Jeffrey Frankel se pose de bonnes questions…

Et apporte des réponses intéressantes.

L’euro va-t-il supplanter le dollar comme monnaie de réserve mondiale? Réponse ici.

Pourquoi le prix des matières premières monte-t-il? Pas à cause de la croissance mondiale, mais des taux d’intérêt.

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Alexandre Delaigue

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10 Commentaires

  1. voici un lien intéressant qui annonce la fin du boom des matières premières (par contre ce qui est bizarre, c’est qu’il reprend l’argument des taux d’intérêts dans l’autre sens, le problème c’est que en réflichissant les deux n’ont pas tort…):
    http://www.nakedcapitalism.com/2...

  2. J’achèterais volontiers la prédiction de Frankel sur l’Euro si l’Union Européenne n’avait pas pour objectif imbécile de limiter l’endettement de ses Etats à 60% du PIB… Quelle sera la contrepartie de l’émission massive d’Euros à l’actif du bilan de la BCE ? Du refinancement bancaire ? Intraeuropéen ?

  3. J’avoue avoir du mal avec l’explication du dernier article, peut-être allez vous pouvoir m’éclairer :

    ———–
    High interest rates reduce the demand for storable commodities, or increase the supply, through a variety of channels:
    ¤ by increasing the incentive for extraction today rather than tomorrow (think of the rates at which oil is pumped, gold mined, forests logged, or livestock herds culled)
    ¤ by decreasing firms’ desire to carry inventories (think of oil inventories held in tanks)
    ¤ by encouraging speculators to shift out of spot commodity contracts, and into treasury bills.
    ———–

    Je comprend bien le troisième argument, encore qu’il me semble difficile de l’inverser : en cas de baisse des taux d’intérêt, aurais-je envie d’acheter des chapeaux (ce n’est qu’un exemple !) parce que j’estimerais que leur valeur va monter ? Je doute que cela soit automatique, sauf à considérer que l’argent investi l’est dans un système fermé où ce qui est retiré quelque part est forcément apporté ailleurs ?

    J’ai par ailleurs du mal avec les deux premiers : en quoi la hauteur des taux d’intérêt impact __directement__ l’envie de faire des inventaires ou la capacité d’extraction ? Je comprend bien que le haut niveau du dollar rentabilise les investissements dans les sables pétrolifères. Mais que viennent faire les taux d’intérêts des obligations ici ?

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Supposez que vous avez une ressource en quantité limitée. Vous pouvez soit tout extraire tout de suite, avoir un gros revenu la première année, et rien les années suivantes; ou alors, étaler l’extraction sur plusieurs années. Votre choix entre ces possibilités sera déterminé par le taux d’actualisation, c’est à dire, la façon dont vous dépréciez les revenus futurs par rapport à des revenus immédiats. Si les taux d’intérêt sont élevés, les revenus futurs sont fortement dépréciés. Même chose pour les stocks : les constituer implique d’avancer de l’argent, opération moins intéressante si les taux sont élevés.

  4. Alexandre Delaigue 09/10/2005 : …"Détenir une monnaie de réserve internationale est peut-être bon pour l’ego, mais en matière économique cela n’apporte pas de grand avantage. Si le statut du dollar venait à être modifié, cela ferait sans doute couler beaucoup d’encre auprès de géopolitologues en mal de copie; économiquement, cela ne changerait strictement rien."

    econoclaste.org.free.fr/d…

    Jeffrey Frankel 18 Mars 2008 : "….One might ask why this would matter. Some of the reasons are economic: the US would lose the “exorbitant privilege” of being able to finance its international deficits easily"

    entre les deux, mon coeur balance…

    cordialement

    Paulo

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Vous avez besoin d’un troisième avis, je vous comprend. http://web.mit.edu/krugman/www/seignor.html PS : l’expression “exorbitant privilege” est de De Gaulle, et est utilisée bien souvent au second degré outre-atlantique.

