La question existentielle du jour

Lorsqu’on prend l’avion (ou le train), les gens qui ont réservé à l’avance paient en général moins que ceux qui prennent un billet à la dernière minute. Dans les théâtres, c’est l’inverse : les gens qui réservent à l’avance paient un tarif élevé, et ceux qui réservent le jour même ont souvent la possibilité de trouver des billets à prix cassé.

Selon vous, pourquoi? Merci d’indiquer vos suggestions dans les commentaires.

Edit : debriefing.

Merci à tous pour vos suggestions fort pertinentes. Comme Gizmo l’a suggéré, il s’agit d’une question d’examen, postée ici entre deux corrections de copies. Comme l’a constaté PAC, il s’agit d’une question tirée du très bon livre de Robert Frank, une véritable mine pédagogique. La réponse, si tant est qu’il y en a une, est en trois temps.

Premièrement, on peut se demander si effectivement, théatres et cinémas adoptent exactement ce mode de tarification opposés; dans les deux cas, il s’agit de ce qu’on appelle en management du yield management, et en économie de la discrimination tarifaire, dont l’objectif est de vendre à la clientèle au meilleur prix.

Ensuite, si l’on admet que ce mode de tarification est adopté, il signifie que les acheteurs révèlent quelque chose sur leur disposition à payer en choisissant leur moment d’achat. Pour les théatres, si ce mode de tarification est choisi, il signifie que les acheteurs qui réservent à l’avance sont disposés à payer plus cher, et ceux qui viennent au dernier moment sont disposés à payer moins cher – et l’inverse pour les compagnies aériennes.

Quelle est la raison de cette différence de comportement? Là, il n’est possible que de faire des conjectures. Les gens qui viennent au dernier moment prendre un billet d’avion sont des professionnels n’ayant pas d’alternative, et prêts à payer cher; ceux qui réservent à l’avance disposent de substituts (autres voyages, autres dates) qui les conduisent à être sensibles aux prix. Pour les théatres, ceux qui réservent constituent une clientèle plus fortunée, qui ne veut pas risquer de faire la queue à l’entrée, et ceux qui viennent au dernier moment peuvent décider d’aller faire autre chose. Ou peut-être d’autres raisons.

Ce qui semble douteux, c’est que cela provienne de différences dans la structure des coûts : dans les deux cas, les vendeurs subissent des coûts fixes élevés, des coûts marginaux faibles, et une capacité maximale. Il est donc probable que c’est la demande qui est déterminante, plutôt que l’offre.

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Alexandre Delaigue

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33 Commentaires

  1. Parce qu’un voyage se planifie, alors qu’une sortie au théâtre s’improvise? Du coup si on se dit "tiens si on allait au théâtre ce soir ?", il vaut mieux que les places soient bon marché, sous peine de trouver une autre occupation pour la soirée.

  2. Encore une histoire d’élasticité… dans les deux cas, pour les entreprises, toute place non vendue est perdue. Mais il faut arbitrer entre risquer de perdre 2 places (par exemple) en maintenant un prix haut et en brader 20 pour être sûr de s’en débarrasser en proposant un prix bas (auquel cas on est gagnant sur les 2 places qui ont pu être fourguées, mais perdant sur les 18 autres qui ont été vendues à un prix plus faible qu’elles n’auraient pu l’être).

    L’idée est que si je suis une compagnie aérienne, mes clients ont en moyenne une faible élasticité-prix et, quel que soit le prix proposé, prendront de toute façon l’avion pour aller tenir la main de la vieille tante à héritage qui agonise à l’autre bout du monde. J’ai donc un faible risque de perdre des places qui auraient trouvé preneur à un prix plus bas. En revanche, si je suis directeur d’un théâtre, je peux subodorer que mes Philistins de spectateurs potentiels envisagent raisonnablement sereinement de ne pas assister, si le prix les en dissuade, à la représentation des neuf heures d’affilée du Soulier de Satin que je donne (ils ont tort, mais c’est ainsi…). Les gens qui connaissent la vraie valeur de Claudel (ou les snobs qui ont du temps à perdre) ont de toute façon réservé depuis longtemps. Donc – je brade.

  3. Le trade-off entre d’une part la flexibilité permise par la possibilité de réserver au dernier moment et d’autre part l’importance de choisir son horaire avantage le second dans le théâtre parce que c’est important d’aller voir la pièce qu’on veut voir et qu’il risque de ne plus y avoir de place, et la flexibilité dans le cas du train.

