Effets économiques de l’immigration, troisième partie : questions d’économie politique

Le projet de loi sur l’immigration est en train d’être discuté, et suscite d’ores et déjà de nombreuses analyses et commentaires. Pour se cantonner à la blogosphère tendance grand complot, Jules, de Diner’s Room, Nous livre une analyse du projet de loi en quatre parties à ce jour (la première, la seconde, la troisième, la quatrième). Maître Eolas nous fait lui visiter (dans ce qui constitue le début d’une série) la face cachée du droit des étrangers, les zones de rétention, et de façon générale ce que signifie concrètement le droit de l’immigration en France. Chacun pourra trouver par ailleurs des informations et discussions assez riches dans le débat public et la presse.

Ici, on va essayer, en reprenant une série sur l’immigration commencée il y a quelques temps (épisode 1épisode 2) de poser quelques questions sur l’économie politique de l’immigration. La distinction entre immigration “choisie” et “subie”, lorsqu’elle est employée, semble faire référence à des besoins de nature économique, distinguant les immigrants utiles à l’économie nationale des autres (c’est aussi sur ce critère que la France accordera des autorisations de séjour aux membres des pays de l’Est de l’Union Européenne). Cette distinction est-elle économiquement pertinente? On s’interrogera sur un autre aspect des flux migratoires qu’il faut bien poser, même s’il ne fait pas plaisir : un niveau élevé de protection sociale est-il compatible avec une forte présence immigrée sur le territoire national?

Pour conclure enfin, on proposera une solution économique, rationnelle, totalement éconoclaste, à la question de la gestion de l’immigration économique : je suis prêt à parier qu’elle fera l’unanimité contre elle.

Petit résumé des épisodes précédents. Le premier message de la série s’intéressait au “brain drain”, la “fuite des cerveaux” des pays en voie de développement vers les pays riches. On y voyait que pour l’essentiel, le mouvement de travailleurs des pays pauvres vers les pays riches était bénéfique pour les pays en voie de développement. Le second message de la série s’intéressait aux conséquences sur le marché du travail des pays riches de l’entrée de migrants : Il en ressortait que si quelques simulations théoriques font état de la possibilité d’une pression exercée sur les bas salaires par l’entrée de migrants, ces conséquences ne sont pas visibles lorsque l’on cherche à les mesurer, au moment de fortes entrées de migrants, type “Mariel Boatlift” en Floride ou arrivée des rapatriés d’Algérie en France. On avait vu aussi que s’il est possible que l’entrée de migrants aboutisse à ce que ceux-ci, parfois, se substituent à des travailleurs nationaux : mais c’est alors un problème qui provient du fonctionnement des marchés du travail nationaux, dont l’entrée de migrants n’est qu’un révélateur.

Que penser alors des concepts d’immigration “choisie” et “subie”? On peut noter que les adversaires du projet de loi sur l’immigration contestent celui-ci sur une base morale, mais sans contester le bien-fondé de l’idée économique de départ : il y a des besoins en travailleurs non satisfaits dans l’économie française; “choisir” les immigrés plutôt que “subir” signifie faire entrer ceux qui peuvent occuper les places “disponibles” plutôt que faire entrer des gens “qui ne trouveront pas leur place sur le marché du travail”. Les adversaires de la mesure voient là une conception utilitariste de personnes, et critiquent les conséquences de la création d’un tel marché du travailleur que l’on prend et que l’on jette au gré des fluctuations des besoins de l’économie nationale. Mais l’idée que de tels besoins existent n’est jamais contestée, alors qu’elle devrait l’être beaucoup plus.

