Du bon usage d’Alexandre Adler pour les incultes (de mon style) ?

Ou les réflections (Add : aïe, esprit de Belle Gaudaire es tu là ?) réflexions d’un non-historien sur ce que raconte Adler…

J’achève l’ “odyssée américaine” d’Alexandre Adler. C’est le deuxième titre d’Adler que je lis, après son “J’ai vu finir le monde ancien”. Et, globalement, je trouve que la lecture des écrits du personnage est distrayante. Quand je lis certains critiques à son sujet, je suis très partagé. On lui reproche plusieurs points :
– être approximatif dans son report des faits historiques
– ne pas être le visionnaire qu’on prétend qu’il soit
– être de droite, détester José Bové, militer pour Bush et défendre Israël.

Le dernier point ne se discute pas vraiment. Que dire, si ce n’est que, toutes choses égales par ailleurs, c’est son droit tant que les deux premiers points ne sont pas mis au service de la capacité de perusasion (j’en reparle plus loin).

Les erreurs, approximations, voire manipulations des faits qui lui sont reprochées sont visiblement exactes. C’est dommage et ennuyeux. A sa décharge, ceux qui l’en blâment font preuve d’une autre mansuétude quand il s’agit des approximations de Mike Moore (que je n’hésiterais justement pas, pour ma part, à comparer à Adler dans son domaine). Ce qui m’étonne un peu, c’est que j’ai plus le sentiment que les critiques sont là pour exorciser une frustration d’entendre régulièrement vantée l’immensité de la culture d’Adler, que de les voir formulées par souci de la vérité. Mais je comprends que le manque de modestie revienne dans la gueule quand on passe un peu (ou beaucoup) à côté. De ce point de vue, la mine réjouie et catégorique d’Adler sur toutes ses prises de position ne donne guère envie de dire un ou deux mots en sa faveur quand il est pris la main dans le pot de Nutella. C’est la même chose quant aux prédictions du “gros Adler” (comme l’appelle presque affectueusement mon compère Alexandre). Elles ont cette capacité à être autant définitives que changeantes au gré de ses chroniques sur France Culture.

Voici de quoi instruire un bon procès, bien saignant. Il reste néanmoins plusieurs points qui interpellent, je crois :
– Adler ne va pas vraiment dans le sens du vent de l’opinion publique, c’est le moins qu’on puisse dire. Partant de là, il me semble bien plus soumis au “contrôle de la pensée” que d’autres. Ses positions ouvertement tranchées éveillent nécessairement la prudence.
– Son statut d’oracle public, et donc de manipulateur des masses potentiel, devrait être très relativisé me semble-t-il. Où intervient-il ? Sur France Culture, dans le Figaro, dans des bouquins dont l’édition de poche paraît chez Hachette Pluriel et dans diverses publications qui n’ont pas franchement le tirage de l’Equipe. En un mot, les gens qui le lisent ou l’écoutent sont a priori avisés, voire vaccinés. Reste alors la querelle de parisiens qui s’envoient des vannes à la gueule pour “le prix du VIP le plus cinglant of the year”. On m’a jamais invité au cocktail de remise du prix, donc je m’en tape.
– Au delà de tous les défauts que peut présenter la prose Adler, on trouve quand même de sacrées qualités.
D’abord, Adler écrit de façon généreuse. C’est enlevé et foisonnant. Ce que relève, ce n’est pas une surprise la plupart des lecteurs lambda. On passe d’un continent à l’autre, on refait en une page ou deux un siècle d’histoire des relations entre deux pays, tout en s’arrêtant sur les films qui évoquent les épisodes. Le tout dans un style qui allie la sobriété de l’universitaire et l’expressivité qu’on attend d’un romancier. Face à ce mélange, on peut réagir de deux manières. Soit trouver que c’est lourd et pompeux et qu’il y a toujours un ou deux adjectifs ou superlatifs de trop dans la phrase, exprimant un ego surdimensionné. On peut même revenir sur la première partie et considérer que l’entrain du texte fait passer le message erroné qu’il contient. De sorte qu’après avoir lu (ou entendu) Adler, avec le brio qui le caractérise, il n’y a plus de place pour critiquer l’intervention en Irak, même si les fondations de la démonstration sont fausses en réalité. Soit jouer le jeu et trouver au final que tout ceci est drôlement bien ficelé et tout simplement agréable à lire. Vous l’aurez compris, lisant Adler pour le pur plaisir, j’opte pour la deuxième vision. Et ce, même si je concède que la première est très acceptable. En particulier, il n’est pas vraiment aisé de suivre le fil de la réflexion d’Adler sur des dizaines de page, tant les digressions dans le détail sont nombreuses, pour ne pas dire permanentes.
Mais, pour autant, Adler est-il si insignifiant quand on se place sur le niveau des connaissances ? Quel est le taux d’informations fausses ou approximatives qu’il délivre dans un ouvrage ? Est-ce si important que cela ? Qu’on me comprenne bien, je replace le jugement du travail d’Adler dans une sorte d’analyse coût-bénéfice. Et le taux de fiabilité des informations factuelles doit être pris en compte sérieusement. Mais, jusqu’à quel point peut ôter tout intérêt à son travail ?
Sur le thème des prédictions, on retrouve, du moins c’est mon point de vue, ce côté gourmand d’Adler qui lui fait imaginer des futurs. Libre à chacun de les voir comme des prédictions fiables ou non. Ce qui retient mon attention, c’est la jubilation à formuler des hypothèses, même si, une fois de plus, le côté assuré et catégoriquement ronflant a de quoi agacer. Je trouve vraiment stimulantes toutes ces thèses prospectives qui, sauf omission de ma part, n’entrent pas dans les spéculations hasardeuses et écoeurantes de certains auteurs à sensation. Bien sûr, il y a une toile de fond d’intention : que veut tel pays ? quel est l’intérêt de tel gouvernement ? etc. Mais si on doit critiquer Adler, ce sera alors sur l’interprétation des jeux de pouvoir, des motivations rélles et la méthode de réflexion (réaliste chez Adler, par exemple).

