En me baladant sur rue 89, je tombe sur la question-réponse suivante : pourquoi le thé coûte-t-il aussi cher dans les cafés et restaurants? La réponse montre à quel point les gens sont éloignés du raisonnement économique le plus basique. La réponse apportée, en effet, se contente d’essayer d’établir un prix de revient du thé servi dans un bistrot, en le comparant avec celui d’un café, pour constater que le prix de vente est hors de proportion avec le prix de revient, ce qui signifie, bien entendu, que les cafetiers se font des appendices reproducteurs en or sur le dos des clients. Elle repose sur un vieux mythe : celui du “vrai prix” qui correspond au coût de revient, plus une marge “raisonnable” pour le vendeur; une approche qui comprend deux erreurs majeures.
Première erreur : le coût de revient d’un produit n’existe pas. Pour le comprendre, considérez l’exemple suivant. Je vais au marché, j’achète 10kg de chou à 1 euro le kilo, et 10kg de carottes à 2 euros le kilo. Pour aller au marché, j’ai acheté un ticket de bus qui m’a coûté 3 euros. Ma dépense totale est donc de 33 euros. Combien m’ont coûté les carottes?
Le problème est de savoir quelle fraction du ticket de bus je dois affecter aux carottes. Pour cela, j’ai trois possibilités :
– J’affecte le prix du ticket de bus au prorata des volumes de légumes achetés. J’ai acheté autant de choux que de carottes, donc je dois affecter 1,5 euros aux choux, 1,5 euros aux carottes. Les carottes m’ont alors coûté 21,5 euros en tout, soit 2,15 euros par kilo (les choux m’ont eux coûté 1,15 euros le kg).
– J’affecte le prix du ticket de bus en fonction de la valeur des légumes achetés. J’ai dépensé 10 euros en chou et 20 euros en carottes. Je dois alors affecter 1 euro aux choux, et 2 euros aux carottes.Les carottes m’ont donc coûté 22 euros, soit 2,2 euros par kilo (coût des choux : 1,1 euro le kg).
– En fait, j’étais allé au marché uniquement pour acheter des choux; les carottes ont été un achat décidé devant l’étal du marchand. Comme j’étais disposé à payer 3 euros pour acheter 10kg de chou, il n’y a aucune raison d’affecter le ticket de bus aux carottes. Dans ce cas, coût des carottes : 2 euros le kilo (et 1,3 euros le kg de chou).
Chacune de ces méthodes est logique et cohérente. Aucune n’est meilleure que les autres. Dès lors que je supporte des coûts fixes et des produits différents, il n’y a pas une bonne façon d’affecter les coûts fixes et de déterminer un “vrai coût de revient”. Les cafetiers doivent donc déterminer l’ensemble de leurs prix de vente en même temps, de façon à ce que leur activité dans son ensemble soit rémunératrice. Mais certainement pas en se basant sur un mythologique “coût de production unitaire” d’une tasse de thé. Ceci d’autant plus dans une activité (cafetier) dans laquelle une part très importante des coûts est constituée de coûts fixes.
Seconde erreur : les prix résultent de l’offre et de la demande. Il est frappant de voir à quel point les discussions sur les évolutions de prix négligent totalement le comportement des acheteurs, alors que celui-ci est tout aussi déterminant dans la formation des prix que le comportement des vendeurs. Comme le rappelle la métaphore des économistes, les prix sont déterminés par l’offre et la demande de la même façon que la feuille de papier est coupée par les deux lames du ciseau en même temps. A la question “pourquoi la tasse de thé coûte-t-elle si cher?” l’économiste répond : parce que les acheteurs de thé sont disposés à payer ce prix.
Cela peut sembler tautologique; pourtant, relisez l’explication sur Rue 89, jamais vous ne verrez la moindre référence faite au comportement des consommateurs, sauf pour dire que le thé est perçu comme “un produit de luxe” ce qui ne veut strictement rien dire. La vraie question est la suivante : serait-il intéressant pour un cafetier de baisser le prix de la tasse de thé? Pour que l’opération soit avantageuse, il faudrait qu’il gagne des clients supplémentaires, au point de venir compenser la baisse de prix de vente unitaire. Le fait que la tasse de thé soit chère signifie que cette opération ne doit pas être très avantageuse (sans quoi, elle aurait été effectuée).