Pour le comprendre, on peut se référer à une étude de la façon dont les migrants cubains du “Mariel Boatlift” ont été absorbés par le marché du travail en Floride. Rappelons qu’il s’agissait de l’entrée brutale de quelques 125 000 cubains, pour l’essentiel peu qualifiés, et qu’au bout de 6 mois ils avaient été entièrement absorbés. Cette absorption aurait pu se produire de plusieurs façons différentes. La plus évidente, c’est l’apparition de nouvelles activités économiques intensives en main d’oeuvre qualifiée. Mais cela n’a pas été le cas : la composition du tissu productif à Miami ne semble pas avoir évolué différemment du reste des USA à cette époque. Il y a par contre une différence surprenante entre les entreprises de Floride et celles du reste des USA : en Floride, l’adoption de l’ordinateur pour la gestion des activités a été beaucoup plus lente qu’ailleurs. Disposant d’une main d’oeuvre peu qualifiée disponible, les entrepreneurs n’étaient pas très incités à utiliser des technologies économes en travail; ils ont choisi de produire la même chose qu’ailleurs, mais avec des technologies utilisant le facteur travail disponible localement en abondance.

C’est une leçon extrêmement importante : le marché du travail est un carrefour de substitutions. Substitution travail qualifié ou non qualifié, substitution capital-travail, technologies intensives ou économes en main d’oeuvre sont disponibles : en fonction des conditions du moment, les entrepreneurs choisiront telle ou telle combinaison. L’idée qu’il pourrait y avoir des individus dont l’économie pourrait avoir “besoin” et d’autres inutiles dont la présence est “subie” est, partant de là, totalement absurde : les besoins en main d’oeuvre sont déterminés par le niveau des salaires et la main d’oeuvre disponible. Et après tout, cela n’a rien de très surprenant. chaque année, en France, il y a environ 2,3 millions d’entrées et de sorties sur le marché du travail (et il y a un peu plus d’entrées que de sorties). Le marché du travail fonctionne donc, en France, en “subissant” chaque année 2,3 millions d’entrées, d’individus qui ne sont en moyenne ni plus faciles, ni plus difficiles, que des immigrants à placer (les immigrants ont même plutôt a priori un avantage, car ils s’agit en général de gens courageux et motivés pour réussir, au point de courir d’énormes risques). La notion de “besoin” relève d’une conception fausse du fonctionnement d’une économie, considérant qu’il existe une sorte de sphère éthérée des “besoins de l’économie” que les individus doivent satisfaire. En réalité, il y a de multiples moyens de substitution, des fluctuations de salaires et de prix, qui au bout du compte déterminent qui fait quoi.

Cela ne veut pas dire que l’immigration “choisie” est nécessairement absurde; après tout, il n’est pas aberrant qu’un gouvernement détermine des critères d’entrée sur le territoire national; cela veut simplement dire que la distinction faite entre les gens qui manquent et qu’il faut faire venir, et ceux dont on n’a pas besoin, est fondée sur un postulat faux : celui d’un nombre d’emplois disponibles prédéfini dans un pays, à la fois en quantité et en qualité. En réalité, le marché du travail s’ajuste à la main d’oeuvre disponible, et la notion de “besoin” est un leurre.

Bien sûr, telle ou telle entreprise, tel ou tel secteur d’activité, peut chercher à recruter des individus dotés de certaines qualifications, et s’ils ont du mal à trouver ces individus sur le marché du travail local, pourront chercher à recruter des étrangers. Mais en quoi cela devrait-il passer par une politique migratoire décidée par l’administration publique? Ce genre de recherche ne peut fonctionner que si elle se fait de façon décentralisée. L’idée que ce processus nécessite une procédure dans laquelle les entreprises déclarent des “besoins” à l’administration, qui sont traduits en objectifs annuels de recrutement d’étrangers qualifiés, est une complète aberration. Si des mécanismes planifiés et centralisés fonctionnaient mieux que des mécanismes décentralisés dans ce genre de cas, cela se saurait. Un système dans lequel les entreprises cherchent le personnel dont elles ont besoin, pour qu’ensuite (éventuellement après une enquête) l’administration octroie au cas par cas un permis de séjour et de travail est infiniment plus rationnel, et ne nécessite aucune loi particulière pour exister, ni aucun mécanisme administratif voué à devenir très rapidement de la poudre aux yeux kafkaienne. Même en supposant que l’économie présente des “besoins”, comment imaginer que l’administration puisse mieux identifier ceux-ci que les employeurs?

