L’autre problème de la finance

En lisant l’anecdote d’une épargnante ayant perdu 540 000 euros dans l’affaire Madoff -ou plus tard, celle-là – ma première réaction a été de hausser les épaules. Voilà, me suis-je dit, quelqu’un qui a agi en dépit du bon sens. Si l’on en croit la presse, elle a vendu un appartement parisien pour environ 800 000 euros, et a placé l’essentiel de cette somme sur un fond luxembourgeois d’Used to Be Smart, lequel a ensuite tout confié à Madoff. Dès le départ, mettre une telle fraction de son patrimoine dans un seul fond était une idée extrêmement imprudente, surtout lorsqu’on ne sait pas exactement ce que contient ou fait ce fond. Et puis, je me suis dit que cette première réaction était stupide. Mettons-nous à la place d’un épargnant standard, qui dispose d’un patrimoine à placer, mais ne dispose pas de connaissances particulières dans ce domaine; il est vraiment mal barré.

Il arrive que des gens dans cette situation, au hasard d’une conversation, me demandent des conseils de placement. Le premier conseil que je leur donne est le suivant : faites attention au conseiller clientèle de votre banque, il va probablement chercher à vous fourguer des produits maison qui n’ont que peu d’intérêt pour vous. Dans son récent livre consacré aux finances personnelles, John Kay décrit bien l’expérience typique de l’épargnant qui va voir son conseiller de clientèle à la banque; le plus souvent, le conseiller n’en sait pas plus que lui, ne cherche pas tellement à connaître les besoins de son client, mais est rémunéré à la commission pour lui faire placer son argent dans des produits structurés élaborés par sa banque, produits que lui-même ne connaît pas, et qui sont décrits sous forme d’une brochure apétissante contenant de beaux graphiques en couleur indiquant les (magnifiques) performances passées, un avertissement légal obligatoire selon lequel “les performances passées ne sont pas un indicateur des performances à venir”, et des petites lignes parfaitement incompréhensibles sur la façon dont les fonds sont placés.

Et quelles sont les alternatives de notre épargnant? Il peut consulter la presse financière, mais celle-ci aussi a de gros problèmes d’incitations. Comme la presse financière dépend largement des annonces légales au moment de grandes opérations financières (émissions de titres, rachats d’entreprises) elle n’est guère incitée à donner des conseils négatifs; il y a toujours beaucoup plus de recommandations d’achats de titres que de recommandations de ventes. La presse spécialisée est aussi biaisée dans le sens de la perspective “bon tuyau” de la bourse, comme si investir avec succès, c’était identifier des bons coups (comme au champ de courses…) et est farcie d’articles indiquant que telle entreprise, ou tel secteur, est “sous-coté”, en se fondant souvent sur une comparaison entre les cours passés et le cours actuel; alors que la première chose que l’on doit savoir en matière boursière, c’est que les bons coups sont très rares, et que l’information publique (à la différence de l’information privée provenant d’initiés) est déjà dans les cours; et que la caractéristique des cours boursiers, c’est qu’ils évoluent indépendamment de leur histoire, que le passé n’apporte donc aucune information valable sur l’avenir.

Ou alors, notre épargnant pourra acheter un livre sur l’investissement malin; mais là aussi, il peut s’interroger sur les motivations de l’auteur. Ecrire un livre est un gros travail, et ne rapporte pas énormément par rapport à ce travail (vous pouvez me croire). Si quelqu’un dispose vraiment d’une martingale permettant de gagner de l’argent en bourse, de faire mieux que la performance du marché, pourquoi se fatigue-t-il à écrire un livre qui ne va lui rapporter au mieux que quelques milliers d’euros?

En bref, il y a une très grande asymétrie d’informations en défaveur de l’épargnant; le résultat, c’est que le patrimoine des gens est souvent mal placé. Les gens se retrouvent à prendre des risques qu’ils ne souhaitent pas prendre, sans s’en rendre compte (comme les particuliers dont l’argent s’est retrouvé chez Madoff); ils ne reçoivent pour leurs placements qu’une rentabilité inférieure à ce à quoi ils pourraient prétendre, étant donnée leur exposition au risque; leur patrimoine est très insuffisamment diversifié; le patrimoine immobilier y joue un rôle disproportionné; aux USA, nombre de salariés ont leur plan d’épargne retraite 401(K) lourdement chargé en actions de leur employeur, alors que si celui-ci fait faillite, ils perdront et leur emploi et leur épargne (cf Enron); ils paient des frais de gestion pour bénéficier d’une performance inférieure à celle du marché dans son ensemble. Ils sont même encouragés par la fiscalité à agir dans ce sens; celle-ci avantage lourdement des produits élaborés par les banques, au détriment de l’investisseur individuel. Résultat, même en fournissant une performance inférieure à celle du marché, les banques peuvent donner des résultats après impôts supérieurs à la performance du marché après impôt; au bout du compte, les exonérations fiscales sont une façon par l’Etat de subventionner une gestion de fonds médiocre. De la même façon, les institutions financières situées dans les paradis fiscaux disposent d’une rente naturelle qui ne les incite guère à fournir un service vraiment utile à leur client, autre que de la simple optimisation fiscale.

Polydamas dirait certainement que je noircis le tableau; il y a énormément de gestionnaires de fonds qui font honnêtement leur travail, apportent un authentique service à leurs clients, et cherchent vraiment à satisfaire leurs besoins. Il aurait certainement raison; le problème, pour le client, c’est qu’il est extrêmement difficile de distinguer les bons des mauvais. Et ce que montre l’affaire Madoff, c’est que même pour des spécialistes, cette distinction est extrêmement difficile à faire.