Conclusion : le prix de la tasse de thé est élevé dans les bars et restaurants parce que les acheteurs de thé sont en moyenne très peu sensibles au prix. On peut chercher des raisons diverses à cela; en général, on associe une faible élasticité de la demande par rapport au prix à l’absence de substituts satisfaisants. Cela revient à dire que les buveurs de thé veulent boire du thé, et rien d’autre. Si les buveurs de thé ont envie de payer moins cher globalement, il faudrait qu’ils quittent les établissements dans lesquels le thé est le plus cher; manifestement, pour eux, l’opération n’en vaut pas la chandelle.
Mais c’est une leçon de base : quelle que soit la question que vous vous posez sur des prix ou leur évolution, n’oubliez pas que toute explication qui néglige le rôle de la demande pour se limiter aux coûts est fausse. Cela vaut pour le thé, mais aussi pour les carburants.
Et si vous avez envie de vous amuser cette après-midi, est-ce selon vous l’offre (les coûts) ou la demande qui sont en cause dans les phénomènes suivants?
– les billets d’avion coûtent moins cher achetés en avance qu’au dernier moment; c’est l’inverse pour les places de théatre.
– Les ipods de couleur rouge coûtent 20% de plus que les ipods de couleur blanche.
– La location à la journée d’un smoking (coût, 2000 euros) coûte beaucoup plus cher que la location d’une voiture (coût, 20 000 euros).
– pourquoi les tomates vendues avec tige coûtent-elles plus cher que des tomates vendues sans tige?
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Vous êtes revenu du marché à pied avec 20 kg de légumes dans votre panier ou bien le ticket de retour était offert ?
Réponse de Alexandre Delaigue
C’est un ticket aller-retour 🙂
Pour le cas spécifique du thé/café: n’y a-t-il pas un effet de réseau: les cafés se battent sur le prix du café qui est la consommation majoritaire et comptent sur l’effet de réseau pour garder les consommateurs de thé qui préfèrent consommer un thé cher avec leurs copains buveur de café plutôt que d’aller tous seuls boire un thé dans un autre lieu où il serait moins cher.
Et ca marche même avec les impôts et taxes diverses, Pourquoi sont ils si élevé, parce que les gens accepte des les payer. 🙂
Bon article! Merci.
Quelques remarques néanmoins:
Vous faites un raisonnement macro, pas forcément valable en micro ou les coûts sont déterminants. Ce que je veux dire, c’est que l’erreur de Rue89 (ignorer la demande) ne doit pas transformer en l’erreur inverse (ignorer les coûts). Si les cours du thé explosent (je sais pas moi, une guerre civile au Skri Lanka? ^^) ou encore si le gouvernement décide d’instaurer une taxe sur le thé, le prix de thé sera probablement plus cher, sans qu’il n’y ait eu variation de la demande.
Alfred Marshall avait bien montré que si à court-terme, l’offre et la demande sont déterminants dans la formation du prix, à long-terme, ce sont les coûts qui sont déterminants. Au final, marginalistes et classiques ont tous les deux raisons.
Et puis, s’il y a sans doute plusieurs méthodes pour affecter les coûts fixes, elles ne sont pas libres pour autant (il y a des règles comptables).
Sinon, évidemment, les supermarchés affecteraient tous leurs coûts fixes à quelques produits, permettant ainsi d’évincer tous les concurrents sur les autres produits (nécessairement moins cher). Du coup, je ne suis pas sûr (mais c’est à vérifier) que votre troisième méthode d’affectation des coûts fixes soit légale, comptablement parlant.
Cela dit ces remarques n’enlèvent rien à la pertinence de votre article.
Réponse de Alexandre Delaigue
Si le cours du thé explose, la conséquence sur le prix de la tasse de thé dépendra aussi de l’élasticité de la demande (même chose dans le cas d’une taxe); si la demande de thé était très élastique par rapport au prix, les vendeurs seraient obligés de supporter la variation de coût et de laisser le prix inchangé.
