Les fumeurs sont-ils rationnels ?
Rédacteur : Stéphane Ménia
Cette réponse, initialement destinée à être publiée dans un quotidien, est très courte. Nous la publions pour donner quelques pistes.
La rationalité d’un individu suppose qu’il opère des choix destiné à obtenir la plus grande satisfaction, compte tenu de ses contraintes. Le fumeur est souvent vu comme un drogué, victime et non décideur. Gary Becker et Kevin Murphy considèrent que c’est faux. Le fumeur sait que satisfaire son goût pour le tabac aura des conséquences multiples, certaines ou seulement probables (ce point est important) : une consommation accrue (donc plus coûteuse) car addictive, une forme physique moindre, voire une mort prématurée. Pourtant, il peut considérer aujourd’hui que le plaisir de fumer compense ces coûts futurs et accepter une « addiction rationnelle ». Il pourra même modifier son choix ultérieurement. Thomas Schelling, lui, estime qu’il y a deux individus en chacun de nous : celui qui veut fumer et celui qui ne le veut pas. Pour nous prémunir de nos instincts, nous pouvons, rationnellement lier les mains de celui qui veut fumer quand notre côté non fumeur prend le dessus : planifier des sorties sportives, parier avec son entourage, etc. Drogués, peut-être. Mais pas si irrationnels que cela.