Surtout, lorsque quelqu’un, mal conseillé, fait de mauvais choix de placements, il ne peut s’attendre à aucune commisération. La réaction qu’il verra le plus souvent, c’est “il fallait faire attention” (on peut aller voir pour un échantillon les commentaires de lecteurs des articles cités plus haut). Quand on prend des risques, on assume. Et la réglementation en la matière, visant à prévenir les épargnants des risques qu’ils prennent, est particulièrement mal fichue. Récemment, suite à une réglementation européenne, la société de bourse auprès de laquelle j’ai quelques titres qui se battent en duel (et s’effondrent) m’a placé dans une catégorie “amateur”; du coup, ils m’ont envoyé une épaisse documentation, plutôt pas mal faite, mais franchement indigeste; surtout, maintenant, faire des transactions sur mon portefeuille ressemble à l’achat d’un paquet de clopes, si l’on compte les avertissements que l’on lit partout. Je doute que tout cela soit très utile.

Et quand on y réflechit, il y a là une forme de marché au fonctionnement assez particulier. Il est bien difficile de trouver un secteur qui ressemble à cela. Pour les économistes, les marchés avec ce genre d’asymétrie d’information sont des “market for lemons“, des marchés de voitures d’occasion. Mais à ma connaissance, on n’a pas tant de problèmes que cela en achetant des voitures d’occasion. Vous en connaissez beaucoup, vous, des marchés sur lesquels quand on va voir un vendeur, on doit passer plus de temps à se demander quelles sont ses incitations qu’à l’écouter? Et où quand on a été mal informé, on nous explique que c’est de notre faute?

On y est tellement habitué qu’on n’y prête plus attention, mais l’essentiel des producteurs qui nous entourent fonctionnent, au sens que l’on peut leur faire confiance. Quand je vais acheter mon bifteck, je ne me demande pas si le boucher va chercher à me fourguer de la viande pourrie; Lorsque j’achète un paquet de céréales au supermarché, il n’y a pas de différence entre ce que décrit l’emballage et le contenu de la boîte, et je ne dois pas lire de petites lignes m’indiquant que le fait d’avoir toujours eu des pétales de mais glacés au sucre dans ces boîtes ne me garantit en aucun cas d’en avoir cette fois-ci. D’un bout à l’autre de la planète, dans les endroits les plus improbables, on trouve des bouteilles de Coca-Cola qui ont toujours le même goût. Quand je rentre chez moi et que j’allume l’électricité, cela fonctionne. Même des marchés clandestins et sans règles semblent mieux fonctionner : pour ma maigre et indirecte connaissance de la chose, les consommateurs de cannabis semblent satisfaits des caractéristiques des produits qu’ils achètent. Il y a évidemment des dysfonctionnements de temps en temps; mais dans l’ensemble, les producteurs, qu’ils soient publics, privés, quelles que soient les conditions de la concurrence, sont dignes de confiance. Le vrai market for lemons, c’est celui des actifs financiers pour les particuliers. Et quand on en subit les conséquences, la seule chose à laquelle on peut s’attendre, c’est des gens qui vous disent “caveat emptor”.

Quelles sont les solutions? La réglementation sur l’information à fournir aux épargnants tend à se durcir, mais sous une forme qui laisse perplexe dans sa capacité à réduire vraiment l’asymétrie d’information. Robert Shiller propose de fournir une sorte de service public de l’information financière; CH est sceptique. La solution passe peut-être par un mélange d’éducation (mais sous quelle forme, et à quel moment?) et de réflexion sur les institutions. En commençant par s’interroger sur la bizarrerie d’une activité aussi banale, mais qui satisfait aussi mal ses clients.

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Alexandre Delaigue

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42 Commentaires

  1. Il n’est pas nécessaire d’aller aussi loin : après tout, lorsqu’un produit est trop significativement différent de ce qui est écrit sur l’emballage, on qualifie assez facilement la chose de tromperie ou d’escroquerie.

    Laisser les lois ordinaires s’appliquer au commerce des produits financiers serait donc certainement un bon début.

    Pour avoir épluché les documents laissés à un souscripteur de mes amis par un groupe très réputé d’assurance-vie, je garde le sentiment que la volonté d’égarer la curiosité du souscripteur est patente. Même les caractéristiques des FCP auquel souscrit l’épargnant ne sont disponibles que "sur simple demande".

  2. Il y a aussi les frais bancaires qui gênent toute diversification pour les petits/moyens épargnants et qui font que la seule option pour les petits épargnants est de choisir le placement tout pourri de leur banque.

  3. Vous exagérez un peu. Il est moins difficile de placer son argent que d’acheter une voiture et il suffit de respecter deux ou trois règles simples:

    – Ne faites confiance a personne d’autre que vous;
    – N’achetez rien si vous ne comprenez pas ce que c’est; passez y le temps qu’il faudra sachant que si c’est trop difficile, il vaudra mieux éviter.
    – Ne croyez pas au Père Noël, il n’y a pas de rendement de plus de 1 a 2% réels sans risques. Un rendement risqué ne donnera dans la durée que moins de 6% réel. Si on vous offre plus fuyez.
    – Évitez les investissements défiscalisés; ou alors faites un travail de terrain qui vous fera réaliser que le vendeur vous entube en scope et couleur. Vous éviterez de toute façon.
    – Investissez ce que vous ne pouvez pas vous permettre de perdre essentiellement dans le fonds Euro d’une assurance-vie de bonne réputation d’une compagnie de bonne réputation ;
    – Pour le reste ne cherchez pas la martingale investissez dans un index aussi large que possible (ou un mélange d’index dans un soucis de diversification); laissez mitonner longtemps sans vérifier journellement les cours (2 fois par an maxi).
    – N’oubliez pas que les arbres ne montent jamais jusque au ciel et que tant que vous pouvez travailler, rien n’est perdu.