L’immigration ne pose donc pas de problème spécifique d’absorption des migrants sur le marché du travail. Elle pose néanmoins potentiellement un autre problème, plus douloureux, et souvent occulté précisément pour cette raison : la perennité du système de protection sociale. Il ne s’agit pas de l’argument selon lequel les immigrés génèrent un coût pour le système de protection sociale (ils génèrent le même coût que n’importe quel individu, et les mêmes recettes aussi). Le problème est plus subtil. On constate que plus un pays, ou une région, est ethniquement divers, moins la protection sociale y est développée. Ce problème est notamment décrit par Alberto Alesina et Edward Glaeser. Comment l’expliquer? Tout simplement par les préjugés raciaux. Là ou il y a une forte diversité ethnique, la probabilité que les gens soient d’accord avec des phrases comme “les pauvres sont paresseux” est très élevée. Dès lors, l’adhésion à un fort système de protection sociale est faible dès lors que les pauvres apparaissent comme étant “différents” des autres. Alberto Alesina avait résumé le problème de la façon suivante :

Avec l’arrivée de nouveaux immigrants d’Europe de l’Est et des pays pauvres, l’Europe continentale devient de plus en plus hétérogène sur le plan ethnique. Les partis xénophobes sont de mieux en mieux implantés en Europe et parfois ils ont accédé au moins partiellement au pouvoir. C’est le cas de Jörg Haider en Autriche, du parti de Pym Fortuyn aux Pays-Bas et dans une moindre mesure de la Ligue du Nord en Italie. Il ne faudra pas attendre longtemps pour que les très respectables partis conservateurs ajoutent à leur rhétorique l’argument des ” étrangers qui viennent chez nous pour profiter de nos impôts “. Autrement dit, lorsque les classes moyennes européennes penseront qu’une grande partie des pauvres sont de récents immigrés, leur conviction dans les vertus de l’Etat-providence va s’effriter. Même l’intelligentsia de gauche en Europe associe maintenant la délinquance et la misère urbaine à l’immigration. De là à trouver trop élevée la part d’impôt dévolue à la protection sociale des immigrés, il n’y a qu’un pas. Quand cela arrivera – je dis “quand” et non pas “si” – il y aura trois réponses politiques possibles : l’une est de fermer les frontières aux immigrés pauvres, éliminant par là toute corrélation entre immigration et pauvreté, l’autre est de restreindre la protection sociale aux ” autochtones ” et la troisième est de réduire la protection sociale pour tous, à cause d’un moindre soutien de l’opinion publique.

Alesina voit dans ce dilemme, paradoxalement, la solution à l’eurosclérose : l’immigration devrait pousser à terme à la réduction d’un état-providence devenu pachydermique. On peut ne pas partager ce point de vue, mais dans ce cas, il faut faire un choix : une protection sociale importante, ou une immigration importante. Les progressistes qui se déclarent favorables simultanément à un état-providence à la scandinave et à une immigration conséquente feront face rapidement à des contradictions insurmontables. Il est regrettable que le débat ne soit jamais posé en ces termes. On peut penser qu’un état-providence un peu moins généreux est un prix acceptable à payer, étant donné ce que les migrants ont à gagner (entre le migrant en provenance d’un pays ou il gagne moins d’un dollar par jour, et le français RMIste, lequel a le plus besoin d’aide?); mais le choix inverse peut lui aussi être fait. Les deux pays que nous admirons tant pour leur merveilleux système social, le Danemark et la Hollande, ont en tout cas déjà choisi leur état-providence au détriment de l’immigration; la Suède ferait certainement le même choix dans des circonstances similaires. C’est une réalité que nous devons regarder en face, plutôt que nous draper dans la morale et la générosité.

