L’histoire met parfois du temps à s’écrire…

Je songe à écrire une question-réponse sur le modèle à générations imbriquées avec capital, dit “modèle de Diamond”. Etudiant, alors que j’en entendais parler depuis plus de deux ans, il a fallu néanmoins que je sois en DEA pour qu’on m’explique que le modèle à générations imbriquées que je pensais être une création exclusive de Samuelson, suivi ensuite par Diamond, avait été inventé à la même époque par Allais (en 1947, dans son ouvrage “Economie et intérêt”, si je ne m’abuse).

Pourquoi cela ? L’explication officielle qui m’a toujours été servie concernant Allais, valable pour ce cas comme pour d’autres(et notamment le caractère tardif de son prix Nobel), est son absence de publications en anglais. Pour être franc, je n’ai jamais cherché à vérifier cette assertion. Peu importe. Bref, longtemps oublié de l’histoire de la science économique du 20ième siècle, Allais a été récompensé en 1988 “for his pioneering contributions to the theory of markets and efficient utilization of resources”. Et pourtant, le modèle à générations imbriquées reste toujours très officiellement l’oeuvre de Samuelson-Diamond. Alors quelle surprise de lire dans des notes de cours de Drazen que “The basic overlapping generations (OLG) model is due to Samuelson (1958). (Allais independently formulated a very similar model.)”. Je lance un grand jeu, consistant à me rapporter des citations du même ordre (dans des textes anglo-saxons).

A part ça, concernant la question-réponse, je m’interroge toujours sur quoi faire. Un peu technique ou quasiment pas ? Avec un panorama des applications de ce modèle ou simplement une présentation générique (voire avec d’autres questions-réponses pour illustrer) ? Pas simple…

Add : Blanchard et Fischer mettent Allais en exergue dans leur chapitre sur les modèles à générations. Mais compte tenu de la nationalité de Blanchard, ça compte comme texte anglo-saxon ?

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3 Commentaires

  1. Je vous encourage à écrire votre note. Le modèle de Samuelson (1958) est-il si technique ? En tout cas, son étude m’a passionné (quel style !). David Romer, dans son manuel de macroéconomie, propose un modèle très simple inspiré de Samuelson. Je vous le recommande. L’une des forces de la contribution de Samuelson (je n’ai pas lu Allais !) est d’expliquer qu’il n’y a pas, en régime de croisière, de réelle différence entre système par répartition et système par capitalisation pour financer des pensions de retraite. C’est le genre de conclusion qui me fait apprécier d’avoir reçu une formation en économie !

  2. "Le modèle de Samuelson (1958) est-il si technique ?"

    Sur une échelle de 1 à 20 en technicité, je mettrais 14. Disons qu’on peut même monter un peu plus haut avec certaines variantes du modèle. Quoi qu’il en soit, il fait partie des modèles pour lesquels un résumé littéraire ne suffit pas, à mon avis. Bon, après, ce qui est technique et ne l’est pas, c’est affaire de compétences techniques. Donc subjectif.

    "il n’y a pas, en régime de croisière, de réelle différence entre système par répartition et système par capitalisation pour financer des pensions de retraite"

    Je ne sais pas exactement ce que vous voulez dire par là.
    Normalement, le message du modèle est qu’avec un système par répartition, on peut sortir d’une situation sous-optimale au sens de Pareto (suraccumulation), alors que la capitalisation ne servira à rien. Sous l’hypothèse que la capitalisation est volontaire. Si la capitalisation est contrainte, alors, oui, ça ne changera pas grand chose. Ce qui, je suppose, est le sens de votre remarque.

  3. Oui, pour votre seconde remarque.

    Pour compléter mon commentaire et ajouter quelque chose au vôtre, Samuelson (1958) suggère en outre l’invention ingénieuse de la monnaie comme solution au paradoxe de sous-optimalité qu’il explicite (bien que chaque agent pourrait connaître un mieux s’il donnait la moitié de son patrimoine de jeunesse à son prédécesseur, en recevant en retour la moitié de son successeur, il n’y aura pas d’échange sur le marché ! ; un père peut bénéficier des ressources de sa fille mais n’a rien à offrir en retour ; système incomplet de marchés). Samuelson (1958) fournit un exemple d’une économie dans laquelle l’équilibre concurrentiel n’est pas nécessairement celui que choisirait un planificateur central. Plus fort : l’équilibre concurrentiel peut ne pas être optimal au sens de Pareto.

    Par ailleurs, autre force peut-être, Samuelson (1958) s’intéresse à la détermination des taux d’intérêt garantissant la survie de tous les hommes sans introduire de morale ou d’altruisme, sans supposer que les enfants, après avoir été élevés par leurs parents, doivent subvenir à leurs besoins, sans… etc., en laissant faire le marché (pour le dire vite).

    Enfin, bien que le style de Samuelson soit réjouissant, on rencontre, à la lecture du texte, un problème de ton qui est difficile à cerner chez lui. Il y a de l’ironie partout !

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