    C’est quand même pas les X Commandements.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Bien évidemment; j’avais fait un post il y a quelques temps avec des recommandations de ce type. Mais qui les émet, à part les gens qui s’y connaissent? Et feriez-vous une liste aussi longue à un acheteur de voiture (sauf en ce qui concerne son crédit auto…)?

  4. Si on se dit que les "petits" épargnants qui boursicotent seront en moyenne toujours perdants car ne disposant ni du temps, ni des compétences, ni des connaissances des investisseurs professionnels, alors cette activité n’est peut-être qu’un simple jeu ("activité divertissante, soumise ou non à des règles, pratiquée par les enfants de manière désintéressée et par les adultes à des fins parfois lucratives")

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Ben non. D’abord parce que les compétences et les connaissances des professionnels sont largement surrévalués, et leur activité est largement nourrie par l’ignorance du public et les niches fiscales. Ensuite parce que bien gérer son épargne, ce n’est pas un jeu; pour beaucoup de gens, cela pourrait être l’occasion d’avoir une vie bien plus prospère et plus sûre. Epargner, ce n’est pas “boursicoter”… Mais ce mépris fait partie du problème. On s’occupe de son épargne comme on va voir les prostituées : sans en parler à personne, parce que personne ne vous félicitera pour votre sagesse, et tout le monde se moquera de votre folie.

  5. "le passé n’apporte […] aucune information valable sur l’avenir"

    Alors là, c’est moche de se moquer des modèles financiers, justement durant ce (court ?) laps de temps où le "mark to model" a un peu de mal…

    Sinon, le passé donne évidemment plein d’informations utiles aux modèles, dont on se demande, en son absence, comment ils seraient calibrés !

    Après, évidemment, il faut voir que le modèle fait des hypothèses : par exemple, la volatilité reste constante (Black & Scholes "de base") ou alors évolue de telle ou telle manière, avec calibration sur le passé.

    La question principale étant de s’interroger sur la pertinence de ces hypothèses !

  6. Du point de vue du modeste épargnant que je suis, j’ai toujours été surpris par le manque de connaissance des différents conseillers que j’ai été amené à rencontrer.

    Bien peu connaissaient bien les produits qu’ils étaient censer me vendre. Parfois même je connaissais mieux leurs produits qu’eux !

  7. Ne s’agit-il pas tout simplement d’honnêteté?
    Dans ce cas ce n’est pas "l’autre problème" mais le "premier problème" de la finance.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Il n’y a pas de raisons que les gens soient plus malhonnêtes dans un secteur plutôt que dans un autre.

  8. je ne sais pas si les erreurs sont principalement dues a l’asymetrie d’information. les gens font des erreurs tellement grossieres parfois (investir dans la firme ou ils travaillent…) et ils n’ecoutent pas les bons conseils qu’on leur donne, pas si dur a trouver que ca. les gens comprennent tres mal le risque.

    la reference sur le sujet c’est un recent paper de Campbell et coauteurs, JPE 2007 ou 2008, avec des donnees extraordinaire (En suede).

    cf aussi ses slides sympas:
    kuznets.fas.harvard.edu/~…

    sur les subprimes, les gens qui ont pris des emprunts s’en sortent bien (en gros ils ont loue pr pas cher, avec une option d’achat si tout va bien…), ce sont ceux qui leur ont prete qui se sont plantés!!!

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Ben oui mais c’est quand même un problème invraisemblable : les gens ont une stratégie de placement merdique, et la seule réponse qu’on puisse donner, c’est “c’est de leur faute, ils font des erreurs”. Vous connaissez d’autres marchés dans lesquels l’allocation est mauvaise, et dans lesquels on dit que c’est uniquement la faute des acheteurs qui ne savent pas ce qu’ils font? Je n’ai pas besoin de m’y connaître en mécanique pour acheter et conduire une voiture qui fonctionne, de m’y connaître en chimie pour acheter une lessive qui lave mes fringues. Pour la finance, il faut s’y connaître pour bénéficier d’un service potable, se méfier de son vendeur, et tout le monde semble trouver cela normal.

  9. D’un autre coté, chacun est libre de laisser son argent sur son compte en banque, sur lequel il est quand même très bien garanti, du moins, pour un montant correspondant à cinq ans de salaire net moyen.

  10. Toujours pas économiste, pour ma part, mais la comparaison entre les produits financiers et les produits de consommation courante me semble oiseuse : de nombreux exemples prouvent qu’on a tout intérêt de se méfier aussi de ce que l’on nous vend, que ce soit chez le boucher du coin (affaire de la viande périmée javellisée) ou l’hypermarché standardisé : remballe, ingrédients médiocres, substitution d’ingrédients (le cas du chocogras est édifiant : blog.monolecte.fr/post/20… additifs douteux, etc. La consommation aussi est devenue un sport de combat.