Alors, peut-on lire Adler sans dommages ? Je crois. D’autant que si vous le feuilletez à ma façon, vous oublierez vite ses théories, mais vous souviendrez des références et rappels historiques et culturels (exacts en général !) qu’il dispatche tout au long de ses bouquins. Vous aurez les neurones en action quand il construits ses puzzles géopolitiques en deux coups de cuiller à pot. Un peu, comme je le disais, on prend plaisir à voir un documentaire de Mike Moore, sans être dupe de ses insuffisances.

Vous trouverez ici des liens très critiques sur Adler :
Acrimed Ah, eux, ils l’aiment pas, c’est clair…
Wikipédia. Moins sévère, mais pourl a forme. J’avoue que cet article me conduit à m’interroger plus en avant sur le Wikipédia français. De deux façons : les rédacteurs sont-ils parfois capables de pondre des textes vraiment équilibrés ? Alexandre Adler mérite-t-il vraiment une entrée dans une encyclopédie ?
Le monde diplomatique. L’article qui me fait penser que Adler ne s’embarasse pas toujours de vérifier ses chiffres. Encore faut-il que les chiffres fournis par l’auteur de l’article soient exacts. Je le suppose, par principe.

J’ouvre les commentaires sur cet article. Mais je les ferme s’il n’est pas possible d’avoir des avis posés. Et c’est moi qui décide de ce qui est posé, n’en déplaise à ceux qui pensent qu’ils peuvent venir chier dans mon salon au nom de la “démocratie et de la liberté d’expression”. Non, ce n’est pas comme ça que ça se passe.
A bon entendeur…

Ah, au fait, j’oubliais un truc sur Adler… Ses chroniques sur France Culture… La plupart du temps, je comprends pas, ou presque, où il veut en venir… Pire que Slama ou Benassayag…

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18 Commentaires

  1. Comparer Adler à Moore est un peu vexante pour ce dernier. Je crois que dans un combat de sumo, Moore l’emporte haut la main. Il est plus rapide.

  2. En pratique, il est probable que le Wikipedia francophone n’ait pas atteint la taille critique en termes de nombre de lecteurs/contributeurs pour s’avérer résistant aux manipulations (puisqu’il est conjecturé que le Wikipedia anglophone s’avère bien plus résistant, bien que plus gros, mais encore insuffisamment résistant pour constituer une approximation suffisante d’un modèle de concurrence parfaite). Mais en pratique, hormis quelques informaticiens aspirants-microéconomistes cinglés, personne ne s’intéresse trop à ces questions pour le moment à ma connaissance (revoir une récente allusion en ces lieux au "meilleur modèle du monde")

  3. Gus : si je voulais jouer aux impatients, je dirais que je suis un peu lassé de voir autant d’amateurs se targuer de parler de choses qu’ils ne connaissent visiblement que très mal.
    Néanmoins, je tiens à signaler que le rédacteur du blog "Notes d’un économiste" leconomiste.free.fr/notes… rédige des textes d’économie pour Wikipédia. Comme quoi, il y a quand même des contributeurs sérieux.

