J’étais, comme prévu, invité de l’émission conso de Direct 8 Avant d’acheter, entouré de trois autres invités (Axel de Tarlé d’Europe 1 et Paris Match, entre autres, Serge Maître de l’AFUB et Myriam Simon du magazine Le Revenu). Plateau bien pensé dans l’optique du thème du dossier. Tellement bien pensé qu’en dépit d’une durée d’antenne pourtant bien confortable en télé (une vingtaine de minutes), nous n’avons pas eu le temps d’épuiser le sujet, loin de là. Comme Alexandre a l’habitude de le faire, je vais compléter ici.
Peut-on encore faire confiance aux banques ?
L’idée qui se dégage est que oui. Est-ce une suprise, du reste ? Après tout, en première approche, on voit mal comment faire pour se passer des banques. Créer une banque pour financer l’achat de sa prochaine Dacia Sandero break et cabriolet ne viendra guère à l’idée de beaucoup de consommateurs, qui ont bien mieux à faire, quitte à y laisser quelques plumes en cas de faillite de leur banque. Il en va de même en ce qui concerne les conseils de placement de son conseiller financier. Tous relatifs soient-ils, on pourra toujours préférer s’appuyer sur ceux-ci que d’investir des heures et des heures à s’informer sur les produits comme si l’on était soi-même banquier.
Au delà des ces remarques triviales, divers éléments permettent de n’être que modérément inquiets. Les mécanismes de garantie des dépôts, largement décrits dans la presse au cours des dernières semaines, offrent à la base une sécurité non négligeable. Si l’on dépasse les plafonds, les plans de recapitalisation et de garanties accordées aux banques sont un autre élément de sécurité. Serge Maître soulignait qu’aucun engagement légal de l’Etat à ne pas laisser une banque faire faillite n’a été pris en France. Seule la parole du Président le garantit (contrairement à l’Allemagne, où un texte de loi est passé sur le sujet). Je pense pour ma part que c’est déjà satisfaisant (et je pense que lui aussi…).
Le dispositif de recapitalisation-garanties apporté repose, on le sait, sur un fonds de participation de l’Etat, à hauteur maximale de 40 milliards d’euros. Un engagement à offrir des garanties aux banques en ayant besoin pour emprunter est offert à hauteur de 320 milliards d’euros. Les fonds proviendraient d’emprunts de l’Etat, reprêtés aux banques. Si les banques ne se font plus confiance, l’Etat s’intercale entre elle en offrant sa garantie.
Ce dispositif suscite certaines interrogations. La première concerne sa capacité à suffire en cas de faillite d’une grande banque. La deuxième, qui n’est que temporaire, concerne les modalités pratiques de fonctionnement (avec par exemple les modalités de taux réclamés aux banques). Soyons clairs, elle n’est guère importante, à part symboliquement. Le gouvernement aura beau dire que l’Etat gagnera de l’argent en jouant ce rôle de garant en dernier ressort, il s’agit juste de faire passer la pilule du sauvetage des banques auprès de ceux qui ne l’ont pas encore avalée. La troisième est de savoir ce que Nicolas Sarkozy a derrière la tête. Elie Cohen se demandait si les dispositifs de contrôle du dispositif cachait une volonté inavouée de reprendre la main sur l’appareil financier et productif. La question peut se poser, en effet. Mais il est prématuré d’y répondre.
L’autre point souligné est que les banques françaises repose sur un système de banque universelle, dans lequel l’activité est mieux diversifiée, les activités de gestion des dépôts (rémunérés par la prestation de services bancaires) et de prêts classiques assurant une certaine sécurité à côté des activités lucratives et risquées de marché. La banque universelle n’est qu’une application directe du principe de base en finance de diversification des risques de portefeuille. Ce qui ne veut pas dire que le niveau de risque global retenu est conforme à ce que les uns comme les autres peuvent attendre. Mais, au moins, il existe un actif quasiment sans risque dans le portefeuille (l’activité de gestion des paiements ; je dis quasiment sans risque, parce qu’elle peut être contaminée, mais il faudrait un peu de temps, tout de même). Sur cet aspect néanmmoins, en tant que clients, on peut craindre que les banques soient tentées de reporter les pertes sur les frais de gestion, maintenant partiellement les marges.