"Le fait que la tasse de thé soit chère signifie que cette opération ne doit pas être très avantageuse (sans quoi, elle aurait été effectuée)."
Ou éventuellement que les cafetiers français manquent tous cruellement de créativité commerciale.
Cela dit, ce n’est pas le thé qui est spécialement cher, mais le café qui est bon marché dans les bistrots français (c’est généralement la consommation la moins chère en France ; ce n’est vraiment pas pareil dans les autres pays d’Europe).
Réponse de Alexandre Delaigue
Il est possible que les cafetiers français manquent de créativité commerciale; mais ils ne sont pas seuls sur ce marché (salons de thé, pâtisseries disposant d’un espace tables, etc…). Or les concurrents ne semblent pas non plus très intéressés par une stratégie de prix bas.
Le café n’est pas très cher dans les bistrots français, mais le plus souvent il est dégueulasse. Le thé, généralement en sachet, n’est pas toujours terrible, mais il n’est jamais immonde.
Votre raisonnement me paraît juste, et je le rappelle souvent, mais il me semble que les gens se posent inévitablement le genre de questions qu’on trouve dans l’article et les commentaires de Rue89; et ces questions font partie de l’équation qui définit les prix du thé, ou d’autres produits. En les posant, les consommateurs contribuent à accroître l’élasticité du prix. Si tout le monde se met à penser que le thé est trop cher dans les bistrots, les cafetiers seront amenés à contenir son prix – quitte à se rattraper sur d’autres. Enfin il me semble.
En clair, cette idée du "juste prix" n’est pas pertinente pour l’analyse économique du prix, mais elle est un outil (efficace?) de lobbying pour les consommateurs.
En somme, vous contribuez à saper l’argumentaire des consommateurs. Vous êtes vendu au syndicat des bistrotiers. Vous devriez avoir honte.
Réponse de Alexandre Delaigue
Pas forcément. Si les cafetiers réduisent le prix du thé, comme ils déterminent l’ensemble de leurs prix pour un taux de marge correspondant au coût du capital, ils devront augmenter le prix d’autre chose. Ce qui se ferait à mon désavantage, puisque je ne bois jamais de thé. Je suis donc un infâme homo economicus égocentrique.
"La réponse montre à quel point les gens sont éloignés du raisonnement économique le plus basique"
Vous, vous êtes éloigné du raisonnement sociologique le plus basique.
– Les 10 commentaires affichés dans rue 89 sont très éloigné d’un échantillon représentatif de "les gens".
– Rue89 est un site de "gauche".
– Les commentateurs sur rue89 sont essentiellement composé de jeunes gauchiste-utopique-humaniste-naif, très loin aussi d’un échantillon représentatif de "les gens".
Réponse de Alexandre Delaigue
Il est vrai que le sujet concerne les bistrots, mais ce n’est pas une raison pour faire de la sociologie de comptoir. Par ailleurs, si l’occasion de parler de ce raisonnement est venue de cet article sur rue89, vous le retrouverez partout, pas seulement dans la catégorie socio-idéologique que vous avez élaboré.
"vieux mythe" ! On m’aurait menti ?
Le manuel d’arithmétique du cours moyen (programme de 1945).
http://www.flickr.com/photos/sim...
Ne sous-estimez pas la puissance de l’imprégnation mentale du dressage de l’école élémentaire.
cf. le délicieux énoncé de l’exercice 1 :
"une voiture d’occasion qui lui revient, frais compris, à xxx fr."
Depuis le plan comptable général de 1982, on ne doit plus dire "prix de revient", mais "coût de revient". Le mot "prix" est réservé à quelque chose qui a été constaté lors d’une transaction, sinon, et en particulier si on calcule (tant pis pour le cours moyen), c’est un "coût".
Et donc conventionnel.
Cela rassure parfois de tomber dans ce genre d’oasis où la science économique est – a minima – connue.
Ce thème mériterait d’être discuté (un billet a venir ? Chiche !) sur le raisonnement a propos des salaires.
