Qu’est-ce que la guerre économique ?
Rédacteur : VC
C’est un concept éminemment foireux. La guerre, c’est la continuation de la politique d’État par des moyens violents (d’après Clausewitz). Le concept de guerre économique suppose que les conflits armés entre États sont aujourd’hui remplacés par des conflits de nature économique. La guerre pour les territoires à coups de canon aurait été remplacée par la guerre pour les parts de marché mondial à coups de multinationales et de champions nationaux. L’objectif étant d’avoir la plus grosse part du marché mondial, donc d’exporter massivement, et de n’importer qu’un minimum, tout en attirant au maximum l’investissement des multinationales.
Ce qui est doublement grotesque : premièrement, ce que l’économie sait depuis 1701, c’est qu’on ne s’enrichit pas en exportant, mais en important. Les exportations ne sont là que parce que les autres pays souhaitent qu’on les paie. deuxièmement, parce qu’il est impossible à la fois d’attirer les capitaux et d’exporter plus qu’on importe. C’est comptablement impossible : à toute sortie de bien correspond une sortie de capitaux équivalente.
Si ce concept a tant de succès, c’est qu’il sert de justification à tout et n’importe quoi. Nous sommes incapables de réduire le chômage? Mais c’est la guerre économique, mon petit monsieur. Et la guerre économique fait des victimes! (je vous jure que j’ai déjà entendu cette phrase). Nous favorisons l’émergence de monopoles nationaux qui s’engraisseront sur le dos des consommateurs pour faire du dumping à l’export ? Mais c’est la guerre économique, etc.
Ce concept foireux a donc du succès en raison de son caractère justifiant : il permet de justifier la nullité des politiques, et aux adversaires de la mondialisation, il sert à dénoncer une chimère avec un vocabulaire flashy. Diriez-vous que vous êtes contre l’enrichissement des pays développés et en développement, et contre les échanges internationaux ? Vous avez l’air d’un vieux c… Par contre, si vous dites que vous refusez la guerre économique qui affame les peuples, vous avez l’air tout de suite plus sexy.
Pareil dans le camp d’en face : vous licenciez du personnel à tour de bras, quémandez pour cela des aides publiques. Vous allez passer pour un patron nul. Mais dites que vous êtes le général en chef de la guerre économique mondiale, et tout de suite, vous gagnez en sex-appeal.