Ce week-end, le RC Lens recevait Istres en championnat de Ligue 2. Lens devait gagner pour assurer son maintien en L2, alors que Istres était déjà sauvé et n’avait rien de particulier à gagner. A Istres, des dirigeants et joueurs sont liés à Lens (le président est un ancien dirigeant de Lens et un joueur d’Istres est prêté par Lens). Les paris sur ce match ont été très importants (en faveur de Lens) et finalement suspendus avant le match. Les Lensois et Istréens sont très énervés. En fait, on peut les comprendre. Suspendre les paris signifie qu’on suspecte un arrangement entre les deux équipes. Pourtant, il y a au moins deux bonnes raisons de ne pas trouver suspects de gros paris sur une victoire de Lens.
La première raison, c’est qu’une équipe comme Lens, une grosse structure, menacée par une relégation en National, avait de bonnes raisons de faire le match de la saison et de bonnes raisons de gagner contre un club qui n’avait jamais que 4 points de plus qu’elle au classement. Le fait que des individus aient pu parier une grosse somme sur Lens ou que de nombreux parieurs aient parié sur l’équipe est rationnel. La seconde raison, c’est que si les parieurs pensent que le match est arrangé, ce n’est pas pour autant qu’il l’est. On sait évidemment que lever le pied quand il n’y a pas d’enjeu (ou qu’il y en a un indirect, sentimental) est une pratique connue. Mais où est la limite entre la pratique effective et la croyance que le match est truqué ? Là encore, en l’absence de toute fraude, il est rationnel de parier sur l’équipe supposée favorisée. Et que les montants soient anormalement élevés peut être déduit d’une information publique largement exploitée (il y a un gros enjeu, donc l’arrangement est probable et de nombreux parieurs l’anticipent), aussi bien que d’une information privée éventée (une rumeur largement diffusée, du type “Je connais le beau frère d’un gars qui connaît un cousin qui a entendu un joueur de l’équipe réserve dire que c’était truqué”) ou de la simple observation du montant des paris engagés, qui laisse supposer qu’il existe une information privée pour les autres.
Mais en définitive, pour les sociétés de paris sportifs, il est également très rationnel de suspendre les paris, pour éviter toute polémique. On vous l’a dit, l’asymétrie d’information, ça fait disparaître des marchés. Pour finir : avec 6 équipes de L1 entre 36 et 39 points de la 13ième à la 19ième place avant la dernière journée du championnat, il va y avoir de quoi suspecter dans quelques jours…
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Sur la Lique 1, il y aurait de quoi suspecter si l’OM avait encore quelque chose à gagner (pas de relégation, ou une place sur le podium)….
Réponse de Stéphane Ménia
Ah, parce que OM 1 – 3 Montpellier, ça vous paraît pas suspect, vous ? A une époque, on avait des Montpellier 1 – 3 OM, hein…