A vos témoignages : les blogs économiques changent-ils votre rapport aux études économiques ?

C’est une question qu’on peut commencer à se poser : quelle place les blogs prennent-ils dans votre perception de la discipline que vous étudiez ou que vous pourriez étudier ? Y trouvez-vous du sens ? Si lorsque vous étiez étudiants en économie, il y avait eu les blogs, pensez-vous que cela aurait changé quelque chose, même marginalement, à votre parcours ? Lycéens, étudiants, parents d’étudiants et anciens étudiants en sciences éco, qu’avez-vous à dire sur ces sujets ou sur d’autres en rapport ?

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33 Commentaires

  1. Je ne suis pas le "coeur de cible", étant ingénieur logiciel, mais je voudrais juste dire que si les blogs comme econoclaste avaient existé en… 1991 (aïe ça fait loin ça, y avait même pas internet à l’époque :-D), j’aurais un peu plus écouté en classe de science éco… On ne saura pas si mon orientation (scolaire!) aurait pu être différente, mais je suis persuadé que les lycéens un peu curieux qui sont abonnés en RSS à ce blog ont un avantage certain…

  2. Et les enseignants d’économie?

    Réponse de Stéphane Ménia
    Hum, si vous enseignez l’économie, vous avez dû l’étudier de près ou de loin, non ? 😉
    En fait, oui, votre témoignage nous intéresse si vous notez une attitude des élèves en rapport.

  3. Bac ES et en troisième année de licence d’éco-gestion, j’ai découvert Econoclaste au lycée lorsque je "googlais" certains trucs que je ne pigeais pas… Puis j’ai découvert le blog et je le lis toujours : là où certains profs oublient de relier la réalité au cours, le blog le fait parfaitement bien pour aider à comprendre toutes les théories et autres IS-LM nébuleuses…

  4. A Sciences Po on est nombreux à vous lire (ie. votre blog a été recommandé par Étienne Wasmer).

  5. Bonjour,

    professeur d’histoire-géo en lycée, je lis depuis un certain temps votre blog (deux ans peut-être, je ne sais plus), et j’avoue que ma perception des phénomènes économiques a considérablement changé. Avant j’étais plutôt du genre "la dette, c’est pas bien". J’espère que je dis moins de bêtises maintenant. Le problème c’est que les programmes d’histoire-géo nous font parler d’économie sans que nous ayions de formation adéquate. D’ailleurs les manuels sont assez mauvais en économie (j’ai trouvé une courbe des "exportations mondiales" !!). Ce qui est vraiment gênant c’est que nous enseignons, en toute bonne foi, des analyses que les économistes ont invalidé, comme les cycles Kondratieff (même Wallerstein a commencé par ça dans son interview au Monde). On devrait obliger les profs d’histoire-géo à lire votre blog !

    Continuez à nous instruire longtemps encore.

    PS : j’ai fait acheté votre livre au CDI et j’ai fait votre pub auprès des élèves…

  6. Votre site, comme celui de Rationalité Limitée, me permet de mieux comprendre l’actualité, dépasser certains biais et mieux cerner les phénomènes économiques dans leur ensemble. Etudiant en prépa et à la fac, c’est un atout incontestable pour prendre un pas d’avance sur les cours. Et l’incitation à la réflexion dépasse le cadre des matières purement économiques, on perçoit d’une meilleure manière d’autres sujets que ce soit en histoire ou en culture générale. Pour le cas d’econoclaste, le service est d’autant plus profitable qu’il se double d’un forum relais entre étudiants, doctorants, professeurs et toutes autres personnes intéréssées. C’est un vrai plaisir de vous lire.

  7. Je recommande à la jeune demoiselle que j’essaie d’élever de lire votre blog. Je l’interroge régulièrement sur ce qu’elle en retient. Elle a reçu son exemplaire de votre livre, les chapitres bonus, et j’espère qu’elle me fera prochainement un exposé oral à peu près assuré sur le malthusianisme. Elle a également du se cogner le Dasgupta. Je ne sais pas du coup si vraiment elle fera des études d’économie.

  8. Pour ma part, cursus éco couplé gestion (MSG/maitrise sciences éco)il y a 4/5 ans de ça maintenant, j’avoue que ce blog aurait été un réel plus. La ou les amphis bondés ne permettent guère l’échange il y a par ce média une certaine proximité (quoique anonyme) qui rend la compréhension plus aisée. En plus on est sur le fil de l’actualité la ou certains cours manquent de "mises à jours"
    Merci à vous et bonne continuation!

