Après l’option nucléaire, on invente quoi?

Puisque le plan à 700 milliards de dollars ne suffit pas, puisqu’il sera bien difficile de mettre en oeuvre une quelconque solution coopérative en Europe, voici la dernière option : La fed achète directement du papier commercial. Voir chez Felix Salmon l’explication de la chose en termes choisis par Nouriel Roubini. La phrase clé (ma traduction) :

Nous avons atteint le point ou la fed est la seule banque du pays, ou mieux, du monde, car les séries de swaps permettent à la fed de prêter des dollars aux banques non-américaines hors des USA.

Voir aussi alea.

EDIT : comme le pressentait jck dans les commentaires, la véritable option nucléaire, c’est la recapitalisation publique des banques, c’est à dire, en pratique, la nationalisation partielle. L’Angleterre vient de s’y mettre. L’Espagne de son côté lance un fond de rachat d’actifs. Mine de rien, il y a là une question centrale : si le problème des banques est la liquidité, alors le rachat d’actifs, à la mode Espagnole-plan Paulson, est la méthode appropriée. Si le problème est la solvabilité, alors, il faut recapitaliser les banques, et c’est le plan britannique qui est adapté – tout comme le mode de sauvetage de Dexia. Sachant qu’il faut en pratique faire les deux : la question est de savoir ce qui est prioritaire.

Parce que les ressources sont limitées, et qu’à force de sauvetages mal fichus, les munitions vont s’épuiser. Les dirigeants politiques peuvent promettre qu’ils empêcheront les faillites bancaires avec leurs petits bras musclés, et qu’ils assurent tous les dépôts; ces promesses n’engagent que ceux qui les croient, car elles impliquerait des niveaux de dépenses publiques telles que les dettes publiques nationales atteindraient des niveaux difficilement accessibles.

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Alexandre Delaigue

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16 Commentaires

  1. la veritable option nucleaire, c’est la recap des banques par l’etat…coming soon IMHO.
    Like your book btw.

  2. "La fed achète directement du papier commercial."

    Qu’on appelle billets de trésorerie en France, mais je chipote.

    Roubini exagère quand il dit que la Fed est la seule banque du monde : la BCE prête aussi, et massivement, pour palier les ratés du marché interbancaire en Europe (d’ailleurs, je suis assez preneur d’une explication des mécanismes qui font que la Fed peut prêter, via swaps, aux banques du monde entier).

  3. Idéalement, il faudrait maintenant une baisse des taux : à 0% éventuellement, s’il s’agit de répondre aux attentes du marché et promouvoir la croissance.

    Non, je blague..

  4. Si quelqu’un a le temps d’expliquer à un néophyte, autant je comprends les risques que court une banque ordinaire à posséder des titres pourris, autant j’ai du mal à voir les conséquences juridiques d’une part, économiques d’autre part qu’aurait cette expérience si elle tournait mal.

    Voyons, la Fed achèter du papier d’entreprises. Même dans le cas le plus optimiste, il y aura plus de 0 % de défauts sur ces certificats de dépôts je suppose, que se passe-t-il si cette proportion de défauts n’est pas négligeable, voire importante ?

    Si j’essaie de comprendre, je vois un déficit de la Fed, donc une diminution de ses fonds propres… Mais pour une institution qui a la planche à billets, quelle importance d’avoir des fonds propres ? Elle peut toujours payer ses créditeurs, quelle que soit sa propre situation. Donc rien ne la pousse à la faillite, elle peut théoriquement publier des bilans avec un capital négatif (sauf à ce que les normes comptables l’interdisent).

    Que se passe-t-il alors ? L’état US renfloue sans discuter, les liquidités relancent l’inflation, un peu des deux ?

  5. Je ne maîtrise pas totalement les tenants et les aboutissants, mais j’aurais dit comme Julien que c’est un peu jouer avec le feu. Si la FED se casse la gueule, elle ne sera pas secourue par la FED, et l’état américain ne pourra lui sauver la mise, puisque sa réserve d’argent est… la FEDeral reserve (du moins si j’ai à peu près compris… Je n’exclue pas un gros contre sens).

  6. Je ne comprends pas tres bien ce que dit Munchau: il dit que la plupart des economistes etaient d’accord pour dire que le plan Paulson etait une tres mauvaise idee, ce n’etait pourtant pas mon impression en lisant un peu l’avis des economistes americains. Suis-je tombe par hasard sur les rares qui etaient pour ? Si je comprends bien, la solution à ses yeux, c’est la nationalisation massive des banques, mais là aussi, il me semble que ça ne fasse pas l’unanimité non plus (T. Cowen récemment mettait en garde contre cette direction, argumentant que ce qui pouvait marcher pour la Suède pouvait echouer pour des pays plus gros).

  7. Un grand nombre d’économistes se sont déclarés favorables à diverses variantes de la recapitalisation / nationalisation des banques, et opposés au plan Paulson.

    Cette solution est basée sur l’idée que si le système bancaire se "gèle", les entreprises ne pourront plus se financer et l’économie en pâtira. Je crains qu’il y ait beaucoup de confusions entre monnaie et capital à ce sujet.

    Le deuxième argument qui est avancé est que les banques seraient sous-capitalisées. Mais elles le sont au regard de la taille du marché actuel, qui est à mon avis tout sauf "normale". Le secteur financier est hypertrophié et le problème n’est pas tant un manque de capital qu’une activité financière qui a enflé et s’est transformée en rent-seeking à somme nulle.

