Et si c’était la faute de la crise financière et pas de l’euro ?

Alexandre a eu la très bonne idée de parler de la pertinence de l’UEM dans sa chronique du jour chez Libération. Par manque de place, enfin j’imagine, il ne détaille pas beaucoup les raisons pour lesquelles “une union monétaire entre pays différents n’était peut-être pas une si bonne idée que cela”. Dit comme ça, le message est un peu brutal, se limitant à constater que ça ne marche pas et qu’il est inutile de chercher une autre explication. La question mérite d’être posée et la réponse qu’Alexandre donne dans l’article a le mérite d’être dérangeante. Il faut du reste bien resituer cette réponse, en ajoutant ce qui suit dans son texte : “le mandat de la Banque Centrale Européenne est conçu de manière beaucoup trop restrictive, en se focalisant sur l’inflation; que pour rester dans la zone euro, de nombreux pays devront, localement, trouver les mécanismes institutionnels permettant des ajustements des salaires et des prix de substitution, ou devoir en sortir”. Car, en quelques points, il résume bien la problématique de la zone euro à sa naissance, au travers du prisme implicite de la théorie des zones monétaires optimales. Deux mots en complément ici, sur ce sujet.

Je ne ferai pas un long billet sur le sujet, parce que j’ai justement en préparation une question-réponse sur ce thème. Juste rappeler quelques éléments centraux et conclure par rapport au texte d’Alexandre. La question de départ est de savoir si des pays ont intérêt à renoncer à leur monnaie nationale pour bénéficier des avantages d’une monnaie unique. Une monnaie unique suppose la perte de l’instrument de politique monétaire et du taux de change entre les pays de la zone. Question corolaire : une banque centrale unique peut-elle répondre aux besoins de tous les pays en même temps ? Ce qui est bon pour les uns l’est-il pour les autres ? Le point central réside dans ce qu’on appelle les “chocs asymétriques” ; ce qui, pour le dire vite, correspond à des évènements économiques qui ne frappent pas tous les pays de la même façon et demandent des réactions monétaires différentes. S’ils sont importants, il faut d’autres mécanismes que la politique monétaire pour pouvoir maintenir l’équilibre de la zone entière.

Pour répondre à cette question, la théorie des zones monétaires optimales donne un certain nombre de critères qui font une zone monétaire optimale. Le plus connu est probablement celui de Mundell qui repose sur une forte mobilité du travail dans la zone monétaire. De ce fait, quand un pays est en situation de récession et un autre d’expansion, le travail peut se déplacer du pays en récession vers celui en expansion, sans intervention spécifique. Un autre critère est celui de Kenen, qui est un peu tautologique au départ, dans le sens où il démarre grosso modo sur l’idée que si les chocs asymétriques sont rares et peu importants, les pays forment une zone monétaire optimale. Il conclut que des pays sont susceptibles d’être dans une telle configuration si leurs productions sont diversifiées (chaque pays produit différents biens) et structurellement similaires (les pays produisent les mêmes biens). Dans ce cas, les chocs seront limités (diversification) et symétriques (similarité). Mc Kinnon donne un autre critère : les pays doivent être très ouverts, de sorte que leurs prix internes sont naturellement ceux du marché mondial et le taux de change n’a donc plus d’importance puisque ses variations se retrouvent rapidement dans les prix internes. Un autre critère concerne les possibilités de transferts fiscaux entre pays frappés par des chocs asymétriques. Être une zone monétaire optimale nécessite un mécanisme de transferts solide. Enfin, se pose la question des préférences nationales et de la volonté politique de construire une union. Ce qui implique qu’un consensus émerge rapidement sur la façon de traiter les chocs afin de maintenir l’union.

Globalement, on peut dire sans aucun doute que le critère de mobilité du travail n’est pas respecté dans la zone euro. Les européens sont peu mobiles. Surtout entre pays, mais également assez peu à l’intérieur de leurs propres pays. Sur le critère des transferts fiscaux, on est bien loin du compte aussi. Sur tous les autres critères purement économiques, c’est plus compliqué et c’est une question de degré. Les critères politiques semblent eux aussi questionnables. De sorte que la question qui se pose est de savoir si on regarde un verre à moitié plein ou à moitié vide. Si de nombreux critères sont en grande partie respectés, là ou d’autres sont plutôt non remplis peut-on dire que globalement l’UEM forme une zone monétaire plutôt optimale et qui tendra à le devenir davantage avec le temps ? Ou doit-on constater que des critères en partie remplis ne sont pas respectés, globalement ou pas et que le futur n’a pas d’importance ?