Le salaire est-il le loyer de la force de travail qu’un travailleur met au service d’un capitaliste qui maitrise le moyens de productions ? Ou le niveau des salaires est-il aujourd’hui dépendant de l’offre et de la demande de compétences (et ce a un niveau trans-national) ce qui reviendrait ainsi a cesser de meugler contre les salaires vertigineux des gros patrons, joueurs de foot et autres acteurs de cinéma ?
@Seb CaReagit : L’explication théorique (néoclassique) du niveau des salaires, largement accepté par les économistes, est que les salaires sont déterminés par l’offre et la demande de travail, c’est-à-dire par les déterminants de ces dernières. Ce n’est bien sûr que le début de l’histoire et l’économiste dispose dans sa boîte à outils d’autres explications théoriques pour expliquer la forte variation qui peut être observée dans la distribution des salaires. Parmi ces outils se trouvent par exemple les "compensating differentials" (prime salariale aux aspects déplaisants du travail), le capital humain, les explications de type capacités/aptitudes/effort/chance, et le phénomène des superstars. L’économiste s’intéresse ici à la manière dont les caractéristiques des travailleurs et des emplois influent sur l’offre de travail, la demande de travail et les salaires d’équilibre.
"La réponse montre à quel point les gens sont éloignés du raisonnement économique le plus basique."
Certes, mais le cafetier fait partie des gens. Il y a donc de fortes chances pour qu’il ne tienne pas le raisonnement économique exposé ci-dessus au moment de définir son prix. D’ailleurs, n’a-t-on pas de tout temps défini des prix alors que jusqu’à une époque relativement récente de l’histoire il n’existait pas de formulation très précise de la loi de l’offre et de la demande ? La question reste donc entière, ce me semble, de savoir comment les comportements de tous ces "gens" qui tiennent souvent des raisonnements "mythiques" (parce qu’ils ont un certain bagage culturel qui peut être, en autres, celui du manuel d’arithmétique de cours moyen présenté plus haut) se conforment sans qu’ils en aient clairement conscience à des lois qu’ils ignorent.
Réponse de Alexandre Delaigue
Le cafetier peut raisonner comme il le veut; le plus probable est qu’il observe les prix et les pratiques de ses concurrents et clients (pour cela, il est mieux placé que le commentateur doté d’une calculette) et qu’il détermine ses prix en conséquence. La modélisation par les économistes des mécanismes d’offre et de demande est une façon de représenter le résultat de ces comportements. Au passage, si la représentation de l’offre et de la demande date du 19ième siècle, l’histoire de choux et de carottes décrite dans ce post a été formulée dans les années 1930.
L’approche de l’article est intéressante (et contribue à ma culture économique pauvre à ce jour), mais ayant lu également celui de Rue89, je serais d’accord avec eux sur le fait que le thé "se boit plus lentement : ses amateurs monopolisent plus longtemps les tables" et que cela entraîne plus de vaisselle qu’un café.
De ces faits, les vendeurs (cafetiers) ne seraient pas disposés à facturer le thé au même prix qu’un café, qu’en pensez-vous ?
Merci pour l’amusement d’après-midi.
"Le cafetier peut raisonner comme il le veut; le plus probable est qu’il observe les prix et les pratiques de ses concurrents et clients (pour cela, il est mieux placé que le commentateur doté d’une calculette) et qu’il détermine ses prix en conséquence."
Effectivement, c’est le plus probable. Mais le sociologue (que je suis) ira vérifier. C’était d’ailleurs le sens de ma question. Car la question de la relation entre les résultats modélisés par les économistes et les comportements concrets qui ont conduit à ces résultats n’a rien de trivial. Voir notamment les travaux du CSI sur la formation des marchés :
http://www.csi.ensmp.fr/index.ph...
@ Maxime et Logopathe, le café ne serait pas cher dans les bistrots français ? Est-ce une blague ? Il est non seulement cher, mais en plus vraiment pas terrible. 1,90 € la tasse à Gare du nord (pas vraiment l’endroit le plus chic de France), ou 2,90 € au même endroit chez un boulanger célèbre servi dans un… gobelet en carton !
Allez donc faire un tour en Italie, là-bas, il est pas cher (à mon dernier passge environ 90cts ET excellent).
