La question et sa réponse

Quelle est la forme de la fonction de consommation de Keynes

Rédacteur : Stéphane Ménia

La “loi psychologique fondamentale”

Keynes considère que la consommation dépend du revenu courant (c’est à dire le revenu de la période courante) uniquement. Pour lui, la forme de la fonction de consommation se déduit de ce qu’il appelle “loi psychologique fondamentale” :

” En moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que leur revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu”.

À partir de ce principe, Keynes donne les fondements d’une fonction de consommation macroéconomique ad hoc, c’est à dire qu’elle n’est pas basée sur un raisonnement microéconomique préalable. La formulation de Keynes est assez imprécise. Cependant, on peut en déduire une certaine forme pour la fonction de consommation.

La fonction de consommation keynésienne de base

La loi psychologique fondamentale définit ce que l’on appelle la propension marginale à consommer le revenu. C’est la part du revenu national supplémentaire qui est consommée lorsque ce revenu augmente. Et elle est comprise entre 0 et 1, mais différente de l’un et de l’autre. Cette définition est très importante en raison du rôle que joue la propension marginale à consommer dans le mécanisme du “multiplicateur keynésien” qui sera abordé plus loin. La fonction de consommation keynésienne sera de la forme suivante :

C = c.Y + d

C est la consommation, Y le revenu courant, d’une consommation dite incompressible qui ne dépend pas du revenu.
Il est bon de préciser que Keynes fait l’hypothèse que la propension marginale à consommer aurait tendance à diminuer avec la hausse du revenu. Ce qui fait de la fonction affine présentée au dessus une approximation d’une fonction qui présenterait en réalité une certaine concavité.

Les débats autour de la fonction de consommation keynésienne

En fait, les données statistiques montrent que :
– la fonction de consommation C = c.Y + d est confirmée par les séries temporelles à court terme. Ainsi, de 1965 à 1974, pour la France, la fonction keynésienne est bien vérifiée (la propension marginale à consommer est estimée à 0,82).
– L’étude des séries temporelles de longue période (États Unis de 1896 à 1938) infirment cette représentation. Elles mettent plutôt en évidence une relation de la forme C = c.Y (avec c = 0,86), ce qui est en contradiction avec l’hypothèse de Keynes selon laquelle la propension moyenne à consommer aurait tendance à décroître avec la hausse du revenu.
– Les études en coupe instantanée confirment l’hypothèse keynésienne.

L’effet Keynes

Keynes lui même a souligné la possibilité d’une influence du taux d’intérêt sur la consommation. La hausse du taux d’intérêt provoque une baisse du prix des obligations et ainsi de la richesse des agents détenant des obligations. Ce qui réduit leur consommation. La consommation est ici, comme chez Fisher, une fonction décroissante du taux d’intérêt, mais :
– l’effet est marginal selon Keynes ;
– il n’est pas du à un effet de substitution, mais à un effet de richesse.

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