Comment dépasser cette contradiction, et trouver un système acceptable pour l’entrée des migrants? Une proposition (dont l’auteur initial est l’économiste Gary Becker) pourrait être la suivante : Ouvrir une immigration de travail, mais soumettre les permis de travail au versement d’une taxe importante, de l’ordre de 5 ou 10 000 euros, voire plus, pour le droit d’entrer sur le territoire national pendant une période prédéfinie (mettons, 5 ans) et d’y travailler. Le montant exact de cette taxe pourrait être fixé chaque année par le parlement en fonction des circonstances. J’avais prévenu que ce serait une proposition qui allait faire l’unanimité contre elle; détaillons un peu cela.

Les adversaires de l’immigration verront dans cette mesure une “ouverture des vannes”, l’arrivée massive d’étrangers sur le territoire. On peut leur rétorquer deux choses : premièrement, que ces immigrants ne “coûteront” pas, puisqu’ils paient très cher pour leur entrée. Par ailleurs, le fait d’avoir payé cher pour entrer les incitera à travailler, et aura des chances d’attirer plutôt des migrants qualifiés et compétents – ceux qui peuvent payer, ou rembourser le prêt qu’ils auront eu à supporter pour entrer. Les problèmes que l’on associe aux immigrants seraient donc réduits par cette mesure.

Les partisans d’une immigration accrue verront dans cette mesure une insupportable charge imposée à des gens pauvres. On peut leur rappeler que les immigrants clandestins qui viennent en Europe paient d’ores et déjà ce type de somme pour entrer; mais ils paient cet argent à des filières criminelles et à des passeurs qui bien souvent les escroquent ou les volent, les exploitent et les maltraitent. Pour un candidat à l’immigration, devoir payer à des services officiels en contrepartie de certitudes sur les droits que cela lui confère constituerait un énorme progrès par rapport à la situation actuelle.

Cette mesure devrait s’accompagner d’une répression conséquente de l’immigration clandestine (dès lors qu’il existe des filières légales pour entrer, celle-ci n’est pas justifiée); Elle permet de choisir sereinement des critères d’accession à la nationalité pour les immigrants, qui ont en permanence la possibilité de venir sans avoir ladite nationalité. Elle réduit le besoin de regroupement familial : Si les immigrants savent qu’ils sont là pour une période donnée, qu’ils pourront revenir si et quand ils le souhaitent, le besoin de faire venir sa famille auprès de soi sera moins pressant, contrairement à la situation actuelle. Avec ce type de mesure, on peut imaginer que les entreprises nationales paieraient pour faire venir les gens dont elles ont besoin; le gouvernement pourrait adopter une politique favorable à certains pays ou certaines nationalités; par exemple, si l’on juge qu’il faut favoriser les pays francophones, il serait possible d’octroyer aux ambassades de France un quota d’entrées gratuites, ou de rembourser les frais d’entrée pour telle ou telle personne. Le parlement conserverait la possibilité de gérer le flux entrant, en modulant d’année en année le montant du droit d’entrée.

Il s’agit donc d’une mesure rationnelle, efficace, qui améliorerait considérablement la situation actuelle et résoudrait de nombreuses questions liées à la question des flux migratoires : Mais je ne crois pas m’avancer beaucoup en considérant qu’elle n’a aucune, mais alors aucune, chance d’être mise en place ou même discutée publiquement.

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Alexandre Delaigue

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24 Commentaires

  1. Ce serait à vérifier (là, je vais me coucher 🙂 ), mais je crois que le gouvernement Raffarin a instauré des CEF (Centres pour les études en France) auxquels les candidats à des études chez nous doivent désormais verser des frais de dossier conséquents.

