Qu’appelle-t-on barrières à l’entrée ?
Rédacteur : Stéphane Ménia
Une barrière à l’entrée peut se définir comme toute caractéristique sur un marché qui réduit la possibilité d’entrer sur ce marché et y réaliser des profits. Il existe différents types de barrières à l’entrée.
L’avantage de coût absolu
Une entreprise dispose d’un avantage de coût absolu si quelle que soit la production réalisée, elle produit toujours à un coût inférieur à celui des concurrents potentiels. L’origine d’un tel avantage peut reposer sur :
– un avantage technologique ;
– un meilleur accès aux marchés des inputs (travail, produits intermédiaires, matières premières).
Entrer sur le marché dans ces conditions est pour le moins compliqué.
Les économies d’échelle
Il existe des économies d’échelle lorsque le coût unitaire de production baisse avec le volume de production. Explications :
– l’existence de coûts fixes, qui sont mieux amortis sur un gros volume de production.
– les caractéristiques techniques de certains procédés de production, dont le rendement physique croît avec les volumes de matière traitées.
– la division du travail. Plus la production est élevée plus il est possible de spécialiser le travail, rendant chaque poste plus productif.
Une firme qui dispose d’une part de marché importante réalise des économies d’échelle d’autant plus importantes ; ce qui rend difficile l’entrée d’un concurrent.
Effet d’expérience
L’effet d’expérience désigne la baisse du coût unitaire de production associé à une hausse de la production cumulée (dans le temps).
Cet effet est distinct des économies d’échelle et de l’avantage de coût absolu. Il est dû à une amélioration de la productivité, du fait de l’amélioration des routines de production et d’une connaissance toujours plus pointue du métier de l’entreprise.
Dans ces conditions, les entreprises qui sont les premières sur le marché disposent d’un avantage de coût qui peut s’avérer durable.
La différenciation des produits
En différenciant les produits, les firmes créent une clientèle partiellement captive, attachée particulièrement à leur bien. Concrètement, l’élasticité de la demande pour ce bien sera plus faible que pour des biens homogènes (non différenciés).
Cette différenciation peut être horizontale ou verticale. Quand elle est horizontale, le produit est différencié sur certaines caractéristiques fonctionnelles (réelles ou suggérées). Une différenciation verticale porte sur une modulation de la qualité du bien offert.
Tout concurrent qui souhaite entrer sur un marché où les biens sont différenciés doit soit investir dans la publicité pour adresser un signal aux consommateurs, soit pratiquer des prix suffisamment faibles pour détourner une partie de la clientèle du concurrent en place (le profit est alors réduit, ce qui limite d’autant l’intérêt d’une entrée, voire la rend impossible quand le profit associé devient négatif).
Dans tous les cas, la différenciation crée une forme de monopole partiel (on parle d’ailleurs de « concurrence monopolistique » pour qualifier les marchés où les biens sont différenciés).
Les barrières légales
Ce sont celles qui résultent de la réglementation sur l’autorisation d’activité dans un secteur.
Barrières à l’entrée et comportement des firmes
Les barrières à l’entrée peuvent être la conséquence d’une structure de marché particulière. Elles sont alors « naturelles », en ce sens qu’elles ne sont pas manipulées initialement par les entreprises en place (économies d’échelle, par exemple). Elles peuvent également être la conséquence d’un comportement délibéré des firmes en place, qui cherchent à les créer ou à les renforcer (différenciation des produits ou barrières légales, par exemple).
Ce second type de situation aura des conséquences sur la façon dont les autorités de la concurrence devront évaluer leur attitude sur un marché donné.