  9. En tant que khagneux B/L (plutôt tendance éco… mais aussi socio) j’dirai que votre site et les autres (dont Une heure de peine… et Comprendre) me donnent bonne conscience quand je passe un petit moment à en faire le tour. Concernant Econoclaste, je dois dire que c’est ici que j’ai cessé d’adhérer à beaucoup d’idées reçues (et qui ne sortent pas de l’enseignement de SES que j’avais suivi au lycée… mais de mes propres lectures : genre Bernard Maris)… Vous pensez que je pourrai vous citer pour l’épreuve d’économie de Cachan ? 🙂

    Réponse de Stéphane Ménia
    Malheureux… Surtout pas, même si nous avions une production propre le méritant.

  10. Disons que le blog a accompagné (et continu toujours en faite) mon parcours en économie. C’est sans doute là que j’ai pris la mesure de l’importance de la mathématique (point trop souvent éluder lors des présentation de la matière en lycée). Je ne sais pas trop quoi dire c’est toujours sympa de vous lire… 🙂

  11. @profHG: vous avez parfaitement raison. Je suis étudiant en histoire (donc pas au lycée mais à l’université), et on nous apprend aussi des concepts assez dépassés (toujours et encore les cycles de Kondratieff…) Je crois que le problème vient de ce que plus aucun historien ne fait de l’histoire éco depuis que le mur de Berlin est tombé et que les marxistes, qui monopolisaient le terrain, se sont faits plus discrets. Je ne demande pas qu’on fasse faire de l’économie ultra mathématisée à des élèves qui ont pour beaucoup une formation surtout littéraire, mais une petite mise à niveau pour expliquer certains concepts de base… Ce serait pas du luxe…

    PS: en plus, les programmes du CAPES et de l’Agreg sont super orientés économie (généralement "économie et société"), et la plupart des profs ne comprennent pas grands choses aux faits économiques les plus basiques (que moi-même je ne connais que grâce à éconoclastes…) Ceci dit sous le couvert de l’anonymat!

    J’aurais aimé vous avoir comme prof au lycée!

  12. Bon bon bon. Résumer tout ce que m’ont apporté les blogs d’économie en un commentaire va pas être facile.
    -J’ai découvert les blogs d’économie au moment des revendications antiformalisation de certains étudiants. J’ai suivi ça sur les blogs et du coup la question ne s’est jamais posé pour moi. Avec en prolongement les applications de la rationnalité au quotidien d’Emmeline et J-E sur RCE qui m’ont fait comprendre que l’économie c’est une science marrante.
    -Les gens avec qui parler d’économie sont rares, qui plus est sans sombrer dans l’idéologie.
    -Je ne sais plus où, Emmeline a écrit qu’elle vous lisait déjà quand elle était au lycée. Si seulement j’avais fait pareil…
    -En plus de nous donner des pistes de lecture, vous êtes une incitation au travail. Quand on voit ce que peut donner la maitrise des outils économiques, ça donne envie d’être capable de le faire aussi.
    -Vous connaissez un autre média dans lequel on peut trouver le même genre d’analyse et de commentaires de l’actualité?
    -SM, vous avez avec Gizmo été déterminant dans le choix de mon M2. Dois-je vraiment en rajouter?

    Réponse de Stéphane Ménia
    Pour le M2, il était facile de vous aider ; en plus, c’était sur le forum. Mais c’est vrai que c’est du fait de la lecture du blog… Vous avez eu Kirman ? Il débarque toujours en cours avec son mug de thé ?

  13. Ayant été étudiant à sciences-po il y a quelques années, je me soignais de l’"économie de gauche" affichée par certains professeurs en allant trouver une diversité bienvenue sur les blogs économiques.
    J’en tire mon goût actuel pour l’économie.

  14. Je serai sous peu ingénieur diplômé d’une grande école publique de statistiques (y’en a pas des masses, vous allez vite trouver :D).

    Ma formation initial (math sup math spé) me destinait pas forcément à l’économie, mais j’y ai pris goût en arrivant en école. En plus des cours de bases qui m’y ont été dispensés (les classiques micro et macro 1,2,3…), j’ai suivi une licence d’économie grâce à un partenariat avec l’université (mention monnaie banque finance, pour rien vous cacher, donc des cours de théorie des jeux, d’économie bancaire, d’économie des marchés financiers…).