  2. Je n’ai pas lu le livre, mais l’article me semble être un peu "brut de décoffrage" dans son raisonnement. Il évacue par le fait que l’hétérogénéité n’est pas une notion évidente: pour preuve les très grandes différences d’intégrations entre les diverses "communautés", qui est un produit des différentes histoires nationales (de l’esclavage découle le statut particulier des noirs aux Etats-Unis qui sont toujours l’objet de ségrégation, alors que pour les latinos ou les asiatiques l’intégration s’est quasiment faite ; du colonialisme en France le statut particulier des maghrébins par rapport aux autres immigrés) bref, il me semble (mais je n’ai pas lu le livre) qu’ils sautent un peu allègrement l’atlantique, transposent un peu facilement des données historiques et au final, nous racontent un peu n’importe quoi (ceci dit je suis d’accord sur l’impact de l’hétérogénéité, mais dit comme c’est dit dans l’article, ça me semble très rapide).
    D’autres point sur lesquels je vais aller plus vite (dodo):
    1- En France, les rapports sociaux sont avant tout tendus entre banlieue et centre ville, l’ethnicité est secondaire: un jeune à casquette sera facilement considéré comme arabe et donc comme différent. Quand les gens croisent des chinois, ils en ont rien à faire.
    2- du point précédent, je tire que la croissance est une bonne chose, car si elle ne change pas la couleur des peaux, elle enlève les casquettes. Bref, l’hétérogénéité pose moins problème (d’un autre côté vous me direz: s’il n’y a plus de pauvre, il n’y a plus de "mauvais pauvre"… c’est vrai)
    3- Autre thème: ça me semble une lecture un peu "brute" également du politique qui est conçu par les auteurs comme un reflet des rapports sociaux. Même si je ne veux pas éliminer les effets de la société, le politique ne s’y réduit pas et a, me semble-t-il (enfin semble-t-il à tout un tas de philosophes du politiques, le plus connu étant Micquels) un rapport plus compliqué avec la société qu’il tend à produire autant qu’elle le produit (bref, on ne peut pas je crois simplement déduire les choix politiques de la composition sociale d’une société, même si cela dépend quand même des histoires politiques)

  3. @Emmanuel : the economist, ça ne compte pas :-). Plus sérieusement, je vois très mal le débat posé en ces termes en France. Mais je ne demande qu’à être détrompé.

  4. Je suis tombé par hasard sur cette page très intéressante concernant les questions d’immigration. Il y a un nombre considérable d’articles à télécharger, dont deux revues de la littérature, la dernière datant de 1999.

  5. On pourrait imaginer egalement un forfait de passage pour ceux qui veulent se rendre en G-B ( remember Sangate ) qui leur donnerait le droit de se rendre dans un centre ( potable et humain , puisque financer par les etranger en transit )en attendant un transfer vers la GB , non?

  6. "Plus sérieusement, je vois très mal le débat posé en ces termes en France. "

    J’imagine que vous sous-entendez "posé et animé par des journalistes et politiciens professionnels français" ?

    J’imagine que le fait que le débat ne soit pas posé en ces termes à l’échelon régional ou communal ne vous interpelle nullement, puisque la circulation des personnes est libre entre régions françaises.

    Mais alors, quel serait l’intérêt de se poser la question à l’échelle nationale au sein de l’U.E. ?

    Dès lors, y-a-t-il un intérêt social à évoquer cette question au français, au vu du fait que la question se pose sur un périmètre coïncidant mal avec celui de la francophonie.

    Vous noterez cependant que la France a très largement assoupli sa politique d’acceptation de travailleurs européens non-français dans certains secteurs économiques et ceux-là seulement, se rangeant de fait dans la catégorie des états membres de l’U.E. plutôt progressistes : ceci n’incite à penser que l’argument est connu, considéré, mais pas assumé : c’est tout.

  7. C’est finalement l’idée d’une taxe douanière.

    La nouveauté réside dans le champ d’application que vous proposez, qui lui est parfaitement novateur.

  8. "Les deux pays que nous admirons tant pour leur merveilleux système social, le Danemark et la Hollande, ont en tout cas déjà choisi leur état-providence au détriment de l’immigration; la Suède ferait certainement le même choix dans des circonstances similaires."

    Pourtant la Suède ne fait-elle pas partie, au côté de l’Irlande et du Royaume-Uni, des pays qui n’avaient pas introduit de restrictions à l’entrée sur leur marché du travail des nouveaux entrants dans l’UE?