De manière plus globale, dans le cadre même des activités de marché, une tendance se dessinerait déjà. Si la titrisation et autres produits relativement compplexes ne seront pas abandonnés, les banques songeraient déjà à réduire la complexité extrême des produits proposés. Ce qui sans garantir de nouveaux déboires, aurait un intérêt certain en termes de traçabilité des risques. Rappelons que l’une des causes des difficultés des banques a été de se retrouver reprise par des risques dont elles pensaient s’être débarassées. Ces risques, disséminés et structurés dans les produits qui inondaient le marché, n’étaient pas forcément perçus comme tels. De façon plus caricaturale, personne ne doutera non plus de l’ntérêt qu’un maximum d’intervenants (dont les agences de notation) comprennent les produits qu’ils manipulent… Car, dans l’immédiat au moins, l’analyse des produits risque d’être plus poussée qu’avant (enfin, on l’espère…). Or, qui dit analyse de produits complexes, dit coûts de transaction. Et si ces coûts dépassent les gains d’efficience sur l’allocation de l’épargne et des risques procurés par l’existence de produits, on pourra clairement dire, sans qu’il n’y ait débat, que la finance travaille pour elle et pas pour l’économie réelle.
Autant de bonnes nouvelles qui ne doivent pas masquer les motifs pour lesquels monsieur tout le monde peut nourrir quelques suspicions persistantes à l’égard de sa banque. En premier lieu, les modes de financement modernes resteront complexes, même si des ajustements sont faits sur les pratiques les plus acrobatiques. Mieux, celles-ci reviendront, sous une autre forme dans 5, 10 ou 20 ans. Bref, il y aura d’autres crises bancaires, comme le soulignait récemment Dany Rodrik (et d’autres). Quant à savoir où, quand et pourquoi, c’est une autre affaire, on s’en doute.
Sur les placements, une banque vend un produit. S’il offre du rendement, c’est qu’il est risqué, mais ce risque sera toujours présenté comme plus faible, pour des raisons commerciales. L’exemple souvent cité ces derniers temps est celui des SICAV dites "dynamiques". Le marketing bancaire savait que le client ne retiendrait que SICAV, produit jouissant d’une réputation de bon rendement pour un risque modéré. Or, dynamique, signifie plus de rendement, mais aussi plus de risque. Ce genre de produits peuvent effectivement conduire à de bons rendements dans un contexte donné, mais s’avérer calamiteux si le contexte change. Faire aveuglément confiance à son banquier quand il met sa casquette de commercial n’est pas recommandé. En même temps, nous, consommateurs-épargnants avons très bien intégré le principe de l’innovation financière. Comme le résume Alexandre, nous demandons toujours plus de rendement, sécurité et disponibilité pour notre épargne. Pourquoi les banques ignoreraient-elles cette aspiration ?
Si l’on veut nourrir la paranoïa du client de banque, on peut également affirmer que l’accident isolé n’est jamais à exclure totalement. Une banque peut toujours faire faillite sans être reprise et sans que cela se produise dans un contexte de crise systémique.