  5. autant pour moi. Le lien figurait déjà dans le post en question, et je l’ai lu. C’est l’nterprétation de l’"exorbitant privilege" qui m’a joué un mauvais tour.

    cordialement

    Paulo

  6. Les marxistes tendance Groucho vous feront remarquer que faire des prévisions est un art difficile, spécialement en ce qui concerne le futur.

    Moi qui croyais que c’est la chute du dollar qui encourageait ceux qui vendaient en dollar a augmenter leurs prix pour préserver la valeur de leur revenu.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    L’unité de compte n’est pas toujours le moyen de paiement…

  7. Mr Krugman demande avec pertinence ou sont donc stockées les matiéres premiéres en question (krugman.blogs.nytimes.com… ). Pour le cuivre et le blé ca n’a pas l’air clair. Pour ce que j’en sais les stocks PAC de la CEE sont au plus bas aussi. Si quelqu’un a des sources ca ajouterait au débat;

  8. @ o o

    "Les deux n’ont pas tort"

    Je pense que c’est comme pour l’inflation et les taux, on ne peut pas faire de prévision fiable. Une augmentation de la masse monétaire peut entraîner :
    – soit une baisse des taux si on considère que c’est un événement ponctuel (pas d’anticipation d’inflation)
    – soit une hausse des taux si on pense que la croissance de M va rester durablement élevée (anticipation d’inflation)

    Ce qui fait probablement flamber le prix des commodités en ce moment c’est la demande d’avoir une réserve de valeur pour le futur. Si on pense que la masse monétaire en dollars va augmenter, mieux vaut en détenir le moins possible. L’immobilier et les actions ne sont pas très rassurants non plus… Mieux vaut détenir une petite part d’un puits de pétrole, d’une mine d’or, ou de terres cultivables, qui généreront des revenus réels futurs plus prévisibles.

    Mais il est possible que nous allions vers une baisse de la masse monétaire nominale en dollars, à cause du credit crunch. Les taux courts étant pratiquement à zéro, la Fed ne peut plus agir par la politique monétaire. C’est ce que Krugman veut dire quand il parle de liquidity trap. Dans ce cas, on pourrait assister à une déflation, à une hausse du dollar, et à un krach des commodités.

    Le pire n’est jamais certain.

  9. M. Delaigue, pourriez élaborer votre réponse sibylline s’il vous plait? Je vois mal en quoi elle s’applique a la situation.

    Réponse de Alexandre Delaigue
    Ce n’est pas parce que le dollar, par habitude, est l’unité de compte du baril de pétrole que toutes les transactions sont faites en dollars, loin de là. Ce qui compte c’est le prix relatif du pétrole, pas son prix absolu. Et c’est ce prix relatif qui monte, quelle que soit l’unité de compte. C’est cette hausse du prix relatif qu’il faut expliquer.

  10. Je m’excuse mais la théorie de Frankel ne s’applique certainement pas au pétrole.

    Il s’agit de la seule commodité quasi systématiquement en backwardation et qui donc ne se stocke pas. Les pétroliers vivent de la "main a la bouche". Le baril dans le sol vaux moins cher que le baril du jour; la politique des non OPEP était d’ailleurs de produire d’abord (et éventuellement d’investir pour les générations futures).

    D’ailleurs dans les années 80 ou les taux d’intérêt étaient élevés (dixit Frankel), le pétrole était a un pic qui vient juste d’être dépassé en termes réels.

    J’aurais pensé qu’en la matière les facteurs critiques étaient (a) les fondamentaux avec beaucoup moins de réserves d’offre par rapport a la demande que dans le passé, notamment par absence d’investissements des pays producteurs, mais aussi la baisse de la production non OPEP – ce qui explique la montée relative dans toutes les devises (b) la faiblesse du dollar qui amplifie sa montée exprimée en USD et (c) mais ceci est plutôt un effet de "vélocité/volatilité" l’intervention de fonds d’investissement avec des liquidités importantes.

    Si l’argument est idiot, ne le publiez pas SVP.

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