C’est là que le point de vue d’Alexandre sur la crise prend tout son sens et ses limites. Tout son sens parce qu’il est clair que prendre un choc tel que la récession actuelle dans une zone monétaire non optimale, avec une banque centrale calibrée pour gérer des chocs symétriques en gardant plus qu’un oeil sur l’inflation est dramatique. Que s’il ne reste plus comme solution que d’ajuster salaires et prix localement, on peut s’interroger sur ce qu’il restera d’une volonté de continuer l’aventure dans les pays les plus concernés. Là où se situe néanmoins, à mon avis, la limite du raisonnement qui consiste à dire que tout était écrit d’avance, crise financière ou pas, dettes publiques ou pas, c’est que sans ce choc, qui dit que la marche de l’euro n’aurait pas continué ? A ce stade, il faut se demander si c’est à cause de l’euro que la crise est arrivée. Il me semble que non. Une précision à ce stade : s’agit-il d’un choc symétrique ? Pas vraiment, dans la mesure où les systèmes financiers et bancaires nationaux étant relativement différents en UEM, la transmission de la politique monétaire peut s’avérer différente. De même, en dépit de similarités, les structures productives et les ressorts du commerce extérieur ne sont pas les mêmes. Je pense qu’on peut donc globalement dire qu’on est en présence d’un choc de grande ampleur, dont certains éléments sont symétriques (et de grande ampleur) pendant que d’autres sont asymétriques (et de grande ampleur). Or, avec une banque centrale largement focalisée sur l’inflation, des finances publiques désormais incapables de jouer un rôle actif – au niveau national ou même européen – sans que le moindre mouvement n’occasionne de grandes craintes, on est vraiment dans une situation désagréable.

En d’autres termes, l’interprétation des difficultés par la crise financière et le manque de précautions en matière de finances publiques oublie de faire un détour par la théorie des zones monétaires optimales. Mais cela ne saurait remettre en cause complètement, et rétrospectivement, la décision de former l’UEM. En revanche, son instrumentalisation politique méritait bien une chronique acerbe

PS : Message personnel à tous les euros qui se sentent seuls, abandonnés et méprisés en ce moment : mon porte-monnaie vous attend, mes chéris.

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21 Commentaires

  1. "La question de départ est de savoir si des pays ont intérêt à renoncer à leur monnaie nationale pour bénéficier des avantages d’une monnaie unique. Une monnaie unique suppose la perte de l’instrument de politique monétaire et du taux de change entre les pays de la zone."

    Quels sont les avantages d’une monnaie unique dans cette vision ? Un commerce international légèrement facilité grâce à un taux de change fixe… Ca me paraît un peu léger pour comprendre l’intérêt d’un pays à rejoindre l’euro. Au moment de la création de l’euro, on a largement surestimé cet avantage en promettant qu’il apporterait de la croissance, des emplois, etc. mais la réalité est beaucoup plus modeste.

    Pour que le tableau soit complet, il est indispensable de prendre en compte un autre avantage, de nature politique : rejoindre l’euro donne accès à une planche à billets beaucoup plus performante. Une drogue moins chère et de meilleure qualité ! Mais c’est faux, dites-vous : la Grèce a dû renoncer à sa politique monétaire en rejoignant l’euro. Vraiment ?

    La dette publique grecque a été d’abord monétisée par ses banques au début, par les autres banques de la zone euro, le tout soutenu par des repos à la BCE. Puis, au moment de la crise, la BCE a ouvert les vannes. Au bout du compte : 140Md€ plus ou moins sur le bilan de la BCE : pas mal ! Le gouvernement grec aurait eu du mal faire ça avec sa banque centrale nationale. Cette manne constitue un avantage politique qui pèse beaucoup plus lourd que la baisse des coûts de transaction dans le commerce international…

    Le blabla keynésien sur la mobilité du travail et les chocs asymétriques c’est bon pour amuser les enfants.