    Il FAUT donc des restructurations bancaires, et une réduction de la taille du marché. La recapitalisation / nationalisation n’aidera certainement pas ce processus. Après une période où les Américains n’ont pas épargné, il serait absurde de gaspiller de précieuses ressources en capital dans le secteur financier.

    Sans compter qu’il y a une part d’angélisme à croire qu’une finance nationalisée serait plus sage et plus raisonnable que Wall Street…

  8. @ Julien
    il me semble que le probleme de la planche a billet c’est l’inflation. En grossissant le trait, si la Fed fait tourner sa plance 24/7, elle diminue la valeur de la monnaie. Comme la valeur diminue, et bien il en faut plus pour continuer a vivre (puisque, par exemple la banane qui etait a 3$ la pound est passes a 5$ et bientot 6, et pareil pour l;ensemble des bien). Pour que les entreprises et les citoyens puisse continuer a vivre, il faut augmenter les salaires (revenus dasn le cas d’une boite), et tu commence alors a rentrer dans une spirale infernale ou tu continue a imprimer pour subvenir a tes besoins, jusqu’a une crise de grande ampleur.
    Il me semble que l’une des dernieres crises importantes avec ce genre de facteurs etait l’argentine en 2000 ou 2002.
    Bien entendu c’est le cas extreme, mais la conclusion est la meme, faut faire gaffe avec la planche a billet!!!

  9. Et, comme le dit aussi Roubini, faire le tri entre les banques solvables et insolvables. Fermer les premières et recapitaliser les secondes, car les banques pourris entraînent dans leur chute les banques saines.
    @ Emmanuel : que Roubini exagère et que c’est un chat noir, je lis cela depuis 2006.

  10. "Mine de rien, il y a là une question centrale"

    Il me semble que le fait que l’opinion majoritaire exprimée des professionnels plus d’un an après les premières interventions en urgence de la FED ait voulu réduire la question de la crise financière à une question de liquidité, ce consensus n’a jamais existé dans l’opinion. Comment pouvait-il l’être quand des évidences aussi dures que les courbes d’évolution hors-inflation de certains actifs sur vingt ans ne sont guère commentées en termes accessible au commun ?

    La question posée est donc plutôt de savoir dans quelles sociétés le système financier impose sa lecture de l’économie à la société et dans quelle société il n’y parvient pas. L’actuelle désunion des pays européens démontre juste que l’europe n’est pas (encore) une société.

  11. @julien

    Une banque centrale ne peut pas faire faillite.

    Simplement la monnaie qu’elle émet peut perdre de sa valeur par rapport aux autres monnaies.
    Les vendeurs étrangers n’acceptent plus sa monnaie. On passe à d’autres monnaies pour les échanges internationaux ou on revient au troc (un solution qui plaît aux "éthiques" plus ou moins "verts").

    Il est peu vraisemblable que tu puisses comprendre quelque chose aux discussions en cours si tu n’as pas acquis le b, a, ba sur la monnaie et les banques. D’ailleurs il peut vraisemblable qu’il existe quelqu’un dans le monde qui comprenne tout étant donné la dispersion de l’information et la limitation de nos moyens intellectuels. In fine on ne peut pas interconnecter des cerveaux. Les décisions se prennent dans une seule tête quelles que soient les apparences.

    On part à l’aveugle dans cette crise.

    Le b, a, ba n’est pas vraiment compliqué mais il n’existe nulle part un exposé simple sauf peut être, à la connaissance de bof, dans le petit livre de Murray Rothbard : What has the government done to our money? (en ligne)

    Tu devras faire ton éducation toi même. Les manuels compliquent la question à plaisir et n’expliquent pas le cheminement simple. On se demande parfois si les auteurs eux mêmes comprennent vraiment la base.

    On discute de questions puissamment synthétiques avec des tas d’appartés de spécialistes sur tel ou tel aspect particulier et jamais on ne fait le travail d’analyse et d’exposé de base.

    Bon courage!

    Un gouvernement peut faire faillite. Autrefois, en régime de monnaie marchandise (or, argent) la banqueroute était un mode courant de gestion des finances publiques faute de pouvoir émettre la monnaie fiduciaire.
    Aujourd’hui c’est l’inflation à condition que tous les pays d’une même zone économique fassent grossièrement la même chose. Cela se traduit par un impôt à l’aveugle sur toute la population selon la position de chacun qui est beaucoup plus complexe qu’autrefois : créditeur ou débiteur, consommateur, producteur, …, bénéficiaire avant les autres ou pas de monnaie nouvellement créée,…

  12. le plan Paulson est mal fichu certes, mais le tresor a suffisament de pouvoirs qu’il peut recapitaliser sous ce plan.
    pour Emmanuel:
    La Fed prete des $ aux banques hors sa juridiction via la B.C. locale
    Swap (simple):
    La BCE achete des $ a la Fed a un taux de change x et les prete aux banques de la zone a court de $ via encheres TAF.
    La Fed recoit en contrepartie des euros de la BCE qu’elle laisse en depot a la BCE. L’operation se renverse au meme taux de change dans un temps futur, plus flux d’interet au meme taux de change.
    Concretement:
    La BCE Paie 1 EUR et recoit (par ex.) 1.3677 USD au depart, puis periodiquement recoit (par ex) 1-mois EONIA sur 1 EUR et paie 1-mois OIS USD
    jusqu’au terme du swap, et a la fin BCE recoit 1 EUR et paie 1.3677 USD, le contraire pour la Fed.
    EONIA et OIS: swap de taux d’interet

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