    En parallèle (donc depuis 1-2 ans), j’ai commencé à lire ce blog ainsi que quelques autres (O. Bouba-Olga, G. Mankiw, Blogizmo, pas mal de papiers de J. Stiglitz et O. Blanchard, et plus récemment le très bon "ma femme est une économiste"…), et je dois avouer que ça me permet :

    1/ d’aiguiser mon sens critique, en pouvant confronter différents avis et différentes sources sur un même sujet ;

    2/ de parfaire ma "culture économique", puisque je suis assez nouveau au domaine bien que titulaire d’une licence j’ai conscience d’avoir suivi un apprentissage accéléré ;

    3/ de me tenir informé des actualités économiques (françaises ou non)

    4/ d’orienter des amis (attirés par l’économie ou non) vers certains billets qui expliquent clairement les choses ( tout du moins mieux que je ne le pourrais^^)

    Aujourd’hui, bien que je continue à lire des cours d’économie pour mon plaisir et ma culture personnelle (plutôt orientés vers les thématiques qui m’intéressent), les blogs d’économie me permettent d’élargir mes connaissances et de "toucher à tout", ou tout du moins de ne pas être complètement ignorant sur une foultitude de domaines.

    Et je vois mal comment je pourrais, aujourd’hui, remplacer certains blogs de qualité tels que celui-ci, qui me permettent de garder contact avec l’économie bien que mes études touchent à leur fin.

    En espérant que ça aide 🙂

    Nico

  15. Deux blogues m’ont vraiment introduit aux raisonnement économique: Econoclaste et Economic Logic (qui me permet aussi d’exerce mon anglais). Merci!

  16. Avant de lire votre blog, je trouvais l’économie chiante, lugubre et nulle.

    J’ai commencé l’économie en première année à l’IEP Lyon (je suis maintenant en 3e année). Premier cours d’économie, un cours de macro. Le prof aligne des concepts, horriblement barbants, déconnectés de toute application : je n’y comprends rien et je n’apprécie pas du tout la discipline.

    C’est votre blog qui m’a permis de découvrir que l’économie servait à quelque chose, ce qu’était un raisonnement économique et que l’économie pouvait nous aider "à comprendre le monde" (ceci dit un peu pompeusement). Maintenant j’aime, je lis des articles économiques avec beaucoup de plaisir et l’économie est une discipline où je pourrais éventuellement étudier.

    Et c’est blog qui m’a orienté vers d’autres lectures économiques. Donc oui, le blog change mon rapport aux études économiques :-).

  17. Je suis en m1 finance et je vous li depuis 1 petite année sur l info d un prof.Et concernant éconoclaste, ce site m apporte des outils pour mieux comprendre l’éco 🙂 j apprécie aussi (le petit plus) le ton que vous employe donc merci 🙂

  18. @SM : j’ai eu mon premier cours avec Kirman cette semaine. Il n’avait pas son mug mais si ça peut vous rassurez il parait qu’il arrive toujours souvent avec.
    Son cours sur les problèmes d’agrégation des comportements individuels est une bonne illustration de ce que m’ont apporté les blogs. Je connais pas mal de ce qu’on va étudier dans son cours (modèle de Schelling, cascades informationnelles, …) grâce à la lecture des blogs. Etudier tout ça en cours après en avoir autant entendu parler va être un vrai plaisir.

    Réponse de Stéphane Ménia
    En 1997/98, quand j’ai suivi son cours, sans être inconnues ou confidentielles, ces problématiques étaient encore assez spécialisées. Aujourd’hui, c’est du BAba. Le chapitre 20 du bouquin doit pas mal à cette évolution. Par contre, son article “Who or Whom does thee representative agent…” m’a toujours laissé un goût bizarre. Le voir récupéré parfois par des gens qui ne comprennent rien à sa démarche me semble le résultat du ton qu’il lui a donné à l’époque. Quand on l’écoute parler du problème, l’impression est toute autre, on a juste le sentiment d’une progression nécessaire et intelligente de l’économie en son sein, pas d’un grand coup de balai hystérique. Alors, peut-être y avait-il un contexte spécifique ?

