Argentine et Grèce

Sur Slate, une chronologie de la crise argentine de 2002 accompagnée de comparaisons avec la Grèce. Utile, parce que le cas argentin, comme le montre d’ailleurs l’article, est un cas d’école dont on peut tirer des enseignements, en particulier pour la Grèce. Toutes choses égales par ailleurs, bien sûr (j’ai du mal à comparer Grèce et Argentine, malgré les quelques points communs structurels mis en avant par Anne Denis). A rapprocher d’un article plus ancien de Charles Wyplosz, sur Telos.

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4 Commentaires

  1. La version Bisounours (ou glamour) de la crise Argentine.

    On se demande d’ailleurs comment la fameuse classe moyenne peut se remettre a consommer avec un peso qui, me semble t il vaut 40 cts (et non 25, que ses retraites ont ete "nationalisées" (comme les reserves de la BC d’ailleurs) ce qui permet au gouvernement de dispenser des largesses sociales avant les elections; leurs economies en devises ont ete peso-isées en 2002.

    La lecon de la crise pour eux c’est qu’il vaut mieux avoir des billes a l’etranger. Les Grecs ont pris note.

    L’avantage de l’Argentine c’est qu’au moins il produit des matieres premieres qui sont en plein boom (son industrie est ultra non competitive). L’avantage de l’Irlande, chez qui l’austerite semble fonctionner, c’est qu’il produit des biens et des services commercialisable. Quand a la croissance Argentine, j’ai du mal a voir a quoi elle correspond de réel alors que la devise se devalue au fur et a mesure.

    L’inconvenient pour la Grece te le Portugal c’est qu’il ne produisent rien de competitif. meme pas du tourisme. Le haircut necessaire ne changera rien au fait qu’il faudra aligner leur couts et leur productivité. L’avenir n’est pas rose pour eux.

  2. La Grèce présente une spécificité qui n’apparaît pas dans l’article. Elle n’a pas (vraiment) d’État. Même corrompu, l’État existe en Argentine. L’État en Grèce, c’est une entité reconnue par ses pairs, internationalement, mais dont le pouvoir effectif sur sa propre société n’est pas du même ordre qu’en Argentine. Exemple : son seul moyen pour espérer faire rentrer un des impôts les plus immédiatement liés à la notion d’État territorial, et faciles à percevoir pour cet État, la taxe foncière, a été de la lier à la facture d’électricité, en l’absence de cadastre couvrant tout le territoire. Eh bien, l’opérateur -public- d’électricité a refusé d’obéir à cette injonction régalienne, parce que tel était son bon plaisir. En Argentine, que je sache, les douaniers n’ont pas refusé de percevoir les taxes à l’exportation, ou les opérateurs portuaires refusé de laisser les douaniers travailler.

    Les créanciers ont cru souscrire des emprunts d’État auprès de la Grèce. C’étaient des emprunts de non-État. Ce n’est pas le cas en Argentine, pas non plus au Portugal d’ailleurs.

  3. Cette histoire apporte la démonstration que de telles crises dépassent les capacités de la démocratie telle que nous la préférons, et qu’elles ne peuvent être résolues que par la compétence et le volontarisme d’une poignée de responsables politiques.

  4. Toujours le même schéma : on expédie en une phrase le déclenchement de la crise, on débat longuement sur ce qu’il faut faire ensuite. Comme si la crise était un évènement inattendu tombé du ciel, une sorte de catastrophe naturelle, alors qu’elle est le résultat inéluctable d’erreurs patiemment accumulées qui la rendent inévitable, la seule incertitude étant le moment exact où elle se déclenchera. Dès avant même que la crise éclate, on ne peut plus décider qu’une seule chose : qui va en faire les frais. Et plus on la retarde, plus elle sera dévastatrice.

    Le drame, c’est que ceux qui ont eu le pouvoir de créer les conditions de la catastrophe sont bien incapables d’en supporter seuls les conséquences, mais ont le pouvoir de les reporter sur d’autres, en montant des usines à gaz monétaro-financières dont le seul intérêt est de dissimuler la triste réalité : ce sera une fois de plus les peuples qui vont payer pour les erreurs de leurs dirigeants, après les avoir applaudis au moment où ils les commettaient. Comme a dit Bossuet : « Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes »

    Qui est responsable ? Certainement pas, comme on cherche à le faire croire, ceux qui ont été assez bons et/ou assez bêtes pour prêter de l’argent et qui se réveillent tout à coup certainement un peu moins bêtes, mais peut-être toujours aussi bons. Dans l’ordre de responsabilité décroissante, ce sont :
    1. les gouvernements qui ont endetté leur pays au-delà du raisonnable,
    2. en démocratie, les parlementaires qui les ont soutenus,
    3. ex aequo, les conseillers qui ont doctement affirmé que la dette publique n’a pas d’importance, qui sont d’autant plus coupables qu’ils se prétendent économistes,
    4. le peuple qui a désiré les effets provisoirement bénéfiques et applaudi les mesures qui allaient provoquer sa ruine.

    Quand comprendra-t-on que la seule révolution qui vaille, c’est celle qui retirerait aux gouvernements l’essentiel de leurs pouvoirs, surtout dans le domaine économique ?

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