La question et sa réponse

Quelles sont les limites de l’usage du PIB comme indicateur de richesse ?

Rédacteur : Stéphane Ménia

Les limites du PIB sont connues des économistes depuis longtemps. Elles deviennent de plus en plus criantes, en raison d’évolutions économiques, sociales ou environnementales. En 2009, un rapport officiel commandé par Nicolas Sarkozy et rédigé par Joseph Stiglitz, Amartya Sen et Jean Paul Fitoussi a médiatisé en France ce sujet.

Le PIB (sommes des valeurs ajoutées créées dans l’économie sur une année) et son taux de croissance sont les indicateurs les plus utilisés en économie pour juger de l’état d’une économie. Mais c’est un indicateur imparfait et souvent mal utilisé.
D’une part, son but est de mesurer la production d’un pays. Or, on peut lui reprocher de sérieuses limites dans cette mesure.
D’autre part, il est considéré le plus souvent comme un indicateur du bien-être, ce qu’il ne peut être de façon totalement satisfaisante.

Le PIB prend mal en compte les activités non marchandes. La comptabilité nationale intègre la production publique par le biais de son coût de production. C’est une mesure qui sous-estime ou surestime la productivité du secteur public (qu’on paie un fonctionnaire à ne rien faire ou au contraire à effectuer de gros efforts ne change rien, seul son salaire détermine sa production). Le PIB ne prend pas en compte non plus la production domestique et ne considère qu’une partie de la production illicite (production de drogue et prostitution).
La mesure de la qualité des biens est mal prise en compte dans les statistiques. Les biens évoluent en qualité au cours du temps. Mesurer la valeur de la production nécessite de pouvoir mesurer l’évolution de cette qualité, ce qui n’est pas toujours simple. En particulier, les activités de service, qui sont pourtant essentielles, donnent lieu à des difficultés de mesure de la qualité importantes. Comme la production est évaluée à son prix de marché, il est difficile de distinguer ce qui relève de l’inflation et ce qui relève de la hausse de la qualité.
Le PNB est jugé un indicateur plus pertinent, du fait de la mondialisation et les flux de revenus internationaux.
Le PIN (produit intérieur net) est également plus significatif, du fait de la prise en compte de l’amortissement du capital physique (PIN = PIB – amortissement).
Le PIB ne prend pas en compte l’usage des ressources naturelles. Un prélèvement sur celles-ci est considéré comme une hausse de la richesse alors qu’à long terme c’est aussi un appauvrissement.
Les réparations de dommage sont considérées comme des gains. Exemple : la reconstruction après une catastrophe naturelle est source de croissance, alors qu’elle ne fait que remettre en état; la hausse des dépenses de sécurité sont considérées comme une augmentation de la richesse alors qu’elles ne font que tenter de préserver un certain niveau de sécurité.
L’impact sur la qualité de vie en général n’est pas valorisé. Exemple : hypertrophie urbaine, allongement de la durée des transports considéré comme un gain, absence de valorisation du loisir par les individus, etc.

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