    Comme les gens cherchent à réserver au dernier moment pour le train et à réserver longtemps à l’avance pour le train, les opérateurs en profitent pour différencier leurs tarifs.

  4. sur Air France, il y a tous les mercredis des promotions pour des vols dans les quelques jours à venir (histoire de combler les quelques places restantes dans les avions qui sont "confirmés").
    Par contre il y a peu de choix, c’est à prendre ou à laisser. Dans les transports, il y a en général des allers et des retours, le transporteur n’est peut être pas gagnant sur un seul sens, mais sur l’ensemble du voyage A/R il doit s’y retrouver.

    Le reste du temps, la "liberté" de se décider à la dernière minute et de choisir ses vols se paie. Je ne suis pas expert en yield management, mais j’imagine qu’ils doivent y trouver leur compte.

    Au théâtre et pour certains spectacles, ils doivent être moins calés en Yield Management et doivent faire en sorte que chaque représentation soit un minimum rentable (à part peut être des soirées de lancement, presse/rp au début, pour se faire de la pub), il n’y a pas de concept d’aller retour, et en général on ne va voir qu’une seule fois la même pièce, il y a peut être moins de fidélisation. Par contre, si l’on veut absolument voir une pièce en particulier, on s’y prendra à l’avance pour être sur d’avoir les places qui vont bien. Il n’y a pas de concurrence, puisqu’en général on ne joue pas deux fois la même pièce en des endroits différents. Alors que, sauf pour les situations où il n’y a qu’un seul transporteur, il y a souvent possibilité de trouver des moyens alternatifs pour se rendre quelque part. Le facteur prix réduit est donc différenciant si l’on prévoit son déplacement à l’avance…

  5. Je ne suis pas sur que le fait soit etabli. Si vous allez au theatre voir un spectacle surbooké, vous pourrez trouver des places a l’entree du theatre pour 2 a 3 fois le prix normal. A l’inverse sur les vols derniere minute vous pouvez voyager a prix cassé en partant a la derniere minute.

    Je serais en tous cas curieux de voir les prix moyens payés pour une place d’avion/theatre en fonction de la date de l’evenement.

    En imaginant que le fait est avéré, je peux imaginer que la demande de transport est moins elastique au prix en se rapprochant de la date du transport (si on doit partir aujourd’hui, c’est qu’il y a des imperatifs) alors qu’il n’y a pas d’imperatif d’aller ce soir au theatre (la demande devient donc plus elastique au prix en se rapprochant de la date).

    C’est probablement pourquoi les voyages d’agrements (partir en charter en voyage) cassent leur prix au dernier moment pour remplir les avions (meme type de demande que le theatre) tandi qu’un vol Paris-NY ou un Eurostar Paris-Londres s’achete la veille a prix d’or (si on a besoin d’aller a Londres pour le lendemain ce n’est surement pas pour le plaisir).

    La meme histoire peut etre racontee en parlant en termes de discrimination tarifaire: ceux qui prevoient d’aller au theatre dans deux mois sont prets a payer tres cher, tandis que ceux qui sont prets a faire 2 heures de queue le matin avec le risque de ne pas avoir de place, sont les plus elastiques au prix (idem pour l’avion/train). Les consommateurs revelent leur propension a payer avec la date a laquelle ils achetent leurs billets.

  6. Ben c’est pas toujours vrai : les places de concerts complets se (re)vendent très chers 😉

    J’imagine que tout ça est une histoire de l’élément qui constitue la valeur du billet aux yeux de l’acheteur, et du coup, de rareté de cet élément.

    Pour le transport, la valeur réside dans le fait de pouvoir effectuer un voyage à une date définie. Peu importe à la famille Bruni de venir à Paris depuis l’Italie si Carla ne se marie pas ce jour-là. De fait, si le JDD me donne la date du mariage longtemps à l’avance, je dispose de multiples options : train, avion, décaler mon voyage de quelques jours à l’avance pour partir en période creuse, etc. La compagnie de train a donc intérêt à me faire un prix concurrentiel. En revanche, si je suis prévenu au dernier moment, je suis au pied du mur : ma date est devenue rare et je suis prêt à payer cher plutôt que de rater l’événement qui m’intéresse.

