Je suis partagé

Je découvre l’existence du blog de Bernard Maris (ouvert depuis déjà un an tout de même ! Bonjour la veille du net chez éconoclaste…). Vous pourriez penser que je ne daigne pas même le citer. Ce serait une erreur, bien sûr. D’abord parce que Maris fut il y a quelques années un essayiste de l’économie de qualité, quoi qu’on ait pu avoir à lui reprocher. Ensuite, parce que faire passer quelques mécanismes économiques, fussent-ils très orientés, aux lecteurs de Charlie Hebdo mérite le respect, fût-il mitigé. Enfin, même si nous ne trouvons hélas plus dans la prose de Maris ou dans ses interventions médiatiques matière à inspiration, ce blog a une ambiance intéressante. Les billets sont très courts, visiblement destinés à jeter quelques idées, rapidement. Ton personnel. Réponses parfois aux commentaires. A bien y réfléchir, Maris n’est pas un grand excité. Il a pourtant cette image, qui doit être la traduction de ses idées plus que de ses attitudes. Et ce qui me frappe sur ce blog, c’est le calme. Un peu comme les quelques moments qu’il y passe étaient des moments de repos plus que de communication (les couleurs choisies par Inter y contribuent beaucoup aussi). Bon, vu la fréquence des textes, il devrait se reposer plus souvent. Bref, drôle de sentiment à la lecture de ces quelques billets publiés depuis l’an dernier (j’ai surtout lu les plus récents).
Relevé au hasard d’une page : “A mon avis, l’enseignement de l’économie devrait se résumer à l’enseignement de l’histoire économique. l’histoire des faits économiques.”. De quoi modérer mes ardeurs. Je lirai tout ça plus régulièrement pour me faire une idée définitive.

A part ça, j’ai trois notes de lecture à rédiger ou finir de rédiger. J’en parle, comme ça j’ai un peu de pression. C’est le bouquin de Laurent Davezies (qui est une sacrée cochonnerie à interpréter), un bouquin de Jean de Kervasdoué (qui est beaucoup plus clair dans ses fins) et celui de Robert Frank (qui n’a rien à voir mais est bien quand même).

9 Commentaires

  1. Bonjour,

    tout d’abord félicitations pour ce blog de qualité (il y en a peu en français) que je conseille à tous. Pour ce qui est de Bernard Maris, je dois dire que je suis moi aussi très partagé. J’apprécie ses analyses originales mais je déteste sa démagogie (ex : fin du le billet "la crise") qui ferait presque passer Ségolène Royal pour une prix Nobel d’Economie.

    Je continuerai de le lire car il est toujours intéressant de diversifier ses lectures mais je me garderais bien de conseiller son blog à un lecteur non averti.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Notez que je n’ai pas “conseillé” de lire son blog. Je pense qu’il y a mieux à lire (et sûrement pire). Et, oui, il faut être averti. Mais bon, après tout, quand ne faut-il pas l’être ? Bon, par contre, l’originalité de ses analyses ne me semble pas être ce qui le caractérise le mieux. Et ce n’est pas péjoratif en soi.

  2. Zut, vous auriez pu vous dépêcher pour le Davezies, maintenant je l’ai acheté.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Ce n’est pas un mauvais livre. Il me pose juste quelques problèmes quant aux conclusions à en tirer.

  3. @ Vous semblez bien naïf au vu de votre commentaire sur la fin du billet de Bernard Maris.

    Pourquoi ne pas conseiller la lecture de Bernard Maris. La crise à l’oeuvre est peut etre bien la fin d’une période. La fin d’un capitalisme débridé, et surtout la remise en cause du dogme qui veut que le marché soit optimum pour la répartition des ressources. La crise financière actuelle montre en tout cas que les marchés sont incapables de s’autoreguler et que seule une intervention des pouvoirs publics puisse rétablir la situation. N’en déplaise à beaucoup, sans un contrôle strict des banques par l’état la catastrophe est inévitable.