  9. C’est bien pour cela que j’ai utilisé un conditionnel… Mais les débats qu’ont suscité cette situation en Suède sont très instructifs. Les suédois ont reproché aux autres de n’avoir pas pris leur part des arrivées de migrants de l’Est (ce qui est parfaitement légitime). Mais le débat qui s’est ensuivi a bien montré que les suédois préfèrent leur système social aux migrants.

  10. > je suis prêt à parier qu’elle fera l’unanimité contre elle

    Pas sûr. Si tout en gardant l’idée de Becker (faire payer à l’immigré l’accès au territoire et au marché du travail) on la modalisait, par exemple sous la forme de prêts remboursables ou de l’établissement d’un délai de carence avant de pouvoir bénéficier de l’Etat-Providence (développée par Vincent Bénard ici : http://www.fahayek.org/index.php... ?

  11. Si « cette mesure devrait s’accompagner d’une répression conséquente de l’immigration clandestine » alors elle est loin d’être rationnelle et efficace !

    Quasiment toutes les politiques d’émigration seraient d’excellentes
    idées (selon leurs auteurs) s’il était seulement possible de contrôler parfaitement l’immigration.

    Mais ce contrôle idéal est un mythe ! Les immigrants sont suffisament motivés, suffisament pauvres et ont si peu de perspectives d’avenir dans leur pays, que le flux d’immigré clandestins incontrôlable ne se tarira jamais. Ou alors il faudrait des moyens si conséquent et si coûteux, que globalement l’intérêt pour l’économie du pays d’émigration serait minime.

    Je vous propose un exemple atypique. Israël aimerait beaucoup contrôler parfaitement un genre particulier d’immigration : celle des kamikaze palestinien. Il ne s’agit que de quelques dizaines d’individus, infiniment motivé et infiniment indésirable. Autant dire qu’Israël était prêt à dépenser des sommes fantastiques pour contrôler cette émigration-là… ce qu’elle a fait. Le coût en fût énorme, mais dans le même temps la situation économique s’est dégradée…

    Bon, d’accord, ce n’est peut-être pas un bon exemple ! N’empêche que votre idée se fonde sur le même mythe que le projet de Sarkozy : celle d’une émigration parfaitement contrôlée.

    En effet, vous butez sur le mythe de l’émigration parfaitement contrôlée par l’état : aucun pays au monde n’y est parvenu, et

  12. @Paul : hmmm.

    Avec une taxe d’entrée pour migrer, un candidat a le choix entre :
    – payer entre 5 et 10000 euros, et entrer légalement, ou

    – payer entre 5 et 10000 euros à une mafia, risquer de se faire tabasser, réduire en esclavage, abandonner au milieu d’un désert, devoir traverser un océan dans un porte-conteneur, ou dans le train d’aterrissage d’un avion; pour ensuite se retrouver en France illégalement et risquer à tout moment de se faire expulser, et de ce fait ne rien pouvoir faire de solide.

    Ce que vous dites, c’est le le dernier risque (celui de se faire expulser) ne sera jamais de 100% et que cela rend donc toute mesure de régulation de l’immigration impossible. Les politiques de régulation de l’immigration clandestine ordinaire ne sont pas efficaces, parce qu’il n’y a pas d’alternative à l’entrée clandestine pour le migrant; avec la taxe, il y a une alternative : l’entrée légale mais payante. Elle est là, la régulation.

  13. Pour répondre aux derniers commentaires il me semble quand même qu’une partie importante (la majorité?) des clandestins sont rentré légalement en France mais sont resté illégalement (au-delà de la durée qui leur avait été accordée). Dans ces conditions réprimer l’immigration clandestine reste toujours aussi difficile.

  14. Votre article est intéressant et il propose une réflexion peu commune sur l’immigration -même si ici "réflexion sur l’immigration" relève de l’antinomie, étant donné que ce thème est générallement inscrit dans un logique passionnelle.

