Les facteurs de la croissance économique
Robert Barro (2000) ▼
Dans le renouvellement des théories de la croissance, Robert Barro (souvent accompagné de Xavier Sala-i-Martin) a joué un rôle particulier, en insistant largement sur les études empiriques. En particulier, il a publié de nombreuses études “transversales par pays”, basées sur la comparaison de données entre la quasi totalité des pays du globe. Inutile de dire que c’est un travail colossal. L’ouvrage présent offre un aperçu de ces travaux. Il est basé sur trois conférences données à la London School of Economics (Au cours des “Lionel Robbins Lectures” de 1995-1996). En premier lieu, il se penche sur le problème de la convergence conditionnelle. En gros, il s’agit de savoir si, pour des conditions données, deux pays partant de stocks de capital et capital humain différents atteindront le même niveau de revenu par tête, comme le prévoit le modèle néoclassique. Ayant posé le cadre de réflexion, Barro présente alors quelques conclusions empiriques concernant la vraisemblance de l’hypothèse de convergence. Sont pris en compte le niveau initial du PIB, le niveau du capital humain, le taux de fécondité, le respect de la loi, le niveau de la consommation publique, les termes de l’échange, le taux d’investissement et une”variable régionale”. Cette partie intéressera les non spécialistes pour le lien qu’elle fait entre le modèle théorique et les modèles économétriques utilisés. Les spécialistes (pas trop quand même) apprécieront le texte pour les résultats empiriques. Mais elle reste relativement classique dans le genre.
La deuxième contribution est plus rare. Elle s’intéresse au lien entre démocratie et croissance économique. Elle est également moins complète, dans la mesure où il s’agit d’un domaine de recherche relativement récent. D’un point de vue de la recherche, l’argument de Barro consiste à s’étonner qu’il n’existe pas de théorie solide du lien entre démocratie et croissance économique. Les intutions sur la question existent : la croissance est favorisée par plus de libertés politiques, dans la mesure où elles iraient souvent de pair avec les libertés économiques. Elle est cependant entravée par la démocratie à partir d’un certain stade, en raison du développement de politiques de redistribution importantes (des pauvres vers les riches ou du fait de pratiques de lobbying par exemple). Réciproquement, l’influence de la croissance sur la démocratie est largement perceptible, notamment par le biais d’un niveau d’éducation croissant, favorisant l’émergence de comportements démocratiques chez le plus grand nombre. Empiriquement, cette hypothèse, même si les raisons qui l’expliquent ne sont pas encore bien claires (se rappeler en particulier que les mesures du capital humain pertinent sont complexes) semble assez solide. D’où l’appel de Barro pour un modèle théorique fin des rapports entre démocratie et croissance. Alors, vous avez deux heures à tuer ce week-end ? Envoyez votre modèle à rbarro@harvard.edu. (Vous pouvez aussi aller voir la page de Barro).
La dernière partie du livre aborde la relation inflation-croissance. Barro, après une description des méthodes économétriques utilisées, conclut finalement à la grande vraisemblance d’une relation décroissante entre les deux. On pourra s’étonner cependant de l’absence d’étude explicite du lien inverse.
La deuxième contribution est plus rare. Elle s’intéresse au lien entre démocratie et croissance économique. Elle est également moins complète, dans la mesure où il s’agit d’un domaine de recherche relativement récent. D’un point de vue de la recherche, l’argument de Barro consiste à s’étonner qu’il n’existe pas de théorie solide du lien entre démocratie et croissance économique. Les intutions sur la question existent : la croissance est favorisée par plus de libertés politiques, dans la mesure où elles iraient souvent de pair avec les libertés économiques. Elle est cependant entravée par la démocratie à partir d’un certain stade, en raison du développement de politiques de redistribution importantes (des pauvres vers les riches ou du fait de pratiques de lobbying par exemple). Réciproquement, l’influence de la croissance sur la démocratie est largement perceptible, notamment par le biais d’un niveau d’éducation croissant, favorisant l’émergence de comportements démocratiques chez le plus grand nombre. Empiriquement, cette hypothèse, même si les raisons qui l’expliquent ne sont pas encore bien claires (se rappeler en particulier que les mesures du capital humain pertinent sont complexes) semble assez solide. D’où l’appel de Barro pour un modèle théorique fin des rapports entre démocratie et croissance. Alors, vous avez deux heures à tuer ce week-end ? Envoyez votre modèle à rbarro@harvard.edu. (Vous pouvez aussi aller voir la page de Barro).
La dernière partie du livre aborde la relation inflation-croissance. Barro, après une description des méthodes économétriques utilisées, conclut finalement à la grande vraisemblance d’une relation décroissante entre les deux. On pourra s’étonner cependant de l’absence d’étude explicite du lien inverse.
▲ Robert Barro, Les facteurs de la croissance économique. , Economica, 2000 (14,25 €)