Moi, au restaurant, c’est eau du robinet. Payer cher "le coup de main" du chef, oui ; payer 5 fois le prix d’une bouteille que je peux avoir à l’identique chez moi, sans façon (rien que de le savoir me gâche le plaisir, alors…)
Question subsidiaire à l’hôte de ce blog : pourquoi les offres des 3 opérateurs de téléphonie mobile français sont-elles sensiblement les mêmes ? Offre et demande aussi ?
Je corrige #14, chez le boulanger, c’était un astronomique 3,90 € (et c’était presque de l’eau en plus), le café le plus cher de ma vie.
Bonjour
Votre site est vraiment intéressant, merci. Je le visite assez souvent et on apprend des choses. On apprend aussi votre vision des choses. Après avoir lu cet article, et le lien vers celui de 2005 sur les stations essence, je me dis que quand même, vous allez un peu loin.
Vous avez sûrement raison sur le principe : les prix, c’est bien l’offre et la demande qui le fixent. Mais autant chez Rue 89 ce sont les méchants vendeurs qui dictent leur loi, autant chez vous j’ai l’impression que vous remettez tout sur le dos du consommateur un peu bébête qui paye, de toute façon, et qui compare pas assez les prix pour les faire baisser. Mais Monsieur, si on doit passer notre temps à trouver:
– le café le moins cher
– la station d’essence la moins chère
– le billet de train le moins cher (ou d’avion, ou voiture)
– le resto le moins cher
– le tartampion le moins cher..
Eh bien on ne fait plus que ça!! Et on ne peut pas.
Si vous allez dans le désert, vous marchez, vous perdez votre eau, vous allez bientôt mourrir de soif, et par miracle vous croisez un saharaoui qui vous propose de la bonne eau, en bouteille de 2L, vous lui en demandez, il vous dit "Non mon gars, c’est 100€ la bouteille"… vous allez payer, mais l’autre est un vrai enfoiré. Le coupable, ce n’est quand même pas vous qui ne pouvez pas faire autrement. Il y a un juste milieu. L’exemple est un peu extrême mais bon c’est pour qu’on comprenne ce que je voulais dire.
Allez, je dois filer (et je dois faire le plein d’essence d’ailleurs!!)
@ Yannik : fr.wikipedia.org/wiki/Par…
"ce qui reviendrait ainsi a cesser de meugler contre les salaires vertigineux des gros patrons, joueurs de foot et autres acteurs de cinéma ?"
http://www.economics.harvard.edu...
License 1 en économie ici, j’essaye de comprendre.
N’est-ce pas aller un peu loin que de dire qu’il n’existe pas de coût de revient ? Je comprends votre exemple du ticket de bus ; mais que le ticket de bus soit difficilement intégrable au prix ou non, les carottes ont quand même coûté un minimum de 20€ quelque soit l’allocation du prix du billet. D’où un coût de revient de minimum 20€, non ? C’est la même chose pour les sachets de thé qui ont quand même un coût minimum
Par ailleurs, la demande ne dépend-elle pas dans une certaine mesure d’une évaluation des coûts de revient ? En tant que consommateur, il semble logique que je sois prêt à payer ce que j’estime être le coût de revient plus une marge raisonnable. Bien sûr, cela va au-delà d’une certain estimation du coût de revient et concerne mes préférences, etc. Ensuite, un commerçant qui met en place ses prix doit quand même considérer les coûts des produits : c’est bien un équilibre de l’OFFRE et de la demande, le commerçant doit avoir un certain profit marginal sinon il n’a aucun intérêt à vendre son thé.
Qu’en pensez-vous, s’il vous plait ? L’offre joue quand même un rôle, et l’offre doit bien prendre en compte ses coûts, non ? Après, les explications de Rue89 sont, j’avoue, très vaseuses.
A la lecture des commentaires des lecteurs de R89, j’ai de moins en moins d’espoir sur la compréhension par le grand public du mécanisme de fixation d’un prix. Pourtant il comprend parfaitement l’élasticité de la demande au prix et l’équilibre Offre/Demande lorsqu’il s’agit de mettre en vente leur bien immobilier à un prix qui ne repose sur "aucun" fondamental …
Ca doit être ce qu’il se passe pour le MacBook Air d’Apple.
