En deux mots, qu’est-ce que la théorie de l’équilibre général (TEG) ?
Rédacteur : Stéphane Ménia
La théorie de l’équilibre général est la représentation d’une économie la plus utilisée en sciences économiques. Initiée par Walras au XIXème siècle, de nombreux travaux ont porté dessus depuis. On retiendra particulièrement ceux de Arrow et Debreu.
Un bref exposé de la TEG
Les agents sont de deux types : ménages (consommateurs) et entreprises. L’entreprise est un agent qui transforme des inputs en outputs. Elle peut le faire de différentes façons qui sont connues et déterminent l’ensemble de production.
L’entreprise choisit les activités les plus profitables en fonction des prix de tous les inputs et des prix de tous les outputs. Elle est price-taker.
Une hypothèse importante de la TEG est la complétude des marchés. Un bien se définit par ses attributs physiques, sa localisation, sa date de livraison et l’état de la nature réalisé. Chaque caractéristique détermine une infinité de marchés. L’entreprise maximise sa fonction objective, son profit, en fonction de tous les marchés ainsi définis. Le modèle est ainsi un modèle sans incertitude. L’équilibre général est intertemporel, les plans sont faits pour toute la vie.
La production se fait avec des rendements non croissants. La productivité marginale est non croissante, il n’y a pas de coûts fixes.
Les ménages, ou le consommateur, dispose de dotations initiales qui sont composées de biens (dont le travail) et de droits de propriété sur les entreprises qui leur donnent droit à recevoir une partie du profit de ces dernières.
Il est price-taker. Son choix se fait parmi toutes les combinaisons de quantités de biens et en fonction de son revenu. Les consommateurs pourraient survivre sans faire d’échanges, en consommant simplement leurs dotations initiales (hypothèse de “survie du consommateur”) La maximisation de sa fonction d’utilité détermine son panier de consommation optimal.
L’équilibre général se définit comme un état où les décisions prises indépendemment par tous sont compatibles. C’est un système de prix qui est tel que, pour tout bien, la demande totale est égale à la dotation initiale de ce bien plus la production de ce bien (cad son offre).
1L’équilibre est optimal au sens de Pareto, ce qui n’implique en rien qu’il soit juste. L’allocation dépend de la répartition initiale des dotations. Il n’existe pas de théorème disant qu’un équilibre général est socialement optimal.
Sens et critique sommaire de la TEG
La TEG est une réponse à la question : une économie décentralisée, comptant seulement sur les indications des prix pour l’information du marché peut elle être ordonnée ? La réponse est : oui, on peut décrire une telle économie et ses propriétés (Hahn). La TEG cherche à montrer la possibilité logique de l’existence d’un équilibre général, pas comment il se réalisera. En ce sens, il ne s’agit pas d’une théorie, mais plutôt d’un modèle dans la mesure où elle n’a pas de contenu empirique (Blaug).
En cherchant à savoir si elle pourrait être vraie, on apprend beaucoup sur les raisons pour lesquelles elle pourrait ne pas être vraie (Hahn).
L’hypothèse de la complétude des marchés est forte. Dans de nombreux cas, on peut sérieusement penser que l’existence de marchés contingents n’est pas possible. Or, le modèle repose sur cette hypothèse, entre autres. La non existence de ces marchés pose des problèmes en termes d’asymétries d’information et de coûts de transactions et rend nécessaire un raisonnement séquentiel. Contrairement à ce qu’affirme le modèle Arrow-Debreu, il y a des échanges à chaque période et ce, même en dehors de l’équilibre. Or, cela suppose pour être bien appréhendé, une théorie vraiment solide des anticipations.
Comment expliquer le profit dans la TEG ? Car, en effet, les rendements décroissants sont à l’origine de profits non nuls à l’équilibre. Deux explications sont possibles :
– il s’agit de la rémunération d’un facteur caché. Mais alors pourquoi le modèle n’explique-t-il pas ce facteur ?
– la libre entrée conduit à long terme à un profit nul sur le marché, par l’entrée et la création d’entreprises. Or, dans le modèle Arrow-Debreu, le nombre d’entreprises est supposé fixé a priori.