    Pour le théâtre, la date n’a pas réellement de valeur aux yeux de l’acheteur : je veux voir le spectable de Bigard, peu m’importe que ce soit samedi 3 ou samedi 10. Je paye donc ma place pour être sûr d’en avoir une (elle est rare parmi toute l’offre de spectables concurrents : c’est celui-là et pas un autre qu’il me faut). Si par malheur la pièce n’est pas complète le matin de la représentation, c’est qu’elle n’est pas rare. A
    priori les réservations pour dans 2 semaines ne doivent pas être pleines non plus et mieux vaut pour le promoteur du spectacle me faire venir à un prix bas et incitatif : sa place n’est pas perdue et peut-être que suite aux bonnes critiques la place dans 2 semaines sera finalement réservée également.

  7. @Petitsuix : "si on a besoin d’aller a Londres pour le lendemain ce n’est surement pas pour le plaisir.". Voilà les ravages de l’humour anglais sur un jeune esprit helvétique. Petitsuix, quittez cette perfide Albion, la France (ou la Suisse, mais c’est moins notre problème) a besoin de vous !
    @Alexandre : vous êtes madré de faire faire le corrigé de vos examens par les commentateurs de ce blog.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Je suis percé à jour :-). En fait, c’est pour disposer d’un échantillon-témoin, et comparer des réponses spontanées avec mon échantillon de copies. Histoire de voir si les cours servent à quelque chose…

  8. Parce que l’avion n’est généralement que l’un des composants du service que l’on vise à obtenir en prenant l’avion (et donc, que l’arbitrage ne peut pas se faire sur le seul billet d’avion) alors que le théâtre est perçu comme un service à part entière, dont l’achat est arbitré plus librement.

  9. tel l’agneau pascal, ou l’immaculée conception je vais tenter de proposer une réponse, sans avoir jeté un coup d’oeil sur les autres pour ne pas être influencé…

    Je pense que c’est un technique marketing. Je m’explique : aujourd"hui les marketeurs sont très bons. Ils identifient parfaitement la population a qui ils ont affaire.
    Or, il s’agit bien de deux types de population différentes : ceux qui vont au théatre ne prennent pas le train mais l’avion… et inversement, ceux qui prennent le train plutôt que l’avion vont au cinéma plutôt qu’au théatre…

    Donc deux populations, deux élasiticités prix différentes : ceux qui vont au théatre, disons les socialement élevés (les riches en gros) prennent leurs places à n’importe quel prix et il y a meme un effet de différenciation : prendre des places dans la fosse est plus valorisant que d’être au paradis…
    Les gens qui prennent l’avion, disons les moins riches, eux cherchent la bonne affaire. Ils préfèrent payer moins cher pour se déplacer.

    Et là, les deux fournisseurs de services l’ont bien compris : au théatre on propose des places hors de prix et les quelques invendues, on les brade histoire de tirer sur la longue traine (même vendue 8€, une place rapporte un peu d’argent). La SNCF en revanche, propose des prix attractifs pour attirer les moins fortunés… et lorsqu’il reste des places, ben ils les vendent hors de prix histoire de rentabiliser à mort et de pomper le gonze qui s’y prend à la dernière minute…

    Il s’agit donc bien d’une stratégie marketing basée sur une analyse psychologique des clients et sur une sociologie de la consommation…

    pfiou ! quelle explication !
    bon maintenant je vais lire les autres !!!

    voilà

  10. "Je ne suis pas sur que le fait soit etabli. Si vous allez au theatre voir un spectacle surbooké, vous pourrez trouver des places a l’entrée du theatre pour 2 a 3 fois le prix normal." Vous, vous avez acheté des places à des revendeurs à la sauvette. C’est MAL, et en plus c’est illégal, comme disent les voix enregistrées dans le métro.

    Où sont l’honnêteté et la rigueur suisses légendaires ?

    (dites, elle devient vraiment complexe la question anti-robot : les additions, OK ; les soustractions, passe encore ; mais une multiplication…)

  11. Je dirai qu’il s’agit la de marketing.
    – Les compagnies aériennes ont 2 types de clients: les touristes qui comparent les prix à l’avance et s’adaptent en fonction de leur moyens et puis les profesionnels qui sont peu sensible au prix et prevoient au denier moment.
    – Alors que le patron d’un theatre a à faire en premier lieu à des passionnés qui réservent très à l’avance et sont peu sensible au prix et d’autre part à des clients de dernières minutes qui ont le choix avec d’autres produits de susbsitition (cinema, café, boite de nuit) et peuvent se détourner facilement

    Dans les 2 cas, les prix le moins élevé va à ceux qui peuvent trouver des produits de substitution

  12. Mon hypothese : parce que ceux qui achetent les billets d’avion a la derniere minute sont des businessmen, et que ceux qui vont au theatre/concert/opera au dernier moment sont des etudiants fauches (qui d’autre ferait la queue 30min sous la pluie sans etre sur d’avoir des places a prix casses ? De toute facon c’est pas grave si on arrive pas a avoir de places on ira au bar)

  13. Parceque les compagnies aériennes peuvent ajuster la taille des avions – à condition d’un délai suffisant – et faire des économies de carburant.
    Vous pouvez faire des économies de carburant avec un théâtre?