Quelques mots, pour finir, sur la demande formulée par l’AFUB au sujet d’un moratoire sur les crédits-relais. L’association a été partiellement entendue, puisque Christine Boutin s’est récemment émue de la situation, enjoignant les banques à faire preuve de mesure dans l’application des délais contractuels. La situation toucherait 30 000 emprunteurs (le nombre, initialement extrapolé par l’AFUB à partir de ses informations, semble désormais accepté par Bercy). Ce qui représenterait un en-cours de crédits de 5 milliards d’euros (soit une dette moyenne de 170 000 euros environ). Concrètement, ces emprunteurs sont sous la menace de saisies immobilières. Comme souvent, les arguments spontanément avancés font une large place à l’émotion ou à la morale. On dira d’un côté qu’on ne peut pas mettre des familles à la rue, que si l’on aide les banquiers, on peut bien aider leurs clients ou, à l’opposé, que si la fièvre immobilière a pris certains propriétaires, c’est leur problème, ils n’ont qu’à assumer. En réalité, deux points sont essentiels : en période stable ou de croissance de l’immobilier, deux ans pour vendre son bien sont suffisants. Dans une période plus troublée, la barrière de deux années – 24 mois – devient arbitraire. Pourquoi pas deux ans et un mois ? Pourquoi pas deux ans et trois mois ? Pourquoi pas 3 ans même ? A partir de là, on peut comparer le souscripteur d’un prêt relai à une entreprise illiquide mais solvable. En quelques semaines, il se peut qu’il puisse liquider son bien. Pourquoi, ne pas les lui accorder ? L’inconvénient, c’est que ce qui, a posteriori, sera une rélle chance pour certains, sera calamiteux pour d’autres. Dans le cas d’un prolongement de la période, les intérêts courent toujours. Les charges de l’opération sont donc accrues et il n’est pas certain, in fine, que la vente du bien à un prix très déprécié ou sa saisie au bout de 3 ans soit une bonne affaire, comparé à un stop loss au bout de deux ans. Se pose ensuite un autre problème : si l’on donne 2 mois, ce sera peut-être insuffisant. Si l’on donne 1 an, ce sera peut-être trop, car l’incitation à attendre et ne pas baisser suffisamment le prix existe aors. De ce point de vue, l’AFUB assure que les gens qui la contacte ont déjà réduit leurs prix de vente significativement. Suffisamment pour qu’une vente s’opère ? Et en l’admettant, la baisse du prix de vente pour des biens immobiliers exposés depuis longtemps n’est pas forcément une bonne chose. Les acheteurs potentiels qui scrutent les biens disponibles sur un secteur le voient et peuvent être tentés d’attendre encore. Si cela a baissé progressivement depuis un an, pourquoi pas encore ? Bref, même si on a du mal à l’accepter, dans certains cas, une saisie relativement "rapide" peut être une issue préférable. On notera que, quoi qu’il en soit, la loi prévoit une procédure devant le juge pour demander un délai de grâce.
Les traders menacent-ils l’économie ?
La question était de savoir ce qu’il y avait dans la tête de ces gens. Interrogé sur ce point, je n’ai abordé qu’un aspect, au milieu de beaucoup d’autres points d’entrée possibles. Comme Alexandre l’a rapporté ici, un aspect important de la crise est de savoir comment les banques fonctionnent en interne. On est dans un domaine plus proche de la sociologie des organisations que de l’économie. En France, Olivier Godechot travaille depuis pas mal de temps sur la sociologie des structures de trading. Il met en évidence des éléments qui me semblent intéressants. Les traders sont des salariés dotés d’un niveau de technicité, un capital humain important, largement spécifique (par opposition avec un capital humain générique, porté par de nombreux postulants ou remplaçants potentiels). Ils sont considérés dans leur organisation comme la source du profit. Cette double appréciation leur donne un poids considérable dans le marchandage interne à l’organisation. Ils ont donc les rémunérations les plus élevées, voire astronomiquement plus élevées quand on les compare aux autres personnels, ceux du support. Parmi ce personnel, on trouve les contrôleurs. Or, d’une part, en raison du poids économique supposé des traders, les contrôleurs ne sont pas naturellement favorisés par la direction générale, s’ils se mettent en tête d’exercer leur mission avec zèle. D’autre part, ils n’y ont aucun intérêt financier. Ni à court terme, où leur rémunération est plus ou moins indexée sur les performances des traders (les bonus, même s’ils ne sont pas aussi mirobolants peuvent tout de même représenter 40%, 50% de leur rémunération de base, voire plus). Ni, surtout, à long terme. Le rêve de nombreux opérateurs de support est de passer de l’autre côté du miroir, comme Kerviel l’a fait. L’appui des traders est alors important. Autant ne pas se brouiller avec eux.