  2. J’ai lu attentivement votre message et j’ai un peu de mal à voir où vous voulez en venir.

    La crise a-t-elle pour origine l’euro ? les crises il y en a régulièrement. L’euro en aura surmonté au moins deux : la bulle des technos et la bulle immo.

    On en est à la troisième, qui pour une fois à son épicentre en europe. Sur cette crise, il y a de grosse similitude avec la crise asiatique de 1997 et les pays qui avaient unilatéralement accrochés leur monnaie au $. Grosso modo, la sortie de la crise a été le résultat de la la disparition de cet arrimage. Et le pays qui n’a pas voulu le faire, l’argentine, y a été contraint 2 ans plus tard.

    Je ne suis pas un grand spécialiste de l’histoire économique, mais c’est peut-être le même scénario qui s’était joué en 29 avec des parités fixes de conversion entre monnaie.

    Une banque centrale peut-elle avoir une action localisé à certaines zones géographiques ? Je suis dubitatif. Grosso-modo, en dehors des situations que nous vivons, les leviers d’action d’une banque centrale c’est les taux à court-terme qui s’applique à l’ensemble de la zone. Que les status de la BCE soit un peu différents de la FED avec comme mandat unique la lutte contre l’inflation ne change rien au problème. En 2011, le chommage en allemagne est autour de 7 % contre 20 % en espagne. Quel référent choisir ?

  3. L’euro me semble victime d’un cygne noir. Quand on y pense, quel manque de bol de connaître une telle crise financière à peine dix ans après la création de la monnaie unique -donc avec une gouvernance forcément très imparfaite-, et ce avec à l’intérieur de la zone euro un pays aussi problématique que la Grèce -qui n’aurait jamais été admis sans la place centrale qu’a eue ce pays dans l’histoire de l’Europe-.

  4. Bonjour,

    j’ai posté un commentaire hier ; il n’apparaît pas. L’avez-vous censuré ou est-ce un problème informatique (déjà arrivé) ?

    Merci de votre attention.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Je l’ai censuré. Sur le fond, vous n’évoquiez pas le thème du billet. Sur la forme, c’était pas du tout sympa. Vous pouvez avoir un ressenti sur le sujet. A la limite, en parler n’est pas inintéressant, ça touche à la façon de communiquer. Mais vu la façon dont c’était exprimé et vu encore une fois que ça ne concernait pas le sujet traité, c’était pas publiable.

  5. Stéphane, je suis assez d’accord avec henryparisien. Si des gens disent que l’Euro a provoqué la crise, ils se trompent. Friedman a, au début de sa carrière, prétendu que la fed avait provoqué la grande dépression, ce qui est absurde. Il a fini par mettre de l’eau dans son vin, en disant qu’elle aurait pu la stopper beaucoup plus rapidement avec un QE massif.
    Concernant l’Euro, la seule question valable était empirique : pouvait-on imaginer une crise touchant les pays de la zone avec une asymétrie telle que la politique de la BCE soit condamnée à être fortement inadaptée à la situation d’au moins un pays ?
    Il à a 3 ans, je pensais que non. Quand je faisais des cours sur les ZMO, je mentionnais les réticences de certains économistes (comme Krugman et Friedman), mais j’ajoutais que je doutais que la zone Euro puisse connaître une telle situation. J’en tirais la conclusion que les avantages de l’Euro l’emportaient sur ses coûts. Aujourd’hui, j’ai changé d’avis. Peut-être que la France, l’Allemagne et le Benelux ont raison d’avoir une monnaie commune, mais manifestement les limites de la zone ne sont pas bien calibrées.
    Si l’on n’avait pas connu cette crise, bien sûr, il n’y aurait pas eu de problème. Mais les crises, ça arrive tôt ou tard, et on sait maintenant qu’en Europe, elles peuvent être violemment asymétriques. Donc, il me semble préférable pour les pays européens d’avoir une politique monétaire à leur disposition pour le cas où.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Je suis d’accord. Je crois qu’on stade où on en est, toutes les options (maintien ou sortie de l’euro) doivent logiquement être envisagées avec leurs gains et leurs coûts. Je soulignais que c’est pas de bol parce qu’il y a une conjonction de faits qui ne sont pas forcément liés. Ou en tout cas, dont il faudrait montrer qu’ils sont liés. Plus précisément, une euphorie financière, des situations budgétaires contraintes dans de grands pays, une convergence qui se fait “mal” pour des pays comme l’Espagne ou l’Irlande, une croissance insuffisante sur les decennies précédentes, une banque centrale unique et des institutions en général qui réagissent mal. Sans oublier des questions internes liées au partage de la valeur ajoutée ou au fonctionnement du marché du travail. Note que d’une part, sur certains points, on aurait pu en tenir compte, c’est certain. D’autre part, je n’exclue pas un modèle d’ensemble où tout est lié. C’est même forcément lié, mais j’ai tendance à penser qu’il y avait des équilibres multiples et qu’on a vraiment chopé l’un des plus pourris. Du reste, dans quelques mois, devant les discussions sur le carcan de l’euro, je parie qu’on trouvera des analyses défendables capables de montrer aussi bien que s’il n’y avait pas eu l’euro, les choses auraient été pires. Enfin, l’avenir est ouvert, même si je partage clairement le sentiment de beaucoup : la plupart d’entre nous vont savoir – pour certains pour la première fois – ce que c’est que de voir son niveau de vie baisser significativement sur une période notable.