  14. Euh et quid des couts de fonctionnement ???
    Un avion, il est programe a l’avance, plein ou vide il va partir, avec a son bord tout son equipage + le service au sol associe + le carburant etc.
    Il vaut donc mieux le remplir le plus possible => cout / passager va diminuer => on peut baisser les prix => potentiellenement faciliter le remplissage de l’avion. Un fois le point mort atteint, c’est du benef.
    Et en plus le mec qui book son avion au dernier momment est souvent pour du business, donc peu preoccuper par le prix.

    Au theatre les cout fixes sont plus facilement ajustable, ou en tous cas beaucoup moins eleve donc plus "gerable" Le point mort doit pouvoir etre atteint plus rapidement et facilement. Donc pourquoi ne pas vendre les premieres places cheres et puis faire de la marge sur l’effet de nombre. C’est quand meme plus sympa une salle pleine que vide (alors que je prefere voyager dans un avion vide!)
    La aussi, il y a un "effet d’aubaine" mais inverser par rapport a l’avion. A savoir qu’une soiree theatre s’improvise relativement facilement, et qu’il ne faut pas "bloquer" la participation.

    De plus le theatre est un loisir. La salle est complete, c’est pas grave je re-essayerai demain. Par contre, louper mon avion pour NY, c’est rater mon meeting super important avec ma counterpart. Et paf, un contrat qui s’envole. Et dans ce cas la, peut importe le prix du billet. (je sais ca revient au meme que ce que je dis plus haut, mais c’est juste pour appuyer l’exemple!)

  15. En gros mon explication tenait en une synthèse de Tuky et de Matthieu : Marketing de classe sociale quoi …

    @ PAC : on veut des posts sur Libertés Réelles ! Ca me manque de vous lire !!!

  16. Parce que le sytème tel qu’il est conçu nous manipule ! Qu’est ce que je paie ? Je paie un service à savoir le transport de mon pauvre corps de Paris à Londres par exemple. Que j’achète mon billet 3 mois à l’avance ou deux jours avant le départ, quelle est la différence dans la nature du service rendu ? ZERO et pourtant on s’ingénie à nous dire que cela justifie une différence de prix ! Les fins économistes de ce blog seraient ils d’accord pour dire qu’une différence de prix ne peut se justifier que par une différence de nature dans la prestation ou le bien acheté ?

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Non, une différence de prix peut aussi se justifier par une différence de demande. Il n’y a pas de “prix intrinsèque” des choses : il n’y a que ce que les gens sont prêts à payer, et ce que les vendeurs sont disposés à accepter.

  17. Mathieu : le sens de la causalité n’est pas assuré.
    Petit-contre exemple culturel : dans un épisode des Simpsons ("Le pire du soleil levant"), toute la famille se rend à l’aéroport sans avoir au préalable réservé de billets, comptant sur la chance pour partir chacun vers la destination de leurs rêves. Résultat, ils iront au Japon où ils vivront des aventures magnifiques plein de rebondissement.

    Pour de plus amples détails :
    http://www.simpsonspark.com/scri...
    séquence 8 et 9 notamment)

  18. La réponse à votre question tient dans le fait que vous comparer 2 produits ou services de nature totalement différente.
    – Le transport peut être défini comme un moyen. On ne prend pas le train ou l’avion pour leur finalité propre, mais comme moyen de se rendre dans un lieu. Il existe des possibilités d’arbitrage entre les différents types de transport et différentes dates pour répondre à ce besoin de déplacement d’un point à un autre. De plus, ce besoin de déplacement est très souvent contraint. Plus je me rapproche de la date de départ, plus cette contrainte est forte donc plus le prix augmente (un transporteur n’a pas intérêt à brader ces places juste avant le départ, vous prendrez le suivant!).
    – Un spectacle est un loisir. Mon choix n’est pas guidé par des contraintes matérielles ou objectives mais par des notions de plaisirs. La substitution est quasi nulle dans ce cas. On n’arbitre pas entre un concert de U2 et un concert de Serge Lama en fonction du prix. Le seul élément qui peut expliquer des variations de prix tient au nombre de places disponibles par rapport à la demande et au développement de phénomènes comparables à ceux entourant les produits de luxe. Plus j’achète ma place à l’avance, plus je donne d’importance à mon plaisir. Le Marketing et les médias jouent ici un rôle primordial. Je participe à un évènement important et je suis donc prêt à payer plus cher.