Ce qui fait, au passage, relativiser l’importance de l"idée d’accorder des moyens importants aux structures de contrôle : multiplier le nombre de contrôleurs par deux peut aussi bien de réduire les risques pris et les fraudes que de multiplier par deux le nombre d’aspirants traders, calés en back ou middle office.
Outre ce point, j’aurais aimer avoir le temps d’évoquer la question des rémunérations non linéaires des traders. Le principe est simple : le bonus d’un trader est soit positif (quand la structure dégage un bénéfice), soit nul (même en cas de perte). De sorte que quand on est proche de zéro, en négatif, on a tout intérêt à tenter le coup pour passer de – delta à plus quelque chose. Tant pis si on finit par perdre encore plus, ça ne coûtera guère plus. A la limite, un licenciement. Mais, au moins jusqu’à récemment, la peur du chômage n’était guère une préoccupation de trader. C’est que, comme je le soulignais au dessus, à la suite de Godechot, un trader est capable de partir à la concurrence avec le "matos", sa connaissance des produits. On notera cependant que les bonus étant souvent calculés sur une base modérément individuelle (c’est au niveau de l’équipe ou plus largement, que la base principale est retenue), l’incitation à doper le profit individuel est elle aussi modérée. Frédéric Lordon propose de linéariser la rémunération. Les traders pourraient réaliser un bonus négatif (décidémment, le bonus-malus a du succès ces temps-ci). L’idée est simple et, sur le principe, atteint un objectif : limiter le biais en faveur d’une prise de risque élevée. Une première remarque qu’on pourrait faire est que si les traders sont aussi funambules qu’on le dit, l’effet pourrait être insuffisant. Néanmoins, dire que l’aversion aux risques des traders est en moyenne incroyablement plus élevée que celle des autres salariés est exagéré (je n’ai pas de preuves formelles de ce que j’avance, cela dit). En ce sens, les risques pris pourraient en effet diminuer globalement. On peut aussi lui reprocher d’être tout aussi court-termiste que le dispositif actuel. L’autre mesure couramment citée (par Stiglitz, notamment) est de calculer le bonus sur plusieurs années en intégrant les pertes et les gains de la structure. L’idée est séduisante sous l’angle de l’optimisation des comportements dans le temps. Olivier Godechot fait cependant remarquer que l’instaurer n’est pas gagné, compte tenu des rapports de négociation favorables aux traders.
A l’intérieur de cette problématique des bonus, une autre – effleurée un peu plus haut – se greffe : les bonus des salariés du support sont calculés plus ou moins étroitement sur la base des chiffres du front office (un ami trader m’a cependant dit ne jamais avoir entendu parler d’une formule de calcul officielle dans les banques qu’il connaît ; le lien entre les deux est donc officieux. Vos témoignages sont les bienvenus). En d’autres termes, la prise de risque des traders est potentiellement rémunératrice pour les gens du back ou du middle. Contrôler modérément est alors une option à méditer.
Enfin, un dernier aspect sur lequel les traders peuvent être cités relève de la psychoéconomie. Il y a sans aucun doute chez les traders des gens complètement mégalo ou qui cherchent à soigner leurs névroses dans leur boulot. Néanmoins, hors de ces cas extrêmes, il ne semble pas absurde de dire que tous peuvent être victimes à un moment ou à un autre, à des degrés très divers, d’excès de confiance ou de l’illusion du contrôle.
La discussion a ensuite porté sur les conséquences de la crise sur l’économie réelle. J’ai été particulièrement brillant dans ma capacité à raconter des choses décousues et incompréhensibles. Mais ce n’est pas grave, on aura sûrement compris le sens général. Nos économies fonctionnent sur le crédit, mais sans que cela puisse se résumer à "nous vivons à crédit". La formule est fondamentalement vraie. Mais elle peut être interprétée avec exagération. Ce n’est pas parce que nous utilisons le crédit que nous vivons au dessus de nos moyens. A court terme, le crédit est indispensable pour faire le lien entre des centaines de milliers de transactions. Ne serait-ce que pour des raisons pratiques et quotidiennes. La séquence livraison d’un bien – envoi d’une facture – réglement à réception est déjà un crédit de quelques heures ou quelques jours (le temps de faire un virement ou poster un chèque). Au delà de quelques jours, ce décalage reste une habitude qu’il ne semble guère pertinent de condamner, hormis dans certains cas où le déséquilibre entre débiteurs et créanciers est flagrant – pensons aux grandes surfaces. Mais même dans ces cas, le débiteur sait à quoi s’en tenir. Surtout, c’est un élément indispensable pour engager le cycle de production des entreprises. Si l’on veut résumer, c’est là que se situe la différence entre liquidité et solvabilité, que ce soit pour une banque ou n’importe quel type d’entreprise.
