Extension du domaine du point Godwin ?

Le point Godwin, ça marche pour les journaux ? Si j’ai l’autorisation, j’en donne un à cet article :

“Trop de monnaie tue la monnaie, en détruit la valeur. C’est le principe de l’hyperinflation, dont l’Allemagne des années 1920 a fourni le meilleur exemple – le plus tragique aussi puisqu’il a contribué à l’arrivée au pouvoir des nazis.”

Oui, oh, je sais, je suis dur. Mais la facilité ne doit pas être réservée aux journalistes.

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12 Commentaires

  1. … je pense que ça mérite un quart point. Un demi, maximum.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Oui, je suis d’accord.

  2. Je ne vois pas le problème. L’hyperinflation a en effet coulé la République de Weimar et détruit la classe moyenne qui sert de fondement à toute démocratie, facilitant mécaniquement l’avènement des nazis.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Choisir l’Allemagne nazie au milieu de tout ça (et encore, il en manque, voir Zimbabwe), c’est ce qui fait qu’on peut prétendre à un point Godwin, c’est tout.

  3. Ce n’est pas le premier à avoir gagné un point Godwin en parlant de l’hyperinflation allemande et sans doute pas le dernier.

  4. 1. en bonne logique, la loi de Godwin est vraie pour tout sujet choisi au hasard: Pour tout sujet S, plus une discussion sur Usenet dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une référence à ce sujet croît, et donc s’approche de 1.

    2. de toute façon, il faudrait réserver les points Godwin aux cas où la référence au nazisme n’a aucun rapport avec le sujet d’origine de la discussion, ce qui est loin d’être le cas ici.

  5. Il y a aussi ceux qui ont la gâchette du point Godwin un peu facile.
    Refuser une référence au motif qu’elle fait référence à l’Allemagne nazie, sans prendre en compte sa pertinence, c’est un refus de discuter qui vaut au moins autant que celui qui accuse de nazisme/fascisme le moindre de ces contradicteurs.
    De manière générale, l’hyperinflation n’a jamais été bénéfique pour les populations qui l’ont subie. Que ce soit en Allemagne ou ailleurs.

    Et puis, votre accusation de sélection biaisée du journaliste sur les exemples d’hyperinflation tombe un peu à plat, le journaliste conclue par "Au Zimbabwe, le taux annuel d’inflation atteint 213 millions de pour cent. Le gouvernement, pragmatique, vient d’introduire des billets de 100, 50 et 10 millions de dollars zimbabwéens. Le record en la matière reste détenu par la Hongrie, avec une coupure, l’"Egymilliard Pengo" (un 1 suivi de 21 zéros). Il est en vente, sur eBay, à 9,99 euros."

    Réponse de Stéphane Ménia
    Vous avez raison sur le Zimbabwe. En revanche, je me demande où j’ai écrit que l’hyperinflation était une bonne chose. Ce billet, taquin sans plus (je reconnais moi-même être un peu dur et je l’ai rangé dans la catégorie “blablabla”), suscite des réactions disproportionnées.

  6. moi je l’aime bien votre billet !
    mais selon les milieux, le point est atteint quand on parle, non des nazis, mais de Sarkoz ou de Domenech.

    Réponse de Stéphane Ménia
    C’est pas gentil pour les nazis 😉

  7. Je me demande si l’on peut commenter sérieusement ce genre d’aberration. Mais ignorer à ce point le contexte qui fait survenir les hyperinflations est franchement grotesque (ne parlons même pas du contexte de l’émergence du nazisme…). Il est tout à fait possible d’envisager à terme une hausse de l’inflation (c’est d’ailleurs ce qui est recommandé par certains) sans que celle-ci ne finisse par devenir zimbabwéenne. Il serait bon parfois de se poser et de boire frais…

  8. Faut-il en conclure que, pour Pierre-Antoine Delhommais, la période d’état de grâce post Eric Le Boucher a pris fin ?

    Réponse de Alexandre Delaigue
    oui, encore une chronique qui devient de plus en plus illisible. La loi de Gresham probablement…

  9. Je ne vois pas en quoi il y a point Godwin ici.

    L’argument, donné par le journaliste, s’il peut être critiqué sur le plan sur le plan économique (je ne suis pas compétent pour en juger), me parrait correspondre assez à la perception de nos amis allemands.

    L’europe a été construite par des gens qui voulaient éviter qu’une troisième guerre n’ensanglante l’Europe. Pour consolider l’Union, les Europeens ont voulu faire l’Euro. Comme les allemands, du fait de "l’hyperinflation des années 1920" qui "a contribué à l’arrivée au pouvoir des nazis" étaient attaché à un Mark fort, il a fallu pour que l’Euro puisse se faire, mener une politique de franc fort afin de coller le franc au mark, avant de faire l’Euro. L’Euro fait, il a fallu aussi, pour plaire aux allemands, faire un Euro fort. C’est la politique monétaire qu’a fait Trichet en France, puis en Europe.

    Que cette politique soit bonne ou mauvaise n’est pas le point. Le point est que cette politique a été menée avec en perspective l’idée d’assurer la paix en évitant que l’allemagne ne retourne à ses démons.

  10. l’hyperinflation de l’allemagne se termine en novembre 1923 par une mesure drastique d’arrêt et un passage par une monnaie provisoire. le coup d’état de la brasserie à munich par hitler et consort se solde par un échec qui conduit ce dernier en prison, le 9. nov. 1923. entre 1923 et 1928-29, le parti nazi est interdit dans plusieurs länder et il n’a pas de représentation aux élections. Le parti ne remonte qu’à partir de 1928 et surtout après 1929-30 pour rapidement devenir la première fraction au reichstag en 1932. ON ne voit pas très bien l’enchaînement "mécanique" entre l’hyperinflation de 1923 et l’avènement d’hitler au pouvoir en 1933. C’est tout simplement un raccourci qui frise la contrevérité historique. Il y a un enchevêtrement de causes dans l’avènement du nazisme, la dernière n’étant pas le problème de la couleur politique des juges très majoritairement hyperconservateurs, ce qui les pousse à prononcer des peines très clémentes à l’égard des radicaux de droites (lorsqu’ils sont jugés) et contribue à un établissement pas très ferme de la république, portée par la social-démocratie (voir les nombreux procès instruits par les juges contre le premier président, le social-démocrate F. Ebert, qui finissent par avoir raison de sa santé physique). Par ailleurs, l’erreur de la social-démocratie au pouvoir de s’appuyer sur les force paramilitaires de droites pour éteindre les revendications violentes de gauche de groupes voulant aller plus loin dans la révolution contribue à donner durablement aux communistes une image de la social-démocratie comme d’une alliée impossible, ce qui rendra impossible un front commun contre le nazisme et les conservateurs de tous poils, exarbé par les influences de moscou par la suite qui fait de toute force réformiste l’équivalent d’un allié du capital et donc un adversaire.
    le point goodwin est atteint très largement ici.
    Il faudrait quand même se renseigner sur ce dont on parle.

  11. Totalement d’accord avec erik : il est difficile de trouver le moindre lien direct entre une hyperinflation allemande très circonscrite dans le temps et le nazisme.
    Mais les représentations historiques erronées ont la vie dure.

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