), dont un quatrain populaire disait « Hélas, s’il n’était pas mort,/ Il ferait encore envie »

    Mais voilà, « En économie politique, les plus grandes erreurs proviennent de ce qu’on oublie les vérités les plus évidentes. » (John Stuart Mill, Principes d’Economie politique) Il faut donc bien que certains se dévouent pour rappeler inlassablement des évidences. Allons-y.

    Dans toute transaction, il y a nécessairement deux parties, et dans une transaction de crédit, c’est en général l’emprunteur qui est demandeur. Ce ne sont pas les banques qui sont allées demander aux gouvernements d’accepter leurs sous, et qu’aurait-on dit si elles avaient refusé de répondre aux demandes des gouvernements ? On peut s’en faire une idée par ce qu’on dit maintenant quand elles se font tirer l’oreille à bien juste titre.

    Celui qui emprunte avec l’idée de ne pas rembourser est un escroc, celui qui lui prête est soit un philanthrope (rarement), soit un pigeon. La responsabilité n’est pas la même. Si les banques ont en effet été complices par excès de confiance et les agences de notation par excès d’indulgence, les coupables sont les gouvernements qui en ont profité pour endetter leurs pays au-delà du raisonnable. Il est juste que tous soient punis à proportion de leurs méfaits, mais les coupables sont gonflés de reprocher à leurs complices de les avoir aidés quant ils les suppliaient de le faire.

    Et sur le deuxième point, évidemment que « si les agents étaient rationnels et informés les bulles spéculatives n’enfleraient jamais ». Je dis simplement que les agents ne sont ni rationnels ni informés (ou très imparfaitement, ce qui revient au même), et que donc savoir ce qui se passerait s’ils l’étaient ne présente pas un grand intérêt. (je crois me souvenir que nous avons déjà eu un débat analogue).

  22. ‘Ce ne sont pas les banques qui sont allées demander aux gouvernements d’accepter leurs sous’
    Si en pesant de tous leurs lobbies pour empecher l’inflation et le recours a la planche a billet par l’etat….encore un oubli de votre part.

    ‘Celui qui emprunte avec l’idée de ne pas rembourser est un escroc, celui qui lui prête est soit un philanthrope (rarement), soit un pigeon.’
    Soit un usurier…decidemment vous oubliez beaucoup de cas…

  23. C’est vrai aussi…
    Mais :
    – ceux qui essaient d’ "empêcher l’inflation et le recours a la planche a billets par l’État", il faut leur dire merci
    – les usuriers, il faut s’arranger pour ne pas en avoir besoin

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