  4. J’avais certainement mal interprété votre allusion relative à Wikipedia dans votre article et j’essayais d’y répondre par un argument, je l’admets, tout à fait convenu, rodé, affiné.

    Reste qu’à mon humble avis, le seul moyen de convaincre des professionnels réellement compétents de synthétiser le plus sincèrement possible leur pensée (leur savoir, leur science, l’état de leur réflexion, etc..) en les termes les plus accessibles au plus grand nombre est de les y contraindre en les mettant en concurrence avec …. ceux qui les irritent, par exemple par des procédés comme le Wikipedia, dont l’objectif profond est de contraindre ses utilisateurs à rechercher la forme la moins contestable possible du savoir de sorte à pouvoir y glisser une fraction aussi infime que possible, mais jamais réellement inexistante de leurs simples convictions. Par ailleurs, j’imagine (mais ce n’est qu’une opinion) qu’il existe des domaines du savoir dans lesquels il n’existe pas d’amateur altruiste éclairé, notamment lorsque la détention du savoir ou l’aisance dont on dispose à l’employer à des fins non-prédéterminées peut constituer un enjeu de pouvoir (ou un critère d’employabilité, ce qui est parfois un peu la même chose).

    La méthode manque certainement d’élégance, mais je n’en connais pas de meilleure.

  5. Gus : on n’a pas besoin de professionnels compétents, juste de porteurs d’eau compétents, pour commencer. Mais j’ignorais que l’ambition de Wikipédia était de mettre les meilleurs sur le coup. Pourquoi pas, mais ça complique pas mal à moyen terme.
    Les économistes ne sont pas plus obsédés par l’argent et le pouvoir que d’autres. Ils ne sont pas plus versés dans le propriétaire que d’autres. La meilleure preuve, je pense, c’est de voir fleurir les versions en ligne de papiers théoriquement protégés par le droit d’auteur car publiés dans des revues. J’observe une sérieuse augmentation de ce genre de chose depuis deux ou trois ans, sans même parler des premiers jets de bouquins. Ce qui me ravit assez, puisque cela prouve que les économistes sont dans la même logique que les autres chercheurs concernant les revues spécialisées. En revanche, vous aurez noté je pense le faible nombre de ceux qui parlent français et tiennent un blog. Actuellement, le seul économiste de haut niveau, c’est Salanié. Vous voyez j’imagine pourquoi il est difficile de les avoir sur Wikipédia…
    Il ne s’agissait donc effectivement que d’une opinion préjugée.
    Au sujet de WIkipédia, cela dit, il est vrai qu’il y a un point qui chagrine, je crois l’économiste. Ce n’est pas tellement de croire que la gratuité ne crée pas. Non, ça, c’est accepté dans la mesure où elle débouche sur d’autres incitations (je ne vais pas vous refaire le topo, vous le connaissez). Or, ici, il reste deux incitations à publier dans Wiki : l’incitation purement altruiste et l’incitation politique. La première est tout à fait compatible avec la qualité, puisque la qualité obtenue par les lecteurs crée l’utilité du rédacteur. En revanche, côté incitation politique, on est très loin d’un tel argument…
    Bon, enfin, j’apporte globalement mon soutien à Wikipédia. J’aimerais seulement que la fin ne justifie pas tous les moyens de communication et le déni absurde que je constate parfois concernant les limites (à terme supprimables) du concept.

  6. Globalement d’accord avec vous, mais une remarque : des pays comme la Chine (nécessité de former massivement rapidement et à faible coût) ou la Finlande (climat/géographie/contraintes sur les transports) voire même, peut-être, l’Open University anglaise (former des économistes au fin find des Orcades est coûteux) n’hésiteront pas, pour telle ou telle raison, à "inciter" "leurs" meilleurs enseignants/savants/etc. à employer les "technologies du web" (parmi lesquelles Wikipedia) pour la formation des générations montantes de leurs cultures respectives. Donc, en fait, l’objectif d’implication des tous meilleurs est une simple question de compétitivité des "économies nationales" (peut-on parler d’une firme en parlant de l’ensemble des acteurs économiques rendus capables de se coordonner par une langue ou une culture commune ? existe-t-il un meilleur terme ?) et donc, n’est pas réellement portée par quoi que ce soit ayant un rapport avec Wikipedia, mais risque d’être à terme portée par d’autres acteurs, plus institutionnels, voire éventuellement des firmes. Mais dès que cela se produira pour une "économie nationale", il est aisé de prédire ce qui pourrait alors se produire (ne vient-on pas de fêter le lancement en grande pompe de Quaero ?)