    Quant à l’asymétrie de l’information, je pense qu’elle est une condition essentielle du bon fonctionnement du marché… pour les prédateurs qui en profitent. Autrement dit, il y a toujours eu besoin de bans de petits poissons ignorants pour nourrir les gros squales. Si on prend la bulle immobilière, il était essentiel qu’il y ait des acheteurs naïfs pour permettre la prise de bénéfice au sommet de la vague, des petites gens qui se sont fait enfler la tête à coup de projections dithyrambiques, d’émissions formatées "tous proprios pour seulement 600 000€!" et autre fiscalité incitative, à l’heure où quiconque suivait un tout petit peu l’histoire savait que les arbres ne montent pas au ciel, qu’il est anormal que les prix doublent en quelques années (et pas les revenus) et que tout cela allait finir par s’arrêter brutalement.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Faut pas déconner non plus, hein. On est tellement habitué à ne pas avoir de problème en consommant qu’on en vient à monter en épingle le moindre dysfonctionnement, en oubliant que ceux-ci sont rarissimes pour l’essentiel des choses qu’on achète.

  11. -l’exemple des market for lemons est approprié car l’autre domaine dans lequel on a souvent l’impression de se faire avoir est bien les relations avec les garagistes.
    -pour la finance: un problème supplémentaire à celui des asymétries d’information est que l’horizon temporel sur lequel on juge sa banque est a priori assez long (et incertain) et donc la concurrence marche moins bien.
    Lorsqu’il s’agit de trouver le meilleur taux pour un emprunt la concurrence ne marche pas si mal que cela (ok, l’asymétrie d’information est dans l’autre sens).
    La culture économique des conseillers financiers et autres chargés de clientèle est à l’image de celle du "grand public" voire de nos décideurs… assez nulle

  12. Merlin recommande d’"Évitez les investissements défiscalisés" : en tant qu’épargnant ignare, j’aurais au contraire tendance à me jeter dessus, car la défiscalisation joue comme une garantie de sérieux : on n’imagine mal l’état défiscaliser des placements pourris.
    Ce que je ne comprends pas surtout, c’est qu’en plaçant son argent chez X, il se retrouve chez Y, sans qu’on en sache rien. Quand j’achète une Renault, le vendeur ne me fourgue pas une Ford…

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Le problème de la défiscalisation, c’est que cela peut s’arrêter brutalement; et que dès lors que c’est défiscalisé, il n’est pas difficile au vendeur de vous offrir un rendement qui ne vient que de l’optimisation fiscale. Il n’est donc pas très incité à vous fournir un service financier de qualité.

  13. Ne faudrait-il pas distinguer maddof du reste. Il s’agit de vol, d’escroquerie plus qu’autre chose. D’ailleurs ça ressemble plus au coup du promoteur qui se barre avec la caisse sans construire la maison.
    On peut accepter des risques mais moins celui d’être volé.

    Pour le reste n’est-il pas lié à une certaine liberté des acteurs (ou libéralisation). En gros il y a plusieurs alternatives:

    -on garde les produits compliqués à ceux qui sont censés les comprendre (et assument le risque), et pas le grand public. D’une part il faut distinguer les deux, d’autre part on va vite entendre que les riches se gardent les bons placements et que les pauvres n’ont que les pauvres livret A.
    -Chacun fait ce qu’il veut il est adulte et majeur. C’est la liberté pour tous.
    -On essaye un système batard où tout le monde peut tout acheter, mais pour les pauvres on pousse des placements sans risques, pour qu’ils se retrouvent pas à la rue et le reste est blindé d’avertissements d’interdiction de prospection etc. Evidement ça tend à considérer que les riches savent ce qu’ils font, et donc ou finira toujours par retrouver une tite vieille riche, ou un ancien footballeur qui se fait arnaquer.

    Sinon pareillement pour le défiscalisé, c’est quoi le soucis? Là il y a une raison pour laquelle le placement peut être plus interessant qu’un autre: – L’état participe au rendement, l’état limite en général les volumes par des plafonds. Evidement, ça empêche pas de se faire avoir aussi mais c’est une autre affaire.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Le problème de la défiscalisation? What the states gives, the state can take away. Sinon, ce que montre les gens dont les sous se sont trouvés chez Madoff, ce sont des gens qui ont pris plus de risques qu’ils ne le souhaitaient. La réponse “c’est de leur faute, ils n’avaient qu’à faire attention” n’est pas acceptable; pour l’essentiel des biens et services qu’on achète, on a un service correct sans avoir à faire attention. Et je répète, je n’ai pas de solution; la réglementation obligeant à informer les épargnants est mal foutue, le laisser-faire ne marche pas; reste l’information du public pour sortir de l’équilibre actuel qui fait des produits financiers un market for lemons. Et se demander comment la produire.

  14. "on n’imagine mal l’état défiscaliser des placements pourris."

    Un placement défiscalisé est un placement ayant du mal à trouver des investisseurs et dans lequel l’état lui-même ne veut pas investir. Quelle autre définition d’un "placement pourri" pourriez-vous imaginer ?

    L’Etat n’est fort heureusement pas responsable des décisions foireuses prises par les français concernant leur propre argent.

  15. Avant-avant dernier paragraphe, à la fin, vous avez une phrase qui n’est pas finie : "Et où quand on a".

    Pour le non-économiste, il ressort de toute cette histoire que les marchés financiers paraissent quand même une drôle de jungle… et pourtant, les juristes passent leur temps à nous dire que la finance est l’un des domaines les plus réglementé ! Se pourrait-il que toute cette réglementation soit inefficace ? (Non, quand même pas ?)

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Merci, c’est corrigé. La réglementation a des avantages et des inconvénients; mais elle aide très mal l’épargnant de base.

  16. Je ne crois pas que le marché des produits financiers fonctionne très différemment des autres. Simplement, quand on fait un mauvais choix sur ce marché :
    – on s’en rend plus facilement compte (information permanente et facilement disponible)
    – ça porte davantage à conséquence (montants plus importants que pour l’achat d’un paquet de céréales)
    Bref, le consommateur lambda ne se fait pas plus avoir sur le marché financier qu’à la boucherie, au supermarché ou face à son dealer, mais il s’en rend plus facilement compte, et ça porte plus à conséquence.