  19. Oups, "acheter" évidemment.

    @Etudiant histoire

    "J’aurais aimé vous avoir comme prof au lycée!"
    Ils disent tous ça, mais avant de m’avoir eu…

    Pour les sujets de concours c’est vrai, je suis en train de me farcir la question d’ancienne pour l’agrégation (interne) : économies et sociétés en Grèce ancienne. J’ai plein de collègues démoralisés à la seule lecture de cet intitulé, et moi j’adore.
    Par ailleurs, je pense que si les historiens conservent précieusement les cycles Kondratieff (à la sauce Schumpeter quand même) c’est que ça leur fournit un cadre d’analyse simple et d’une grande force pédagogique. Du côté des géographes c’est guère mieux : ils focalisent pas mal sur la balance commerciale. J’ai sous les yeux un manuel de terminale où il y a un planisphère présentant la balance commerciale des Etats-Unis avec ses principaux partenaires, et intitulé "une puissance commerciale largement déficitaire", dans un dossier lui-même intitulé "les fragilités de l’hyperpuissance américaine" (où il y a un texte qui en remet une couche sur le déficit commercial !). Amis économistes, y a du boulot.

    A nouveau bonne continuation à Stéphane et Alexandre.

  20. J’ai l’impression de ne pas être la seule ex-Science-Po (Strasbourg dans mon cas) à vous suivre. En ce qui me concerne, j’ai toujours été fachée avec l’économie, et les cours d’éco de l’IEP n’ont fait qu’égrattiner mon ignorance. Je vous lis pour essayer de ne pas retomber en déchéance. C’est toujours aussi compliqué, mais je reconnais des choses à gauche et à droite, et ça me rappelle que j’aurais du faire un peu moins de Sudoku en cours…

  21. Ayant goutée à l’économie pour la première fois en école d’ingénieur avec un prof exceptionnel (pas moins de 386 fans sur facebook et 629 le considèrent comme un gourou), j’ai voulu approfondir mes connaissances et suivre l’actualité économique.
    Je regrette qu’il ne me soit pas possible de continuer à avoir de l’économie en cours sans totalement sacrifier ma "majeur" (informatique théorique), tout du moins en France où la liberté de construction des parcours vient de menus très variés sans pratiquement aucun accès au mode à la carte.

  22. Les blogs m’intéressèrent au plus haut point dès lors que j’y découvris que leurs auteurs avaient une liberté de ton totale, et n’étaient pas rompus à rechercher l’audience (à l’inverse des médias classiques) et que, ce faisant, ils prêtaient attention à la qualité du contenu (sa véracité, son intelligibilité).

    J’ai vu naître votre blog, j’ai vu fleurir les autres, mais je regrette d’y voir souvent des descriptions, et très peu de propositions. Ce n’est pas votre rôle me direz-vous. Vos mises en garde sur les biais médiatiques par exemple sont utiles. Mais largement insuffisantes. J’ai l’impression d’y voir le mal qui ronge la discipline que j’enseigne (l’histoire), avec une factualisation à outrance, et un manque de conceptualisation.

    Je prends beaucoup de précaution lorsque je lis vos billets, je ne donne pas trop vite quelque crédit à vos arguments avant de les analyser (au regard des théories, et rétrospectivement au regard des évènements avérés). Vous accordez une large place à la rigueur, dans vos démonstrations, et c’est plaisant. Vous ne fuyez pas la complexité, ni ne vous réfugiez derrière elle, mais essayez de la cerner et la présenter à un public souvent profane (et parfois pas). Pour autant, tout professeur a tendance à surestimer l’importance de la matière qu’il enseigne. Les raccourcis que vous opérez régulièrement lorsque vous effleurez des notions (historique, ou philosophique, le "hasard" récemment) ou des personnages (Saint Thomas) et que vous leur prêtez une destination de nature économique, vous vous risquez à un exercice difficile. Mais il est de bon ton, en ces temps, de faire marcher l’interdisciplinarité, et vous y pliez à chaque billet quasiment, empreignant l’économie de sociologie, d’histoire et de psychologie souvent (tendance à laquelle je ne souscris pas).

    C’est pourquoi lorsqu’un étudiant me demande s’il est bon de consulter la blogosphère pour être au plus près de la vérité (en matière économique bien sûr ! en matière historique ce n’est pas même envisageable une seconde), je lui dis que oui, mais avec le même détachement que lorsqu’il lit les médias traditionnels. L’orthodoxie ne fait pas foi d’honnêteté. Et ce n’est pas parce que quelqu’un ne se réclame d’aucun courant de pensée, d’aucune croyance, d’aucun engagement politique, qu’il produira la pensée la plus neutre sur un sujet donné. En somme les blogs n’ont pas changé mon approche personnelle de l’économie, et n’ont pas davantage changé mon approche professionnelle. Mais peut être viendra le temps d’enseigner aux élèves comment se documenter … Je préfèrerais que nous n’en venions pas à ce point, et qu’ils puissent, par leur propre entendement, décider souverainement de cela !