    Donc : l’enjeu réel, pour la communauté Wikipedia (ou plutôt, pour chaque communauté wikipedienne centrée sur une culture donnée), est de faire en sorte que si un emploi efficace des technologies relatives est fait, que cet usage profite si possible au plus grand nombre possible et pas simplement à une énième compétition économique. Pour la Chine, ça risque d’être un peu chaud. Pour la Finlande, on a plus d’espoirs :-)))

    L’une des conséquences rigolottes est que, à supposer que cette prédiction se réalise, la question des contributions à valeur nulle ou négative fera du coup l’objet de bien plus d’attentions :-)))

    Juste mes deux balles en passant, hein.

  7. @Vulgos

    Moore est truffé d’inexactitudes (volontaires) ou de démonstrations inachevées (pour cause)… Ca joue sur le registre de l’émotion, mais ne s’encombre pas de détails. Exemple qui m’avait choqué dans Bowling for C…, lorsqu’il compare les taux de criminalité entre les US et le Canada, tout à son affaire de montrer que c’est le social responsable de la différence du taux de meurtre (ce qui est possible), il se contente de dire qu’il y a également énormément d’armes au Canada.

    Ce qui est limite mensonger, la plupart sont des vieilles armes de collection et il y a un gun control qui n’existe pas aux US…

    C’est très énervant ces approximations.

  8. S’il y a un reproche qui n’est pas justifié pour Adler, c’est le conformisme (référence à l’article d’Acrimed). Etre pro-Bush, pro-Sharon, pro-Poutine en France n’est pas une sinécure, loin de là. On a déjà vu plus confortable comme position… Sans compter qu’il est passablement intoxiqué par son passé communiste, conseiller historique de William Karel, ce n’est pas une position très à droite (pour ne rien dire sur le manque de sérieux). Pour le reste, je suis d’accord avec l’article de SM. Les contre-vérités assénées avec une grande assurance (je me rappelle encore d’Huntington comme architecte de l’opération Phoenix… ou toutes les conneries de Karel d’une manière générale), les grandes certitudes qui changent du jour au lendemain (2 chroniques sur l’Irak sur france culture me viennent à l’esprit, espacées de 2 jours, où dans la première il estimait qu’il fallait laisser les chiites tranquilles et s’attaquer aux rebelles sunnites et dans la seconde il soulignait la justesse de l’opération anti-Sadr lancée la veille par les américains…), mais je lui trouve quand même un talent d’orateur hors pair. Adler est très agréable à écouter mais à prendre avec des pincettes…

  9. Les chroniques du matin d’Adler sont franchement pénibles, notamment lorsqu’il aborde la Russie. Du coup j’ai des réticences à lire ses livres, alors que si ça se trouve, c’est agréable. Mais il y a tellement de bons livres à lire…

    Sinon, @alexis : puisque vous passez dans le coin, j’en profite pour vous recommander un must-read sur l’Irak :

    http://www.amazon.co.uk/exec/obi...

    Ca devrait vous intéresser. C’est en tout cas ce que j’ai lu de meilleur sur le sujet.

  10. Gus et SM: Le concept même de Wikipédia est foireux. Le marché n’a pas vocation à trouver la vérité à la manière d’un prix. Avec ce genre de principe basé sur la concurrence dans le domaine de la connaissance on aurait dit au XVè-XVIè que la Terre est plate avec au mieux une petite note répertoriant quelques théories marginales et loufoques dont la physique galiléenne. J’imagine aussi ce que donnerait l’entrée "Israël" sur le wikipédia arabe. Etc.
    Et si le but est de ne facher personne, de trouver un texte concensuel, c’est encore pire: le moyen-terme entre une vérité et une fausseté n’est pas une demi-vérité, c’est encore une fausseté.

    Eviv Bulgroz: Perso, j’ai trouvé Bowling for C. très décevant et incohérent au niveau de l’argumentation. Cela part très bien, de manière très caustique, sur la critique de vente d’armes puis vers la fin, c’est comme si Moore s’était dit que c’était pas très original et il commence à chercher une explication sociologique foireuse, très peu argumentée, sur l’américain historiquement violent. Moore a un réel talent de pamphlétaire cinématographique, c’est dommage de le gâcher avec des théories fumeuses. Je conseille "Roger and me" et "The big one", ensuite il descend de niveau et se perd dans l’idéologie.