  6. C’est ni la faute de la crise financiere, ni la faute de l’Euro.
    C’est la faute a la perte de maitrise par le triptique Europe/Etats Unis/Japon des ressources mondiales pour eux seuls. Bref maintenant il faut partager, et le systeme ou on pouvait faire bosser les autres a notre place touche a sa fin, ils veulent aussi leur part du gateau, et non le gateau n’est pas extensible.
    Je serais pas ruine (a les femme et leurs envie irreprescible de faire un gosse a tout prix), j’investirais dans une ferme permettant de me nourrir…parce que quand ca partira en couille, ca partira TRES vite en couille, parce qu’avec la concentration urbaine, faire bouffer tout le monde sera infaisable quand il y aura plus de petrole a foutre dans le tracteur…

    L’Euro c’etait fait pour les riches, parce que la libre circulation de la monnaie, ca ne sert qu’a eux. Les autres en ont pas assez pour la depenser ailleurs ou c’est moins cher.

    Réponse de Stéphane Ménia
    OK, on va faire un référendum.

  7. Franchement le probleme Grec est un alibi, la crise de l’Euro est completement fabriquée.

    Si l’EU avait voulu regler la crise cela aurait ete fait depuis longtemps soit par un transfert de richesse des fourmis vers les cigales, mais l’Allemagne n’ayant ni la Corse, la Polynesie et les DOM-TOM n’est pas habituée ou alors l’ECB pourrait fabriquer de l’Euro avec du papier et de l’encre.

    Ce qui est fascinant c’est de voir le coté Western, les bons vont ils triompher a la fin? Il me semble que le Nord cherche a discipliner le Sud ou a l’exclure. Ca passe ou ca casse semble t il. High noon.

    Et au milieu, il y a nous, avec notre campagne Presidentielle qui s’annoncait peinarde comme d’habitude, le gagnant etait meme connu d’avance et les postes distribués, et dont le scénario devra etre réecrit a toute vitesse. Si au moins Cohn Bendit etait candidat.

    Je me sens in peu comme un lapin dans les phares d’une bagnole. Je sais que je dois faire quelque chose, mais je ne peux pas. Et je ne sais pas quoi.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Si vous excluez de ce qui est “fabriqué” ce qui relève des préférences nationales pour la redistribution vers des gens pas totalement comme nous, des jeux politiques et, quand même, de l’ampleur des coups d’éponge ou de raclette à mettre alors, oui, je suis d’accord, il n’y a pas de problème. On est en plein concours de passagers clandestins. Faire comme si le navire n’avait qu’une éraflure, considérer qu’on est peut-être dans le Titanic et donc garder la possibilité de se choper un canot de sauvetage le premier. Est-ce raisonnable ? Aucune idée.

