J’ai découvert que le film 38 témoins était basé sur un célèbre fait divers américain du siècle passé, le meurtre de Kitty Genovese à New York en 1964. Le résumé du film semble accréditer la thèse première, acceptée pendant longtemps : des tas de gens peuvent assister à un meurtre sans même prendre la peine de contacter le police. Je préviens. Il n’est pas question ici de dénigrer le film pour cette raison. C’est une fiction. Donc, dans une fiction, on fait ce qu’on veut. Faire ce que l’on veut c’est interroger une thèse, la soutenir ou imaginer qu’elle aurait pu être la bonne dans un contexte différent, même si ce n’est pas le cas.
Néanmoins, pour ceux qui sont intéressés, il est utile de signaler que l’histoire de ce fait divers a été relue par des études ultérieures qui estiment que la thèse d’une masse d’individus indifférent au sort de la victime est erronée. En particulier, Steven Levitt et Stephen Dubner, dans Superfreakonomics, évoquent ce cas.
Pour finir ce clin d’oeil, deux remarques. D’abord, je constate avec surprise qu’une adaptation de Freakonomics (le premier tome…) est sortie en janvier et que je n’étais même pas au courant (probablement parce que dans ma misérable ville de province mêmes les cinés d’art et essai – au nombre de deux, il faut le reconnaître – n’ont pas jugé digne de le programmer). Ensuite, j’ai lu Superfreakonomics il y a quelques temps et ne l’ai pas chroniqué (je crois en avoir dit deux mots très vite sur le blog). Pourquoi ? Parce que j’ai du mal à cerner véritablement ce livre. Il est agréable à lire et contient des choses intéressantes et stimulantes, sans aucun doute. Mais il a été passablement contesté sur certains chapitres et mon calcul d’optimisation du temps m’a dicté de ne pas approfondir davantage les controverses. Et puis, autant en lisant Freakonomics, j’avais le sentiment de lire l’ouvrage de deux geeks qui s’étaient fait réellement plaisir avec des choses solides (bien que, comme toujours, discutables) ; autant en lisant Superfreakonomics, j’ai souvent eu l’impression que le trait était forcé par l’obligation de renouveler le best seller (largement inattendu) du premier Freakonomics. Autant de choses qui ne discréditent pas l’ouvrage, mais m’ont conduit à le passer sous silence. Ma recommandation est néanmoins : vu le prix de l’édition de poche, vu qu’il est agréable et contient des chapitres indiscutablement instructifs, vous pouvez le mettre sur la liste de vos lectures de plage ou terrasse printanière ensoleillée sans trop hésiter.
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