    Marcel

  23. [Je quitte mon "Pierre Picard" deux secondes…]

    Certains l’ont dit, le grand intérêt des blogs économiques (& tous vos copains blogueurs en économie et en sciences sociales) c’est le lien assez direct qu’on a avec vous… c’est toujours bien de pouvoir lire les réponses que vous apportez. Nos profs (quand nous en avons) doivent sentir la différence : on ne les retient plus à la fin du cours pour poser des questions diverses et variées, auxquelles ils n’ont pas souvent réfléchi.

    [Sur ce, Picard me revoilà.]

  24. Commentaire un poil discordant; parce que je dois être dans le coin un des rares "scientifiques" purs (adepte des "sciences inhumaines", par opposition aux "sciences inexactes", comme chacun sait). La lecture de votre blog (et de quelques autres de la même galaxie comme ecopublix) a été pour moi une révélation — la découverte de ce que peut être vraiment l’économie, quand ce n’est pas de la compta ou de la finance, ni de la politique à la hache (dette = pas bien, capitaliste = vampire …).

    D’une façon intéressante, peut être surprenante, j’ai découvert que la démarche des économistes est finalement très similaire à la la mienne. Je suis géologue; notre problème est que nous ne pouvons faire que des observations très fragmentaires (quand on ne peut pas voir de cailloux, l’histoire s’arrêtre là !), qu’on ne peut pas expérimenter (parce que reproduire une évolution de 1 million d’années au labo, c’est pas facile), et que la physique ou la chimie des processus qu’on regarde est très compliquée (parce que ce ne sont pas des systèmes aussi simples et bien élevés que les systèmes contrôlés des labos de nos collègues). Nous avons donc une approche qui est basée sur l’observation essentiellement qualitative, sur des tentatives de modèlisation finalement assez limitées, sur des tentatives d’explications à grand points en essayant de elier des choses très dispersées. Nos interprétations sont des savants mélange de descriptions, soutenues par quelques calculs et intégrés dans une histoire qui ne repose finalement pas sur tant de choses que ça, et qui en tout cas impose de séparer ce qui est du premier ordre de ce qui est accessoire, ce qui est important à l’échelle du continent de ce qui n’a de rôle que local, etc.

    Ce que votre blog m’a fait comprendre, c’est que les économistes "modernes" appliquent finalement la même démarche que la mienne. Vous essayez d’observer de façon semi-qualitative, parce que le quantitatif vous est (presque) innaccessible; vos observations sont fatalement très fragmentaires; vous tentez de modéliser des systèmes très complexes avec des outils mathématiques le plus simple possible; et vous bâtissez des modèles qui tentent d’intégrer tout ça. D’une certaine façon, vous êtes des naturalistes de la société…

    Du coup, comprendre cet aspect m’a aidé à comprendre "ce qu’on peut croire" de l’économie. A comprendre ce qui relève de l’observation ou du consensus, et ce qui est du domaine de l’interprétation préférée de X ou Y. A savoir jusqu’à quel point on peut se fier à des interprétations économiques, ou mieux, sur quels points on peut leur faire confiance et sur quel point c’est moins certain (mon seul reproche en fait serait que, pour un lecteur non au courant des discussions de votre communauté, vous ne faites pas toujours apparaître clairement la limite entre ce qui est des observations ou des interprétations incontestables, et ce qui est des modèles dont on peut discuter, même si vous préferez l’un plutôt que l’autre).

    Du coup, quelques unes de mes conceptions sociales ou politiques ont aussi évolué, à partir du moment où j’ai réalisé que tel ou tel discours n’était pas simplement le produit d’une reflexion en vase clos, philosophico-méditatif, mais bien le résultat d’une démarche de nature scientifique basée sur de l’observation; dès lors il ne devient plus possible de le rejeter comme étant "une idée parmi d’autres, certes intéressante", et il est nécessaire de l’intégrer dans des options politico-sociales comme un des facteurs qui aident à comprendre le monde.

    Bref — je ne suis pas économiste, mais vous m’avez permis de comprendre ce que sont les économistes; et si je ne vais pas changer d’orientation maintenant, en tout cas je comprends que c’est un métier que j’aurais pu faire si les choses avaient évolué autrement. Si seulement on me l’avait dit quand j’avais 18 ans…

    Réponse de Stéphane Ménia
    Un poil discordant, mais très intéressant.