  17. "Faut pas déconner non plus, hein. On est tellement habitué à ne pas avoir de problème en consommant qu’on en vient à monter en épingle le moindre dysfonctionnement, en oubliant que ceux-ci sont rarissimes pour l’essentiel des choses qu’on achète."

    Ben c’est pareil dans la "finance" non ? Quand on met son argent dans un compte épargne de base on le perd rarement. Pareil quand on investit dans des actions de grandes entreprises : on perd rarement de l’argent sur le long terme.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Oui, “on perd rarement” son argent. Ca en dit long sur les standards de qualité du secteur. Et rares sont les conseillers clientèle qui vous diront d’acheter des actions en propre (et vous recommanderont d’éviter de faire des tas d’aller-retour); ils préféreront vous vendre des produits maison, dans lesquelles vous paierez des gens pour avoir une performance moindre que ce que vous auriez eu avec un bête tracker indiciaire.

  18. @Merlin : "Il est moins difficile de placer son argent que d’acheter une voiture et il suffit de respecter deux ou trois règles simples: etc etc etc"

    Je suppose que votre message est du second degré : les voitures ne m’intéressent pas, et j’ai pu en acheter une sans me poser aucune question : son look me plaisait, elle venait de l’un des 4 grands constructeurs, et j’avais la certitude qu’elle roulait assez pour m’emmener en week-end et en vacances.
    Les placements financiers ne m’intéressent pas plus, mais je ne peux pas suivre la même démarche sans incertitude et sans angoisse.

  19. Il y a d’autres produits qui peuvent entraîner une sélection adverse, généralement en matière de services (et non de vente de biens comme dans vos exemples) La résidence de vacance en espagne les pieds dans l’eau à 2km de la mer, le contrat d’assurance qui garantit tout sauf le risque, la carte du resto sur le vieux port (véritable bouillabaisse = deux favouilles qui nagent dans de l’eau claire), le médecin homéopathe qui te guérit que dalle, la baraque foraine à tous les coups l’on gagne, monsieur N’gélé qui va faire revenir ta femme pour 500 €, ta femme qui a promis de revenir si tu lui achète une fourrure (là je m’égare)

    Réponse de Alexandre Delaigue
    (je me suis permis de recopier votre commentaire ici, je crois que vous l’aviez posté sur un mauvais post)

  20. Deux remarques M. Delaigue:

    1. Contrairement a ce que vous pensez, c’est la faute principale des épargnants qui ne demandent qu’a se faire gruger – j’ai personnellement pu le vérifier quasi systématiquement. Depuis lorsuqe l’on me demande un avis, je demande combien les gens sont prêts a payer pour l’obtenir; zéro et cela règle la question.
    Les gens ne se satisfont jamais des rendements que je cite. Ils veulent plus, beaucoup plus et tombent alors dans tous les pièges a cons. Bien fait.

    Ils sont en bonne compagnie avec MM Daniel Bouton (qui pensait avoir les meilleurs traders et systèmes du monde – comme tout ces pairs – sans jamais avoir foutu les pieds dans une salle de trading) et autres ce qui devrait les consoler.

    Les Grecs avaient un très joli nom pour cela: "Hubris". Les boutiquiers de l’autre coté de la Manche préfèrent dirent que " A fool and his money are easily parted".

    C’est pour cela qu’il faut maintenir un système (capitaliste) ou les "petits" épargnants et les "banques" sont responsables de leurs erreurs et payent pour voir.

    2. Un investissement désfiscalisé est un investissement ou le fisc donne de l’argent pour favoriser un domaine ou personne n’investirai de son plein gré (Robien, DSK, etc.).

    Un professionnel (le vendeur) et un amateur (l’acheteur) se disputent le montant offert par le fisc. A votre avis qui de l’amateur ou du professionnel va gagner?

    J’ai vu des investissements Robien a Agen (un fond de pot de chambre comme la France en compte tant) ou la brochure marketing mettait en valeur les opportunités fantastiques de cette "banlieue" de Toulouse ville Universitaire en pleine expansion.
    Je me demande combien d’investisseurs sont allés a Agen vérifier. Alors tant pis pour eux.

    3. Je ne peux rien conseiller aux gens lors d’un achat de bagnole. Si ce n’est: Ne mettez pas cher et n’en changez pas souvent.
    Sinon je n’y connais rien et transacte une fois tous les 10 ans a chaque fois pour moins de 50,000F (6500€).
    Je me suis laissé dire que les Kangoo et autre Dacia étaient d’excellents véhicules.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Mais je suis entièrement d’accord avec vous sur ces points. Simplement, il reste une question : ces gens sont les mêmes qui achètent des paquets de cornflakes ou des bouteilles de coca-cola; et ils ont rarement autant de problèmes et de services médiocres lors de ces achats. Dès lors on peut se poser la question : comment se fait-il que les mauvais comportements soient chassés dans certains secteurs, que les acheteurs, même naïfs, peuvent s’y fournir sans souci, et pas dans les services financiers, pour lesquels le caveat emptor règne en maître?

