Soit une population constituée de 20 personnes. Sur ces 20 personnes, 18 gagnent 1000 euros par mois, et 2 gagnent 5000 euros par mois. Le revenu médian de cette population est donc de 1000 euros, le revenu des 10% les plus riches est de 5000/mois, le revenu des 90% les moins riches est de 1000/mois. Le revenu moyen est de 1400 euros par mois (et personne ne le touche).
Les revenus de cette population changent. Parmi les 18 qui étaient auparavant à 1000, désormais, 9 personnes touchent 900 euros par mois, et 9 touchent 1050 euros/mois. L’un des 2 qui gagnaient 5000 gagne désormais 2000, l’autre gagne 10 000 euros par mois. Dans cette population, le revenu moyen des 90% les plus pauvres est désormais de 975 €/mois. Le revenu moyen des 10% les plus riches est passé à 6000€/mois. Le revenu moyen est désormais de 1477,5€/mois.
On peut porter différentes analyses sur cette évolution. Mais il y en a une qui est complètement fausse : celle qui consiste à dire que les 90% les plus pauvres se sont appauvris au profit des 10% les plus riches.
Parce que la moitié de la population s’est enrichie, l’autre moitié appauvrie; que même parmi les 10% les plus riches, les évolutions sont divergentes. On ne connaît même pas l’origine de ces changements, qui peut provenir d’effets de composition. Bref, avant de tirer des conclusions hâtives des données, il convient de les examiner.
Ceci est un rappel pour les gens qui vont commenter aujourd’hui les nouvelles données de l’INSEE sur les revenus en 2010. Beaucoup manquent de la plus élémentaire prudence.
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Car comme chacun sait, l’offre étant parfaitement élastique, il n’y a aucune concurrence entre agents pour l’accès aux biens et services tels le logement, ce qui fait qu’il n’existe aucun appauvrissement possible à revenus constants ou améliorés.
Et que ceux qui ne comprennent pas ça aillent donc faire des études d’ingénieur et laissent les décideurs penser.
Merci Alexandre. Et c’est le "au profit de" qui semble de plus en plus cru en France, et aux États-Unis aussi, d’après le libéral Charles Murray dans son ode récente au capitalisme : online.wsj.com/article/SB…
Je dirais que ça dépend un peu de la manière dont les 5% les plus riches ont accru à ce point leur richesse?
Sauf que sur 65 millions de personnes, il est plus difficile d’avoir autant d’entrée/sortie ou de variation à l’intérieur d’un groupe que cela.
Xavier L. ici blogs.univ-poitiers.fr/o-… cite deux papiers concluant à une sérieuse stabilité. Dans l’analyse du livre "Le temps des riches", Stéphane citait quelques éléments laissant penser que les entrées/sorties sont relativement importantes dans les 0,01%. Mais je ne serais personnellement pas très surpris qu’il y ait plus de compétition et plus de mouvement dans la fraction vraiment tout en haut, que dans certaines des couches en dessous.
Dans les données de l’INSEE, en tout cas, et de manière un peu surprenante vu ce qui s’est passé en bourse depuis quelques années, ce sont plus les C95 que les D9 qui sont gagnant. Et depuis 96, l’écart reste resserré, dans la mesure où tout du long ce ne sont globalement pas les mêmes catégories qui ont été en haut ou en bas (ce qui tend à indiquer qu’il s’agit plus d’oscillations conjoncturelles que d’un vraiment mouvement de fond éloigné les tranches les unes des autres)
N’empeche qu’il y a eu creation de monnaie dans ta demonstration :
1000 * 18 + 5000 * 2 = 28000
900 * 9 + 1050 * 9 + 2000 + 10000 = 29550
5% environ.
Donc les 9 qui touchent 1050 ont juste récupéré leur du.
Les 9 qui ont perdu, ont perdu en réalité encore plus.
On ne parle pas de celui qui perdu de 5000 à 2000.
Donc celui a accaparé tous les revenus est le dernier (le fameux 1% ?)
Un autre exemple ? :p
Si les chiffres étaient présentés en dix déciles, ce problème d’analyse se poserait sans doute de façon moins flagrante… Pourquoi donc l’enquête INSEE ne donne-t-elle les chiffres du niveau de vie que pour les déciles 1, 5 et 9 ?
Entièrement d’accord avec vous, mais je pense qu’une grande partie de la confusion vient de la définition de l’adjectif "riche" : une définition précise et absolue dans votre exposé, sans doute un concept plus flou et plus relatif dans la tête de la majorité des gens.
A mon avis, les gens ne se considèrent pas riches ou pauvres dans l’absolu, il se considèrent riches ou pauvres par rapport au reste de la société dans laquelle ils évoluent. C’est un peu comme des dossiers plus ou moins prioritaires : si tout est prioritaire, rien ne l’est réellement.
Dans votre exemple, les 9 personnes passant de 1000€ à 1050€ se sont certes enrichies (de 50€) dans l’absolu, mais d’un autre côté elles continuent à gagner environ 71% du revenu moyen de la population, ce qui peut les conduire à considérer qu’elles ne sont pas plus riches qu’avant (par rapport aux autres).
"Sur ces 20 personnes, 18 gagnent 1000 euros par mois, et 2 gagnent 5000 euros par mois. Le revenu médian de cette population est donc de 1000 euros". ??! Le revenu médian est celui qui partage la population en deux parties égales (50% gagnent plus, 50% gagnent moins …). Dans ce sens [http://www.insee.fr/fr/methodes/... 1000 euros n’est donc pas la médiane …
@Sincère nain : on est içi dans un cas limite : la valeur médiane contient une partie de la population. La définition classique et simple (50% au dessus, 50% en dessous) ne fonctionne pas içi.
La définition mathématiques, est la suivante : la médiane est la plus petite valeur tel qu’au moins 50% de la population a un revenu inférieur ou égal à cette valeur.