Désindustrialisation et balance commerciale en deux graphiques

Je l’ai emprunté à ce document Natixis rédigé par Patrick Artus. A lui seul, il en dit long sur la confusion d’une approche simpliste entre échanges extérieurs et désindustrialisation.

Oui, vous l’avez noté… la balance manufacturière française est à l’équilibre. Je cite Artus :

“Des excédents commerciaux peuvent venir non pas de la solidité de l’industrie, mais de la faiblesse de la demande intérieure de produits manufacturés, comme en Allemagne, au Japon et en Italie”

Le fétichisme industriel est ce qu’il est. Entre verser dedans et analyser la désindustrialisation et ses éventuels inconvénients (ça, on peut, on doit même…) il y a un pas important. Mais assimiler industrie et balance commerciale, c’est s’adonner à une perversion mercantiliste malsaine.

Quand j’essaie d’expliquer à des étudiants à quoi sert le commerce international, je sais – comme tous ceux qui essaient de la faire – qu’il faudra d’emblée casser l’idée que vendre plus à l’étranger est une bonne chose en soi. La rhétorique de la guerre économique étant l’une des notions (stupides) les mieux assimilées par les gens, on se heurte à l’incompréhension, à la suspicion, parfois à l’ironie. Dans ce cas, il ne reste plus qu’à dégainer l’argument historique franco-français le plus parlant. En 1993, la France a enregistré des excédents commerciaux historiquement exceptionnels (peut-être inédits pour le siècle passé). C’était aussi la première année où le PIB baissait (-1% de mémoire) en France depuis la seconde guerre mondiale (Add : en fait, il semble bien que c’est en 1975 que c’est arrivé pour la première fois depuis la guerre). En général, ça marche plutôt bien. On arrive alors à faire passer l’idée (au moins pour dix minutes) qu’accumuler de l’or ou des devises n’est pas forcément un signe de dynamisme économique et que, ni plus ni moins, comme le rappelle Artus, on épargne. Moralité, en faisant (un peu malignement) appel au fétichisme du PIB et de la croissance (même de court terme), on dézingue celui de la balance commerciale. Espérons qu’en matière d’industrie, cette ruse fonctionnera aussi, afin de pouvoir parler sérieusement de désindustrialisation…

Bonus : un second graphique (tiré d’une autre note d’Artus) qui nous explique un peu mieux pourquoi la balance commerciales (globale) est déficitaire.

Plus généralement, je vous conseille les deux articles, ne serait-ce que pour les graphiques.

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1 Commentaire

  1. Le probleme depuis 74 (et meme avant) c’est bien d’exporter de quoi payer la facture energetique.

    Et desindustrialiser n’a comme consequence que de limiter les services, services qui n’existent que parce qu’il y a une industrie a qui les fournir. Enfin bon de toute facon tout cela n’aura bientot plus d’interet non plus, l’energie allant en se rarefiant, faudra faire avec ce qu’on a sur place.

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