  21. Bonjour,
    plus haut en commentaire d’un commentaire, vous parlez d’un "bête tracker indiciaire". J’ai cherché le terme sur google sans succès. Pourriez-vous m’éclairer et me dire ce qu’est un tracker indiciaire (même bête 🙂
    Merci d’avance.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Vous pouvez regarder la page “tracker” sur wikipedia. Un tracker est un fonds qui suit un indice (genre, le cac-40). C’est un moyen pour un particulier d’avoir exactement la même performance que l’indice boursier sans avoir à acheter un échantillon de tout ce qui le compose, et avec des frais de gestions réduits (puisque personne ne gère, se contentant de reproduire la composition de l’indice).

  22. Beau résumé.

    Moi même, non économiste, cadre lambda en industrie, au bout de 15 ans de placement a vocation père de famille, j’en ai conclu :

    – Les produits de ma banque (SICAV) font régulièrement moins bien que leur indice de référence. En considérant les dividendes non inclus dans les indices, j’arrive grosso modo à 4% de sous performance de la SICAV (4% de sous performance annuelle, c’est ENORME !). Qui n’ont pourtant que soi disant 2% de frais de gestion et des professionels pour gérer.

    – Les conseils ou autre divination sont soit criminel (achetez au haut de la bulle, vendez pdt le krach) soit statistiquement a somme nulle.

    – Finalement, les trackers n’existant pas à l’époque, auto repliquer soi même bêtement l’indice (cac40 ou autre) avec un soupçon de bon sens (ou de spéculation) dans la pondération des différentes valeurs m’a apporté un rendement légèrement supérieur a l’indice (dividende inclu).

  23. Moi personnellement, je serais pret à investir dans des produits financiers à "effet Veblen" liés à une structure pyramidale style "Ponzi"…ca "booste mon ego" et comme bonus "grande surprise" à court, long et moyen terme…garantie…

  24. Du côté des FCPI ça n’a pas l’air tout rose non plus…
    http://www.infoguerre.fr/?p=1429
    Peut-être qu’un jour les défiscalisants de l’ISF se pencheront sur la destination réelle de leurs mises. Cette crise deviendra vraiment fameuse quand l’opacité sera partout levée.

  25. Je pense qu’ils ont les mêmes problèmes avec le COCA ou les Corn Flakes.

    Peut être pas en terme de qualité (risque réputationnel et industrialisation oblige) mais en terme de prix.

    Les Français, sauf exception ne font pas attention aux prix des produits qu’ils achètent ou ne se posent pas de question au sujet de l’utilité réelle de leurs achats. Je pense que cela résulte de la certitude des Français que "l’État veille" et qu’ils seront indemnisés en cas de problème.

    Il me semble que la prégnance de l’État dans la société Française induit une mentalité paresseuse ou le véritable effort consisterait, non pas a faire son travail de recherche ex-ante, mais a manifester bruyamment en cas de problème ex-post afin de se faire indemniser par la collectivité.

    Cette remarque s’applique également aux banquiers, bagnolistes, industriels de tout poil.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Oui, risque réputationnel et industrialisation. Avec les mêmes clients, des producteurs qui ne sont pas plus braves sont conduits à faire des produits qui satisfont leurs clients, même lorsque ceux-ci ne font pas attention. Ensuite je ne pense pas que le problème soit spécifiquement français; le bouquin de John Kay traite du cas anglais, et des problèmes similaires. De façon plus générale on pourrait se demander pourquoi l’industrie financière, si innovante, fabrique des produits obscurs et risqués, des véhicules pour détourner la réglementation, et pas des choses qui seraient vraiment utiles (voir the new financial order de Shiller sur ce sujet).

  26. "Agen (un fond de pot de chambre comme la France en compte tant)" dit Merlin.
    Bien sûr mon sang ne fait qu’un tour. Agen est une petite ville de province tranquille au coeur du Lot-et-Garonne, un pays "plus beau que l’Italie" d’après Stendhal qui aimait pourtant beaucoup l’Italie. Ce n’est pas la banlieue de Toulouse, ce n’est pas une ville "en pleine expansion", mais tant de mépris, ça m’en bouche un coin en tant qu’agenais. Et en tant que Français, je m’interroge sur le "comme la France en compte tant". Pardon ? Comparé à quel autre pays au juste ?

    En ce qui concerne l’information à prodiguer aux acheteurs de produits financiers, ne pourrait-elle pas se limiter à "plus un investissement rapporte, plus il est risqué." C’est la base, et suffisant pour s’y retrouver un minimum.

  27. Votre article comme tout le blog est très intéressant. Cependant, bien que complètement néophyte je ne comprends pas bien la comparaison avec les biens de consommation courante: contrairement au boucher qui a vu sa viande avant de vous la vendre, ici on vend une possibilité de gain, mais qui contient toujours sa part d’incertitude.

    Je comparerais plutôt ça à l’agence de voyage à qui l’on demande une destination avec un maximum de soleil : ils vont vous rediriger vers un pays à beau climat, mais vous avez toujours une chance d’avoir de la pluie. Après il y a peut-être effectivement une différence entre le bon conseiller clientèle et le mauvais : c’est l’agent de voyage qui s’est rendu sur place souvent et connaît la fréquence du risque de pluie, par rapport à celui qui se base sur les brochures de l’office du tourisme…

    Mais dans tous les cas le risque existe, et le placement n’est pas une prestation de commerce ordinaire à cet égard.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Il arrive qu’il y ait un gros décalage entre le voyage qu’on vous a promis à l’agence et le séjour que vous faites effectivement; mais je pense que si vous demandiez conseil à quelqu’un sur un voyage à faire, son premier conseil ne serait sans doute pas “attention, l’agent de voyage va chercher à vous fourguer un voyage qui ne vous intéresse pas et à vous faire payer trop cher”. Et si vous payez trop cher un voyage médiocre, il y aura peu de gens pour vous dire “c’est normal, vous aviez pris vos risques”. Le secteur des agents de voyages fonctionne comme les autres : en moyenne, vous pouvez vous attendre à un service correct; et si ce n’est pas le cas, vous bénéficiez d’indemnisations.