Il est cher mais il y aura toujours des aficionados de la marque qui achèteront toujours ce genre de produits…
Est-ce que le coût de revient et le prix de vente ne sont pas censés converger du fait de la concurrence ?
pas taper SVP !
La critique sur les journalistes qui emploient le terme "Les français" pour qualifier un échantillon restreint de sondés (cf post Un jour ordinaire dans le monde merveilleux des faux nombres) s’applique aussi ici.
c’est un très bon blog sur l’économie,tout est très bien expliqué,en plus ce qui n’est pas évident en économie.Bravo.Peut-etre pouvez vous davantage illustrez votre blog.Excellent blog .
J’avais aussi vu cette discussion hallucinante sur Rue89 et m’étais fait exactement la même remarque. Après je n’ai pas eu le courage de me fendre d’une réponse, sachant bien que pour les commentateurs dudit site (pas pour les lecteurs en général à mon avis) un économiste est forcément un gars un peu plus fréquentable qu’un SS, mais moins quand même qu’un membre du Ku Klux Klan.
Merci de vous être dévoué donc, même si je pense que c’est forcément un peu donner de la confiture à des cochons sachant qu’il n’est pire sourd que celui qui ne veut point entendre, et autres apophtegmes appropriés.
@Alexandre
Ce que vous voulez dire, n’est-ce pas finalement que:
Dans le prix final, le rapport entre la part objective (les coûts de production, ou "prix de revient", appelez ça comme vous voulez) et la part subjective (l’offre et la demande) est déterminé par l’élasticité-prix du bien produit: si la demande du bien est très élastique (par exemple parce qu’il est facilement substituable à un autre), la part objective sera relativement plus importante que la part subjective (le prix final aura tendance à "coller" au prix de revient). Si la demande du bien est peu élastique, la part objective sera relativement moins importante que la part subjective (le prix final pourra être partiellement ou totalement déconnecté du prix de revient).
J’ai bon?
"serait-il intéressant pour un cafetier de baisser le prix de la tasse de thé ? Pour que l’opération soit avantageuse, il faudrait qu’il gagne des clients supplémentaires, au point de venir compenser la baisse de prix de vente unitaire. Le fait que la tasse de thé soit chère signifie que cette opération ne doit pas être très avantageuse (sans quoi, elle aurait été effectuée)."
Je doute que les cafetiers soient des experts en revenue management, et je suis prêt à parier que la fixation du prix d’un sachet de (l’infâme mais helas incontournable) Lipton Yellow est le dernier de leurs soucis.
Il résulte amha au moins autant d’une tradition et d’une "entente inconsciente" entre cafetiers que de la faible élasticité demande-prix.
A titre personnel, je rentre pile-poil dans la catégorie des consommateurs ayant une préférence pour le thé, mais n’en prenant jamais dans un bistrot à cause du prix prohibitif (et rarement dans des restaurants, à la seule condition que leur offre présente une certainte valeur ajoutée – par exemple en proposant un thé un peu inhabituel)
Dans le même ordre d’idées, je serais preneur d’une analyse (un peu plus fouillée que ce billet coécrit sur Rue 89, qui ne me semble pas être un des meilleurs lus sur econoclaste :)) de la politique de fixation du prix du vin par les restaurateurs français. Je suis convaincu que l’élasticité demande-prix y est plus grande, et que beaucoup y gagneraient à réduire, un peu, les coeffs qu’ils appliquent …
Il semblerait qu’en matière de prix immobiliers nous soyons encore dans le domaine de la croyance dans une hausse constante des prix en 2011 alors que sur le terrain , en province notamment, les prix baissent, avec des affaires en or dans des villes comme Saint-Mihiel, Joinville, Dole, Santec ou Parthenay par exemple.
