Fini la clope au café ?

Suite à la proposition de loi sur l’interdiction de fumer dans les lieux publics, les micro-trottoirs ont tourné à bloc…

On a ainsi appris tantôt que “ce serait une catastrophe pour les bars et les restaurants” et que pour d’autres, “pas de problèmes, nous ça fait déjà deux ans qu’on est non fumeurs et le nombre de clients n’a pas baissé du tout, au contraire !”.
Le récent (7 semaines) non fumeur que je suis (c’est-à-dire potentiel futur fumeur) n’est pas du tout d’accord avec la façon de penser des optimistes… Il me semble qu’ils commettent un sophisme de composition évident.
Le fait d’être non fumeur leur apportait peut-être un avantage avant sur la clientèle des non fumeurs. Quand tous les restaurants seront non fumeurs, cet avantage disparaîtra. Globalement, il n’y a pas de secret, un restaurant devenant non fumeur est comparable à une baisse du prix pour un non fumeur et une hausse du prix pour un fumeur (plus exactement, en langage économique, le surplus des non fumeurs croît alors que celui des fumeurs diminue). Tant que les restaurants se partagent entre fumeurs et non fumeurs, la réallocation par types se fait normalement, sans variation évidente de la demande globale. Les fumeurs vont vers les restaurants fumeurs, les non fumeurs vers les autres (éventuellement, les groupes de convives mixtes fumeurs/non fumeurs alternent entre les deux). Lorsque tous seront non fumeurs, il y a des chances pour que l’ensemble enregistre une baisse de fréquentation, puisque les fumeurs (encore nombreux malgré la diminution de leur nombre) ne pourront plus trouver refuge ailleurs que chez eux ou dans la rue.
Rien d’absolument inévitable à cela, je le conçois. De nombreux paramètres entrent en ligne de compte. Mais je vois sincèrement mal comment il pourrait en aller autrement. En revanche, en ce qui concerne les bars, les choses sont différentes. Ceux qui ont déjà vu un pub anglais et les gens sur le trottoir ou une fête basque savent que l’on peut boire debout… Le plus simple serait peut-être de voir comment ça se passe ailleurs. Une certitude : dans les pays au climat doux, on fume en terrasse…
Quoi qu’il en soit, ceux qui prétendent que la fréquentation restera identique puisque les établissements qui sont d’ores et déjà non fumeurs n’ont pas subi une baisse de fréquentation font une erreur logique.

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10 Commentaires

  1. Le fait que les fumeurs restent chez eux plutôt que d’aller au restau, si tous les restaus deviennent non fumeurs, suppose que les fumeurs aillent seul au restau, sans autre raison que l’envie d’y aller seuls. Or on va en général à plusieurs dans un restau, l’incitation pour y aller étant la nature sociale du lieu, le confort d’un service par d’autres et (souvent) une meilleure qualité du repas. On ne va pas dans un restau parce qu’on peut y fumer – on ferait tout aussi bien d’aller manger chez un fumeur si c’était la raison.
    De plus, les groupes de gens étant en général mixtes, les groupes ne se sentiront pas véritablement exclus. Les fumeurs devront juste réfréner leur envie pendant 1-2 h, ce qui est jouable pour la plupart d’entr’eux (et les malchanceux pourront aller griller leur sucette sur le trottoir vite fait).
    Donc pas d’accord avec la conclusion qui prévoit une baisse de fréquentation (même si je suis d’accord sur la conclusion d’une erreur logique)