  28. Le problème n’est-il pas qu’on se trouve dans un marché ou les gens veulent quelquechose sans en payer le prix?
    Si on veut des rendements à 10% sans risque on fini par se faire avoir. Si on veut du foie gras, du saumon premier prix, on risque de se faire avoir.

    Après l’autre problème c’est d’estimer un risque, il est non chiffré difficile à comprendre à part "vous avez un risque de tout perdre". Qui connait son risque de se faire ecraser en allant au boulot le matin? (et intègre le risque au salaire)

  29. @ Pruneau
    Je ne voulais pas blesser la sensibilité Agenaise, d’autant plus que mon père a joué au SU Agen dans sa jeunesse et qu’il en garde la larme a l’oeil.

    Il s’agit simplement d’une de ces innombrables villes de France qui ne vit que de la redistribution (l’économie résidentielle de Davezies) tout en pompant des ressources qui seraient mieux employées ailleurs, la ou il y a une densité de population importante, de l’emploi et des besoins d’infrastructure réels (en 93 par exemple).
    Pour paraphraser Joseph je demanderais: "Le pruneau combien de division?".

    Mais je ne doute pas que la vie des retraités y soit agréable.

  30. Pourquoi les particuliers sont-ils si mal informés par les banques ?
    La raison est simple : les banques ne recherchent pas à partager un profit avec les petits investisseurs, mais elles draguent le perdant potentiel.
    En effet, dans les placements rémunérateurs, donc risqués, il y a… Des risques ! Et ce n’est pas la banque qui va les supporter !
    Donc, les épargnants particuliers constituent un vivier commode, qu’on rémunère (peu) quand tout va bien… Et qui éponge les pertes quand ça va mal, sans recours possible.
    Et c’est ainsi, aurait dit Vialatte, qu’Allah est grand.

    Tiens, une petite question, en passant : pourquoi diable a-t-on ouvert le marché des warrants aux particuliers ?
    C’est extrêmement compliqué, volatil, et on y risque sa culotte.
    Pourquoi ? Parce que dans un marché si compliqué, si volatil, si risqué, il faut bien que quelqu’un paye les profits des professionnels…

  31. Il me semble que le principe de base. c’est risque contre rémunération.
    Un problème est que pour comprendre le risque que l’on prends, il faut comprendre (dans les grandes lignes au moins) le fonctionnement des marchés financiers et des produits vendus par les banques.

    Comme approche intéressante, il y a une législation (récente je crois) en Belgique: l’épargnant doit répondre à un questionnaire (je crois que c’est une déclaration, pas un test) qui détermine son niveau de connaissances en produits financier. Ce niveau de connaissances détermine les types de produits que la banque a le droit de lui offrir.

    Bien sûr, il est possible de sur-déclarer ou sous-déclarer, mais cela envoie un message: ne vous lancez pas dans des opérations que vous ne comprenez pas. Et en plus, ça vous permet de calmer votre banquier.

  32. @ Rom1 : La législation existe en France depuis plusieurs années.

    Le problème n’est pas là. J’ ai vendu et fais vendre des produits financiers pendant plus de 10 ans dans des grands réseaux bancaire. On est pris entre le marteau et l’enclume. D’un côté une direction qui réclame du chiffre coûte que coûte, de l’autre des clients qui veulent la lune.
    C’est bien de tirer sur les banques et les conseillers financiers. Mais qu’elle est la responsabilité du simple citoyen dans la crise actuelle? Après mure réflexion, je pense qu’elle est la plus importante.
    Quand on veut revendiquer la liberté et le libre arbitre, encore faut-il l’assumer. J’ai vu trop des soit disant lésés de la crise actuelle me menacer il y a 2 ou 3 ans de retirer leurs avoirs si je ne leur offrais pas des rendements supérieurs de plusieurs points du marché !!!!!

    Réponse de Alexandre Delaigue
    L’objectif de ce post n’est pas de chercher des méchants et des gentils, mais simplement de constater que le marché des actifs fonctionne mal. Si des clients demandent des rendements supérieurs au marché, c’est qu’il y a quelqu’un qui les leur propose ailleurs, et qu’ils sont soit déraisonnables, soit mal informés.

  33. Lorsque l’on ne se retrouve pas en période de crise, ces problèmes ne se posent pas. Si l’on reprend la comparaison entre un boucher et un conseiller financier, si une crise de la vache folle se déclenche se pose le même problème chez le boucher: on ne sait rien de sa viande et rien ne garantit que le steack sain qu’on achetait auparavant le soit toujours. La solution : arrêter de manger du boeuf, là c’est pareil, on arrête d’aller chez son conseiller financier et on cherche une façon alternative de placer son argent.

  34. Alexandre,

    sujet tres interessant, merci de vous y interesser. Neanmoins, je vous trouve un peu long… Ca ne vous ressemble pas…en plus le cote Madoff, ca donne au billet un caractere "fait divers" qui dessert le sujet.

    Ci dessous je tente de faire plus court et plus oriente solution, en esperant que vous trouverez cela comprehensible… Soyez indulgent

    D’abord, pourquoi le client/epargnant se fait-il avoir?
    1- Assymetrie d’information au profit du vendeur/conseil/gerant et interet de ce dernier a en profiter au detriment du client/epargnant (pour faire plus concret: "les frais vont de la poche du client dans celles du vendeur/conseil/gerant")
    (c’est l’essentiel de votre propos, mais s’il n’y avait que ca… pour reprendre votre exemple, les relations "boucher client" sont exactement du meme type…)
    2- Complexite "faciale" (ou "percue") du produit/service
    3- Important decalage dans le temps entre l’acte d’achat et la realisation de la valeur du service achete (pour faire plus concret: "tu paies aujourd’hui pour voir dans x ans").