  11. vulgos: j’aurais du mal à vous répondre sans m’attirer des reproches tout à fait compréhensibles de notre hôte pour prosélytisme aggravé, mais, pour en revenir aux arguments convenus, consensuels, etc.., "wikipedia ne gêne personne".

  12. Globalement d’accord avec SM sur Adler (dont je n’ai lu que « J’ai vu finir le monde ancien » mais dont j’écoute fréquemment les chroniques à la radio), je relève comme lui que l’essentiel des interventions du bonhomme se fait dans des médias à l’influence finalement très limitée (Figaro compris). Et comme Alexis Coudeyras, je constate que ses prises de position sont généralement très à contre-courant du « discours moyen » en France.

    Pour autant, Adler passerait facilement pour l’un des principaux apôtres de la « pensée unique », soit le corpus idéologique droitier censé être à la base de toute action politique dans ce pays. Il ferait ainsi partie de la cohorte de brainwashers ultralibéraux dénoncés par Bernard Cassen (http://www.nouvelobs.com/dossier... ) pour leur influence négative et leur hégémonie médiatique.

    Mais dans un pays comme le nôtre, venant de voter non au TC, dont l’opinion publique est globalement hostile au « capitalisme », à l’ouverture du capital d’EDF, aux Etats-Unis, à Israël, etc., où se situe exactement cette fameuse « pensée unique » ? Si la pensée unique est ultra-minoritaire, en quoi est-elle « unique » ?

  13. Gus: "wikipedia ne gêne personne"

    C’est à voir. Certes, pas encore vraiment, mais cela est dû plus à sa confidentialité actuelle qu’à sa dangerosité potentielle. Pour le coup, moi j’y vois un risque de "pensée unique" si ce concept était généralisé.

    Hugues: "Si la pensée unique est ultra-minoritaire, en quoi est-elle « unique » ?"

    Tout dépend du contexte étudié. Cette pensée est loin d’être ultra-minoritaire dans certains milieux, disons… "dirigeants" (les décideurs économiques et politiques des pays les plus puissants). Pour le coup, c’est là que vous rencontrerez peu de représentants du discours "moyen".
    Lorsque Keynes parlait en son temps de "pensée unique" en référence au laissez-faire, il ne voulait pas dire que la majorité des gens était favorable au laissez-faire mais que la majorité des gens du milieu qu’il fréquentait et où se situait le lieu de prises de décisions politiques et économiques était partisane de cette manière de voir.

  14. Alexandre : oui, agréable est le mot. Bien sûr, ça ne l’exonère pas de toute critique, même radicale. Mais, prenons l’exemple d’un bouquin comme "J’ai vu finir le monde ancien". J’aimerais qu’on m’explique en quoi ce livre est absolument dangereux.

    Hugues : J’aime beaucoup la liste de Cassen. J’apprécie à sa juste valeur la présence de Philippe Val dedans. Et je suis bien d’accord, Adler est un minoritaire, autant à gauche (ça étonne pas) qu’à droite (ça… étonne pas non plus). Et on peut se demander jusqu’à quel point sa façon de penser ou d’être ne le mène pas naturellement vers les zones incoccupées.

    Enfin, en tout cas, j’ai noté dans un commentaire d’Emmanuel que son autopropagande avait l’air de bien fonctionner, puisqu’un altermondialiste le qualifiait d’ "économiste"… Comme quoi, il passe pour une encyclopédie universelle. Ca, pour le coup, ça fait rire, parce que quand Adler parle économie, on voit bien que c’est un ou deux copains à lui qui lui ont soufflé quoi dire. Ce qui n’a rien de déshonorant dans le sens où il ne s’aventure pas dans les détails au elà de ce dont il a besoin. Un certain nombre d’historiens feraient bien de s’en inspirer. Les seules fois où il y entre un peu plus, c’est généralement pour commenter l’influence des idées économiques sur la politique d’une époque.

  15. vulgos : "Tout dépend du contexte étudié. Cette pensée est loin d’être ultra-minoritaire dans certains milieux, disons… "dirigeants" "

    C’est pas Davos qui dirige la France.
    Expliquez nous pourquoi la France n’est pas en Irak.
    Pourquoi la France ne soutient pas Israël sans concessions.
    Etc. Bref, Adler n’inspire pas la politique de la France, y compris donc dans les milieux dirigeants. Ca fait trois ou quatre messages qui justement expliquent qu’Adler n’est pas classable dans un consensus mou de hauts fonctonnaires et dirigeants d’entreprise.
    Donc, rangez cette jolie théorie qui a finalement plus de succès que les thèses d’Adler… Toujours la même tarte à la crème ressortie à toutes les sauces. C’est bien gentil de dire qu’il y a une culture commune des élites. Néanmoins, il faudrait éviter de penser que ça marche à l’endroit comme à l’envers ; de gauche à droite et de droite à gauche. C’est un peu plus compliqué me semble-t-il.