    Réponse de Stéphane Ménia
    A qui s’adresse votre commentaire ?

  4. frank, je vous remercie d’avoir pu déceler de façon aussi fine ma grande naiveté.

    "N’en déplaise à beaucoup, sans un contrôle strict des banques par l’état la catastrophe est inévitable." : les régulateurs ainsi que les banques centrales ne font pas partie de l’Etat (au grand désarroi de certains politiques en France). Par ailleurs, je ne suis pas sur que la crise actuelle soit la fin du capitalisme débridé (sans faire de jeu de mots, il y a du travail en Chine à ce sujet), je pense plutôt que cette crise marque un temps d’arrêt au mécanisme de complexification des produits financiers, et notamment à la titrisation.

    SM, quand je parlais de l’originalité des analyses de Bernard Maris, il était question de leur caractère non conventionnel.

  5. @ PEOPS : C’est bien la première fois que j’entends dire que les régulateurs ne font pas partie de l’ état. Je suis désolé, mais les banques centrales sont partie intégrale de l’état. Certes au même titre que la justice, on considère qu’une fois défini les règles par le législateur, les banques centrales sont indépendantes. Mais elles sont bien le bras armé de l’état. La vrai question étant plutôt celle à mon avis de la fuite des politiques face à leurs responsabilités. Dire que les caisses sont vides, est beaucoup plus facile que remplir la mission pour laquelle ils sont élus.
    Il est intéressant que vous parliez de la Chine. Une des questions est effectivement là. Combien de temps la collusion entre une dictature et une infime partie de la population va encore tenir. Il est inévitable qu’un jour ce bel édifice s’écroule avec des conséquences dramatiques. Il convient de rappeler que la chine est lancé dans une course à l’armement.

  6. La crise actuelle est liée à l’abus de crédit; La titrisation n’est pas un problème en soi. Le problème, c’est que tout cela a été utilisé à profusion, sans afficher les risques réels. Or quand on vend un produit avec un risque donné et que l’on se rend compte que le risque réel est très éloigné (dans le mauvais sens…), on vend. C’est ce qui se passe. Alors la suite découle: chute des produits. Appels de marge –> Vente d’autres produits pour "couvrir". Les produits vendus baissent –> Appel de marge vers les opérateurs boursiers. Eux aussi se retrouvent en limite de liquidité –> Vente des sous-jacents.
    … Jusqu’au point où plus rien n’a de sens (comme le rachat de BearStearn pour un prix dérisoire). Et là, certais se rendent compte qu’il y a de très bonnes affaires, et font fortune, car les marchés remonteront, à n’en pas douter.

  7. M. Maris ne semble pas autoriser les commentaires contradictoires. Le mien concernent le traitement par l’économie "officielle" (dont j’attends toujours la définition) de la propriété intellectuelle et des logiciels libres, qui ne faisait que mentionner le site de David Levine sur le sujet (http://www.dklevine.com/general/... est toujours en attente de modération, depuis une semaine…

    Réponse de Stéphane Ménia
    Si votre commentaire est encore en attente dans deux mois, j’opterai pour votre hypothèse. Sinon, il se peut tout simplement qu’il n’ait pas le temps ou murisse sa réponse. C’est l’inconvénient de la modération. Ca demande d’être disponible.

  8. Mais au juste, j’ai du mal à cerner votre position sur le cas "Maris" (malgré les notes, articles et brèves que vous avez pu lui consacrer…)…

    Vous etes franchement opposés à ce qu’il peut raconter ? Il me semble, quand je l’écoute le matin, qu’il ne se mouille que très peu, et les raisonnements qu’il met en oeuvre sont simplement des raisonnements de base de l’économie, qui répondent à ceux de Sylvestre…

    M’enfin je n’exclus pas qu’il se trompe lui aussi, j’avoue que la lecture d’un Cohen ou d’un Piketty me convainc plus que la lecture de son antimanuel.

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