    La réponse à votre question tourne donc à mon avis autour de la notion de substitution. Dans le cas des transports elle diminue plus l’on se rapproche de la date et de l’heure du départ. Dans le cas d’un spectacle c’est l’inverse (Si je prends une place à la dernière minute au lieu de plusieurs semaines à l’avance c’est que ma capacité de lui substituer un autre loisir est plus forte.)

  19. F: il y a une analogie faisable : les offres commercialisées par la SNCF proposant le billet de train + l’entrée pour Eurodisney.

  20. Suite au concert de réponse, j’ajoute mes trois centimes à haute valeur ajoutée :

    Préambule : Les places de théatre peuvent coûter plus cher qu’un billet d’avion. Cela peut apparaitre comme une bizarrerie, mais montre à quel point le marché de la place de théatre est une économie peu productive (comme les coiffeurs, il est difficile de gagner en productivité, quand on n’emploie quasiment que de la main d’oeuvre).

    2. La loi énoncée n’est pas vraie. Il existe, par la grâce d’instruments de fluidification des marchés (et non des relations sociales), des outils qui permettent à présent de faire payer au mêem moment tout plein de gens avec des prix différents. leur installation se justifie pour des billets d’avion, pas pour des théatres.

    3. Pourquoi beaucoup de théatres vendent-ils leurs dernières places pas cher ? Parce que tout le monde fait comme ça. Et qu’ils ont l’impression que ça marche.

    4. Il me semble qu’une théatre avait, il y a quelques années, tenté une stratégie de vente originale et différente, mettant en vente à très bas prix au démarrage un stock de billets low-cost, pour générer de l’attention. Faudrait que je fouille.

    5. Pour un concert de radiohead à Bercy, vu l’absence de concurrence et l’afflux de demande, je pense qu’on va pouvoir vendre à la sauvette (c’est mal) un billet acheté 45€ le prix d’une dizaine de trajets paris-londres sur easyjet. Il y aurait un business à monter de blanchiment dans un filière théatre-concerts.

  21. Les caractéristiques de ces deux biens sont en effet différentes. La différence majeure réside, à mon sens, dans le fait que le théatre (plus que le train ) est un bien d’expérience. Je ne connaitrais la valeur de la pièce qu’une fois que je l’aurais vue…
    Pour le train, on dispose de suffisamment d’informations ex ante pour évaluer la valeur d’un trajet. C’est peut-être l’un des causes de cette différence de trajectoire des prix lorsque l’on se rapproche de l’heure de début.

  22. Olyvyer : certes les théatre est un bien d’expérience dont la "valeur d’usage" (brrr…) n’apparait effectivemment qu’après consommation. Mais pour que la trop grande incertitude quant à la qualité du produit n’empêche pas l’émergence du marché, il y a tout de même des dispositifs d’évaluation qui permettent de limiter le risque : ce sont les critiques de théâtre, et les médias en général (cf. Lucien Karpif).
    Parallèlement, le train comme l’avion souffrent de certaines incertitudes : retards éventuels, qualité aléatoire du plateau repas, des hotesses/stewart, probabilité qu’a l’avion d’exploser en plein vol, etc. : personnellement, je trouve que l’avion est bien plus incertain que le théâtre ! (c’est d’ailleurs le théorème d’Elmaleh qui le dit).

    Plus sérieusement, est-ce qu’il existe des chiffres sur la proportion pour les passagers d’avion de vols contraints (business, parent agonisant à l’autre bout du monde, fuite dans un village reculé d’Amazonie après évaporation de 5 milliards d’euros d’une banque)/vols de loisirs ?

    p-s : je ne sais pas si ca a été dit, mais la SNCF met en place un système de ventes de billets à prix bradés la dernière semaine pour remplir leurs trains …

  23. Bonjour à tous, peut-être un élément de réponse supplémentaire. Les prix des billets de transport sont régis par la loi de la rareté. Moins il y a de places libres dans l’appareil, plus elles sont chères. Tandis que dans les secteurs culturels, certains lots de billets sont réservés à la démocratisation des arts. Le prix de ces billets n’est alors en aucun cas aligné sur les valeurs de marché.