  8. Incroyable ! On en arrive à oublier que ce sont les gouvernements grecs qui ont mis leur pays dans la m… en le faisant vivre pendant des années très au-dessus de ses moyens. L’appartenance à la zone euro leur a facilité la tâche en leur faisant croire que les autres pays paieraient indéfiniment, et en faisant croire aux prêteurs que la dette grecque était aussi solide que l’allemande. Mais ce n’est quand même pas "l’euro" qui les a forcés à gérer leur pays de façon irresponsable en croyant que ça pouvait durer toujours.

    On savait que "la politique, ça consiste à acheter les voix des électeurs avec l’argent des contribuables". Les gouvernants grecs (mais aussi bien d’autres dont les français) ont inventé une variante : acheter les voix des électeurs avec de l’argent emprunté à d’autres pays.

    Mais c’est plus rassurant et plus satisfaisant pour un esprit économiste de poser en principe que les gouvernements ne peuvent pas se tromper et de rechercher d’autres coupables, de préférence anonymes comme "l’euro" ou "les marchés" ou "la finance", qui auraient le devoir absolu de voler sans discussion au secours des escrocs. Décevant.

  9. Monsieur Stephane, je suis completement d’accord avec vous (et Alesina a ecrit la dessus). Mais si vous me permettez le probleme est inherent a toute collectivité sauf celles ou tout le monde est grand, blond, dolycocephale aux yeux bleu et Protestant.

    Quelle difference entre l’Euro-zone et le "systeme social" Francais?

    Est il plus couteux de supporter des Grecs avec leurs particularités que de supporter des Comoriens, Corses, guadeloupéens, Mezzogiornistes, Andalous, etc.

    Je sais que vous etes de Marseille donc pas tout a fait comme moi, mais les Corses, quand meme, vous imaginez. Alors un Grec ou deux.

  10. ‘Mais c’est plus rassurant et plus satisfaisant pour un esprit économiste de poser en principe que les gouvernements ne peuvent pas se tromper et de rechercher d’autres coupables, de préférence anonymes comme "l’euro" ou "les marchés" ou "la finance", qui auraient le devoir absolu de voler sans discussion au secours des escrocs. Décevant.’
    En meme temps ces marches sont completements idiots d’avoir prete a ces gouvernements, donc ne meritent pas d’etre sauves non plus… Il me semblent qu’ils sont censes savoir compter eux…

  11. @Stephane
    Bien d’accord, à part que quand "les marchés" rechignent à prêter, ils se font traiter de tous les noms. On ne peut quand même pas leur reprocher à la fois de prêter et de ne pas prêter.

  12. J’ajoute que parler des "marchés" comme si c’était des personnes est une bonne façon de dire des bêtises. Un marché, ce n’est qu’un outil de mise en relation d’acheteurs et de vendeurs, de prêteurs et d’emprunteurs, etc… C’est comme La Poste pour le courrier, rien de plus.
    Parmi les gens qui opèrent sur les marchés, il y en a qui sont idiots et d’autres pas, il y en a qui savent plus ou moins bien compter, il y en a qui prêtent facilement et d’autres difficilement ou pas du tout. On peut se demander parmi ceux-là lesquels il faut sauver et lesquels pas, mais les marchés eux-mêmes, ils ne sont responsables de rien et on en aura toujours besoin.

  13. Et moi, vulgum pecus parmi les vulgum pecus, j’aimerais déjà tomber sur un texte qui argumente de manière claire ce qu’il se passe. Ok, l’Etat grec n’arrive plus à rembourser ses dettes ? Jusque là j’ai bon ?

    Mais déjà, les dettes sont-elles le fruit de l’impéritie et de la gabegie de l’Etat grec ? Des méchants financiers ? De la crise, i.e. un manque de confiance et un tarissement de la manne prêteuse ? Des Grecs eux-mêmes, mauvais citoyens qui cherchent à payer le moins d’impôts possible ? Des dés pipés d’entrée de jeu avec des comptes maquillés ? Un peu tout ça à la fois, mais dans quelle proportion pour chaque élément ? Comme dirait l’autre, chi lo sa ?

    Et après, admettons qu’on connaisse les (la) causes du problème, c’est quoi la suite ?