  2. "Donc pas d’accord avec la conclusion qui prévoit une baisse de fréquentation"
    Elle fait partie du domaine du possible. Mais je parierais pas dessus, exactement pour ce que vous dites : l’attrait intrinsèque du restau peut être plus fort que le confort de fumer. N’empêche que, ce qui est intéressant, c’est justement le chiffre de 1 ou 2 heures que vous donnez. Disons que ça élimine de facto l’apéro et le café, auparavant déjà parfois malmenés. La clope surle trottoir, pourquoi pas, en effet. Après tout, il m’arrivait déjà de le faire chez des amis non fumeurs. On peut imaginer assez facilement que les fumeurs négocient dans la soirée l’entrée ou la sortie en lieu fumeur. Au total, moins de consommation. Bon, après, comment les entreprises joueront sur les différentes élasticités en jeu pour adapter les prix, je n’en ai guère idée…

  3. François : j’exorcise, j’exorcise… A ce sujet, je réalise petit à petit que j’ai probablement plus de mal à me poser devant mon clavier et écrire en raison de cet arrêt du tabac…
    Au fait, il y a aussi ce texte, plus récent que l’IP: http://www.sante.gouv.fr/htm/poi...
    Kimon : c’est intéressant. On n’a rien en Europe ? L’Italie, Malte et l’Irlande sont déjà dans ce cas. Peut-être d’autres, je l’ignore.
    Juste une question qui se pose : quel était le taux de fumeurs en 2002 à El Paso, avant l’interdiction ?

  4. En raisonnant à l’équilibre, de façon purement théorique, la situation dans laquelle tous les établissements sont fumeurs ou tous sont non-fumeurs doit aboutir à un résultat équivalent; les prix dans tous les restaurants sont les mêmes. C’est le résultat imparable du principe d’équivalence.
    Par contre, s’il y a un mélange de restaurants fumeurs et de restaurants non-fumeurs, il doit y avoir un chiffre d’affaires supérieur pour la catégorie "demandée" de restaurants – en l’occurence, il semble, les non-fumeurs.

  5. "les prix dans tous les restaurants sont les mêmes."
    Certes, mais le surplus est modifié.
    Les préférences étant différentes, le bien restaurant est forcément différent selon qu’il est fumeur ou non.
    La question est de savoir comment évolue la demande suite à ce changement de caractéristiques du bien.
    Jusqu’à présent, on pouvait raisonner en concurrence monopolistique. Ce n’est plus possible.

  6. econoclaste-alexandre: si les prix sont equivalents, ca ne vaut pas pour le chiffre d’affaire (donc eventuellement le "global welfare"), non ? Le nombre de non fumeur allant moins au restaurant/bar car ils sont enfumés n’a pas de raison d’etre le meme que ceux qui iraient moins au restaurant/bar car ils sont frustrés au dela de 15 minutes sans cigarette.

    (Je rejoins peut-etre Econoclaste-SM en dehors des termes techniques 🙂

    Laurent

  7. je pense que c’est trop fort de mettre les restaurants non fumeurs ou est la liberte en france maintenant Madame Bachelot aurait du pense de donner le choix aux restaurateurs et cafetiers de faire leurs etablissements comme ils le souhaitent je plains les benefices de ces personnes moi meme je n’irai plus au restaurant ce pays devient de plus en plus decevant liberte on en a plus egalite parlons en et fraternite bonsoir

  8. eh oui, la liberté se réduit comme peau de chagrin dans notre belle france, dans quelques années, ce mot disparaitra totalement de notre Littré avec la mention "devenu obsoléte, n’a plus cours". Le beurre donne du cholestérol, les fruits (5/jour minimum) sont infectés de pesticides et autres joyeusetés, la viande donne la vache folle, le sel provoque la tension, l’amour fatigue le coeur et les artères, les voitures polluent (les usines, non car ça fait tourner l’économie), le tél portable donne des tumeurs, etc …heureusement que les Grandes Instances sont là pour nous montrer le bon chemin, à nous, grands enfants turbulents et indociles, la voie de l’obéissance et du crétinisme absolu : eh oui, VIVRE PEUT TUER ET EST DANGEREUX POUR LA SANTE
    Comprenne qui pourra, s’il y a encore des âmes capables de penser par elles-mêmes, qu’elles le disent vite haut et fort

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