  25. je vous lis compulsivement. Votre naïveté scientiste m’agace au plus haut point. Si je vous avez lu plus tôt, j’aurais fait des études d’économie pour pouvoir vous démonter la tête 😉

  26. Bac SES pour ma part, suivi d’un IEP de Province, avec Master spécialisé dans la gestion du risque pays. Les acquis d’économie du lycée (distillés par une enseignante de grande classe) m’ayant amplement suffi pour mon cursus supérieur, je n’ai rien appris de véritablement neuf en économie en 5 ans d’études après le bac.

    Par contre, depuis que je travaille, j’apprends énormément (même si j’ai moins de temps à y consacrer) grâce à votre blog et au reste de la blogosphère économique (française et américaine). Premiers points d’entrée : vous et freakonomics. Qui m’ont renvoyé, au final, vers des classiques que jamais je n’aurais pensé lire de mon plein gré (j’ai même acheté les bouquins de Galbraith).

    Bref, à mon sens les blogs d’économie peuvent être un véritable levier pour susciter l’intérêt des lycéens/étudiants. Ils collent à l’actualité, dépassent les horizons des programmes (je ne parle ici que de ceux que je connais) et sont la preuve que la théorie telle qu’enseignée peut avoir des applications concrètes et bien plus subtiles que les constats développés dans la plupart des "media traditionnels".

    Et ils permettent la contradiction de tous envers tous, ce qu’apprécient les étudiants 😉

  27. Bon, je suis peut-être un peu hors-sujet mais je tiens à dire que votre blog n’est pas lu que par des étudiants en sciences éco. Personnellement je suis graphiste et je suis sensible au délicat mélange de violente rigueur et de tendre vulgarisation de vos articles. N’abandonnez pas les amateurs qui vous lisent, histoire que nous soyons moins nuls en économie. 8^)

  28. Etudiant en M1 Eco ça fait environ 2 ans que je suis votre blog.

    Vous (avec un de mes profs à Nancy) m’avez fait comprendre que l’économie n’était pas une bataille de belles paroles entre gens idéologiquement orientés, mais plutôt une tentative d’explication de la réalité.

    J’avoue avoir été convaincu, et j’avoue également avoir choppé le virus de la microéconomie. J’espère d’ailleurs en faire mon métier un jour ou l’autre (mais pas tout de suite, j’ai d’autres priorités).

  29. Bonjour,

    Je débute dans la recherche en économie (première année de thèse) et j’utilise les blogs pour essayer de sortir de ma spécialité (la micro).

    Quand on a choisi une spécialité, on tend à se fermer à tout ce que ne s’y rapporte pas. Depuis combien de temps n’ai-je pas lu un article de macro ou de commerce inter ?

    Grâce aux blogs, je tombe sur des livres ou des (résumés d’) articles qui me permettent d’élargir un peu ma culture économique.

    Accessoirement, je pique des exemples dans les blogs pour leur contenu pédagogique. (J’ai cité votre livre aujourd’hui dans mon TD de 1ère année de sciences éco).

    Au passage, les blogs sont toujours un moyen fantastique pour trouver de nouveaux interlocuteurs. Parfois, j’ai envie d’entendre l’avis de quelqu’un qui n’a pas eu les mêmes cours et les mêmes profs que moi !

  30. Agrégé d’éco-gestion, j’aurais aimé disposer des blogs lors de mes études. Je crois que le votre en particulier (mais il n’est pas le seul) peut être un complément particulièrement utile à tous les candidats qui doivent affronter l’épreuve de TEJS.
    Aujourd’hui, je recommande chaudement la consultation quotidienne d’Econoclaste à des étudiants qui prépare le DSCG… et ne manque pas de le consulter moi-même d’une manière quasi-quotidienne.

  31. Je prépare des concours d’écoles de commerce tout en étant en licence de lettre (…?) et je dois bien reconnaître que je me sens beaucoup moins seul depuis que j’ai découvert votre site, sans doute parce qu’il permet (entre autre, bien entendu) de voir qu’on peut s’intéresser à l’économie et ne pas être chient comme la pluie. Si j’avais su ça, je n’aurai peut-être pas fait un Bac S (ni une licence de Chinois). On a presque envie d’être à St Cyr!

  32. Ce post, c’est dans la perspective d’une contribution au site de l’AFSE?

    Réponse de Stéphane Ménia
    Tout à fait.

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