Entendu

France Info, entendu ce matin, de mémoire : trouver l’argent du renflouement des banques sera facile, car l’Etat pourra se payer sur la bête plus tard. En revanche, pour le RSA, ce n’est pas possible. Un pauvre, ça ne rapporte pas.
La journaliste était-elle caustique, fataliste ou persuadée qu’un pauvre ne se rentabilise pas ? Je n’en sais rien. “C’est Martin Hirsch qui serait content d’entendre ça”, me suis-je dit dans un demi coma post-réveil du lundi matin. J’ai repensé à cet article de Gladwell qui, au milieu de tas d’autres références, montre qu’un tel raisonnement n’est pas forcément exact. Ensuite, bien sûr, tout dépend de l’évaluation que l’on fait du RSA. Disons qu’un bon investissement dans le pauvre, ça rapporte. Un mauvais, non. Le pauvre est un actif comme un autre.

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8 Commentaires

  1. Si un investissement d’état sur un pauvre donné pouvait être rentable, pourquoi donc aucun investisseur n’en a-t-il donc fait avant que l’état se retrouve avec ce pauvre en particulier sur les bras ?

  2. Comment ça, "le" pauvre ? vous en parlez comme d’un actif homogène ! le pauvre, c’est comme les subprimes, pardon, les crédits titrisés, il y a du bon pauvre (celui que les dames patronnesses visitent le dimanche) du mauvais pauvre, difficilement identifiables. Et des fois qu’on ait du mauvais pauvre dans le tas, on n’investit pas du tout dedans…

  3. PLus que jamais j’écoute France des Info le matin. Cette radio me fait bondir assez systématiquement et du coup je suis bien réveillé. Depuis un an, un an et demi je suis même de mieux en mieux réveillé…Surtout lorsque sur des sujets aussi complexes que la crise financière, en un laps de temps somme toute réduit (et, notons le bien, sans qu’aucun de leurs propos ne fasse l’objet de la moindre critique véritable) se succèdent au micro Monsieur le président et ou Monsieur le premier, Madame Lagarde…Voire Monsieur Besson…Pour être surs, sans doute, que leur rengaine soporifique et lénifiante imprègnera bien nos neurones tous juste éveillés…

  4. @Passant
    Parce que l’investissement sur le pauvre est source d’externalités positives… il n’y a pas de rendement direct, au sein du marché, mais un rendement indirect car extérieur aux relations des agents au sein du marché. La lutte contre la pauvreté est un "bien public" (ou un "service public") devrait-on dire… Sa réduction est un bénéfice pour la socitété dans on ensemble, et pas pour un éventuel investisseur privé en particulier.
    Je me soumets à l’approbation des agrégés… mais il me semble que je ne dis pas d’âneries.

  5. Ha ouaips : les externalités positives mais qui n’intéressent que la collectivité, c’est à dire, personne sauf l’Etat.

    Pas mal

    En gros, cela revient à dire que les investisseurs n’ont aucun intérêt à ce que les missions d’intérêt collectif soient faites par qui que ce soit d’autre qu’un acteur en particulier qui est l’Etat.

    La lutte contre la pauvreté n’est pas "juste" un bien public : c’est aussi une nécessité vitale, surtout pour les riches : car si les pauvres ont trop faim, les pauvres vont manger les riches.

    Mais, évidemment, si l’Etat se précipite pour s’en occuper et par ailleurs assurer la sécurité du capital et des droits de propriété des riches, en effet, personne n’a plus intérêt à se soucier des pauvres. Ce qui n’est normalement pas le résultat recherché : ou alors, autant passer directement à la phase finale : faire de tous les pauvres des fonctionnaires, leur filer une allocation de subsistance et, en contrepartie, les soumettre totalement à l’état et leur confier les travaux d’intérêt général. C’est ce qu’on faisait sous Giscard, un grand contributeur au progrès social comme on sait.. On peut y revenir.

    Laissons donc les riches gérer le problème des pauvres : c’est surtout le leur, quand on y réfléchit.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Je ne comprends pas pourquoi vous vous enflammer. En matière de politique publique, le raisonnement sur les externalités est bon. Vous voulez quoi ? Que chaque riche finance son pauvre ? Ou que les riches regroupés en fondation investissent dans les pauvres ? Si c’est la seconde option, sur le principe, il n’y a aucune différence de démarche avec une politique publique. Qui dit bien public ne dit pas forcément Etat, mais dit sous-investissement et passager clandestin. Après… le reste n’est que littérature.

  6. "La lutte contre la pauvreté n’est pas "juste" un bien public : c’est aussi une nécessité vitale, surtout pour les riches : car si les pauvres ont trop faim, les pauvres vont manger les riches."

    Je ne discute pas le reste, puisque M’sieur éconoclaste s’en est chargé. Mais permettez moi de vous dire que cette assertion n’est que pure idéologie…

    La preuve : le problème des riches n’est pas les pauvres "en eux-mêmes", mais le risque de violence qu’ils représentent. Et la solution a été trouvée par les riches : les résidences privées, avec entreprises de gardiénage et de sécurité (Cf. Pinçon et Pinçon-Charlot)… Les victimes de la montée de la pauvreté sont surtout les catégories sociales qui ne sont ni assez pauvres pour relever de ce que vous décrivez comme des dangereux "mangeurs de riches" ni assez riche pour trouver une solution sur le marché (services de sécurité). Sans, bien sur, prendre la peine de rajouter que ces catégories sociales sont d’assez loin les plus nombreuses…

    D’autant qu’on prend ici le seul point de vue "du danger" que représenteraient ces pauvres… et pas celui du bien-être social de ces catégories.
    Je maintiens que la montée de la pauvreté est source d’externalité négative, que le marché ne peut régler que (extrêmement) partiellement.

    Et si mon argumentation vous parait simpliste, je vous rappelle quand même la phrase suivante, qui date du XIXème siècle : "Classes laborieuses, classes dangereuses." Ce problème s’est historiquement posé de la même manière à la fin du XIXème… et la solution ? l’intégration progressive des classes ouvrières à la République (malgré des hauts et des bas : grêves de 1907, 1919, 1936, 1947-1948, 1968… en notant que les grèves de 1919, 1936, et 1968 ont été des victoires sociales avec l’amélioration des conditions ouvrières).

  7. "les riches regroupés en fondation investissent dans les pauvres ? Si c’est la seconde option, sur le principe, il n’y a aucune différence de démarche avec une politique publique."

    Il y en a pourtant une importante : faire payer le service rendu par ceux qui ont le plus intérêt à ce qu’il existe : c’est à dire, affaiblir le pouvoir que donne la fortune sur moins fortuné que soi.

    Réponse de Stéphane Ménia
    Ah, parce que les riches paient moins d’impôts et que les pauvres ne souffrent pas de la pauvreté de leurs semblables (pensez-donc à l’insécurité) ? Laissez tomber, votre raisonnement ne part pas sur de bonnes bases. Je pourrais vous faire remarquer que les riches ont un autre moyen de se défaire des pauvres : construire des miradors autour de leurs résidences et investir dans les systèmes de sécurité plutôt que dans le pauvre lui-même. Quoi ? Ils le font déjà ?

  8. Bien sur qu’un pauvre peut rapporter, et plus qu’un autre même, puisque lui paye des majorations de prime. (Ha zut, j’ai oublié le nom que ça porte en anglais, j’aurais pu me la jouer grâve… :))

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