Qu’est-ce que la théorie du revenu permanent de Milton Friedman ?
Rédacteur : Stéphane Ménia
Contexte des travaux de Friedman
La théorie du revenu permanent de Friedman est élaborée en 1957, période où la doctrine keynésienne est dominante. En cherchant à démontrer que la fonction de consommation keynésienne est invalide, Friedman veut atteindre les justifications analytiques des politiques économiques keynésiennes. Car, si la fonction de consommation keynésienne est remise en cause, c’est le mécanisme du multiplicateur d’investissement qui l’est et par là même les politiques de relance. Le modèle de Friedman sera proche du modèle de Fisher en ce qu’il se base sur des comportements intertemporels liés à la richesse. Friedman innove en définissant la notion de revenu et consommation permanente.
Le revenu permanent et la fonction de consommation friedmanienne
L’optique de Friedman est une optique de patrimoine. Ce n’est pas le revenu courant qui détermine la consommation mais la richesse de l’agent et, en particulier son revenu permanent. Le revenu permanent est défini comme “la somme qu’un consommateur peut consommer en maintenant constante la valeur de son capital”. C’est en quelque sorte l’intérêt de sa richesse. Si on note W la richesse de l’agent, i le taux d’intérêt (ou le taux de rendement de son patrimoine) et Yp le revenu permanent, on peut écrire :
Yp = i.W
Le revenu courant est la somme du revenu permanent et du revenu transitoire (exceptionnel), ce dernier pouvant être positif ou négatif.
Y = Yp + YT
Après avoir distingué le revenu courant du revenu permanent, Friedman opère la même séparation pour la consommation. La consommation courante est la somme de la consommation permanente et de la consommation transitoire.
C = Cp + CT
Pour Friedman, le seul lien stable est celui qui lie la consommation permanente au revenu permanent. Il n’existe pas de relation stable entre la consommation et le revenu courant. La fonction de consommation friedmanienne sera de la forme :
Cp = µ.Yp
µ est la propension à consommer de longue période. Elle dépend :
– Des préférences des ménages ;
– Du caractère plus ou moins aléatoire de leur revenu ;
– Du taux d’intérêt.
Le revenu transitoire sera totalement épargné s’il est positif, financé par emprunt s’il est négatif. Une variation du revenu n’affectera la consommation que si elle modifie le revenu permanent.
Ainsi, il n’existe plus de relation stable entre la consommation et le revenu courant. Les principes de politique économique déduits de la fonction de consommation keynésienne ne sont plus valables si la fonction de consommation de Friedman est valide. Cette fonction de consommation est observée dans la longue période, quand le revenu transitoire est nul en moyenne. Des écarts à cette courbe peuvent être observés. Dans les phases d’expansion. Le revenu transitoire est globalement positif. Mais la consommation ne suit pas cette évolution du revenu car elle n’est liée qu’au revenu permanent. En conséquence, la propension à consommer observée sera inférieure à µ. Au contraire, dans les phases de récession, où le revenu transitoire est négatif, mais financé par emprunt, elle sera plus élevée que µ, que Friedman estime à 0,9.