C’est le b-a-ba de la gestion de trésorerie : il existe pour beaucoup d’activités un décalage entre les décaissements et les encaissements. Par exemple, dans une entreprise industrielle, il faut acheter les matières, produire, payer les salaires avant de vendre. Même si la vente se fait au comptant, il se crée potentiellement un besoin temporaire de crédit pour payer les matières et les salaires avant de vendre. Ce besoin se remanifeste régulièrement à chaque démarrage d’un cycle de production. En réalité, l’imbrication permanente des cycles fait que ce besoin est permanent. On parle de BFR, besoin en fonds de roulement. Certaines entreprises n’éprouvent pas forcément le besoin de recourir au crédit pour financer leur BFR. C’est qu’elles disposent a priori de ressources durables permettant de le financer (capitaux propres ou dettes à long terme). Mais beaucoup d’entreprises, soit qu’elles sont petites, soit qu’elles croissent vite, ont des besoins de financement de la trésorerie qui reposent sur des crédits à plus court terme. En tant normal, les banques fournissent ce crédit, sous forme de découvert, concours bancaires courants et autres facilités de caisse. Quand ce mécanisme se grippe au niveau d’une entreprise, ce sont toutes celles qui dépendent de ses paiements qui tirent la langue. Du côté des consommateurs, une incertitude sur l’avenir se traduit par non seulement un accès au crédit à la consommation plus limité mais, de surcroît, par un comportement plutôt tourné vers l’épargne, donc vers moins de consommation. Ce qui vient s’ajouter aux difficultés des entreprises. De ce point de vue, la confiance dans la possibilité d’accéder au crédit est préjudiciable.
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"Néanmoins, dire que l’aversion aux risques des traders est en moyenne incroyablement plus élevée que celle des autres salariés est exagéré"
L’incitation recherchée par la règle de rémunération des traders est d’éviter un caractère trop moutonnier, c’est à dire, de le pénaliser financièrement lorsqu’il tente de rester dans la moyenne de performance de la profession ce qui d’une certaine manière le déresponsabile des conséquences de ses choix stratégiques. L’idée est d’inciter le trader à renvendiquer sa performance individuelle plutôt que de l’inciter à suivre la tendance générale de ses collègues : pour y parvenir, il faut mettre du fric sur la table.
sur le crédit
bien sûr qu’au niveau de chaque entreprise ou de chaque particulier, le crédit est indispensable. Mais en bonne logique, on ne devrait pouvoir prêter que ce qui a été préalablement épargné. Le problème, ce n’est pas le crédit, c’est la création de moyens de paiement, crédit ou monnaie "ex nihilo" comme disaient les Romains, "out of thin air" comme disent les anglo-saxons.
Le raisonnement courant pour justifier que l’ensemble de l’économie vive à crédit est un exemple du sophisme de composition qui pourrit la macro-économie. Que certains aient besoin de crédit n’entraîne pas que l’ensemble doive vivre à crédit : pour chaque euro prêté à quelqu’un, il devrait y avoir en gros un euro épargné par quelqu’un d’autre.
Un excès de crédit sur l’épargne comporte un risque que certains opérateurs peuvent prendre à leurs risques et périls. Cet écart devrait être faible, et les conséquences d’une défaillance éventuelle clairement limitées à celui qui a pris le risque, sauf recours à une assurance qui devrait être tout aussi clairement identifiée comme un transfert du risque.
je trouve beaucoup d’intérêt à cette occasion qui m’/nous est donnée, par la parution de votre livre, d’apprendre comment se passe une promotion de livre, quels liens se forment entre les attachés de presse ,les auteurs et les émissions ; de saisir l’organisation d’une émission,d’avoir un nouveau point de vue sur des journalistes.