    Gus et vulgos : soyez sympas, laissez Wikpédia de côté, ce n’était pas le sujet principal du billet.

  16. SM: "Expliquez nous pourquoi la France n’est pas en Irak.
    Pourquoi la France ne soutient pas Israël sans concessions."

    Qui parle de ça? La "pensée unique" c’est vouloir envahir l’Irak et soutenir Israël? Mais maintenant que tu le dis, en y réfléchissant bien, oui, je crois qu’il y a effectivement une plus forte proportion de pro-ricains en Irak et de pro-israëliens (en tous cas moins de pro-palestiniens) chez les tenants de la "pensée unique".

    "Bref, Adler n’inspire pas la politique de la France, y compris donc dans les milieux dirigeants."

    Je m’en fous d’Adler. Je ne répondais pas sur ce sujet mais sur celui bien précis de la "pensée unique" et de sa représentativité (minoritaire? majoritaire?).
    Excuse-moi si je laisse poindre un peu d’irritation mais c’est toi qui a commencé à t’énerver, na.
    Maintenant, si tu veux quand même mon avis sur Adler (ne nies pas, tu veux le savoir), je dirai que oui il est classable dans ce concensus mou qui règne chez les chefs d’entreprise. Pourquoi tu crois qu’il est au Figaro? (à moins que ce ne soit l’inverse et qu’il s’adapte à son lectorat potentiel?)
    Ce qui ne veut évidemment pas dire qu’Adler décide ce concensus mou (et encore moins la politique de la France, dieu merci), il a trop peu d’idées. Adler lèche juste la main qui lui donne à manger, et il aime ça, manger (racisme anti-gros que j’assume).

    "C’est bien gentil de dire qu’il y a une culture commune des élites. Néanmoins, il faudrait éviter de penser que ça marche à l’endroit comme à l’envers ; de gauche à droite et de droite à gauche. C’est un peu plus compliqué me semble-t-il."

    En effet, c’est plus compliqué. Si je comprends bien, tu es prêt à accepter qu’il peut y avoir communauté de pensée (dans une certaine mesure) dans un milieu donné. C’est déjà ça. Ce que tu critiques c’est juste le terme "milieux dirigeants". Et… tu as raison sur ce point. Il y a là effectivement un amalgame et une homogénéisation qui n’existe pas vraiment de nos jours (contrairement au laissez-faire à l’époque de Keynes).
    J’aurai dû dire "milieux dirigeants économiques" (y compris les économistes lambda, seuls les chercheurs en économie sont à mettre à part dans une certaine mesure) et laisser les politiques en dehors de cela (ce qui est d’ailleurs au programme de la "pensée unique"). Es-tu d’accord ainsi ou vas-tu me dire que l’altermondialisme est majoritaire chez les patrons d’entreprise, à la FED, au FMI et à la BCE?

  17. SM: "Expliquez nous pourquoi la France n’est pas en Irak.
    Pourquoi la France ne soutient pas Israël sans concessions."

    J’ai oublié de l’ajouter mais t’avais deviné la réponse. La France est un pays de gauchistes, surtout parmi les fonctionnaires.
    D’ailleurs, voici un petit article de Nozick qui m’a bien fait rire. On peut y lire: "First, one might predict that the more meritocratic a country’s school system, the more likely its intellectuals are to be on the left. (Consider France.)"

    http://www.cato.org/pubs/policy_...

  18. vulgos : "Gus: "wikipedia ne gêne personne"

    C’est à voir. Certes, pas encore vraiment, mais cela est dû plus à sa confidentialité actuelle qu’à sa dangerosité potentielle. Pour le coup, moi j’y vois un risque de "pensée unique" si ce concept était généralisé."

    Troll mis à part,ya une chose que je ne comprends pas bien : l’audience de TF1, ARTE, ou même France Culture, france Info, BFM, rayez les mentions inutiles est infiniment supérieure à celle du wikipedia et vous ne les estimez pas, eux aussi, machin pensée unique ? Quel est le problème particulier posé par wikipedia ?

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