    Oui, je l’admets, je suis perdu et j’envie toutes celles et ceux capables d’avoir un avis tranché sur cette épineuse question, parce que perso, je sèche et porter un jugement sans rien comprendre au problème, ça me parait, comment dire, idiot.

    Alors si quelqu’un pouvait éclairer ma lanterne, je lui en serais reconnaissant.

  14. J’ai l’impression que le "vulgum pecus" Episteme (ologue?) aurait aimé avoir des faits, du concret, plutôt que de la théorie. Moi j’aurais aimé avoir les deux, des faits expliqués par, ou coroborrant la théorie (qui me semble vraiment être la bonne, sauf que, c’est juste une théorie).

    La question qu’il a posée, "Mais d’où vient cette dette?" est un bon point de départ, l’air de rien. Que s’est-il donc passé concrètement? Y-a-t-il réellement eu une orgie de dépenses, relativement aux habitudes antérieures (facilitée par l’euro pas cher, à la Gu Si Fang?). Est-ce les recettes qui se sont relativement affaiblies? Par abus de réductions d’impôt? Par contraction relative de la masse taxable? Serait-ce lié à la perte de compétitivité? Et de combien fut-elle? (courbe d’indice des prix grecs, changés en Deutsch Mark, comparée aux courbe allemandes et turques)"

    Si quelqu’un a connaissance de papiers ayant gratté dans ces directions, ma reconnaissance lui est acquise d’avance.

  15. upload.wikimedia.org/wiki…

    Ca semble montrer l’opposé de ce que disait Gu Si Fang en com N°1. D’après la courbe public_debt/GDP, si la planche à billet a effectivement ronronné, c’était avant le passage à l’euro, et pas depuis (le ratio est grosso-modo stable de 2000 à 2008). Ca ne dérape que depuis 2008 (récession mondiale), mais pas forcément pire qu’ailleurs, et ca empire avec l’austérité imposée en 2010.

    Par contre, oui, la dette privée / GDP (courbe à déduire de celle mélant dette privée et publique) était faible au temps de la drachme, et s’est gonflée régulièrement à partir de l’arrivée de l’euro. Etait-ce un outil de financement du déséquilibre commercial?

  16. @Episteme
    Ne vous cassez pas trop la tête : qui d’autre que l’Etat pourrait être responsable de la dette publique ?
    Les financiers ne font que répondre aux sollicitations pressantes des États qui cherchent à "vendre de la dette" (en français; emprunter de l’argent pour faire les fins de mois).
    Tout le reste, euro, crise financière, etc. ce sont des circonstances dont les gouvernements devraient tenir compte dans leurs décisions. S’ils ne le font pas, c’est eux les responsables et pas l’euro ni la crise.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Je sais que ce n’est pas dans vos habitudes, mais vous devriez lire des économistes (je veux dire à part les deux ou trois que vous lisez tout le temps). Vous découvririez la nouvelle économie politique et le public choice (qu’en fait, bizarrement, vous ne maîtrisez nullement). Enfin, moi j’dis ça…

  17. "vous devriez lire des économistes"
    Je le fais, mais ça n’arrive pas à me convaincre. Vous pourriez peut-être m’aider en m’expliquant en quoi ce que je viens de dire dans le commentaire 16 est faux. Ça devrait être assez facile pour tenir en deux phrases

    Réponse de Stéphane Ménia
    Malheureusement, j’évite, contrairement à vous, de faire tenir en deux phrases des choses qui en nécessitent bien plus.

  18. c’est que, voyez-vous, je pense comme Boileau que "ce qui se conçoit bien s’énonce clairement", au besoin avec un tout petit peu d’effort.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Un, énoncer clairement ne signifie pas énoncer courtement. Deux, je vous considère depuis un moment comme un troll, avatar que je ne nourris qu’au compte goutte. Et aujourd’hui, je n’ai pas envie. Voilà, ça, ça ne nécessitait pas de longs développements, vu que je n’ai pas l’intention de me justifier.

  19. Il ne s’agit pas de VOUS justifier, mais de débattre sereinement thèse contre thèse, ce dont moi j’ai envie. Mais si vous pas, je ne peux pas vous y forcer.

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