En France, nous avons l’occasion de traverser de nombreuses régions en camping-car et nous sommes surpris par:
–le nombre élevé de panneaux à vendre ou à louer
— le nombre élevé de logements aux volets clos, libres ou semblant abandonnés parfois
— le nombre élevé de fonds de commerce à vendre ou à louer
— la volatilité des prix affichés ici ou là
–le nombre de fermetures d’agences immobilières
C’est un simple constat que l’on peut faire si on a l’occasion de traverser un peu notre pays.
Ce qui est sûr c’est que les prix baissent et de particulier à particulier il est même possible de faire baisser encore les prix.
Parallèlement la crise économique semble loin d’être terminée, le chômage augmente, le nombre de ménages surendettés augmente aussi.
Enfin il est de plus en plus difficile d’obtenir un prêt immobilier important dans le contexte actuel , les organismes prêteurs semblant fragilisés par le poids de la dette américaine qui risque bientôt de s’avérer ingérable…
Ce qui est préoccupant c’est cet écart entre la réalité du terrain et le discours optimiste des différents experts immobiliers, or ce qu’on constate c’est que de nombreux biens immobiliers sont en vente depuis des mois et que bien que leur prix baisse, ils ne trouvent toujours pas d’acheteurs.
Il semble donc prudent d’attendre encore avant d’acheter un bien immobilier, d’ici 2012 ou 2013 les prix devraient encore baisser de 10 à 15% au moins…
Bonjour,
Je pense que depuis TRÈS longtemps, le prix d’un service, ou produit n’est plus le résultat de l’offre et de la demande.
Mais plutôt fait en fonction du prix maximal psychologique que le consommateur peut payer pour avoir ledit produit/service.
Des économies d’échelles pour réduire le coût du thé ?
Pourquoi le commerçant ne ferait pas plus de bénéfice sur le même produit ?
Étrangement je pense que cette théorie reste bonne lorsqu’il s’agit de faire grimper les tarifs, mais très rarement lorsqu’il s’agit de les faire baisser…
Réponse de Alexandre Delaigue
heu… le prix que les gens sont prêts à payer, ca s’appelle la demande, sans vouloir vous contrarier.
En effet, mais ce que je veux dire c’est que la demande est faussé.
On pourrais aujourd’hui presque augmenter les prix de tous les produits services existants par 50%, il y aurait toujours quelqu’un pour acheter.
C’est cette notion même de demande que je trouve étrange.
Réponse de Alexandre Delaigue
Voulez-vous dire que le plus souvent, la demande sera une fonction décroissante du prix? Intéressant…
Dans ce cas expliquez moi cet exemple (parmis tant d’autres)
Un logiciel, ou DVD culturel coute beaucoup plus cher qu’un DVD de film ou d’un jeux PC/PS3 etc…
Pourtant, il ne faut pas être grand devin pour savoir que ces produits ne se vendent pas beaucoup.
Si on respecte alors la fameuse offre/demande, on devrait se retrouver avec des produits culturel bon marché.
Or il n’en est rien…
Je ne raisonne pas en logique économique, mes connaissances sont affreusement limitées. C’est une simple constatation du monde réel.
L’autre jour sur BFM TV, ils ont fait un sondage sur le prix du pain. La question demandait si les gens acceptaient de payer une baguette à 1,50 €.
En passant, dans les reportages, il était question d’un prix moyen de 80 c€ de la baguette traditionnelle. Cependant, l’an dernier je n’ai pas vu une seule baguette de boulangerie en-dessous de 90 c€. Mais peut-être que la baguette traditionnelle comprend les horreurs vendues en grandes surfaces.
bref, 90% des internautes téléspectateurs de BFM TV ont répondu non sur le site de la chaîne. Je m’y attendais, mais j’ai quand même été surpris par l’aspect massif de la réponse. Cette chaîne prétend être orientée sur l’économie, les téléspectateurs devraient donc être quelque peu au courant que l’inflation va de toute façon faire gonfler le prix qui un jour atteindra donc les presque dix francs, et que même à ce prix, les Français continueront à l’acheter puisqu’ils ne peuvent pas s’en passer.
D’ailleurs, le Publistore (à Paris, sur les Champs), vend sa baguette à 1,50 € me semble-t-il.
S’il la vende, et à ce prix, c’est qu’il y a des clients pour venir l’acheter.