Celle-ci avait été sérieusement préparée, dites-vous: cela peut expliquer la tranquillité autour de la table : chaque intervenant savait quand serait son tour,quelle partie du problème il aurait à traiter,de quel temps il disposerait. pas de lutte pour prendre /garder la parole,pour avoir sa place. Impression d’ordre, et d’espace pour chacun.
Mais en contrepartie, selon moi, deux éléments négatifs : le contraste de cette tranquillité des intervenants avec l’agitation du présentateur, seul responsable du rythme ; les intervenants n’étant pas co-responsables du déroulement (du moins pendant l’émission),une petite perte de dynamisme : on attend son tour.
Est-ce que vous avez eu la possibilité, avant ou après l’émission, de discuter de la forme avec le présentateur, et des raisons de cette forme (public ? personnalité du présentateur ?…)?
Le présentateur a-t-il toute liberté ,ou présente-t-il un travail complètement préparé par d’autres ?
Avez-vous un retour de la façon dont l’émission a été reçue par le public ?(j’imagine qu’ils ont des outils pour analyser la réception : savez-vous comment ils y travaillent ? Reprennent-ils contact avec les intervenants ?Serez-vous bien accueillis si vous les interrogez après cette analyse ?Est-ce prévu ?
Pour vous-même, est-ce que cette expérience de participation modifie votre attitude de spectateur/auditeur ?
Avez-vous l’envie, et surtout le temps, de réfléchir, à vous deux, de ces différentes expériences ?
Réponse de Stéphane Ménia
Euh, l’industrie de la communication, c’est pas mon truc. Je veux bien en parler un peu, mais je n’ai pas vraiment le temps d’y réfléchir plus que ça. Ce que je peux dire sur ce coup, c’est que l’émission était bien préparée, mais pas seulement d’un point de vue de l’ordre. Ce n’était aussi rigide que vous le décrivez. Il se trouve que ce n’était pas un débat, juste un cadrage conso-actu que je trouvais personnellement bien ficelé. On a effectivement discuté avec Emmanuel Pontneau avant l’enregistrement pour savoir s’il y avait des points à corriger par rapport à la préparation. Sur le fait de savoir si c’est complètement préparé par d’autres, je n’y crois pas une seconde, c’est l’impression que m’a laissé le briefing avant. Maintenant, il ne bosse pas seul, évidemment. Pour le moment, ma maigre expérience et celle, plus importante d’Alexandre, m’ont donné quelques points de repères subjectifs sur ce qu’est un journaliste qui travaille bien avec des invités. De mon point de vue, cette équipe bosse bien. Et l’ambiance était sympa, ce n’est pas négligeable. Sinon, pas de retour prévu, non (à part qu’ils vont m’envoyer un DVD 🙂 ). Quant à savoir si tout cela modifie mon attitude d’auditeur/téléspectateur, franchement, non. Je m’aperçois au contraire que j’avais une connaissance intuitive de tout cela, sans l’avoir jamais vécu. La seule chose qui me fait encore bondir (et qui me fera sûrement bondir longtemps), c’est qu’on puisse parfois vous déplacer, mobiliser de votre temps pour un entretien et ne dire ABSOLUMENT aucun un mot de vous ensuite. C’est une attitude que je n’accepte pas, qui ne me semble justifiable par aucune des contraintes réelles du métier. Entre vous consacrer 10 minutes d’antenne et prendre juste deux ou trois secondes ou réaliser une incrustation aussi discrète soit-elle, il y a une marge. Alexandre est moins radical que moi là dessus. De mon côté, j’ai encore vraiment du mal.
"Une banque peut toujours faire faillite sans être reprise", eh oui, il semble bien que ce soit le cas pour Kaupthing-Luxembourg…