    Ensuite, que faire?
    [donnez leur chances a mes recos: reflechissez-y un peu avant de reagir, vous verrez qu’elles vont dans le bon sens et qu’elles sont tout a fait "implementables"]

    A – Indexer les frais sur la performance (tant qu’a faire, la VRAIE performance, a savoir la surperformance par rapport a l’indice de reference ajustee du risque), et leur paiement sur l’horizon d’investissement du client/epargnant (c’est exactement ce que font les vrais pros, et la seule chose a faire pour que vous et moi beneficions du meme type de traitement est que les instances reglementaires et legislatives se bougent un peu)

    B – Ameliorer la reglementation actuelle sur la communication des performances: ce qui doit apparaitre en gros, c’est la "sur (ou sous) performance ajustee du risque par rapport a l’indice de reference choisi ex-ante", pas la performance passee absolue du placement, encore moins la performance passee absolue de la reference du placement… Comme ca ca a l’air complique, mais en fait c’est comme le TEG pour le credit.

    C- Faire en sorte que le client/epargnant n’y perde pas sa chemise et sa culotte. De ce point de vue la, la retraite par repartition a bien des avantages… le jour ou vous accepterez d’en discuter, relisez mon commentaire sur le sujet d’il y a quelques mois…

    Le A- adresse les problemes 1- et 3-. Je l’ai formule dans une logique "fonds de placement", mais il est applicable tout aussi bien a la vente d’un mandat de gestion de patrimoine. En pratique, on n’echappera pas a l’existence d’une part de frais "fixes", mais son montant pourra etre normalise a un niveau bas de maniere a inciter a la creation de valeur (de 0.02 a 0.5% en fonction des types de supports)
    Il faudra bien s’attacher a ce que la logique de A- soit appliquee a la remuneration de l’ensemble des maillons de la chaines, pas uniquement au gerant.

    Le B- adresse le probleme 2-.

    Le C- reduit les consequences…A condition de disposer de substituts valables

    PS: en cadeau, un billet de 2007 sur l’assurance vie qui vous fera peut etre reflechir avant d’en ouvrir une:
    Assurance vie : le placement préféré des banquiers…
    13 mai 07 at 20:24
    [Avant de prendre toute décision d’investissement, prenez conseil auprès de votre banquier ou de votre conseil habituel]

    On présente l’assurance vie comme le placement préféré des français, à juste titre (il capte la majeure partie de l’épargne financiere des ménages). Ce n’est pourtant pas un placement attractif, notamment lorsque l’on sort du fonds en euros, et si l’on valorise peu les dispositions en cas de deces.

    On fait souvent miroiter l’intérêt fiscal de l’assurance vie : au bout de 8 ans, les plus values sont taxées au taux avantageux de 18.5% (contre un taux standard de 27%).

    Ce qu’on "oublie" de dire, c’est que le contrat (pour la part en UC) entraine un surcoût de gestion de ~1%/an.

    Pour faire simple, en imaginant que la valeur de vos placements a doublé au bout de 8 ans (elle est passée de 100 à 200 – vous pourriez utiliser des hypotheses differentes vous arriveriez a un resultat du meme ordre) :

    – Au sein d’un contrat d’assurance vie, sur ces 200, 15 vont à la banque / la société d’assurance, 15 vont à l’Etat et il vous reste 170.

    – Au sein d’un compte titre classique, sur ces 200, 27 vont à l’Etat et il vous reste 173.

    Une seule chose est sure : si vous voulez faire plaisir a votre banquier, prenez un contrat d’assurance vie. Pour le reste, réfléchissez-y à deux fois.

  35. >’un bout à l’autre de la planète, dans les endroits les plus improbables, on trouve des bouteilles de Coca-Cola qui ont toujours le même goût.

    Vous serriez déçu 🙂

    Le coca est en général fabriqué localement en conformité avec la législation et les ressources locales sur le secteur.

    Le composant pour sucrer le coca est différent en Métropole, à la Réunion et aux États-Unis (Bétrave, Canne, et un sirop).

    C’est un peu comme commander un café en France, ou en Angleterre (j’ai été surpris de me retrouver avec un demi-Litre de jus de chaussette).

    Un problème de normes et de qualité.

    Est ce qu’il n’y a pas d’organisme de normalisation dans le monde de la finance sur la présentation de l’information, ou les réglementations sont purement locales? (histoire d’éviter des crash pour une conversion métrique impérial 😉

  36. la grosse différence à mes yeux, c’est qu’un bien acheté est matériel et il existe dans le présent. Qu’il est bien plus facile de tester immédiatement s’il correspond à ce que vous attendiez.
    Alors qu’un placement, fondamentalement, c’est un pari sur l’avenir….
    Si vous savez prédire l’avenir avec certitude, prévenez moi, soit vous êtes un dieu, soit vous avez un problème…

    Au chapitre livre à recommander (j’en suis pas l’auteur) :
    "50 petites expériences en psychologie de l’épargnant et de l’investisseur. Pour mieux réussir tous vos placements."
    Mickaël Mangot, éditeur Dunod, ISBN : 978-2-10-049949-6.

    je l’ai trouvé instructif et j’aurais dû l lire plus à fond avant de placer… 🙁

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