    J’aimerais avoir votre avis sur un article que j’ai écrit qui traite justement du besoin d’immigration :

    initiativeeuropeenneetsoc…

    Amicalement

  15. L’idée que plus il y a de diversité ethnique dans un pays, plus les préjugés anti pauvres deviennent virulents….
    Ouais, on observe parfois ça.
    Dans des conditions de concurrence entre pauvres, et quand il y a menace pour chaque pauvre de tomber dans une plus grande pauvreté. Les plus pauvres que soi jouent alors le double rôle de menace (de tomber) et de garde-fou (sois vigilant, ne te laisse pas aller).
    On observe également le contraire dans certaines conditions (de solidarité dans un combat commun par exemple) et le revirement d’une attitude à l’autre peut être rapide et spectaculaire.
    Il y aurait des choses à dire sur les liens entre économie et croyances, non? La croyance dans la bourse, par exemple, participe à son envol, mais pourrait bien aussi, en se retournant brutalement, participer à son écrasement au sol?

  16. Propositions très intéressantes et effectivement éconoclastes. Le fond de l’étude s’appuie sur Alberto Alesina qui démontre avec force que protection sociale et immigration varient presque mécaniquement de façon inversement proportionnelle. Ce qui est également certain, c’est que l’immigration actuelle en France recherche la protection sociale en priorité puisque tous les immigrants, clandestins en particulier, savent qu’ils seront pris en charge même s’ils ne travaillent pas. Ainsi, un immigré malade est inexpulsable et doit être soigné aux frais de la nation. C’est bien ce fait historiquement nouveau qui différencie "notre" immigration de toutes celles qui on précédé, depuis le 17e siècle, en particulier aux USA, au Canada, au Brésil, en Australie, pays d’immigration "essentielle". On n’y venait jamais pour se faire soigner mais pour lutter, dans des conditions parfois terribles.

  17. Cette "taxe de séjour" semble intéressante, mais elle ne règle hélas pas les problèmes des clandestins. Pour les défenseurs des sans-papiers, elle n’est en rien opposable à ce qu’ils considèrent comme un droit inaliénable : celui de s’établir dans un pays plus protecteur. Pour eux, tous les sans-papiers ont vocation à être régularisés, et une "répression" accrue ne sera que plus intolérable à leurs yeux. Or, ne nous voilons pas la face, ce sont généralement ces "assos" qui font le plus de bruit médiatique et qui empêchent de prendre des mesures "en sérénité".

  18. Je ne veux pas être vexant, mais le problème de votre mesure, ce n’est pas de faire l’unanimité contre elle, c’est surtout qu’elle est complètement idiote et extrêmement rigide. Pour quelqu’un qui se dit économiste, vous devriez tout de même comprendre que le marché du travail n’a pas besoin d’une telle rigidité supplémentaire.

    Et objectivement, cela ne ralentira pas davantage les flux migratoires, car bien évidemment, votre solution n’agit pas sur leurs causes.

  19. Autant j’ai bien aime la fin autant le debut me parait fumeux. Oui il y a des besoins et le fait que les entrepreneurs s’adaptent a "ce qu’ils trouvent" ne remet pas en question qu’il y a un optimum et que celui ci peut ou ne peut pas etre atteind par la main d’oeuvre dont l’elasticite prix n’est pas infinie. L’exemple cubain est un bon exemple avec de mauvaises conclusions. On aurait pu en conclure que la Floride a pris du retard en terme de rendement, de productivite out d’efficacite en obligeant a privilegier la main d’oeuvre sur l’investissement infromatique, on pourrait egalement dire qu’elle a developpe une economie plus soumise aux aleas inherents au facteur travail vs K qui pourrait la mettre en difficulter ulterieurement ou l’avantager en d’autres cas. En gros le raisonnement suivi est comme souvent en vase clos. La Floride, seule au monde a un moment donne, a pu absorbe cet aflfux de main d’oeuvre non qualifiee.
    Donc oui pour moi l’immigration choisie fait du sens et le fait que Sarko ou l’UMP le disent n’y enleve rien.

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