Vivant à l’étranger, je peux vous dire que la baguette artisanale à deux euros, je n’hésite pas à la payer. Au moins elle ne pourri pas en deux jours (pain de mie en Irlande, yummy).
Mouais…
De façon absurde, les prix sont toujours déterminés par l’offre et la demande, puisqu’il y a toujours quelqu’un qui vend et quelqu’un qui achète.
Maintenant, une fois qu’on a dit ça, faire comme si cette définition était suffisante pour supprimer toutes les questions de rapport de force entre vendeurs et acheteurs me semble vraiment cavalier.
Sur le thé :
– Les consommateurs de thé étant nettement moins nombreux que ceux de café, on peut faire l’hypothèse que les cafetiers mettent du thé sur leur carte par pure convention sociale mais très cher pour avoir le moins de clients possibles sur cette consommation. Ils n’y perdent pas grand chose et ils peuvent se concentrer sur le café.(En plus ils s’y connaissent encore moins en thé qu’en café : essayez d’obtenir un Lapsang Souchong semi-fumé chez un bistrotier pour voir). Si un jour Lipton, ou n’importe quelle autre firme, parvient à rendre le thé désirable, peut-être que les habitudes des consommateurs changeront.
– Les vrais amateurs de thé font leur thé chez eux, et ils boivent alors quelque chose de satisfaisant (en terme de coût et de caractéristiques organoleptiques). Lorsqu’ils se retrouvent dans un café avec des "amis", ils sont "obligés" par la convenance sociale de consommer (d’ailleurs on va dans un café essentiellement pour des raisons sociales et pas pour consommer un produit, la plupart du temps). Ils prennent alors éventuellement un thé, en sachant pertinemment que le prix est "trop élevé", mais ils payent, comme les romains payaient pour faire des sacrifices aux Dieux.
En faite, il y a trois "Demande" dans votre histoire :
1- La demande mesurée : la quantité de monnaie utilisée pour payer certains produits
2- La demande "rationnelle" : L’homo economicus fait son calcul d’optimisation pour savoir quel prix il peut mettre dans quel produit.
3- La demande "sociale" : Des dizaines de facteurs autres que rationnels agissent sur la prise de décision des acteurs (et notamment les conventions sociales, mais pas seulement)qui vont conduire à la décision d’achat.
Le problème dans votre post c’est que vous faites comme si 1 et 2 était identiques, alors que c’est 1 et 3 qui le sont.
Un autre exemple de la dichotomie entre 1 et 2 est le marché actuel de l’immobilier. Une simple règle de trois permet de voir que la valeur vénale est bien inférieure à la valeur d’échange, pourtant des centaines de milliers de Français achètent leur immobilier trop cher (et très souvent en étant parfaitement conscient de la chose).
"le Publistore (à Paris, sur les Champs), vend sa baguette à 1,50 € me semble-t-il. "
Fauchon aussi, et je confirme : il y a des clients pour venir l’acheter (moi hier, et je n’étais pas le seul).
Moralité : la formation des prix, c’est bien plus compliqué que ce que disent les économistes…
Réponse de Alexandre Delaigue
Gné? ce genre de prix, je le fais à mes élèves lors des premiers cours… C’est la base.
Un épisode 43 sur le même site :
eco.rue89.com/2011/03/08/…
Pourrions nous imaginer imaginer un bistrot/restau où l’on appliquerait un système de prix de la sorte.
4€/h pour une table.
2€/h par personne. (pour payer le loyer et les charges)
50cts/conso (pour payer le barman)
Les boissons à prix quasi coutant.
Ca aurait l’avantage d’être transparent, d’inciter à la consommation annexes (qui prend encore un dessert surgelé à 8€ après un plat du jour à 11€?), d’éviter certains problèmes des squattes de terrasses pour faire fuir la clientèle, etc.
Bonjour,
Je travaille sur la tarification des repas dans les restaurants scolaires lycéens. La méthode de la région est d’abord déterminer le coût pour ensuite déterminer le tarif. Cependant, peut-on dire qu’il existe un prix de reviens pour ces repas ou la encore tout dépend de la manière dont les coûts fixes sont répartis?
merci!