    Sinon, je suis d’accord avec un des commentaires précédents qui dit que dans certains cas, les prix des billets de concert subissent de belles envolées sur le marché noir (qqes minutes avant le spectacle). Ex. concert de Johnny. Mais est-ce vraiment de l’art?

  24. Moi je sais pourquoi : c’est de la faute à Sarkozy.

    Mais c’est normal que je sache, parce que j’aime bien l’éco, parce que je comprends vachement bien l’économie un tuitivemant. D’ailleurs, en cours, j’ai même pas besoin d’écouter pour comprendre c’est aussi pour ça que je fais des études d’éco, mais ce qui est dommage c’est qu’aux partiels, on se comprend pas toujours très bien le prof et moi.

  25. Pour les billets d’avions, il n’y a pas de marché secondaire (en général un billet n’est pas cessible à un tiers), c’est une contrainte supplémentaire.
    Pour le train, c’est moins vrai (il y a d’ailleurs des "bourses" de billets eurostar).
    Pour le théâtre et les spectacles en général (concerts, sports), il y a un vrai marché secondaire. Si quelqu’un a pris sa place depuis un moment et qu’il ne peut pas se rendre à l’évenement à la dernière minute, il pourra facilement revendre sa place à quelqu’un qui, sinon, aurait acheté une place directement au théâtre. Cela risquerait de créer un manque à gagner pour le théâtre, donc s’il reste des places, autant les proposer à un prix en dessous du marché secondaire.

  26. Il y a la qualité du service à prendre en compte, non ? En train ou en avion, il n’y aura pas énormément de différence dans le placement selon la date d’achat du billet. En revanche, les dernières places de théâtre vendues sont des places peu confortables (éloignées de scène, avec visibilité réduite…).

  27. Si vous voulez bien excuser mon bon sens paysan : dans les deux cas, il s’agit combler les places "vides". Car, me semble-t-il, une place vide n’est pas rentable que ce soit dans un train, un avion ou au théâtre…

  28. Un des service est substituable (le ciné plutôt que le théatre), l’autre beaucoup moins (ce train, et aucun autre, doit m’amener à mon rv).

  29. Le nouveau système de yield management de la SNCF vient quelque peu perturber ce modèle habituel.
    Désormais, au cours de la dernière semaine précédant le départ, la SNCF propose des billets avec une réduction allant jusqu’à 60%.
    Exemple pour un Paris-Nantes: 25 euros à -60%.
    Le différentiel avec le prix le plus bas possible est de 4,10 euros puisqu’il vous en coutera 21,90 euros avec une carte 12-25 ( 28,90 euros avec un abonnement Fréquence).
    Selon les marketeurs, c’est la seule façon d’augmenter d’au moins 5% le remplissage des trains.

    Cependant, dans une optique de maximisation des recettes, je ne suis pas sûr que ce modèle produise les effets escomptés. Sans sur-estimer le nombre de personnes qui consentiraient à acheter leur billet à la dernière minute pour bénéficier d’un prix peu élevé, il me semble que ce modèle encourage les gens à retarder leur achat le plus possible pour ne pas payer le prix habituel. Or, il est souvent difficile de s’y prendre très à l’avance pour réserver, faute de visibilité, et ainsi bénéficier des meilleurs prix.
    La SNCF prend le risque de voir ses clients attendre le dernier moment.

  30. La réduction des possibilités, ou la situation monopolistique.

    Dans les deux cas les exploitants ont le même intérêt à remplir leur exploitation : salle de spectacle ou avion.

    Un déplacement planifié permet, pour la même prestation, de faire jouer la concurrence.
    Alors que planifier d’assister à un spectacle " vivant " (théâtre, opéra, concert, …), rend impossible toute concurrence entre différents exploitants.

    Ainsi, le producteur de spectacle " vivant " bénéficie d’une situation monopolistique.
    Cette situation lui permet d’imposer un prix initial.
    En cas de mauvaise appréciation de fréquentation du spectacle, le spectateur n’étant absolument pas dans une situation de nécessité, la solution la plus simple reste pour le promoteur d’attirer le spectateur à l’aide d’une baisse de prix.

    Au contraire, l’exploitant d’avion de ligne doit établir son tarif initial en fonction de la concurrence.
    En revanche, si une personne se présente à la dernière minute au guichet, la concurrence n’étant plus nécessairement à même de répondre au désire du voyageur, le " voyagiste " arrive en situation de monopole.

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